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EAN : 9782859404888
240 pages
Phébus (06/06/1997)
3.73/5   70 notes
Résumé :
Rose, issue d'une famille aisée, doit affronter une cruelle réalité après qu'une série de malheurs se soit abattue sur sa famille. Bien qu'elle soit une jeune fille érudite, elle doit se contenter d'un emploi de femme de ménage dans une école maternelle. Se confiant à son journal intime, elle réfléchit sur son nouveau statut, tout en nous faisant part de la vie des enfants au sein de l'école. Elle nous initie ainsi à ce nouveau monde qu'elle s'approprie peu à peu.
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Parmi les premiers Goncourt il y en a peu qui sortent du lot et qui restent lisibles de nos jours. Celui-ci en fait partie. L'écriture est assez datée dans ses tournures, mais en même temps il y a quelque chose de très moderne dans la forme : le roman se présente comme le journal que tient une jeune femme employée comme femme de ménage et Atsem dans une école maternelle à Ménilmontant. du coup l'écriture est assez, nature, directe et pleine des expressions d'époque des enfants du quartier et de leurs parents (assez proche du langage des Pieds-Nickelés). C'est très sombre, un univers proche de Zola. L'éducation nationale est l'objet d'une critique acerbe, que ne tempère que l'idée que cette charge vient un peu de l'intérieur, puisque la source de documentation de l'auteur n'est autre que sa femme, institutrice. L'histoire dure le temps d'une année scolaire. Rose, bardée de diplômes mais devenue pauvre ne trouve que cet emploi (elle n'a pas le brevet qui lui aurait permis de viser un poste d'institutrice). Elle doit faire des efforts pour cacher son origine sociale ce qui l'amène à se montrer très observatrice. Dans cette maternelle, il y a trois classes. La classe des petits a tout des salles d'asile du XIXème siècle. Dans la classe des plus grands le contenu de l'enseignement passe largement au-dessus des têtes des enfants. « Une mère est une grande étendue d'eau salée » devient « Ma grand-mère est étendue dans l'eau salée » et « Les Normands ont pillé la vallée de la Garonne » se mue en « Les Normands ont pigé et avalé la Garonne » Au fil de l'année Rose mesure à quel point cet enseignement est inadapté, en particulier avec ses préceptes de morale : ordre, propreté, obéissance et respect des parents. Alors qu'ils vivent dans des taudis surpeuplés, parfois sans vêtements adaptés, parfois sans eau, battus par leurs parents, .... le décalage est incommensurable : leurs vies, c'est vraiment du Zola, c'est à cracher le sang. Rose sent que l'enseignement, en plus d'être à côté de la plaque parce que pas du tout centré sur les élèves (mais comment pourrait-il l'être avec plus de 60 enfants par classe!) ne fait que maintenir les miséreux dans leur misère en les incitant à prendre toujours modèle sur leurs parents, leur transmettant des valeurs de résignation, d'obéissance et de servilité. Un autre thème non moins important traverse le roman en filigrane, c'est celui du statut des femmes à cette époque, toujours dépendantes de leur situation familiale, selon le cas dotée et mariée ou ouvrière, entre pauvreté et prostitution.
Je suis enchantée d'avoir fait la découverte de cet auteur oublié malgré un Goncourt bien mérité.
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Quelle claque!
Récompensé par le Prix Goncourt 1904 ce roman de Léon Frapié s'inscrit dans la veine naturaliste de Zola mais en diffère profondément par sa critique acerbe du monde de l'enseignement et de ses valeurs qu'il qualifie de résignation, obéissance et servilité...
Rose est une jeune fille de bonne famille instruite et diplômée, une rareté pour les femmes de l'époque, que la mort de son père a laissée sans ressources, dont le fiancé a disparu faute de dot . Recueillie par un oncle grincheux et misogyne elle préfère accepter un poste de femme de service dans une école pour gagner de quoi survivre!
Après de nombreuses recherches elle atterrit dans une maternelle rue des Plâtriers à Montmartre, commune rattachée depuis peu à Paris ... le monde qui s'offre à elle est celui d'une misère noire .
Inspiré par les souvenirs d'enseignante de son épouse Léon Frapié brosse un portrait vivant et réaliste de ce petit peuple. Une page d'histoire à découvrir
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N'eut été le challenge de A TOUT PRIX, je n'aurais certainement pas lu ce livre, La Maternelle, le titre est vraiment repoussant...mais quelle merveille une fois qu'on ait entamé la première page, d'entre de jeu, on voit une Marie Antoinette, à qui on demande de se faire passer pour une marchande ambulance, quel exercice énorme. Il est facile de grimper un échelon mais descendre d'échelon, c'est de la mer à boire. En effet, Rosa, la narratrice, après la mort de son père, se voit contrainte de foutre ses diplômes de Baccalauréat et de licence en lettres au fond de sa malle afin se faire embaucher comme femme de service dans une école de la maternelle, à défaut de ne pouvoir devenir institutrice parce qu'elle n'a pas de certificat. C'est une nouvelle école qui commence pour Rose, c'est comme si elle aussi, comme les mômes de la maternelle, repartait à l'école maternelle de la vie. C'est cet univers des mômes, dans lequel Rose va se faire plus petite, que nous découvrons dans un récit captivant...
Une belle découverte!!!
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La Maternelle

