Un feu d'artifice !
Un roman pétillant, frénétique.
«
L'indélicatesse » est un roman contemporain, à tiroirs, intuitif et superbement intelligent.
Une des plus belles leçons de littérature. Un séisme mental, un sacré tout de force !
« Les plus grandes haines se produisent à la cuisine. »
Amélie Nothomb
« Comme son père avant lui, mon père vécu son anniversaire des cinquante ans comme un enterrement sans espoir. »
Côté ville, Xavier Bovary est un dermatologue. Quelconque d'apparence, un peu terne, il se projette dans sa profession, tel un exutoire.
L'épiderme est sa toile de maître. La peau, pour lui, le reflet d'une personnalité. Il scrute, cherche, fouille, la transmutation assumée. D'aucuns ont droit à son coup d'oeil, son observation discrète, telle une loupe en repère du moindre indice de confusion. Il est obnubilé par le plus minuscule bouton, le moindre symptôme. C'est un homme fragile, un anti-héros. Effacé par l'ombre de sa femme Anastasia, dont l'aura est impressionnante. Elle élève leurs deux jeunes fils. Sans travail côté ville, elle est en plongée dans une domesticité assumée. Trop belle pour lui, lymphatique, elle semble comble de secrets, de mystères. Pourtant, elle ne laisse rien transparaître.
Ce roman est un kaléidoscope. Xavier Bovary conte sa vie. Ses parents, ses grands-parents, la nostalgie l'éreinte.
La trame est un halo de souvenirs, d'entrelacs de tendresse, de rappels pavloviens.
On marche sur le même fil rouge que l'auteur,
Erik Martiny.
Dans un olympien maîtrisé à l'extrême, une histoire rémanence, qui pourrait subrepticement être la notre. Si, si, notre grand-père avait fait la même chose. Se voir remette le jour de nos cinquante ans un pli scellé par un notaire. Xavier Bovary reçoit dans un geste posthume un pistolet chargé qui plus est. Il est étonné, sonné, bousculé, glacé. Pourquoi ce pistolet ? Les images de son enfance ressurgissent. Il cherche la raison. Il faudra du temps au temps, des évènements qui vont s'enchaîner dans un crescendo feu-follet.
Ce pistolet dont l'origine est celle d'un grand-père qui l'adorait. Il ne comprend toujours pas. C'est un électrochoc. Il est propulsé dans son passé, entre mélancolie et remords. le pistolet est un symbole.
« Un jour, mon Gari, tu verras que
l'indélicatesse des gens est une chose qui doit être corrigée. »
Il rassemble les pièces du puzzle. Les conventions vont voler en éclat telles des chaises fracassées contre les murs de sa maison bien trop tranquille pour être honnête.
« Je me demande parfois si ce brin de folie qui s'empare de moi de temps à autre n'est pas dû en partie au refoulement de certaines choses. » « Enfin, toujours est-il que le visage d'Anastasia n'avait rien à voir avec celui d'Eva Braun. »
Il va briser ses armures dont il se cuirasse et qui finissent par l'étouffer. Il va bousculer les diktats. Soulever les tapis, étaler la poussière, même si.
Ce roman est une mise en abîme sociologique, psychologique des tragédies enfouies et secrètes. le passage vers la cinquantaine est un levier pour Xavier Bovary (qui rêvait d'une vie meilleure et ne pouvait s'assumer). La symbiose d'un bovarysme dont le pistolet devient le garant d'un changement de cap. Et quelle métamorphose !
« Bref, vous l'aurez compris à mes yeux, le seul défaut physique de votre mère était qu'elle était trop belle pour moi… Je me suis toujours accommodé du fait d'être relativement fade et sans relief. »
Ce roman audacieux, gai et triste à la fois explore les thématiques fascinantes de l'humain.
Erik Martiny est doué et perspicace. Fin observateur des indélicatesses qui foudroient les altérités et les volontés. Jusqu'au jour, où un pistolet abolira les non-dits et les faux-semblants, les mensonges et les hypocrisies.
Ce roman vif et lucide est grandiose, troublant et épique. Il faut lire et vaciller.
Un parchemin empreint d'humour aussi et de sourires. du doute, advient une passerelle. Vous l'aurez compris ce livre est du grand art. Salvateur. Publié par les majeures Éditions le Passage.