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EAN : 9782228913348
109 pages
Payot et Rivages (27/05/2015)
3.64/5   14 notes
Résumé :
Ce bref essai raconte la transformation des trains et des gares. Il montre comment un service pratique et bon marché, desservant l’ensemble du territoire, s’est reconverti en entreprise calquée sur le modèle aérien avec ses réservations obligatoires, ses offres low cost et ses galeries commerciales.
Décrivant ses errances dans les « trains déclassés » et ses attentes infinies gare Saint-Lazare, Benoît Duteurtre nous fait voir le revers du TGV. Il ne cache pas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai toujours aimé le train. Enfant, j'étais malade en voiture. Ce confinement de plusieurs heures dans un habitacle réduit, sentant le similicuir, les hydrocarbures, le nuage de laque sur la mise en plis maternelle, la fumée des gauloises paternelles, l'ennui, l'immobilisation forcée, la peur de l'accident, les virages, tout cela faisait du départ en vacances un long supplice. Je tentai une fois de l'abreger en m'enfuyant en courant sur le bas côté d'une départementale à la faveur d'un arrêt pipi, secouée de nausées du mal des transports et renonçant à trouver une quelconque empathie pour le désespoir qui me gagnait. Arrivée à l'adolescence puis à l'âge adulte, je renouai avec bonheur avec les déplacements ferroviaires. Leur rusticité même me paraissait sinon plaisante, du moins secondaire, en comparaison de toutes les libertés qu'elle m'offrait. Je note au hasard et dans le désordre : liberté d'acheter un billet au dernier moment, et dans la moindre gare de petite ville, voire de gros village, pour la destination offerte sur la ligne, ou une plus lointaine, en jouant avec les correspondances: liberté de réserver une place assise ou de voyager dans le couloir, en respirant l'air de la campagne après avoir abaissé les vitres, liberté de m'asseoir dans un compartiment vide, ou de choisir mes compagnons de voyages, liberté de voyager dans un espace fumeur ou non fumeur, liberté d'interrompre mon voyage puis de le reprendre sur un autre train, puisque qu'on payait un trajet et non l'usage d'un train et d'un seul. Liberté de lire sans être malade, de me dégourdir les jambes en arpentant les wagons. de rêver devant un paysage lisible car défilant à petite ou moyenne vitesse. Liberté de m'assoupir sur les plus longues distances, et de me réveiller avec le soleil du Sud et la chaleur montante du matin. Tout cela pour un prix kilométrique identique sur tout le territoire. L'arrivée des TGV fut, aussi, au début, un grand bonheur, tant que leur développement ne se fit pas au détriment du maillage territorial, également utile, des dessertes secondaires. Imaginerait-on, pour que le sang circule plus vite dans un corps, de supprimer les veines veinules et capillaires alors qu'elles fonctionnent encore parfaitement ? Les trains pourtant se mirent à circuler de plus en plus vite, mais à parvenir à destination avec des retards de plus en plus importants et de plus en plus fréquents. Apparurent aussi des pratiques de marketing de plus en plus troubles, des cadeaux firent leur apparition, en places des bonnes vieilles réductions permettant aux vieux, aux enfants, aux jeunes, aux familles d'utiliser un transport fiable, non polluant, facile d'accès car reliant la plus petite campagne au coeur des grandes villes, sans les risques de la route... Comment ce progrès et cette démocratisation des voyages les plus lointains se sont-ils inversés en transport coûteux, incommode, incertain, élitiste quand il est rapide et discriminatoire quand il maintient les dessertes locales sans entretenir les lignes et les voitures “déclassées” selon le vocabulaire de la SNCF, comment ces lieux poétiques que furent les trains et les gares se sont ils transformés en temples de la fast consommation pour les gares, et en entassement de voyageurs au détriment et du confort et de l'espace, pour les trains, au nom d'une supposee rentabilite qui se solde par un délabrement de l'outil et un creusement de la dette, voilà ce que Benoît Duteurtre expose avec humour et tristesse mêlés en 109 pages et un quart exactement. En expliquant avec clarté le comment du pourquoi.
