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EAN : 9782845979314
160 pages
Textuel (11/01/2023)
3.5/5   4 notes
Résumé :
La légitimité des luttes sociales est généralement appréciée à l'aune de leur portée universaliste. Cette exigence universaliste a dominé la pensée de gauche tout au long du XXe siècle où la quête d'émancipation reposait principalement sur les épaules de la classe ouvrière. Albert Ogien démontre qu'aucune cause (féministe, décoloniale, homosexuelle, etc.), aussi "particulière" soit elle, ne fait le deuil de la part d'universel qu'elle contient nécessairement en elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette critique est beaucoup trop longue. Comme j'aurais de la peine à ne pas publier toutes mes élucubrations mais que j'ai de la considération pour le bon usage de votre temps, vous en trouverez une version tweet ci-dessous et une plus longue ensuite. A vous de choisir !
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Pour les étoiles, si l'on considère l'intensité des réflexions que m'a value ce livre, il en vaut bien trois ou quatre. S'il s'agit de vous en recommander la lecture, je ne lui en attribuerais qu'une, sauf si vous avez l'intention d'en discuter d'arrachepied avec moi ce dont je me réjouirais d'avance.
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Version mini : Sur un sujet criant de mille actualités, je suis fumasse de découvrir d'une part une minutie universitaire qui peut terrifier le lecteur et provoquer une sensation d'illégitimité à lire ce genre d'ouvrage et d'autre part une intention démonstrative qui fonde ses raisonnements sur une appréhension du réel en autant d'étiquettes conceptuelles dont je remets en cause l'univocité. C'est tout à fait irritant quand l'ambition du livre est de participer au débat public. Qui plus est, la thèse finalement défendue, si elle me semble crédible ne casse pas trois pattes à un canard. Voilà.
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Version maxi : J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique ce dont je remercie vivement les éditions textuel et Babelio. Luttes minoritaires, luttes universelles ? La question revient à savoir si les deux termes s'opposent ou s'il est possible que la lutte minoritaire soit soluble dans un universel. Ce qui donne, si l'on veut l'illustrer grossièrement pour mieux se figurer l'enjeu de cette question : la camarade qui préfère défiler pour la libération des femmes du joug patriarcal contribue-t-elle à reporter encore de quelques temps l'avènement du grand soir pour tout le genre humain ? Ou sa lutte participe-t-elle d'un combat plus global depuis le lieu même de sa particularité ?
La question de l'universalité, qu'elle soit celle des luttes ou de la définition d'un idéal commun à l'humanité, est urgente à élucider. Tant parce qu'elle infuse les débats actuels de manière plus ou moins nauséabonde que parce que son traitement au travers de ces trois derniers siècles est tout à fait révélateur de nos conceptions identitaires, et partant de l'altérité, de notre rapport au monde. Aussi quand un ouvrage se propose d'aborder cette notion accolée à celle des luttes minoritaires, je fonce.
Bien sûr, j'avais bien conscience que le mot même de « lutte » s'inscrivait dans un champ sémantique très connoté d'enjeux socio-politiques. Et je me doutais bien que les recherches en sociologie d'Albert Ogien conféreraient à ses écrits une possible opacité pour le néophyte que je suis. Que j'étais face à quelqu'un qui avait été publié toute sa vie et dont le propos présent s'appuierait vraisemblablement sur une somme de prérequis. Mais je ne m'attendais pas à un tel tir de barrage contre toute rencontre avec son lecteur.
Il y a des phrases que j'ai relues cinq, six fois et que je n'ai toujours pas comprises : « Nul ne peut en effet croire que tant que les discriminations fondées sur l'appartenance de classe, de genre, d'origine, de sexualité ou de compétence perdureront, les luttes d'émancipation se nourriront de l'injustice qui est faite à ceux et celles qui les subissent – quand bien même l'une d'elles serait accusée d'affaiblir le camps des dépossédés et de favoriser l'ordre qui reproduit les conditions générales de leur asservissement. » Pouf pouf. Mais qu'est-ce qu'il dit, le monsieur ? J'ai beau reprendre la phrase, en faire une analyse syntaxique qui la réduise à un fonctionnement minimal, inverser la négation pour retrouver la proposition brute, un brouillard obstrue immanquablement mon cerveau et je ne comprends pas. C'est tout à fait frustrant.
