J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération masse critique le jour d'Halloween... Je ne sais pas si l'éditeur l'a fait exprès ...
J'en profite pour le remercier pour cet envoi soigné.
Je me suis donc attelée à la lecture et j'ai été très déconcertée par le style narratif. L'utilisation de la 2ème personne du singulier m'a décontenancée. Au point que j'ai eu besoin de faire une pause, après le chapitre 13.
Mais comme l'auteur a construit une histoire intéressante j'ai eu envie de persévérer, j'ai repris le livre et au bout d'un moment le style n'est plus si dérangeant car l'histoire est prenante.
Sans trop en dévoiler, nous avons Kévin un ado, pas vraiment gâté par la nature qui vit dans la ville de Gévaudan ,fondée par Thérèse de Gévaudan. Son père est un alcoolique obèse et violent, sa mère une femme victime de violences et lui même est très isolé au lycée.
Soudain, dans cette vie morne et désespérante apparait quelque chose qui va faire écho avec la Bête du Gévaudan du passé.
Pour préserver le suspens intéressant, je dirai juste que l'auteur exploite de manière intéressante un vieux mythe et en tire une mythologie personnelle avec un réel potentiel.
Mais pas assez aboutie. Je trouve dommage de créer un super vilain et de ne pas l'étoffer : lui donner une vraie origine claire, une histoire, un passé qui aurait pu être passionnant à raconter. J'aurais adoré savoir comment le narrateur a vécu de sa naissance à maintenant, ses "oeuvres" et ses rencontres.
Dans les points positifs, je pointe aussi l'humour, noir ,qui transparait dans certaines scènes, qui allege considérablement le récit, et permet de prendre de la distance avec les scènes horribles , qui se déroulent mais qui ne sont pas choquantes. Il n'y a rien de malsain dans la description des crimes, pas voyeurisme. Les crimes ont lieu car ils font partie de l'intrigue. Donc je m'étonne de l'interdiction au moins de 18 ans car j'ai lu des choses bien pires dans des livres pourtant tout public.
Concernant la narration, j'ai trouvé pertinent le fait qu'à partir du chapitre 54 le narrateur casse le 4ème mur d'une manière très habile et interpelle à plusieurs reprises le lecteur.
Une réflexion critique de la société actuelle est aussi bien amenée.
Dans les points négatifs, je trouve que certains passages sont trop longs et aurait gagné à être raccourcis, notamment tout l'aspect explicatif qui prend trop de place sur la narration, alors que j'aurais préféré plus d'intrigue.
Le fait d'enfoncer des théories au chasse pied m'a agacé. Par exemple le narrateur explique à quel point les chiffres sont importants, ont un sens ... Et comme il faut arriver à 6 et qu'il arrive à 9, aucun problème car 9 est un 6 à l'envers... Et dire que je me suis prise la tête avec les maths pendant des années alors qu'il suffisait juste de retourner les chiffres...
La répétition " prédateur"/"moutons" ou "porcs" est lassante.
En 2023, date de parution de l'ouvrage l'utilisation du terme pédophile pour désigner des précriminels me pose problème. D'autant que le terme apparait quasiment à chaque page.
Le narrateur semble avoir un vrai compte à régler avec l'église catholique, ce qui est surprenant dans ce roman, car cette institution n'a rien à voir avec lui.
Du coup je me suis demandée ce que ça venait faire là et de plus il y a beaucoup d'erreurs. Loin de moi, le souhait de me faire l'avocate de cette institution mais on peut peut être remettre certaines choses au clair.
Le narrateur reproche à l'église catholique les croisades meurtrières et les guerres de religion, qui ont fait des millions de morts. Admettons même si il s'agit avant tout de guerre de territoire où la religion n'est qu'un prétexte.
Par contre peut on vraiment imputer à l'église catholique la conquête de l'Amérique et l'extermination des peuples natifs américains ? En Amérique centrale et du Sud les conquistadors étaient à la solde de souverains qui certes étaient catholiques mais l'église était elle vraiment derrière ces conquêtes ? En Amérique du Nord, la conquête de l'ouest a surtout été faite par des gens qui étaient protestants .
Le narrateur rend responsable l'église catholique du commerce des esclaves ... qui n'a pas commencé en l'an 0, ni avec la colonisation des Amériques, mais qui existait bien avant, et cela, pour la cohérence de l'intrigue le narrateur ne peut pas ne pas le savoir .
Le narrateur s'indigne ensuite que depuis ces 70 dernières années des enfants soient victimes de prêtes pédocriminels... à mon avis, cela a du se produire depuis bien plus longtemps. Et le narrateur poursuit plus loin en assurant que cela ne se produit pas dans les autres religions mais uniquement chez les prêtes catholiques... Je ne sais pourquoi l'auteur est si manichéen mais des pédocriminels il y en a malheureusement dans toutes les sociétés laïques comme religieuses et dans tous les lieux où il y a des enfants : crèches, écoles, centres de loisirs, clubs de sport, monastères et écoles religieuses, familles ... et dans tous les cas l'omerta est très difficile à lever, il n'y a qu'a voir ce qui se passe dans le sport ou au sein des familles. Donc non ce n'est pas spécifique à l'église catholique.