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Il suffit de prendre le train, même épisodiquement, pour se rendre compte à quel point la machine est détraquée et l'auteur s'attache à raconter à la fois ses souvenirs et à décrypter les décisions politiques et commerciales qui ont amené à la situation actuelle, de plus en plus dégradée.
J'ai eu un peu la même impression qu'en lisant "Les années" d'Annie Ernaux, c'est-à-dire une remémoration de détails oubliés et que l'on retrouve avec bonheur. Ici, le plaisir du voyage quand la halte au buffet vous plongeait déjà dans l'ambiance. La qualité n'était pas forcément au rendez-vous, l'amabilité non plus, mais il y avait la poésie du départ. Maintenant la salle des pas perdus s'est transformée en salle des pas rentables ou chaque mètre carré est conçu pour vous faire dépenser et vite. Quant à vous asseoir, il ne faut pas y compter, vous faites la queue pour un café que vous devez abandonner en route parce que l'heure du train est arrivée.
L'auteur souligne que l'organisation des gares rénovées a été copiée sur les aéroports, ce qui abouti à la même ambiance froide et impersonnelle. Et que dire des gares de TGV, seules au milieu de nulle part, avec des navettes aléatoires vers la ville. Il évoque la différence de traitement entre les lignes à grande vitesse et les lignes secondaires qui ont été complètement sacrifiées. Trains sales, toilettes condamnées, retards récurrents, matériel vétuste, manque de sécurité, tout est passé en revue.
Il ne sous-estime pas les bénéfices de voyager rapidement, ni de faire une dernière course le soir à Monoprix, mais troquerait volontiers ces avantages-là contre des trains qui partiraient avec certitude et arriveraient à nouveau à l'heure comme avant.
J'ai aimé le ton de cet essai, peu importe si l'auteur est taxé de passéisme, il revendique le droit devant une modernisation annoncée de faire le compte de ce que l'on y a gagné et de ce que l'on y a perdu et il a toute ma sympathie.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Essai offrant une bonne critique de la dérive de notre société en zoomant sur l"évolution de la S(n)CF !
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
07 juillet 2015
De l’excellent Benoît Duteurtre. Où l’on voit mal où nous mène l’accélération démentielle du "progrès".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
06 juillet 2015
Benoît Duteurtre dépeint avec finesse et ironie les errements du chemin de fer français.
Lire la critique sur le site : Liberation
Culturebox
11 juin 2015
Un essai où l’auteur clame son amour pour l’ambiance des trains et des gares d'autrefois.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
04 juin 2015
L'auteur de Voyage en France a une idée précise de l'évolution du transport ferroviaire en France : il la juge catastrophique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ouverture:

J'ai toujours aimé les gares, ces monuments vivants dressés au cœur des villes, ouverts sur des horizons inconnus. Je me rappelle, enfant, la fumée des derniers trains à vapeur sous la lourde charpente en fer. Ma mère partait en voyage et je l'avais accompagnée dans une mêlée de corps chargé de valises, de contrôleurs, de porteurs, de couples enlacés. Au début des années 60, on voyait encore circuler quelques unes de ces locomotives qui me donnent rétrospectivement, l'impression d'avoir traversé un film en noir et blanc d'avant-guerre.p.9
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J'ai toujours aimé les buffets de gare, ces monuments vivants dressés au coeur des villes. Je me rappelle, enfant, la fumée des derniers trains à vapeur sous la lourde charpente en fer. Ma mère partait en voyage et je l'avais accompagnée dans une mêlée de corps chargés de valises, de contrôleurs, de porteurs, de couples enlacés. Au début des années 1960, on voyait encore circuler quelques-unes de ces anciennes locomotives qui me donnent, rétrospectivement, l'impression d'avoir traversé un film en noir et blanc d'avant-guerre.
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Videos de Benoît Duteurtre (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benoît Duteurtre
Benoît Duteurtre - Livre pour adultes .Benoît Duteurtre vous présente son ouvrage "Livre pour adultes". Parution le 18 août 2016 aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/benoit-duteurtre-livre-pour-adultes-9782072548093.html Notes de Musique : When You Leave by Sergey Cheremisinov. Free Musique Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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