Et quand je saisis le sens de ce qui est proposé, je n'arrive pas à cautionner la manière dont le raisonnement est amené. Ainsi l'introduction pose quelques définitions, restreint le périmètre étudié (rien que de très déontologiquement correct pour ce type d'ouvrage) parle d'une « enquête » à venir. J'attends donc des cohortes étudiées, un corpus défini, un recensement d'entretiens qualitatifs ou que sais-je encore. Mais nous n'aurons pour tout fondement au propos déployé que la convocation d'autres sociologues qui auront défini telles ou telles sous-catégorisation (« intersectionnalité située » par exemple). Ces catégories de pensée seront présentées absolument comme des éléments du réel avec lesquels on peut jongler alors qu'aucune preuve n'aura été apportée de la légitimité de leur convocation au détriment de bien d'autres dans cette discussion. Ca place peut-être ce texte dans le champ des écrits philosophiques avec un matériau de recherche sociologique ? Pas sûr que cette requalification suffise à le sauver à mes yeux.
Je me suis donc trouvée ensevelie sous un monceau de subtilités jargonantes en référence à un tombereau d'études ou de postures que mon manque de culture sociologique m'empêchait tant de situer que de relativiser. Et concomitamment à cette surenchère d'expertises confidentielles, j'ai rencontré des abimes de généralités, elles aussi amenées avec un aplomb ne concédant aucune remise en cause. Ainsi par exemple sur la condition noire : « le combat pour modifier cette condition a arraché par la négociation ou la force quelques avancées conséquentes : abolitions de l'esclavage, libérations nationales, décolonisations, obtentions de droits civiques, pénalisation des discriminations, reconnaissance officielle des torts commis par les métropoles. » Hep, minute papillon, tout ceci existe bel et bien et c'est heureux de voir que des luttes ont permis la meilleure reconnaissance d'êtres humains opprimés et déconsidérés. Est-ce qu'on doit rassembler pour autant tous ces événements historiques éparpillés sur quelques siècles et des milliers de kilomètres sous la même étiquette de « manifestation de luttes par une condition noire » ? Quelle est la nature de ce regard de surplomb qui englobe ces luttes singulières et pas d'autres, ces révoltés, et pas d'autres, comme un ensemble homogène, sous une terminologie généraliste ? Et pourquoi ce regard serait-il plus pertinent qu'un autre ? Ou a minima, pourquoi rien ne vient justifier le choix de ce point de vue-là ?
De la même manière, le racisme est à peine défini comme quelque chose d' « ancré dans le psychisme de celles et de ceux qui expriment [ces préjugés] ». Cette définition me semble parfaitement contestable. D'une part parce qu'elle est assénée quasi en douce alors qu'elle innerve de fait une bonne part des fondements démonstratifs. D'autre part parce que, si on la compare à une autre, d'origine neurocognitive, qui postule que le racisme nait d'une capacité du cerveau à se méfier de tout ce qu'il perçoit comme différent de soi et donc potentiellement dangereux, on voit bien toutes les implications qui en découlent. Selon qu'on suive l'une ou l'autre de ces définitions, on considère les attitudes racistes comme un biais de pensée partagé par chacun d'entre nous, ou comme le résultat d'un psychisme condamnable et particulier à certains seulement. Dans un cas le travail d'attention repose sur tous. Dans l'autre il y aurait de gentils non racistes par nature et d'affreux jojos définitivement infréquentables ?
Et aussi, pourquoi, face à tous les dominants qui s'estimeraient supérieurs, Arthur Ogien oppose-t-il la « faculté [des opprimés] propre à la nature humaine d'appréhender ce qui l'environne et ce qui lui arrive en faisant usage de critères de jugement universels ». Ça part d'une idée intéressante, celle de « l'épistémologie du point de vue » qui pose que « l'intelligence de la vie sociale est un savoir pratique que tout un chacun est amené à mettre en oeuvre. » Mais d'où ces « critères de jugement » seraient-ils universels ??? Pourquoi diable ne seraient-ils pas eux aussi le fruit d'un milieu, d'une culture, d'une histoire particulière ? Pourquoi faut-il que ce soit le point commun entre tous les discriminés ? C'est moi ou y a comme une assignation à une forme de naturalité de modalité d'être chez les pauvres opprimés quand les êtres supérieurs, oups, pardon, dominants, réfléchissent eux grâce à la médiatisation de leur intellect cultivé ? Ça pue ou c'est moi qui comprends pas ?
