Vous ne me trouverez pas sur Amazon !

Cette enquête percutante décrit la marchandisation pernicieuse de l'information et de la culture, sous la coupe de milliardaires et de géants du numérique, les GAFAM.
C'est parfois indigeste et aride mais les données produites sont sans appel. Concentrations et rachats en cascade dans les secteurs du livre et de la presse menacent l'indépendance des contenus éditoriaux et les tirent vers le bas, l'essentiel étant de maximiser les profits. Les grands patrons achètent des titres au service d'une idéologie de droite radicale, voire d'extrême droite (voir CNews et le JDD). le commandement du Conseil national de la résistance à la fin de la guerre a vécu " rétablir la liberté de la presse, son honneur et son indépendance vis-à-vis des puissances financières".
Les éditeurs de presse nouent des associations périlleuses avec l'industrie numérique (en toute opacité). L'édition française accepte qu'Amazon soit son premier distributeur et premier libraire, grâce au tarif préférentiel accordé par la Poste pour les frais d'envoi. La plateforme paye 1 euro alors que le libraire indépendant débourse en moyenne 6.80 euros. Une loi a atténué l'écart en fixant un prix minimum de trois euros pour un envoi d'une valeur maximale de 35 euros, et de un centime pour un montant supérieur à 35 euros. Une paille ! L'État cautionne ce régime de faveur alors que la Poste est en difficulté, notamment à cause de la concurrence d'Amazon. le président affiche sa sympathie envers le grand capital en octroyant la légion d'honneur à Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon.

Il est urgent de refonder les services publics afin de contrer la marchandisation de biens communs tels l'information et la culture, sur le même pied que l'air et l'eau. Laurent Mauduit suggère aussi de démanteler les oligopoles Google et Amazon. L'union européenne y pense, poussée par les États-Unis, défenseur de la libre concurrence, mise à mal par les trusts.
La colonisation numérique est en marche. Les libraires indépendants résistent. Les petits groupes de presse se cabrent malgré l'indifférence des pouvoirs publics à leur égard alors que les gros groupes absorbent le gros des aides à la presse.
Des alternatives existent au monopole des grands concentrés. Hobo Diffusion fait de la résistance. L'association regroupe 80 éditeurs qui refusent de passer par Amazon.
L'auteur tire la sonnette d'alarme. Les multinationales fondent leur emprise sur l'évitement de l'impôt, la soumission du personnel à des conditions de travail insupportables et la collecte de données éhontée sur les consommateurs, menace réelle sur les libertés publiques et individuelles.
Bravo au journaliste et à l'écrivain, lanceur d'un beau pavé dans la mare.

Amazon est devenu, depuis quelques années maintenant, le premier libraire et distributeur de livres en France. Même si des mesures ont été prises, comme la loi sur le prix unique du livre, aucune entité aujourd'hui ne peut arrêter ce quasi monopole. Face à cette situation désastreuse, 80 maisons d'édition, dont les éditions Les divergences, ont décidé de ne plus du tout vendre leurs livres sur Amazon.
Laurent Mauduit, à travers cet ouvrage au nom révélateur, souhaite ainsi lancer l'alerte et sensibiliser les lecteurs sur ce qui se passe dans le monde de l'édition mais aussi sur leur propre choix. Car acheter un livre sur Amazon plutôt qu'en librairie est bien un acte économique et politique important.

Derrière les géants du numérique se cachent des monopoles, des évasions fiscales sophistiquées, des ingérences dans nos données personnelles et des non respects sociaux qui impactent nos libertés fondamentales. Et c'est ce dernier point en particulier que cherche à démontrer Laurent Mauduit dans Vous ne me trouverez pas sur Amazon !

Dans le monde de l'édition, le risque serait d'arriver à la fin des maisons d'édition indépendantes et à une normalisation éditoriale, suivant l'adage : « qui paie commande ! ». de même, les chaînes d'informations ou les journaux sont devenus les propagateurs des idéaux des personnes qui les possèdent. Avec les différents rachats de groupes de maisons d'éditions, de chaînes de télévision et de journaux par une poignée de milliardaires, on arrive à un oligopole qui ne garantit plus une vraie liberté d'informations. Ainsi, la menace que font peser les GAFAM et les monopoles sur la liberté de la presse et les livres entrave le droit à l'information et le droit de diffuser des idées et des connaissances. Droits qui étaient jusqu'alors protégés par la loi de 1881.

Si ces questions vous intéressent, je ne peux que vous conseillez ce livre !