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EAN : 9782890525771
265 pages
Boréal (14/03/1994)
4.1/5   54 notes
Résumé :
À travers les dix-huit récits qui composent ce livre, Gabrielle Roy a transformé les souvenirs de sa jeunesse manitobaine en un roman racontant l’apprentissage d’un écrivain. Christine découvre peu à peu la réalité — familière et pourtant inépuisable — de la petite rue de Saint-Boniface où elle est née et où l’humanité montre ses visages les plus variés. Mais surtout, ses propres rêves lui sont révélés, c’est-à-dire à la fois ce qui la rapproche des autres et l’en s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les connaisseurs de littérature québécoise disent tous qu(il « faut » lire Bonheur d'occasion, le chef-d'oeuvre de Gabrielle Roy. Pour découvrir cette auteure née en 1909 à Saint-Boniface dans le Manitoba, j'ai choisi un ouvrage plus « modeste », Rue Deschambault, son quatrième roman, largement autobiographique lui aussi.

Christine (le prénom de Gabrielle dans ce roman) est la benjamine d'une famille nombreuse. La mère tient la maison, s'occupe de ses enfants pendant que le père, agent de colonisation pour le gouvernement canadien, est absent pendant de longues périodes. Quand il rentre, c'est un homme mélancolique, ne supportant pas le bruit. Christine porte un regard naïf sur les adultes et le monde qui l'entoure et c'est cette fraîcheur qui fait tout le charme de ce récit d'enfance, de famille. La concurrence-connivence entre voisines, une maladie infantile, une de ses soeurs qui prépare son départ au couvent, un nouveau voisin italien qui construit une petite maison pour faire venir sa femme au Canada, autant d'événements de la vie quotidienne que raconte Christine, douée d'un sens de l'observation et d'une sensibilité qui augurent de sa vocation d'écrivain. Elle raconte aussi des moments plus douloureux, comme la maladie mentale d'une autre de ses soeurs, et des aventures inédites pour l'époque, comme le long voyage que sa mère entreprend seule avec elle jusqu'à Montréal pour échapper à son quotidien lassant.

Gabrielle Roy évoque aussi comment elle a senti pointer son goût pour l'écriture et comment il lui a d'abord fallu trouver de quoi « gagner sa vie ». Elle l'a fait en devenant institutrice et a commencé sa carrière dans un petit village perdu « de nos Prairies ». « Est-ce que le monde n'était pas un enfant ? Est-ce que nous n'étions pas au matin ? » Ces deux dernières phrases du roman représentent bien la fraîcheur et la passion que la jeune Gabrielle Roy a sans doute conservé toute sa vie. J'aimerai le vérifier à travers d'autres lectures d'elle.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Rue Deschambault met en scène l'enfance et la jeunesse de Christine, personnage majeur qui relie l'ensemble de dix huit récits relatés dans ce roman. Gabrielle Roy s'exprime par le biais de Christine, une femme canadienne-française du Manitoba, pour raconter ses expériences de la vie avant de franchir le seuil de l'âge adulte, et son rêve de devenir écrivain.

On distingue deux types de récits. Des récits autodiégétiques dans lesquels Christine se raconte elle-même comme par exemple dans «Petite misère», «Ma coqueluche», etc. Et des récits homodiégétiques dans lesquels Christine fait partie des récits racontés, mais en tant que personnage secondaire comme par exemple dans «Pour empêcher un mariage», «Un bout de ruban jaune», etc.

Ce roman est, donc, presque autobiographique, car on ressent clairement à travers l'âme des mots que Gabrielle Roy et Christine sont une seule personne. Il représente, en effet, un morceau littéraire réaliste qui met en question son vécu. La solitude qu'elle a connue dans son coeur d'enfant, son avenir, ses caprices d'amour, son envie d'écrire, son métier et d'autres faits issus de son vécu.

En fin, écrire pour s'écrire est le noyau principal de cette oeuvre. Or, écrire et s'écrire sont les deux verbes qui se sont mariés littérairement dans Rue Deschambault pour enfanter des moments du réalisme authentique.
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En dix-huit récits autobiographiques, Gabrielle Roy nous plonge dans l'atmosphère du Manitoba, province du centre du Canada, où son père travaillait pour l'accueil des immigrants.