En sourdine, à mes exclamations indignées, une petite voix me susurrait que je ne savais pas de quoi je parlais et qu'il fallait moins s'interroger sur la limpidité de ce texte que sur les capacités cognitives de celle qui le recevait si mal. Ce qui est tout de même un comble quand ça surgit à l'occasion de la lecture d'un bouquin dont le propos est justement de dénoncer l'illégitimité des discriminations y compris sociales. Celles qui reposent sur « la morgue des supérieurs (…) repos[ant] sur une imagerie tenace qui dépeint [les inférieurs] en populace décervelée et rétive tout juste bonne à remplir les tâches subalternes » !
Bon, je n'ai pas l'habitude de me laisser maltraiter, y compris par l'intériorisation d'un complexe d'infériorité qui m'assignerait à une condition subalterne au nom de mon sexe ou de l'insuffisance de mon expertise en sociologie. Après tout, ce ne sont pas ici les actes d'un colloque et aux dires de l'auteur lui-même, cet opus vient en réponse irritée à la controverse autour du « wokisme ». Pour participer au débat actuel, il faudrait donc que ce livre soit lisible par le plus grand nombre. Or à voir le niveau d'inculture et d'obscurantisme des tenants d'une prétendue dilution des valeurs communes dans un soi-disant communautarisme, je doute que ses défenseurs aient la capacité de comprendre quoi que ce soit à ce qu'a souhaité leur opposer Arthur Ogien dans ces Luttes minoritaires, luttes universelles ?
Malgré tous ces obstacles, j'ai tout de même saisi l'enjeu principal du livre qui n'est finalement pas du tant la question de l'universalité mais plutôt celle de l'identité d'un sujet constitué politiquement afin de s'ériger contre un abus de domination. Postulant (prouvant ?) qu'il était impossible que tous se regroupent derrière un seul objet de lutte, Arthur Ogien remplace ce voeu pieux par l'idée que toutes les luttes sont complémentaires, sans préséance de l'une par rapport à l'autre. Qu'il y a de l'universel dans chaque particularisme opprimé et qu'on secoue l'idéologie dominatrice dès que l'on se prend à rêver d'émancipation. Soit. Bon, mais après ? Ca change quoi ? L'encodage universitaire que l'on propose du réel en influe-t-il le cours ? Avait-on vraiment besoin d'une mise au point théorique sur ces questions qui, telles des plantes de serre, ne me paraissent exister que dans et pour des débats universitaires ?
En somme, si j'ai à peu près compris la thèse défendue, qui ne m'a pas semblé d'une originalité confondante ni devoir toute affaire cessante être absolument prouvée, j'ai eu l'impression d'être chassée d'un texte qui ne voulait pas de moi comme lectrice. J'ai persisté pourtant malgré ces phrases comme autant d'arabesques raffinées qui coupent les cheveux en quatre pour mieux enjamber par ailleurs un abime d'amalgames implicites. de la dentelle pour couvrir des trous noirs. Et moi que ces questions intéressent, qui me pique de vouloir mieux les appréhender et qui tomberais sans doute d'accord avec bien des prises de position d'Albert Ogien par ailleurs, je me retrouve à pester contre ce petit livre que la brièveté n'aura pas sauvé de l'inintelligibilité. Que c'est énervant !
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« La notion d'émancipation nomme un projet politique porté par un groupe social qui se mobilise pour s'opposer et mettre fin à la forme d'oppression ou d'ostracisation qui le frappe en raison d'une position d'infériorité qui lui est assignée par un ordre hiérarchique établi. Ce projet a, tout au long de l'histoire, suscité des combats plus ou moins violents pour transformer des systèmes sociaux qui institutionnalisent l'inégalité ou l'injustice. Ces combats ont accompagné le lent mouvement d'extension des droits humains qui a emporté l'esclavage, le servage, la colonisation, l'intouchabilité des castes hindoues, la tutelle masculine sur les femmes, le mépris de la parole des enfants ou les discriminations en raison du genre, de l'obédience religieuse, de l'orientation sexuelle, de l'origine ethnique ou du handicap.
Ce livre traite exclusivement de la manière dont l'émancipation se constitue en expérience collec-tive. »

