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EAN : 9782815944298
304 pages
Éditions de l’Aube (06/01/2022)
3.77/5   32 notes
Résumé :
Kaouthar et Mariam sont deux femmes qui
n’ont pas vocation à se croiser. Pourtant, elles ont en commun une lucidité et une soif de liberté rares.
Kaouthar est égyptienne. Elle avait vingt ans lorsque la révolution a éclaté au Caire. Dix ans plus tard, sa vie est un rêve brisé.
Mariam vit à Paris. Fille de parents égyptiens immigrés en France, elle a tout réussi. La révolution égyptienne réveille en elle des souvenirs enfouis, le sentiment obscur... >Voir plus
Que lire après Au printemps on coupe les ailes des oiseauxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Fille d'Egyptiens immigrés en France, Mariam mène une existence confortable et sans histoire à Paris, entre son époux, ses deux filles, et sa carrière d'avocate. Mais, dix ans après la révolution égyptienne, elle a de plus en plus de mal à refouler les souvenirs et la sensation d'être passée à côté de l'essentiel. du jour au lendemain, elle quitte tout sans prévenir. Parti à sa recherche au Caire, son mari Antoine est amené à rencontrer un petit groupe d'hommes et de femmes qui, malgré la terrible répression du régime en place, tentent dangereusement de maintenir en vie leur idéal de liberté.


Dix ans après, que reste-t-il de la révolution égyptienne de 2011 ? Au pouvoir depuis son coup d'état militaire en 2013 contre le gouvernement des Frères Musulmans, le maréchal al-Sissi a mis le pays en coupes réglées et mène une répression sans précédent. Opposants, militants, journalistes y sont traités en terroristes, prétexte commode à leur enlèvement et à leur torture. Des centaines de personnes ont ainsi fait l'objet de disparitions forcées, et tous les symboles de la révolution, en particulier ceux de la place Tahrir, restent soigneusement sous contrôle.


Ancienne journaliste spécialiste du Moyen-Orient, Marion Guénard a passé sept ans en Egypte, de 2007 à 2014. Elle coordonne aujourd'hui la communication au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de la fondation Terres des hommes. Ce premier roman reflète sa parfaite connaissance de la situation égyptienne et ses préoccupations humanitaires. Son récit nous emporte dans une restitution fidèle de la vie de tous les jours au Caire, et, tandis que l'on parcourt ses rues et que l'on pénètre chez ses habitants comme si l'on y était, l'on est vite convaincu d'y rencontrer des personnages en tout point conformes à la réalité. Depuis l'anéantissement du rêve démocratique, pris en sandwich dans l'affrontement entre l'armée et les Frères, la vie en Egypte est devenue un cauchemar pour ses habitants maintenus sous la pression d'une terreur qui n'épargne personne : un état de fait qui ne fait guère de vagues en Occident, les droits de l'homme pesant diplomatiquement moins que la stabilité d'un pouvoir qui semble un rempart contre le terrorisme.


Aussi passionnant sur le plan documentaire que nécessaire sur la question humanitaire, ce livre m'a paru néanmoins un peu moins abouti côté romanesque. La narration n'abordant qu'assez allusivement les déchirements biculturels de Mariam, ce personnage reste difficile à saisir et suscite dans l'ensemble assez peu d'empathie. Sa disparition finit par sembler avant tout un prétexte à l'instauration d'un certain suspense, en réalité superflu puisque la force et l'intérêt du récit sont ailleurs. Et comme le style de son écriture s'apprécie essentiellement pour son efficacité journalistique, l'on en vient à se dire que ce roman aurait peut-être gagné en impact à rester centré sur sa partie purement égyptienne.


Construit sur la base d'une connaissance fine de la situation en Egypte, ce livre a le grand mérite de mettre en lumière un drame humanitaire méconnu de l'opinion publique internationale. C'est aussi un fervent hommage à toutes celles et ceux, qui, malgré la répression qui ensanglante le pays, continuent à s'y accrocher à ce qu'il reste de leur rêve de liberté.


