Ils vivent enchaînés

Entre les rites vaudous, les devoirs dictés par l'Église chrétienne, la polygamie, les animistes qui regorgent de potions purificatrices, les grigris en tous genres que l'on se doit d'avoir chez soi et les peaux noires artificiellement blanchies ; il est pourtant possible de se faire traiter de fou et de magouilleur alors que l'on essaie de vivre sereinement avec sa famille de manière honnête.
C'est ce qui est arrivé à Grégoire Ahongbonon. Mais il a fait mieux que rebondir aux coups du sort, il en a fait une force pour sauver de multiples personnes en difficulté.

Les intermèdes parallèles qui parsèment l'ouvrage sont bouleversants, sidérants, tétanisants. Comment appréhender son monde, son avenir, dans un cercle minuscule, attaché tel un animal dangereux, prisonnier, avec pour seul horizon la longueur de sa chaîne.

J'ai dû m'arrêter dans ma lecture. J'ai alors le souffle coupé. Je rejette ma tête en arrière et fixe le plafond, essayant de respirer calmement. Je dois faire redescendre ma colère et mon indignation avant de poursuivre le récit du traitement déshumanisant, terrifiant et accablant infligé aux malades mentaux. C'est trop. C'est inhumain, dégradant, scandaleux, indécent… Il n'existera jamais suffisamment de mots pour décrire cette abomination imbécile.

Après la colère et l'indignation suivent presque instantanément l'infinie tristesse, la détresse face au sort réservé à beaucoup trop de malades. Qui plus est, par leur propre famille. L'être humain est véritablement capable du pire, englué dans son ignorance et ses croyances d'un autre temps. Mes larmes coulent, parce que lire de telles abjections, de telles absurdités, me déprime. Mon empathie, titanesque, est mise à rude épreuve. Mais je ne suis que plus rassérénée et réchauffée par les actions menées par Grégoire. Tant de générosité, d'abnégation, c'est inestimable, exemplaire.

Grégoire Ahongbonon prouve que des événements extraordinaires peuvent réellement arriver. Que la générosité et le don de soi, bénévolement, n'est certes pas répandu, mais souvent suffisant pour sauver beaucoup d'individus. Vraiment beaucoup.

À aucun moment ce cher Grégoire ne se fourvoie en voulant exercer une sorte de morale à qui que ce soit. Il croit tout simplement. En son dieu bien sûr, mais aussi, il croit à l'altruisme. Et ces croyances ont permis de bien belles actions salvatrices auprès des plus faibles et des plus démunis.

J'aimerais distribuer ce livre à la planète entière et élever les consciences. Mais je n'ai pas la foi comme Grégoire. J'espère seulement que cette chronique donnera envie au plus grand nombre de lire cet ouvrage, et ainsi de donner de soi. de son temps, de son énergie, de sa personne et de son argent. Tant d'humains ont besoin de nous !