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EAN : 9782707103185
88 pages
La Découverte (12/10/1988)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Histoire de relire les classiques, Gentis a écrit ce livre en 1970. A cette époque, il disait en avoir marre de l'asile. Il disait aussi que les psychiatres découvraient les "portes ouvertes", le rôle capital des infirmiers auprès des malades, l'influence de l'institution sur les patients. Et pourtant, ce sont des faits qui déjà avaient été découverts. La psy bien souvent fait des retours en arrière.

C'est un drôle de petit livre, militant, engagé, en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce petit livre, déjà ancien car publié en 1970, est un cri de colère poussé par le psychiatre Roger Gentis, dénonçant l'institution et les mauvais traitements apportés aux malades. Il évoque les murs de l'asile, par réaction... l'asile étant un terme péjoratif, remplacé par celui d'hôpital psychiatrique... mais cette distinction n'est en fait pas importante, car le fond reste le même, asile ou hôpital psychiatrique, les patients qui y sont accueillis sont et restent des "fous". La chape de plomb qui s'abat sur ces services est réelle avec d'un côté les malades et de l'autre toute une hiérarchie de soignants et de bureaucratie, le psychiatre étant lui-même à part.
Avec un distance de près de cinquante années, on peut penser, espérer, qu'il y a eu des progrès dans les soins apportés aux malades, dans leurs conditions d'hébergement, dans l'écoute qu'on leur apporte... Quand est-il vraiment? Et quel regard, l'individu "normal" porte-t-il en 2024 sur la personne hospitalisée en psychiatrie? Ces services de psychiatrie, accueillant sans distinction, tous les types de pathologie, le sceau "folie" frappant toute personne y faisant un séjour de plus ou moins longue durée.
Coup de colère réel d'un médecin mécontent du système et de la gestion des patients internés... ce coup de colère aura-t-il servi à quelque chose n'a-t-il pas été un coup d'épée dans l'eau dans un pays englué dans la bureaucratie, où toute réforme est si lente à se mettre en place et où le budget alloué à la santé s'est année après année réduit à une peau de chagrin... Je ne suis pas certaine qu'il y ait eu réel progrès dans les hôpitaux et plus de confort apporté aux malades, même après la parution de cet ouvrage écrit dans un langage courant voire fleuri parfois, qui dénonçait toutes les dérives d'un système.
Livre que j'espère obsolète, mais qui mérite d'être lu.
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une référence
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'asile d'aliénés, le psychiatre, la psychiatrie, tout cela s'est épanoui et a prospéré avec la société capitaliste bourgeoise, dans la seconde moitié du XIXe siècle et un peu au début de celui-ci. Tout cela est en train de se décomposer avec cette société. On croit de moins en moins à la psychiatrie officielle, celle qu'on apprend encore pour passer les concours, de même qu'on croit de moins en moins aux valeurs et aux usages de la bourgeoisie capitaliste (je dis bien que ce sont les psychiatres eux-mêmes qui croient de moins en moins à la psychiatrie, comme les bourgeois croient de moins en moins à l'idéologie de leur classe). L'absurdité des institutions asiliaires devient de plus en plus évidente en même temps que celle des institutions bourgeoises. La morale bourgeoise et la mission du psychiatre, ça n'est plus ce que c'était. Et pourtant tout ça tarde bêtement à crever, on se demande un peu pourquoi, et ce qu'après tout il y aurait à perdre, on est quand même obligé de se poser des questions. La psychiatrie comme le reste, on aime tant le répéter, est entrée dans une période de mutation.
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Les fous, je ne veux pas les voir. Rien à foutre avec eux. Qu'ils ne viennent pas nous emmerder, qu'on les colle dans un monde à part, avec leurs médecins rien qu'à eux si l'on veut, un monde clos, bien fermé, bien hermétique, qu'on les oublie - un autre monde. C'est bien ce que voudrait faire l'asile, c'est bien à ce voeu qu'il répond : constituer un autre monde étanche où serait confinée la folie. Ailleurs, dans le monde normal, rien que raison, rien que bon sens, - à l'asile rien de sensé. L'asile purge, décante, purifie, il recueille en ses murs toute la folie du monde. Les grilles de l'asile séparent, elles démarquent : au-dehors le normal, à l'intérieur le pathologique.
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L'entrée à l'asile a part elle-même valeur de marque : celui qui s'y est trouvé pris une fois est pour beaucoup de gens classé. Ceci est encore très apparent aujourd'hui : on entend couramment dire "Untel a été chez les fous", ou plus poliment "il a été en psychiatrie", "il a été à l'asile", cette référence dispense de commentaires. Peu importe que les "maladies mentales" soient fort diverses, qu'il y en ait de graves et de bénignes, de tapageuses et de secrètes : ce qui compte, ce qui désigne, c'est le passage de la ligne, c'est d'avoir une fois franchi la frontière qui sépare le "dedans" du "dehors", le monde des normaux de celui des cinglés.
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Silence, routine, immobilité, c'est la devise de l'asile, il vise en douce l'éternité, il voudrait bien s'en payer une tranche. Les fous, le folklore les aime plutôt un peu vifs, le bruit et la fureur, les cris de bêtes, la violence animale, l'agitation forcenée, le jerk à jet continu. Convention que tout cela : pour un vociférant vingt muets, pour un agité cent statues (et encore l'agitation n'est-elle le plus souvent elle-même que routine, monotonie en mouvement). Il y a généralement à l'asile une immense complicité, une merveilleuse concordance de vues entre les aliénés et leurs geôliers : que rien ne bouge, que tout reste en état, que la vie se poursuive ainsi, jour après jour, toujours la même, jusqu'à la mort. Surtout ne pas changer, tout changement est menace, angoisse, danger.
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Je jure que si demain on parlait de liquider en France, par des moyens doux, cinquante à quatre-vingt mille malades mentaux et arriérés, des millions de gens trouveraient ça très bien, et l'on parlerait à coup sûr d'une œuvre humanitaire, et il y en a qui seraient décorés pour ça, la légion d'honneur et le reste.
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