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EAN : 9782351785171
395 pages
Gallmeister (05/04/2012)
4.02/5   100 notes
Résumé :
Revenu brisé de la guerre du Vietnam, Doug Peacock a trouvé à se reconstruire en passant vingt années de sa vie dans les montagnes de l'Ouest américain, sur les traces d'un formidable prédateur : le grizzly, dont il est à ce jour l'un des plus grands spécialistes au monde. Son récit captivant nous entraîne de l'Alaska à la mer de Cortez, à la découverte d'un animal mystérieux, bien plus proche de nous que nous ne saurions l'imaginer. Dans ses relations avec ses semb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Très beau livre que cette découverte des grizllies avec Doug Peacock qui emmène ses lectures dans une nature sauvage quasiment inviolée de l'Ouest américain. Sa science des ours est très complète puisqu'il y a consacré une grande partie de sa vie. Son récit est empreint de poésie bucolique tout en étant très technique sur les us et coutumes de ces beaux animaux.

Son livre est long, près de 400 pages, et très dense également puisque lorsque Doug aborde un sujet, il va dans les détails, donnant tous les éléments pour que le lecteur intègre bien les situations développées, au point qu'il se trouve presque aux côtés de l'auteur, ressentant sa fascination pour ces grands ours magnifiques.

Il commence son livre par une tempête de neige précoce dans les montagnes du Wyoming. Il décrit avec précision les difficultés de sa marche dans la neige fraîche tombée en abondance. Son esprit vagabonde en même temps et les affres de la guerre du Vietnam reviennent régulièrement à sa mémoire.
On comprend qu'il ressente le besoin de les exprimer et il le fait en alternance avec ses récits d'observation des grizzlies. C'est dur par moments car le traumatisme de cette guerre a été violent pour lui, habitué aux grands espaces sauvages où le fameux "wild" n'a rien à voir avec la sauvagerie de la guerre.

Son parcours parmi les grizzlies fait régulièrement état de considérations météorologiques, de l'importance du vent pour adopter le placement approprié afin de voir les ours sans prendre trop de risques. Pourtant, il se retrouve quelquefois confronté à l'ours debout et c'est le sang-froid qui doit alors dominer pour éviter le pire.

Et puis, il y a d'autres rencontres, amicales, comme avec Edward Abbey, il y a la pêche, il y a surtout un superbe hymne à la nature sauvage dont les grizzlies font partie intégrante et sont bien les héros de ces années que Doug Peacock a passées auprès d'eux.
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Pour les personnes qui ont lu le gang de la clef à molette, vous retrouverez le personnage de Hayduke en la personne de Doug Peacock qui a inspiré ce personnage à Edward Abbey. Un personnage haut en couleurs donc, plutôt rustre, solidaire, un brin alcoolique et provocateur mais surtout un fervent défenseur de l'environnement et des grizzly.

Ce livre autobiographique nous permet de comprendre le parcours d'un homme traumatisé par la guerre du Vietnam à laquelle il a participé en tant que soignant.
Son retour au pays est un long cheminement pour tenter d'oublier la guerre lors duquel il canalise son énergie et sa rancoeur dans la défense de l'environnement.

Le texte entremêle ses souvenirs déchirants avec ses réflexions et ses actions qui sont souvent situées en pleine montagne et lors desquelles il observe et filme les ours dans leur milieu naturel à la manière d'une longue thérapie.

Peacock à l'art de décrire la montagne et de nous faire aimer la nature à travers ses paysages sauvages. Il en va de même pour les ours dont son récits regorge de détails très documentés.

J'ai cependant été un peu perturbé par la construction du livre qui selon moi se répète trop et empêche une lecture claire. D'autre part, même si certains épisodes vécus au Vietnam s'inscrivent bien dans la linéarité du récit, pour d'autres je n'en ai pas saisit le sens. Dommage, mais cela ne retire en rien l'intérêt de ce texte militant qui s'inscrit dans une lute contre l'envahissement et la dégradation par l'homme de tous les milieux naturels.
C'est aussi un avertissement à ceux qui pensent que l'homme et au dessus de tout et que c'est dans la technologie qu'il trouvera le salut.
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Au retour du Vietnam, Doug Peacock est meurtri. Comme de nombreux vétérans, il ne peut pas oublier les horreurs de cette guerre. C'est dans la nature, dans les derniers grands espaces sauvages d'Amérique qu'il cherche d'abord la sérénité, puis qu'il trouve une raison de continuer à vivre. de 1968 aux années 1980, Doug Peacock suit la trace des derniers grizzlys d'Amérique. « Je reviens sur ces lieux chaque année afin de suivre les ours à la trace et de tenir le journal de ma vie. Lorsque je suis rentré du Vietnam, alors que chaque année aurait pu se fondre dans la suivante, que j'aurais pu me perdre dans mes souvenirs sans que rien ni personne me fasse prendre conscience des années qui passaient, les ours m'ont fourni une sorte de calendrier. » (p. 15)

