En préambule, petite information technique : en tentant d'enregistrer sur Babelio avec le code ISBN – 9782081249691- figurant sur le livre «Tanguy histoire d'un enfant d'aujourd'hui» chez Flammarion, collection "étonnants classiques" je trouve « le soleil des Scorsa » avec la couverture correspondant à Tanguy dans cette collection ! Voulant éviter toute confusion, je me suis donc contentée de cliquer sur ce titre dans une collection !
Tanguy – Histoire d'un enfant d'aujourd'hui-, c'est l'histoire des vingt premières années de l'existence meurtrie de Michel Janicot (patronyme paternel) qui deviendra Miguel del Castillo (nom de sa mère),
C'est le récit violent d'un jeune être traumatisé, maltraité durant son enfance et son adolescence , victime des mensonges, des trahisons, de l'incurie de ses parents, ayant dû affronter de terribles épreuves : les tourments de deux guerres, celle d'Espagne, la seconde mondiale, son abandon par sa mère, sa déportation dans un camp de concentration, la faim, le froid, la mort, et peut être pire que tout, les sévices endurés dans la maison de redressement, tenue par des religieux, les privations sans fin, les coups démultipliés, les outrages sexuels …
Un premier roman autobiographique, avec un narrateur externe, Tanguy ce n'est pas JE c'est IL , une distance volontaire pour se prémunir, une sorte de papier bullé utilisé pour amortir les chocs de la narration, une barrière fictive pour ne pas sombrer dans l'émotion, pour tenter de moins souffrir.
Un livre où del Castillo livre sa juste vérité, son unique vérité, son « âpre » mais « sincère vérité. »
Comment peut-on endurer tant de monstruosité et pouvoir poursuivre son chemin ?
Grâce à l'écriture comme exutoire, c'est elle qui lui accordera la survie, qui lui permettra de poursuivre sa route, coûte que coûte « Je suis un enfant des livres, qui m'ont engendré, élevé, maintenu en vie » « Ecrire (pour) surmonter le malheur ».
J'ai terriblement aimé ce livre bouleversant.
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Et maintenant, que va devenir notre Tanguy ?… Nous allons le laisser dans la rue qu’il aime ; parmi ses frères, en qui il a confiance. Laissons-le faire. Nous ne chercherons pas à lui enlever ses dernières illusions. Nous voudrions pouvoir le laisser avec Dieu, mais nous ne sommes pas trop sûrs nous-mêmes que Dieu existe. Aussi le laisserons-nous seul avec son grand amour pour une terre qui ne lui a jamais rien donné et qu’il s’obstine à chérir. Nous espérons seulement que de nouvelles Sebastiana et de nouveaux Père Pardo viendront lui tendre une main amie. Alors il esquissera son sourire et sera content. Peut-être ira-t-il jusqu’à trouver la vie belle
p 298
Ces magnifiques religieux qui prennent soin de vos corps et de vos âmes. Ils font de vous des hommes ; et cela… un peu malgré vous. Bien sûr, il leur arrive d’avoir à frapper ; bien sûr, vous vous plaignez… Mais le métal brut, s’il le pouvait, ne se plaindrait-il pas, lorsque le forgeron frappe ; et pourtant quelle fierté que celle de ce même métal, une fois devenu objet précieux!... Il en va de même, chers enfants, de vous…
Tanguy, lui, ne croyait pas à un monde divisé en deux camps. Il ne voulait pas de haine. Peut être était-il utopiste, peut-être était-il clairvoyant. Mais il s'obstinait à aimer la vie et les hommes avec un désespoir farouche
Ce livre m'a touchée au plus haut point, il m'a bouleversée. Comment retenir ses larmes en lisant la vie de cet enfant que rien n'épargne, ni l'horreur de la guerre, ni la barbarie des hommes, ni même sa propre famille ! Une autobiographie romancée incroyable, juste, sans détours. Un roman brut, dur, extrême, avec heureusement des moments de répit et de pure poésie. Un roman sensible et extrêmement intéressant pour mieux comprendre l'horreur de cette guerre, mais attention il y a des passages et des descriptions d'une dureté extrême !
— Mon chéri, il va falloir que tu sois très fort. Ces « messieurs » vont nous emmener dans un camp. Quelqu’un nous a dénoncés. Mais tu ne dois pas avoir peur. Nous resterons ensemble, et tant que nous serons ensemble, rien de mauvais ne pourra nous arriver.
Tanguy baissa la tête :
— Mais nous n’avons rien fait de mal ! protesta-t-il.
— Je le sais, mon Tanguy. Mais la question n’est pas là.
— Qui nous a dénoncés ?
— Ton père.
Tanguy maîtrisait mal ses larmes… Il haïssait tout le monde à ce moment : son père, sa mère, les gendarmes, le patron de l’hôtel. Il en voulait à toutes les grandes personnes, car toutes les grandes personnes semblaient lui en vouloir, à lui qui n’avait que huit ans.
Michel del Castillo vous présente son ouvrage "Mamita" aux éditions Fayard.