Un grand merci à Babelio et aux Editions de L'aube pour cette masse critique privilégiée.

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A Paris, Mariam est heureuse et comblée. Une brillante carrière, deux beaux enfants. La fatigue vient à peine troubler le quotidien dense mais semble-t-il serein. Ce sont des carnets d'adolescence, découvert par son mari, qui viendront rompre l'équilibre et casser la surface lisse de cette apparente félicité. L'écriture de la jeune fille exprime sa révolte, ses ambitions de revendications politiques, et les souvenirs enfouis d'une vie différente sur la terre de ses ancêtres.


Hors, là-bas en Egypte, après la révolution avortée, les espoirs bafoués d'une jeunesse qui attendait le changement, les quelques résistants luttent clandestinement contre une dictature qui frappe aveuglément pour un geste, pour un soupçon ou sur le coup d'une délation.

Mariam ne réfléchira pas longtemps pour prendre une décision…

C'est un roman nécessaire, qui vient rappeler que les titres principaux des journaux ne reflètent pas la réalité d'un monde où sévissent des régimes qui foulent au pied jour après jour les droits les plus élémentaires.

Porté par des personnages forts de leurs convictions et qui n'ayant plus rien perdre, sont prêts à tout donner.

Malgré une fin un peu courte et abrupte, (mais comment terminer une histoire qui n'est pas finie ?), l'écriture vive et passionnée de l'autrice mène le récit tambour battant et avec une belle fougue.

304 pages Editions de l'Aube 6 janvier 2022

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Le 25 janvier 1952, premier 25 janvier important dans le récit national égyptien, se déroule la bataille d'Ismailia, élément déclencheur des émeutes du Caire, contre la tutelle britannique. le 25 janvier 2011 marque le début de la révolution, dont la place Tahrir restera un symbole, pour réclamer le départ du président, Hosni Moubarak, à la tête du pays depuis 1981. le 25 janvier 2021, le temps a passé, Hosni Moubarak a quitté le pouvoir en 2011, au profit des frères musulmans, du président Mohamed Morsi, puis, à partir de 2013, d'Abdel Fattah al-Sissi, « le Maréchal », avec une liberté d'expression toujours limitée.

Marion Guénard, journaliste, qui a vécu plusieurs années au Caire, place l'action de son premier roman en 2021, dans les jours qui précèdent l'anniversaire du 25 janvier, avec les destins croisés de Mariam, avocate française, d'origine égyptienne et de Kaouthar, sage-femme au Caire. Mariam fuit brutalement sa vie parisienne bien réglée en laissant son mari, ses deux filles, ses parents. Pour Kaouthar, ce sera une autre disparition qui sera un élément déclencheur, pour changer de vie.

La force de ce roman est de retranscrire la vie cairote et l'histoire récente d'Égypte. L'immersion est réelle et débute dès l'image de couverture d'Ammar Abo Bakr, artiste égyptien qui a peint de nombreuses fresques sur la révolution. Au printemps on coupe les ailes des oiseaux est une oeuvre fictionnelle, mais bien documentée, qui fait réfléchir sur les printemps arabes et peut-être même plus globalement sur les dictatures et les révolutions.

Kaouthar fait référence à 1984 de George Orwell. Halim, un ami, lui explique la « logique d'effacement à l'oeuvre […]. D'abord, on monte une bonne partie du peuple contre un ennemi commun […]. En même temps, on emprisonne tous ceux qui ne sont pas d'accord […]. Ceux qui le peuvent partent […]. Voilà : en un an ou deux, tu n'as plus personne. Tu as décimé une génération d'opposants, de parasites, de terroristes, nomme-les comme tu veux. »

Ce roman a le rythme effréné des récits qui se déroulent sur un très court laps de temps. Cependant, Marion Guénard a fait le choix de faire débuter le premier chapitre dans la prison où Kaouthar rend visite à son frère et le deuxième, dans l'appartement de Mariam à Paris. Il y a ici quelque chose de déconcertant, car les événements vont prendre le pas sur les personnages et on ne connaîtra pas tous les tenants et aboutissants pour chaque protagoniste.