Prix Goncourt 1904, ce petit roman décrit la vie d'une jeune fille de bonne famille, mais réduite par les circonstances à exercer une profession, dans les locaux d'une école maternelle parisienne en qualité de ce que nous appellerions aujourd'hui ... ma foi, je ne sais pas trop mais disons, pour que tout le monde comprenne, femme de service. A elle de faire le ménage, d'allumer les poêles, de veiller à ce que les petits, voire les tout petits, livrés à eux-mêmes dès que leur mère a tourné les talons - enfin, quand leur mère se déplace pour les mener à l'école, bien sûr - soient propres et ne fassent pas trop de bêtises, à ce qu'ils ne se retrouvent pas, non plus, en but aux méchancetés et aux abus des plus âges, voire à ce qu'on n'appelait pas encore le racket pur et simple.

Frapié est certainement allé sur place pour étudier la question. Il décrit des scènes bourrées de détails authentiques, dans la ligne stricte de ce qu'on appelait à l'époque la littérature populiste sans que cet adjectif revêtît cette connotation péjorative que certains pseudo-intellos de notre époque, si sinistre sur tant de plans, ont cru bon de lui associer . Entremêlant à tout cela, pour les bienfaits de la vente, une romance entre la femme de service (qui est jeune et jolie, bien entendu ) et un inspecteur scolaire (qui est jeune, élégant et ne manque pas de déceler immédiatement en elle une nature d'élite ), Frapié nous décrit une école qui, sous l'énorme et bienveillant parapluie de la IIIème République, s'acharne à vouloir faire de ses citoyens les plus jeunes et les moins intéressés par la chose "de bons Français."

Le rêve des Hussards Noirs mais replacé dans le contexte parisien, avec des élèves qui sont encore des "titis" et qui, malgré leur jeune âge, manifestent tous plus ou moins une personnalité appelée à évoluer en bien pour certains, en pire pour les autres - quand ce n'est pas pour s'achever dans la Seine comme nous le montre le désolant final.

Est-ce un grand roman et méritait-il le Prix Goncourt ? Ma foi, pas plus que certaines publications bien plus modernes mais tout autant, sinon plus dans certains cas - non, je ne dénoncerai personne, inutile d'insister . C'est en tous cas un roman simple, sans prétention, un tantinet moralisateur mais "à la laïque", quand ce mot avait encore tout son sens et quand les gouvernants français croyaient, dur comme fer, à cette laïcité. Un excellent exemple de la vertu éducative, sur le plan social et bien sûr (je n'aurai garde d'oublier ici de saluer M. Valls, Mme Belkacem & C° ), sur les effets hautement bénéfiques qu'elle peut avoir concernant la grave question du "vivre-ensemble", de l'école laïque et républicaine, bien comprise et menée d'une main d'acier dans un gant de velours afin de former UNE nation et non une société COMMUNAUTARISTE - synonyme parfait de ce que tant de gens ont nommé et nomment encore, sans comprendre que ses disparités trop grandes le vouent à l'échec, le multiculturalisme .