Elle fait partie d'une famille nombreuse qui vit modestement et les anecdotes qu'elle évoque avec beaucoup de vivacité et d'humour montrent la dureté de la vie là-bas au début du XXe siècle. Vu par les yeux d'une enfant, tout paraît incroyable, et les histoires de voisinage d'alors deviennent des événements.

Quand sa famille prend un noir comme locataire, les voisins d'abord s'offusquent… puis font pareil et essaient même de faire mieux !

Quand un Italien vient construire sa maison sur le terrain mitoyen, toute la famille est en émoi… mais ce n'est qu'une maisonnette en bois dans laquelle il fait venir sa femme malade.

Mais quand sa soeur aînée, trop handicapée pour rester chez eux, est enfermée dans une clinique, ou quand son oncle essaie vainement de trouver un lieu adéquat pour sa femme asthmatique, ce ne sont plus des souvenirs souriants, mais c'était la vie là-bas !

Comme Michel Tremblay raconte son enfance à Montréal, Gabrielle Roy (1909-1983) évoque la vie dans cette province du Manitoba qu'elle quittera ensuite pour venir s'établir à Montréal et poursuivre son oeuvre d'écrivain du social, des petites gens et de l'observation minutieuse de la vie quotidienne.

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"il fait tempête, les enfants arrivent presque gelés, elle frotte leurs mains avec de la neige, remet une bûche dans le poêle, la tempête gémit à la porte, « mais nous, ensemble, nous avions chaud… je ne le savais pas encore – nos joies mettent du temps parfois à nous rattraper – mais j'éprouvais là un des bonheurs les plus rares de ma vie…"
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Le plus beau livre qu'il m'ait été donné de lire depuis des lustres. Une des plus belles plumes de la langue française. Gabrielle Roy est un monument littéraire. A découvrir ou redécouvrir de toute urgence.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
D'où vient que le désespoir aussitôt après la joie s'est jeté sur elle? Je n'avais jamais vu auparavant le désespoir, et pourtant je l'ai reconnu. C'était bien cela : un moment de lucidité, où l'on voit sa vie et le mal qu'on fait aux autres, tout leur malheur, mais il n'est plus possible d'y rien changer ; il est trop tard ; ou encore on n'était soi-même que l'instrument de la souffrance... On ne peut rien à tout cela...
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Et le bonheur que les livres m'avaient donné, je voulais le rendre. J'avais été l'enfant qui lit en cachette de tous, et à présent, je voulais être moi-même ce livre chéri, cette vie des pages entre les mains d'un être anonyme, femme, enfant, compagnon que je retiendrais à moi quelques heures. Y a-t-il possession qui vaille celle-ci? Y a-t-il un silence plus amical, une entente plus parfaite?
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J'ai vu alors, non pas ce que je deviendrais plus tard, mais qu'il me fallait me mettre en route pour le devenir. Il me semblait que j'étais à la fois dans le grenier et, tout au loin, dans la solitude de l'avenir; et que de là-bas, si loin engagée, je me montrais à moi-même le chemin, je m'appelais et me disais: "Oui, viens, c'est par ici qu'il faut passer ...Ainsi, j'ai eu l'idée d'écrire. Quoi et pourquoi, je n'en savais rien. J'écrirais. C'était comme un amour soudain qui, d'un coup, enchaîne un cœur; c'était vraiment un fait aussi simple, aussi naïf que l'amour. N'ayant rien encore à dire... je voulais avoir quelque chose à dire.
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Comment ne sait-on pas plus tôt qu’on est soi-même son meilleur, son plus cher compagnon? Pourquoi tant craindre la solitude qui n’est qu’un tête-à-tête avec ce seul compagnon véritable? Est-ce que sans lui toute la vie ne serait pas un désert?
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- [...] mais les étrangers sont rarement aussi étrangers qu'on le croit...
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Videos de Gabrielle Roy (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Roy
Sean Mills lit un extrait du texte ''Ma rencontre avec les gens de Saint-Henri'' de Gabrielle Roy.
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