Le texte mêle les chroniques d'hiver de Doug Peacock et ses souvenirs du Vietnam. Sa découverte des grizzlys le renvoie à ses traumatismes de guerre qui ressurgissent sans crier gare. « Les dix années qu'a duré la guerre du Vietnam ont été perdues pour moi. » (p. 95) Mais, à mesure des étés dans les montagnes du Wyoming ou dans le parc du Yellowstone, Doug Peacock fait battre en retraite ces images d'un autre monde. Loin des hommes et de leurs crimes, il retrouve sa sérénité auprès des ours. « Je n'ai fait preuve d'aucune aptitude à réintégrer la société. » (p. 20) Loin des hommes, il ne perd pas son humanité, mais il cherche quelque chose de plus puissant que lui, une puissance qui ne soit ni nocive, ni destructrice comme peut l'être celle de l'homme. La force brute de la nature remporte le combat face au pouvoir néfaste de la guerre.

L'observation respectueuse des grizzlys est un vibrant plaidoyer pour cette espèce gravement menacée. C'est aussi le combat d'une vie : Doug Peacock a sauvé la sienne en suivant les grands ours et il la met au service d'un animal légendaire. « de mon point de vue, peut-être un peu tordu, sauvegarder les ours était une idée révolutionnaire : une tentative pour empêcher notre monde de devenir complètement dingue. » (p. 124) Doug Peacock dresse le portrait d'un animal dont la noblesse et la puissance ne sont pas vaines : le grizzly ne tue pas par facilité et il renvoie l'homme à ses propres instincts et à sa propre humilité. Mes années grizzly est un hymne à la nature et au monde sauvage. L'auteur exprime à mots à peine couverts sa haine de l'exploitation abusive des ressources naturelles et de l'extermination des grizzlys et autres espèces endémiques d'Amérique. Il ne cache pas un mépris certain pour les grands troupeaux d'élevage qui rappellent si malheureusement la disparition des hordes de bisons et, par là même, la disparition d'une richesse faunistique et floristique.

Cette autobiographie polymorphe parle d'hommes, d'un homme, de nature, de respect, de guerre et d'espoir. L'écriture est puissante, sans compromis : l'auteur lance son message et il n'entend pas cacher la réalité. Un texte essentiel pour les défenseurs de la nature, mais aussi pour ceux qui cherchent comment dépasser et transcender un traumatisme.
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Comment un homme arrive à se sortir (à peu près) des traumatismes de la guerre du Vietnam grâce au grizzli ?
Durant dix ans Doug Peacock part à leurs rencontres au travers des grands espaces américains. Ce cercle d'écrivains nature-writing qui se connaissent me donne toujours un bien-être à les retrouver. Ce livre, acheté il y a six mois, je l'ai volontairement fait attendre en le regardant parfois. Un peu comme je rêve de le faire avec un grand cru. L'auteur s'est déjà retrouvé deux fois héros dans un roman, le gang de la clé à molette et impossible de me rappeler l'autre. J'ai toujours eu une fascination pour les ours, d'ailleurs un rêve me revient régulièrement : je descends boire un café et au milieu de la cuisine un ours est là debout. Donc cet autobiographie ne pouvait que me plaire, je m'y voyais. Mais aurais-je eu le courage de m'approcher d'eux aussi près que l'a fait Doug Peacock ? Mon admiration est sans limite. ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️
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Doug Peacock mon héros. Doug Peacock, ours, colosse. Doug Peacock qui se retrouva en 1980 à prendre Arnie "The Barbarian" Schwarzenegger par la paluche pour un week-end camping viril à Yellowstone et accessoirement montrer de plus près (tout est relatif) un grizzli pour une émission des années 70-80, qui, en passant, était une émission "sportive" chasse et pêche avec des guest stars populaires comme victimes. Ne me demandez pas comment je suis tombée sur cette vidéo...
Doug Peacock? Mais comment est-il arrivé là? C'est d'autant plus étrange que c'est à mille années-lumières de Grizzly Years. La vidéo parle d'elle même. Il est à autant d'année-lumières dans ses explications de la voix-off de type commentaire de guerre-animalier rétro.

