Au lendemain de la seconde guerre mondiale, un traitre anglais, Edwin
Cushman, propagandiste nazi à la radio allemande et commandant en second d'un camp de concentration, usurpe l'identité d'un soldat anglais,
David Ellis, qu'il assassine froidement pour rentrer en Angleterre et échapper à la pendaison à laquelle il est promis.
A Londres, il empêche l'arrestation par la police d'une jeune voleuse récidiviste souffrant de surdité, Grace Clark. Tous deux doivent quitter la capitale et s'enfuient dans la verte campagne de l'Essex. S'étant cassé la jambe en tombant dans un bunker sur un golf, l'assassin nazi doit s'en remettre à cette jeune femme qu'il considère comme une moins que rien et qu'il méprise profondément pour le soigner et échapper à la police lancée sur leurs traces. Les deux comparses trouvent refuge auprès d'un homme de la meilleure société, Richard Crane, qui accepte de les cacher. L'homme qui semble attentionné et gentil avec la jeune fille qui en tombe rapidement amoureuse n'en éveille pas moins la méfiance et la jalousie du nazi blessé. Et si finalement ce sauveur providentiel s'avérait être bien pire que ces deux criminels réunis ? S'en suit un combat inégal entre les deux hommes, meurtriers sans la moindre moralité, avec entre les deux la jeune femme. Ils forment un trio infernal dans un huis clos pesant qui ne peut se terminer que par la mort d'un ou plusieurs des protagonistes.
James Hadley Chase propose avec "
Traquenards" un roman qui se différencie de ces oeuvres habituelles : publié en 1948 sous la signature de
Raymond Marshall à Londres, il a pour cadre la tranquille campagne anglaise alors que la plupart de ses romans se déroulent aux Etats-Unis où le prolixe écrivain britannique n'a pourtant jamais résidé et aucun des principaux personnages n'est le narrateur comme se plait souvent à le faire l'auteur de "
Pas d'orchidées pour Miss Blandish". Il crée ainsi une double distanciation entre le lieu bucolique et la noirceur des personnages et entre le lecteur et les protagonistes, empêchant le premier, si tant est qu'il en avait envie, de s'identifier à
Cushman-Ellis ou à Crane qui présentent tous les deux des traits de caractères laids et cruels. Cependant pour rester dans l'univers chasien,
Cushman évolue tout au long du récit et sa noirceur d'âme s'éclaire par l'amour qu'il porte finalement à la jeune fille qu'il veut absolument sauver des griffes de Crane, véritable tueur psychopathe, révélant ainsi une part de son humanité.