Émancipations, Luttes minoritaires, luttes universelles - Albert Ogien @editions_textuel

Émancipations, les luttes abordées dans ce livre sont multiples: la cause des femmes, des populations racisées, des homosexuels…

« La haine des femmes, des Arabes, des Juifs, des Noirs ou des homosexuels semble échapper, en partie au moins, aux seules lois de la maximisation du profit. Elle a quelque chose de primaire ou de viscéral que ni la reproduction de la domination ni les intérêts de classe des personnes qui en bénéficient ne permettent d'expliquer de façon pleinement satisfaisante. »

Ce qui est intéressant dans la manière dont l'auteur aborde les luttes d'émancipation, c'est qu'il le fait à l'aune de la part d'universel que chacune contient en elle, et non plus comme le faisait la gauche au XXe siècle, à savoir à travers les revendications seules du prolétariat.

« Tout au long du xxe siècle, la pensée de gauche s'est accoutumée à envisager l'émancipation à partir d'une conception monolithique de la société. C'est ce point de vue qui l'a conduite à admettre qu'une logique immanente au système capitaliste impose aux sociétés humaines un type d'organisation des rapports sociaux et une division mondiale du travail qui soumettent les populations (celles des métropoles comme celles de leurs colonies) à la domination d'une classe de possédants. La puissance de cette domination est garantie par l'intervention d'une série d'institutions d'asservissement et de répression mises en place par des États (école, religion, armée, famille, justice, assistance sociale, etc.) dont la fonction est d'assurer à cette classe la reconduction de son pouvoir et, dans certains cas, son expansion impériale. »

Ce livre aborde donc les revendications actuelles en les mesurant aux combats d'autrefois, aux actions, aux luttes qui ont ouvert la voie…

« Les luttes contemporaines recourent à des
méthodes qui reflètent le rapport que les citoyens des démocraties représentatives entretiennent désormais à la chose politique: rejet de la tutelle des organisations représentatives traditionnelles, mise à distance de la parole experte, préférence pour un engagement politique décentralisé, dénonciation du dogmatisme. Tout le contraire du mode vertical et militaire sur lequel les organisations de la classe ouvrière se sont construites pour mener la bataille contre le patronat et ses soutiens et parvenir à imposer, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, cette avancée décisive: l'émergence du « salariat. » »

La question de la lutte des femmes est bien documentée et introduite de manière intéressante… L'auteur commence par aborder les acquis des luttes passées et j'ai trouvé fort enrichissant de voir, en quelques mots, tout le chemin déjà parcouru!

« Depuis la Déclaration des droits des femmes et
de la citogenneté rédigée par Olympe de Gouges dans l'effervescence de la Révolution française, les mobilisations portant des revendications spécifiquement liées au statut d'infériorité imposé aux femmes
nont cessé de s'enchaîner: droit de vote, modification du Code civil, institution du divorce, droit à
la contraception et à l'avortement, valeur accordée à la parole des femmes, droit de succession, suppression des interdictions professionnelles au titre
du genre. Plus récemment, les femmes ont pris la parole et la rue pour dévoiler et dénoncer les dividendes sexuels de l'ordre masculin avec les rassemblements et flashmobs organisés à l'enseigne du
mouvement #MeToo ou l'activisme plus sporadique
et plus ciblé des Femen. À ces combats menés dans l'espace public s'ajoutent ceux qui se conduisent dans la sphère privée (pour le partage des tâches
ménagères, l'éducation des enfants, la liberté d'aller et venir, etc.) et en entreprise (pour l'égalité salariale, la parité des responsabilités, une organisation du travail qui tienne compte des modes de vie des femmes et de leurs besoins physiologiques). »

La décolonisation, la condition des populations racisées, leurs revendications sont aussi abordées avec sagesse et intelligence.

« La condition noire est héritière d'une longue histoire de domination, d'outrages et d'atrocités, marquée par l'esclavage, la colonisation, l'évangélisation forcée, les massacres, l'infériorisation, la déshumanisation et la dévalorisation. le combat pour modifier cette condition a arraché, par la négociation ou la force, quelques avancées conséquentes: abolitions de l'esclavage, libérations nationales, décolonisations, obtention des droits civiques, pénalisation des discriminations, reconnaissance officielle des torts commis par les métropoles. Il n'a cependant pas réussi à supprimer les effets systémiques du racisme - dont la mise en situation de minorité civique des citoyens ramenés à leur condition d'anciens colonisés est une des manifestations sensibles. »

Enfin la lutte pour les droits des homosexuels est tout aussi brillamment présentée et étayée…
Il va s'en dire que ce livre est intéressant tant par les luttes abordées que par la manière de les présenter, avec un regard sur les luttes passées mais aussi sur les revendications futures, liées au climat.