Un petit roman, je le répète. Mais qu'on découvre non sans attendrissement et qui, au-delà du contexte, nous incite à réfléchir et à croire aux vertus de l'évolution et non à celles, que nous tonitruent chaque jour les medias, de la régression la plus écoeurante. Un roman aussi qui prouve, s'il en était encore besoin, que l'école, ce peut être bien plus que les programmes honteusement traficotés par les Trissotin de l'Education nationale actuelle et qu'elle a une place primordiale dans le façonnement du citoyen responsable, sous réserve cependant que les gouvernants se réveillent et passent enfin aux actes. ;o)
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Retour à la maternelle avec ce Goncourt 1904. Notre héroïne se destinait à être au moins institutrice, mais faute de places et surtout de relations, elle est embauchée comme aide ménagère dans une école maternelle. Dans un premier temps, l'histoire est gentillette, moyennement intéressante sauf si vous avez un faible pour les tout-petits ; quelques réflexions intéressantes sur le fonctionnement éducatif. La seconde partie est bien meilleure, quand enfin notre héroïne sort de sa léthargie ambiante. Roman qui a certainement servi à critiquer les "normaliennes", ces institutrices qu'on abreuvait de savoir, mais pas de savoir-faire. Elles avaient les connaissances mais ne savaient pas gérer l'humain - à croire que la question redevient contemporaine. Qui aussi, a pour objectif de dire que l'éducation scolaire est un croupissement des plus pauvres et l'apprentissage de l'obéissance dès le plus jeune age. Une vraie photographie réussie des bas quartiers. Seul vrai intérêt : un vocabulaire varié d'une époque où l'on savait écrire. D'où peut-être le Prix littéraire.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
« Louise Guittard manquait à l’appel depuis trois semaines, j’avais entendu parler d’un coup de pied trop sévère lancé par son pseudo-père. A quatre heures (...), j’ai appris qu’elle avait la jambe cassée : une chute dans l’escalier, dit-on sans insister, il a fallu la placer à l’hôpital. (...)
Et voilà que j’entends, au passage, une voix émue, heureuse :
« Pauv’ gosse ! d’avoir la jambe cassée, elle n’a jamais été à pareille fête ! »
Je suis demeurée ébahie devant l’air émerveillé, attendri de toutes les ménagères, y compris la principale intéressée. Du reste, celle-ci m’a saisi par le bras et m’a fourni des explications avec complaisance et fierté, pour m’éblouir en même temps que les autres commères :
« Figurez-vous que Louise a un lit ! un vrai lit ! du linge blanc ! des repas réguliers... Mme la directrice l’a visitée et lui a apporté une poupée. »
C’est une joie qui emplit les coeurs et gagne tout le trottoir ; le rassemblement augmente : décidément, d’avoir la jambe cassée, elle n’a jamais été à pareille fête ! Pauv’ gosse, quel bonheur pour elle ! Les yeux en sont tout humides.
Une pointe d’envie se discerne dans l’enchantement de certaines mamans et des regards se promènent sur des moutards, comme si l’on cherchait ce qu’on pourrait bien leur démolir. »
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– ...Mais je sais que la fonction d’un délégué cantonal est d’examiner la tenue de l’école ; il n’a nullement à s’occuper de moi.
– Oh !... tout le monde peut faire des misères à une subalterne : y a même pas besoin de motif.
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Louise Guittard manquait à l'appel depuis trois semaines, j'avais entendu parler d'un coup de pied trop sévère lancé pr son pseudo-père. A quatre heures, - j'ai appris qu'elle avait la jambe cassée : une chute dans l'escalier, - dit-on, sans insister, - il a fallu la placer à l'hôpital.
Sa mère s'était arrêtée devant la porte de l'école, après avoir communiqué des nouvelles à la directrice. Tout un groupe de femmes bavardait avec elle.
Et voilà que j'entends, au passage, une vois émue, heureuse :
- Pauv'gosse ! d'avoir la jambe cassée, elle n'a jamais été à pareille fête !
Je suis demeurée ébahie devant l'air émerveillé, attendri de toutes les ménagères, y compris la principale intéressée. Du reste, celle-ci m'a saisie par le bras et m'a fourni des explications avec complaisance et fierté, pour m'éblouir en même temps que les autres commères :
Figurez-vous que Louise a un lit ! un vrai lit ! du linge blanc ! des repas réguliers... Madame la directrice l'a visitée et lui a apporté une poupée.
C'est une joie qui empli les cœurs et gagne tout le trottoir ; le rassemblement augmente : décidément, d'avoir la jambe cassée, elle n'a jamais été à pareille fête ! Pauv'gosse, quel bonheur pour elle.
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Une ancienne institutrice vient de se présenter à l'école pour photographier les élèves par groupes.
En place pour le premier groupe, dans la cour. Les élèves de la grande classe par étages : une rangée d'enfants accroupis, ceux de la seconde rangée assis sur des bancs, ceux de la troisième rangée debout.
Mon cœur se serre devant ce lot débordant de pauvreté, de maladie, de laideur et de vice. On en finit pas de les placer convenablement : on a beau masquer des horreurs il en ressort toujours des nouvelles ; c'est la petite Doré qui louche plus que d'habitude, c'est Virginie qui remue ses gros orteil par les trous de ses chaussures, c'est Vidal qui abuse de sa bosse...
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J'ai écrit dernièrement qu'il fallait subordonner la morale aux faits individuels ; eh bien, à ce propos je veux vous exposer une opinion qui me tracasse depuis l'âge de raison : je suis absolument révoltée de la façon dont on attribue de la vertu au gens par rapport à d'autres gens.
Pourquoi dire que l'industriel gagnant 50.000 fr. par an est plus honnête que le camelot affamé qui a volé ? Pourquoi dire que Mme Prudhomme, satisfaite en tous ses désirs, est plus vertueuse que Mlle Nana ?
On n'en sait rien.
Pour pouvoir comparer, il faudrait que le riche industriel, que l'heureuse Mme Prudhomme se fussent trouvés exactement dans les mêmes conditions de besoin que le camelot et que Mlle Nina.
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