N'empêche, Doug Peacock est mon héros. Entraperçu dans The Monkey Wrench Gang d'Edward Abbey qui s'est en partie inspiré de lui pour le personnage de Hayduke, puis fil conducteur de The Lost Grizzlies de Rick Bass, Doug Peacock, atypique, profondément déchiré par son excursion au Vietnam, Peacock se matérialise lentement, sauvage, insaisissable, imprévisible et passionné.

À travers le récit de ses années 80, ponctuées de flash-backs au coeur de l'horreur et de l'absurdité de la guerre du Vietnam, et organisées comme une succession de saisons, il raconte sa passion pour les derniers grands prédateurs de l'Amérique du Nord à travers laquelle on découvre sa lente reconnexion à un monde qu'il ne comprend plus. Une sorte de reconstruction de valeurs qui font sens pour lui, celles de la nature et des grizzlis.

Un livre étrange qui se dévore comme une collection de genres littéraires tous réunis dans des aventures réelles. Tension, réflexion philosophique, historique, aventure, confrontations à des géants surpuissants et imprévisibles comme à lui-même et ses échecs malgré principes et résolutions, faits et observations scientifiques, le tout ponctué de moments tendres et d'une générosité surprenants.
Et Doug Peacock, un homme complexe et hors-norme, presque timide, dont les traumatismes ont été un facteur positif supplémentaire à un engagement qui a de quoi décourager les plus solides. Je me suis passionnée pour ses énumérations d'aliments préférés selon la saison par son grizzli (et oui, le contenu des crottes de grizzli est très intéressant), pour son retour annuel vers certains ours (Happy Bear !) et tremblé avec lui dans ses rencontres malencontreuses (The Black Grizzly !) au coin d'un buisson. Des descriptions d'ours et de familles d'ours, de leur comportement, leurs interactions, incroyables. Un homme qui marche, qui écoute, qui sent, qui observe. Un homme qui s'émerveille et se laisse surprendre.

Voilà un livre qui m'a touchée et quelque peu ébranlée dans ma passion tranquille (et monomaniaque) pour ces auteurs merveilleux du Nature Writing, du grand Ouest américain.
Mon regard naïf (sérieux, je suis de la campagne du sud-ouest, campagne ultra-contrôlée et ce tellement anciennement de notre vieux continent... comment saisir l'étendue de... l'étendue sauvage américaine et de ce que l'engagement de ces hommes implique ?!) et ma gourmandise sans borne pour la poésie de ces récits merveilleux ont ici pris une sacrée claque.
On ressent constamment les complications et impossibilités liées à la politique expansionniste américaine (Manifest Destiny, people, Manifest Destiny !!) qui teinte tout, jusqu'aux institutions censées protéger ce qu'ils nomment "Wilderness", concept qui en lui-même implique régulation et "management". L'impuissance qui pousse à l'action furtive et illégale que les lecteurs trouvent si drôle dans The Monkey Wrench Gang et qui a été une réalité, tout au moins dans ses actions réalistes, et non la démesure du fantasme du dynamitage de ponts et barrages sur le Colorado... et toujours la menace de l'extinction aux États-Unis mais surtout l'incapacité humaine de respecter un élément essentiel de son propre écosystème. L'homme, comme le grizzli, est un grand prédateur. Lorsqu'un écosystème meurt, le premier maillon à disparaître est le grand prédateur, grand régulateur de son environnement...