L'auteur n'a de cesse de s'appuyer sur les recherches et réflexions d'autres penseurs, chercheurs, auteurs… sa réflexion est riche et étayée, profonde et censée. Elle porte à réflexion et à investigation, et je dirais même à action!

Son analyse tout à fait contemporaine encourage à se questionner à son tour!

« Pour résumer, aucune lutte d'émancipation ne peut revendiquer détenir le monopole de l'universalité en raison du fait qu'elle seule porterait la promesse de la libération de l'humanité des forces qui l'oppriment. Et aucune, aussi « particulière » soit-elle, ne fait jamais le deuil de la part d'universel qu'elle contient nécessairement en elle. »

A méditer!

Je finirai sur ceci: merci à @babelio_ pour l'envoi de ce recueil via une masse critique. Ce fut une lecture fort intéressante!
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Ce petit livre du sociologue Albert Ogien a le mérite de mettre quelques mots sur des concepts qui sont bien d'actualité et sont parfois mal ou peu compris du public, y compris ceux qui les utilise fréquemment: action collective, minoritaire, minorités, minorisé, lutte collective, peuple, multitude, etc.

Pour ce faire il aborde la question des minorités sous trois angles: minorité sociale, minorités sociales et minorité épistemiques. Ces trois chapitres permettent de faire le tour de différentes luttes de groupes minoritaires; les prolétaires, les femmes (et personnes discriminées pour raison de genre), les racisés, en explicitant les termes du débat et revenant sur des concepts éclairants. Cette analyse montre comme le souhaite Ogien que dans chaque lutte particulière, figure une part d'universel.
Dans la troisième partie de l'ouvrage , l'auteur montre que d'états qu'on ne choisi pas, comme la couleur de peau, la position sociale, le sexe, les sociétés, en s'organisant de manière hiérarchique, ont en ont fait des conditions, c'est à dire « une appartenance à un groupe social auquel une série d'obligation et de servitudes spécifiques est attachée afin de satisfaire un ordre de relations sociales institué et la reproduction de la forme de stratification qui prévaut dans une entité politique donnée. » Dans ces contextes la parole des minorités ne compte pas, les rapports sociaux sont largement asymétrique. Dans l'état de minorité épistémique, les minorités sont jugées capables « d'échafauder des conceptions fondées et instruites sur la marche du monde »: c'est dans la formulation de ces théories qu'ils et elles sont empêchées ou disqualifiées. le lien entre cette disqualification et le fonctionnement démocratique actuel est également mis en avant par l'auteur, qui pointe la responsabilité des citoyens dans la désignation de ceux et celles qui les représentent. Dans un retour historique Ogien évoque les différences entre les conditions légales d'exercice de la citoyenneté qui a prévalu jusqu'au début du 20e siècle mettant en avant la démocratie électorale, et les conditions matérielles d'exercice de la citoyenneté qui requièrent d'inventer des politiques de redistributions permettant d'améliorer les conditions d'existence de la majorité de la population.
Ensuite, les conditions épistémiques d'exercice de la citoyenneté permettent de donner une traduction institutionnelle à l'idée que tout citoyen a le droit de contribuer de façon active à la définition de ce qui relève de l'intérêt général. On voit dès lors l'importance de l'activisme politique des cotoyes, appartenant à des minorités ou non.
Pour conclure Ogien indique qu'aucune lutte d'émancipation ne peut revendiquer détenir le monopole de l'universalité et qu'aucune ne fait jamais le deuil de la part d'universalité qu'elle contient.

Merci à la @masse critique et aux @editions textuel
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Les Indignés selon Albert Ogien (3/3) .Le sociologue Albert Ogien, interrogé pour Mediapart par Antoine Perraud et Françoise Blum (Centre d'histoire sociale du XXe siècle), évoque le phénomène des Indignés, à la fois européen et planétaire.
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