Il rend aussi l'église catholique responsable de la mort des personnes brulés pour sorcellerie au 19ème siècle...sauf que les personnes accusées et brulées pour sorcellerie l'ont été majoritairement dans les pays protestants et les personnes condamnées au 19ème siècle l'ont été par des tribunaux civils. Et les personnes condamné à mort pour sorcellerie au 21ème siècle l'ont été dans des pays musulmans.
Passons au point qui m'a vraiment fâché avec ce livre.
Je cite " Les règles de l'Eglise catholiques sont trop rigides et impossibles à suivre , ce qui cause de la confusion dans les esprits. de plus les agissements du Vatican sont contraires à leurs principes (...) on refuse de reconnaître l'homosexualité alors que nombre de prêtes ont violé et violent encore des jeunes garçons".
Cette phrase m'a fait bondir : homosexuel ne veut pas dire pédocriminel . Concernant les prêtes qui violent des jeunes filles le narrateur les considère- t il comme étant hétérosexuels ?
le fait que l'auteur ait pu écrire cette phrase, que les correcteurs de l'éditeur l'ont laissé passé, illustre à quel point notre société est encore imprégnée d'homophobie.
Je vais quand même préciser pour éviter les commentaires que l'homosexualité et l'hétérosexualité désigne des rapports sexuels entre adultes consentants et que le fait pour un adulte de violer un enfant qu'il soit du même sexe que lui ou non est acte criminel et plus exactement pédocriminel. Un pédocriminel n'est pas plus homosexuel qu'hétérosexuel .
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Des crimes horribles sont commis autour de l'école de Gévaudan....
Nous allons suivre Kevin, ce gamin qui a pas la vie facile...
Alors sur le papier ce livre avait tout pour me plaire...
Malheureusement ce ne fut pas le cas, coup de chance les chapitres sont courts ce qui m'a permis de faire pas mal de pause !
Je ne sais pas si cela vient de la façon ou ce livre est écrit, ou encore ses nombreuses répétitions tels que "porcs, moutons..." j'ai trouvé cela très lassant. Ce roman m'a paru long...
Ce que j'ai aimé en revanche c'est la couverture, et la partie ou l'auteur s'adresse directement au lecteur...
Pour une découverte des contes interdits je suis déçue.
Peut être que j'en lirais un autre mais je vais pas me ruer dessus...
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Grosse déception pour ce conte interdit que j'attendais avec impatience !!!
L'histoire commence pourtant bien : nous découvrons le personnage de Kevin, cet adolescent effacé que la vie n'a pas épargnée.
Pourtant un jour, tout va changer lorsqu'il fera la rencontre de "la bête", cette chose qui s'est introduit dans son esprit dans le seul but de le manipuler et faire de lui un prédateur.
C'est justement cette chose qui raconte l'histoire, et nous avons l'impression qu'elle s'adresse à nous; cela rend la lecture agréable.
Du moins au début.... car très vite je me suis lassée. Il y a de nombreuses répétitions (sûrement pour accentuer l'effet manipulation de la bête sur Kévin) mais à la longue, c'est pénible.
L'auteur s'est également tapé un petit délire : faire un roman de 66 chapitres, de 666 mots. Bon, s'il veut mais cela a donné des chapitres, à mon sens totalement inutiles, durant les lesquels il expose des théories sans intérêt et des descriptions à n'en plus finir qui n'étaient là que pour "meubler" et lui permettre d'attendre son fameux quota.
Ma grande frustration vient aussi du fait que ce roman n'a rien d'un conte interdit : absence du côté horrifique, peu de scènes de sang, rien de terrifiant... En fait, c'est un roman noir psychologique et si on le lit comme tel, il peut être intéressant.
J'ai tout de même eu un espoir en lisant le chapitre 54 : sans que l'on s'y attende, la Bête s'adresse à nous, le lecteur. Elle nous menace, nous met en garde. J'ai pensé que ma patience était enfin récompensée mais non, cela n'aura duré que 666 mots...
En bref : un roman que j'ai failli abandonné à plusieurs reprises et qui n'a rien à voir avec l'histoire de la bête du Gévaudan que j'aime beaucoup.
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Je ne suis pas le mal, Kevin, je suis le chaos ! Et le chaos n'est pas une maladie qui se guérit, il est toujours présent comme dans l'image taoïste du yin et du yang. Je fais partie de cette roue qui jamais ne cesse son mouvement, qui toujours redéfinit le monde. Que serait l'ordre sans le chaos ?
l'école du Gévaudan, c'est l'incubateur des tarés. La pouponnière qui fournit la ville de petits cons. Une couveuse à imbéciles. Des debiles moyens et profonds! Mais heureusement, me voilà maintenant dans ta vie, Kevin! Nous allons vite arranger tout cela, nous allons semer le chaos.
les loups sont des loups, cest tout! Ils font leur boulot de loups, mais les monstres, c'est autres choses. Tu sera d'accord avec moi, les atrocités de notre univers sont plus complexes. Elles sont nourries de motivations plus problématiques, de désirs refoulés, de rage aussi.
Tu crois que je délire ? Mais non, les prédateurs sont aussi des êtres sensibles dont les envies doivent être comblées. Tu sais, moi aussi, j'ai droit au bonheur.
C'est le principe de l'existence humaine. Vaincre des obstacles pour enfin toucher son but, atteindre son rêve.
Bryan Perro lit un extrait d'Amos Daragon dans le cadre du Salon International du Livre de Québec, avril 2015