Voilà un très beau roman que j'ai lu à « perdre haleine ».
Une histoire captivante qui mêle événements présents et événements passés, et nous dévoile peu à peu le terrible mystère, dont la révélation complète se fait dans les dernières pages.
Une histoire de femmes confrontées hier et aujourd'hui à la violence, à la cruauté, des hommes.
Mais aussi une histoire de petite fille rêvant d'un monde magique, refusant de grandir, mais qui, en faisant découvrir le mystère du passé, grandira d'un coup.
Il y a dans le passé, en 1950, Blanche, mariée à Eugène, qui se suicide par pendaison durant la nuit de ses noces, sans que l'on sache pour quelles raisons.
Il y a dans le présent, c'est en 2015, Hélène, une jeune femme qui vient de louer une dépendance d'une ferme pour la période de l'été, dans le but d'abord de fuir un homme marié, Raphaël, qui refuse d'accepter le fait que l'enfant soit de lui, ou du moins de le reconnaître, qui a fait pression pour qu' Hélène avorte, et qui depuis la menace. Hélène a choisi cette location dans l'attente d'emménager dans une maison en construction qui se trouve à proximité de celle de ses parents, dont on ne saura pas grand chose.
Elle y arrive avec Alice, la bien nommée, une enfant de 9 ans fascinée par le monde magique des « contes de fées », et qui va explorer les environs boisés à la recherche du « Pays des merveilles ».
Et puis, la propriétaire, la veuve Gransagne, qui est une vieille femme revêche, acariâtre, au comportement bizarre, dont l'allure de sorcière effraie Alice.
Et enfin, Liliane, la femme de ménage, pleine de dynamisme et de dévouement.
Le récit mêle les événements survenus avant le suicide de Blanche, et le présent. C'est parfois un peu surprenant, mais on s'y fait vite. Peu à peu, on comprend le drame horrible qui s'est produit alors, drame dans lequel sa jeune soeur Zélie a joué un rôle ambigu, drame auquel celle-ci n'a pas osé s'opposer et a éprouvé un remords qui n'a jamais cessé.
Et le séjour à la ferme d'Hélène et Alice dénouera ce passé, en raison surtout des escapades d'Alice au sein de la forêt.
Je n'en dis pas plus, pour vous laisser découvrir l'intrigue et surtout le climat dans lequel on est plongé, un climat où il y a de la violence, de la cruauté, surtout des hommes, mais une formidable solidarité qui se révèle entre les femmes.
Et une atmosphère où une sorte de magie opère, des hurlements de chiens qui n'existent pas, une quête à hauteur d'enfant d'un talisman, etc…Cela m'a fait penser par moment au climat des romans d'
Henri Bosco, la nature au diapason des sentiments des êtres, la nature parfois terrifiante aussi.
Mais c'est surtout un roman qui fait réfléchir sur la violence des hommes et qui montre qu'à plus d'un demi-siècle de distance, la domination masculine veut toujours s'exercer sans raison ni justification.
En conclusion, un roman que j'ai beaucoup apprécié, et je ne voudrais pas terminer mon propos sans remercier de m'avoir proposé ce livre, et les Éditions du Seuil de me l'avoir envoyé.