Ainsi, c'est un premier roman qui, à mon sens, plaira pour ce qu'il retrace de la grande histoire et peut-être un peu moins pour l'intrigue et les personnages de la petite histoire.

C'est malgré tout une belle découverte pour revisiter ce pays qui m'avait marqué, au-delà de la beauté de ses monuments et de ses paysages, il y a presque vingt, par le nombre de militaires et de portraits de Moubarak à chaque coin de rue.

Un grand merci à Babelio et aux éditions de l'aube pour ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée !
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Je viens de terminer ce roman qui ne laisse pas insensible. Un grand merci à la Masse Critique privilégiée Babelio et les éditions « L'aube » qui m'ont envoyé, en avant-première, ce livre qui doit paraître début janvier.
L'histoire se partage entre Paris où vit Mariam, mariée avec Antoine et mère de deux filles et le Caire où vit Kaouthar, mariée à Ashraf, mère d'un petit garçon. Elles n'ont qu'un point commun elles sont égyptiennes.
C'est un récit peu ordinaire qu'a écrit Marion Guénard, j'avoue avoir été perdue au fil de l'histoire car elle reprend les révolutions qui ont eu lieu en Egypte en 2011 et 2019, événements que j'avais vaguement suivis et vite oubliés. Pour mieux m'intégrer au récit, je suis allée sur internet et me suis documentée sur ces deux événements qui ont bouleversé l'Egypte.
Kaouthar a vécu et participé activement à ces révolutions. Quant à Mariam, fille de parents égyptiens immigrés, elle est à Paris où elle a bien réussi, elle est avocate et très bien intégrée. Malgré tout, un beau jour elle disparaît, laissant sa famille désemparée.
J'ai beaucoup apprécié la très belle plume de Marion Guénard, elle est journaliste et a vécu au Caire plusieurs années. Son roman est bien écrit, bien documenté, elle fait référence avec précision à ces événements, elle nous fait vivre le drame qu'ont connu les cairotes dont certains y ont laissé la vie. Les deux héroïnes et plus particulièrement Kaouthar nous apportent beaucoup d'émotions, je suis encore « secouée » par tout ce qu'elle a vécu et surtout par sa détermination et sa forte personnalité.
Je me suis sentie transportée dans cette ville du Caire que j'ai visitée, j'ai ressenti les odeurs (très particulières), la saleté de la ville, l'insécurité qui règne et rend mal à l'aise.
C'est un très bon roman.
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La révolution égyptienne a eu lieu il y a dix ans. Tout a changé et pourtant rien n'a changé. Kaouthar, cairote, 20 ans à l'époque, s'est affranchie de ses parents, a rencontré celui qui deviendra son mari, a goûté au parfum de l'indépendance et de la liberté. Aujourd'hui, coincée avec un mari qui a depuis perdu ses idéaux, elle a perdu ses espoirs et la colère a fait place à la résignation. Jusqu'à ce que son fils brise le miroir aux alouettes.
A Paris, Mariam ne garde de l'Egypte que des souvenirs ensoleillés et poussiéreux de vacances chez sa grand-mère. Pourtant, il y a dix ans, devant son téléviseur, ses racines égyptiennes se sont fait entendre. Depuis, elle a remis le couvercle sur ses fantasmes de révolution jusqu'à ce que son mari déterre des carnets intimes qu'elle avait écrits avec la fougue de l'adolescence.

Marion Guénard plonge son lecteur dans le maëlstrom de la révolution du 25 janvier et de ses conséquences, pour ceux qui restent et ceux qui n'étaient pas là. Parce qu'aujourd'hui, la révolution couve toujours dans les ruelles cairotes, à l'ombre de la place Tahrir, point névralgique de l'action.
Partir du point de vue de deux femmes, l'une qui était sur place et l'autre, européanisée, qui n'y était pas, est un parti pris très intéressant. En effet, le procédé permet de mieux rendre la complexité de la situation pour les personnes directement ou émotionnellement engagées dans les événements.

