Le vers en titre de ce livre magnifique n'est pas de
Serge Airoldi. Ce dernier l'a emprunté à
Edmond Henri-Crisinel, poète suisse de la première moitié du XXème siècle. le contenu du livre n'en est pas moins à la hauteur de cette déchirante mise en bouche. La route que nous décrit
Serge Airoldi suit un « fleuve tout en nuit » du Gers de l'enfance au pays d'Adour, lieu de vie de l'auteur, et dont les détours traversent les continents. de souvenirs en paysages, de paysages en rencontres, de rencontres en ravages, le lecteur chemine avec
Serge Airoldi dans sa maison d'enfance, dans les maquis de la seconde guerre mondiale, dans les ventes aux enchères où l'on dilapide les biens d'une personne aimée, dans des jardins fleuris près desquels paissent les troupeaux de vaches ou de chevaux. le long de l'Adour ou au pied du Ventoux – à l'instar de
Philippe Jaccottet dans ses
Notes du ravin – , devant les enfants rendus aveugles de Palestine ou dans la baie de Tunis, dans les pas de
Magellan ou de
Pigafetta sur les routes d'Orient, d'observateur du passé ou de l'instant, l'auteur et son lecteur se fondent jusqu'à devenir une part même du paysage ou du tableau – jusqu'au dépaysement.
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