Peacock aujourd'hui âgé de 70 ans et des poussières a recadré ses actions, plus dans la perspective de l'écriture et de l'éducation, dans l'action à travers des associations (je peux attendre la dépêche "le Hoover Dam dynamité !", bah !). Je ne savais pas qu'il avait écrit plus de deux livres. Et bien voilà ma liste qui s'allonge. Et quelle liste ! Un bonheur ! Les pieds sur terre, la tête dans les nuages et en avant pour des lectures passionnantes et qui ont de quoi vous faire enfiler vos godillots et agir !
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Citations et extraits (85) Voir plus Ajouter une citation
Le grand ours s’arrêta à 10 m de moi. Je glissai doucement la main dans mon sac à dos et, petit à petit, j’en sorti mon Magnum. Je dirigeai lentement le canon de mon arme vers les yeux rouge sombre de l’énorme grizzly. Il montra les dents en grognant et coucha les oreilles. Les poils de sa bosse entre les épaules étaient hérissés. Nous nous fixâmes l’un l’autre pendant des secondes qui me parurent des heures. Je savais une fois de plus que je n’appuierai pas sur la détente. Le temps des fusillades était terminé pour moi. Je baissai mon arme. Le grizzli redressa les oreilles et regarda sur le côté. Reculant un peu, je tournai la tête vers les arbres. Je sentis quelque chose passer entre nous. L’ours se détourna lentement, avec élégance et dignité, puis, d’un pas cadencé, il s’enfonça dans le bois à l’autre bout de la clairière. J’avais le souffle court et le visage cramoisi. Je sentais que je venais d’être touché par quelque chose de très puissant et de très mystérieux.
J’ignorais que cette rencontre conditionnerait mon existence.
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La nature à l'état sauvage est bien ce qui empêche les services fédéraux chargés de la faune de défendre les grizzlys. Il n'y a rien à gagner dans de telles régions, rien à gérer. Pourtant l'intolérance des hommes en fait de véritables champs de bataille où les grizzlys ne cessent de perdre et de mourir. Ces derniers auraient pu s'adapter à notre présence, mais nous ne leur en avons pas donné la possibilité. Notre culture ne nous permet pas de vivre aux côtés d'une autre espèce intelligente et prédatrice. Les ours ont besoin de la nature sauvage.
Ce serait également une bonne chose pour les humains car, comme le disait Thoreau : "Dans la nature sauvage réside la préservation du monde." Concrètement, cela signifie : défoncer les routes et faire disparaître les parcs de stationnement, détruire les bâtiments et non à tout forme de capitalisme ou de socialisme qu'elle quelle soit. Les grizzlys ont besoin de régions sauvages vastes et libres, sans survols ni aménagements touristiques, sentiers de randonnée, gestion humaine ou "développement" d'aucune sorte. La nature sauvage doit exister pour elle-même, et pour les grizzlys.
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J'étais comme toujours armé jusqu'aux dents; j'avais avec moi un Derringer 22 Magnum que j'avais obtenu illicitement, deux autres revolvers semi-automatiques Ruger: un 44 Magnum et un 357 Magnum, plus un fusil 30.06 à culasse mobile et un fusil de chasse Ithaca Lefever de calibre 12, à deux canons. J'avais également des armes plus rudimentaires à côté de ma trousse médicale dans laquelle j'avais mis du sérum et tout un assortiment de médicaments d'urgence injectables. j'ai décidé d'y aller mollo sur l'alcool et les amphétamines. je ne voulais pas avoir d'ennuis; du moins pour le moment.
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Les grizzlis communiquent au moyen de leur taille, de leurs postures, de leur gueule, de leurs oreilles et de leurs yeux.Lorsqu'ils se dressent sur leurs pattes de derrière en balançant la tête, ils essaient simplement de mieux voir et de mieux sentir. Un grizzli qui souffle des whoosh est inquiet mais ne représente pas une menace pour l'homme. Par contre, s'il lance des woof tout en restant sur place, il peut être dangereux. Quand il ouvre et ferme ses mâchoires tout en bavant, il est temps de prendre la fuite. S'il baisse la tête vers l'une de ses pattes de devant tout en regardant sur le côté, il vous indique qu'il aimerait s'éloigner paisiblement si vous en faites autant. Si sa tête est tournée vers le côté, vous pouvez encore vous en aller. Si elle est basse, mais bien droite, et que ses oreilles sont rabattues vers l'arrière, il est sur le point de charger. Si, au dernier moment, ses yeux deviennent fixes et froids, vous êtes vraisemblablement dans un beau merdier.(...) C'est certainement l'ultime signal que vous recevrez avant de voir une masse de fourrure fondre sur vous.
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Préface de William Kittredge citant Doug Peacock:
Nous ne pouvons pas, disait-il, supprimer tout ce qui nous menace, défolier toutes les jungles ou tuer tous les animaux qui pourraient venir hanter nos nuits.
Nous avons commencé par être des animaux et nous ne cesserons jamais de l'être; et lorsque nous détruisons le monde naturel, c'est nous que nous tuons. En tant qu'espèce nous devons apprendre l'humilité et tenir compte de cette part de nous même qui est animale. Notre salut ne viendra pas de la technologie.
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