Le premier roman de l'autrice propose donc un contenu très intéressant, surtout pour la néophyte que je suis par rapport à cette tranche de l'histoire. J'ai par contre regretté un manque d'émotion à travers tout l'ouvrage. Je suppose que c'est la plume de la journaliste qui a inconsciemment pris le pas sur la plume de la romancière. Ce qui nous donne un roman paradoxalement assez froid alors qu'on y parle révolution, émeutes, prise de pouvoir, oppression des masses,... Pourtant lors des premières pages, pour la visite en prison, c'était bien parti de ce côté-là mais très vite l'intrigue se focalise sur les faits et même quand on tente une immersion dans la psyché de Kaouthar et Mariam, cela se déroule de manière tellement objective que l'émotion n'est pas au rendez-vous. Ce qui m'a empêchée de m'attacher aux personnages et m'a laissée simple spectatrice.

Ceci n'enlève rien à la qualité de ce premier roman, proposé par un éditeur engagé dont je vais de ce pas explorer le catalogue.
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critiques presse (1)
LeMonde
21 janvier 2022
Le « problème », quand un journaliste se fait romancier, c’est que le réel l’emporte souvent sur la fiction. Au printemps on coupe les ailes des oiseaux, de Marion Guénard, ne déroge pas à la règle et c’est tant mieux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ils ne sont pas capables de s’arrêter. Ils ne connaissent que cela. Maintenir les têtes sous l’eau, glacer les consciences et les mémoires, faire en sorte que chacun d’entre nous n’ait d’autre réflexe que celui du chien aveuglé par les phares d’une voiture, rester pétrifié et se laisser docilement écrasé sans un cri. L’enfer, avec les disparitions, c’est que la vie continue mais dans l’ombre des choses. Plus rien n’est tangible. On est aux prises avec l’inexpliqué, béant, qui offre un lot infini de scénarios. C’est ici que se loge l’espoir des gens maintenant, dans la possibilité toujours ouverte d’un retour miraculeux. C’est comme ça que le régime tempère les frustrations. Personne ne croit plus en une vie meilleure en Egypte. On espère juste rester en vie.
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Je te parle d’une logique d’effacement à l’oeuvre. A-t-elle été planifiée depuis le début ? Je n’en sais rien. Mais regarde derrière toi. D’abord on monte une bonne partie du peuple contre un ennemi commun. On tire dans le tas. Ca élimine quelques indésirables, assouvit les désirs de vengeance et calme la rage populaire. Ca restaure l’ordre et la peur. On est respecté et craint. En même temps, on emprisonne tous ceux qui ne sont pas d’accord. Le premier cercle d’abord, les frères ennemis, puis leurs relais, les journalistes et, enfin, tous ceux qui crient au loup au nom du respect des droits humains, de la liberté, de la démocratie : en d’autres termes, nous. Voilà : en quelques mois, on a muselé tout le monde et on tient le pays. Ceux qui le peuvent partent. C’est souvent le cas des plus riches, ou du moins des plus éduqués – ceux qui, souvent, racontent l’histoire en cours : les intellos, les artistes, les journalistes. Voilà : en un an ou deux, tu n’as plus personne. Tu as décimé une génération d’opposants, de parasites, de terroristes, nomme-les comme tu veux. Tu es content de toi mais tu t’inquiètes encore un peu. Alors tu fais disparaître ceux qui ont encore la force de déranger, ceux qui font chier – les révolutionnaires, défenseurs des droits de mes couilles, rien de bon tout ça, des pédés que personne ne viendra réclamer, pas même leurs parents. Au passage, tu rafles les sans-voix, les gueux, ceux qui ne savent même pas qu’au-delà de la vie, il y a des droits pour la régler et la protéger. Ca ne sert pas à grand-chose mais ça ne peut pas faire de mal. Et puis, ça nourrit les ambitions des médiocres, des flicaillons, des petits gradés qui ne sont là que pour permettre aux chefs de se croire importants : « Faites du chiffre »… la prime est au bout du bâton. Attrape, tape, et les biftons tomberont du ciel. En général, ils ne touchent rien mais ils ont l’illusion d’avoir du pouvoir. Ca les défoule. Ca leur fait du bien. C’est comme ça que ça marche. Personne n’est à l’abri. Qui pourrait les empêcher ? Les gens disparaissent en pleine rue, à la sortie de leur travail, derrière le portail des écoles, dans leur salon. Ils laissent derrière eux un geste, une parole en suspens, une porte qui grince, une clope qui se consume sur le rebord d’un cendrier, un livre ouvert au milieu d’un chapitre, un mari, une femme, des amis, des enfants. Certains sont des militants politiques, mais pas tous. Ils sont boucher, étudiant, pharmacien. Hier, une mère m’appelait pour me raconter que son fils a été attrapé à l’hôpital alors qu’il passait une radio des poumons. Elle n’a retrouvé de lui qu’une gourmette métallique, ses chaussures et le cliché de son thorax. Elle ne reverra sûrement jamais sa gueule mais au moins elle peut suspendre ses poumons dans le salon. Tu vois, Kaouthar, c’est ça la logique d’effacement. Au début, c’est une immense vague, on a cru que l’on pourrait reconstruire. Mais non : elle revient sous la forme d’un clapotis insidieux. Elle érode en silence ce qui nous appartient, nous sépare de ceux que nous aimons. Elle nous prend tout sans qu’on s’en aperçoive. Que reste-t-il de nous ? Les traces ont été effacées des espaces publics, les figures des martyrs de la révolution recouvertes par la gueule du Maréchal. La mémoire collective est tous les jours remaniée en profondeur. Qui sait encore que nous sommes venus au monde un 25 janvier ? Qui se souvient de ces dix jours de lutte ? Qui évoque notre glorieuse victoire à table ou dans les soirées ? Personne. Et ceux qui se souviennent, tu le sais comme moi, voudraient ne plus se souvenir. Ils pleurent chaque jour leurs camarades perdus et leurs rêves évanouis. Leur vie leur est devenue, nous est devenue, insupportable.
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L’élan fratricide des Égyptiens avait profondément blessé Halim. Il découvrait chez ses compatriotes un goût du sang qu’il ignorait jusqu’alors. Gamin, il avait toujours connu les Frères de son quartier – le pharmacien, les camarades syndicalistes de son père, et d’autres encore. Il ne comprenait pas. Comment avait-on pu les transformer, en un été, en des moutons bons à égorger ?
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Ils ont laissé ce relais de mensonges prendre trop de place dans leur vie. Elle se lève, arrache la prise, attrape le volumineux objet des deux mains, ouvre comme elle peut la porte d’entrée, laissant derrière elle le câble tressauter stupidement sur chaque marche d’escalier. Elle va la vendre, cette télévision, mettre fin à cette logorrhée incontrôlable du régime. Elle ne lui permettra plus d’entrer ni dans leur salon, ni dans leur tête. Ses images ne peupleront plus leurs rêves.
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A l'école, on lui apprenait l'histoire glorieuse de l'armée qui avait dans les années cinquante libéré l'Egypte de la monarchie, de l'exploitation coloniale, et l'avait sauvée de tant d'ennemis intérieurs par la suite. Assise, muette à son pupitre, Kaouthar pressentait qu'elle était née du côté des mauvais, de ces terroristes fanatiques dont parlait la professeure. Elle ne reconnaissait rien de son père dans cette description terrible et pourtant, elle savait sans que personne n'ait besoin de lui dire qu'il était l'un d'entre eux : un Frère, un traître de l'ombre. Cette discordance la jetait dans une émotion trouble. Elle se recroquevillait sur sa chaise et se terrait dans une honte silencieuse.
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