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EAN : 9781095454053
Louison Editions (01/09/2016)
3.75/5   4 notes
Résumé :
« Khadija est une histoire terriblement dérangeante. Elle nous parle d’un temps qui est le nôtre, dont nous avons sous estimé la dangerosité parce que nous pensions être à l’abri des violences qui s’opèrent ailleurs et qui, culturellement, nous paraissaient aux antipodes de nos préoccupations intimes. Et pourtant, ces violences ont dérivé jusqu’aux portes de nos écoles, jusque dans nos cités avant de frapper là où on les attendait le moins – au cœur de la fête !(...... >Voir plus
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Que lire après Khadija : Le journal d'une kamikazeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lorsque l'histoire démarre, l'héroïne du roman Khadija, a 13 ans et elle raconte dans son journal combien la vie est rude, dure et monotone depuis que son père est mort dans un accident de travail. Il est vrai que dans son village du Daghestan en Ciscaucasie la vie quotidienne a une allure carrément médiévale. Les termes qui reviennent le plus souvent dans son journal sont "Ourouss" pour désigner les Russes qui font la guerre à Grozny, 150 km plus au nord, et "Shaytan" pour qualifier les interdits nombreux qui frappent une jeune musulmane dans ce coin reculé du globe.
Remarquons que la môme porte un prénom illustre : celui de la femme la plus riche de la Mecque, que le prophète Mahomet épousa à ses 25 ans. Ce qui est virtuellement à l'opposé de sa propre pénible existence. Avec des plats qui, hormis peut-être les pelmeni (espèce de ravioli de Sibérie), sont loin des raffinements de la cuisine française.

À la mort de sa mère, une grand-tante prend pitié d'elle et héberge Khadija chez elle dans la capitale de la république, où elle l'inscrit à l'université, faculté des langues. Et bien que Makhatchkala ne ressemble en rien à Paris bien sûr, notre héroïne est éblouie par les lumières, les vêtements, les bâtiments, les voitures étrangères, en un mot, le luxe inouï. Ses études ne l'enthousiasment guère, mais les examens sont payés par sa grand-tante dont le mari est un haut officier de police.

À la fac, elle rencontre d'autres jeunes et se lie d'amitié avec certaines de ses co-étudiantes et certains co-étudiants l'observent avec intérêt. Pourtant elle continue de rêver du beau garçon, fils d'un général puissant et richissime, qu'elle a vu une fois dans son bled. Seulement le dénommé Makhatch Kazibikov, qui est inscrit à la faculté de droit, est fiancé à la fille d'un autre richard. Mais notre Khadija garde espoir, envers et contre tout, et prie Allah. Bien que le titre de l'ouvrage laisse supposer que tout ça finira mal, je crois qu'il me faut impérativement arrêter mon résumé ici, pour ne pas gêner les futurs lecteurs.

En tant que Belge, je ne peux m'empêcher de comparer le sort de Khadija Khassanova (sic) avec celui de ma jeune compatriote, Muriel Degauque, tuée lors d'un attentat-suicide sur un convoi militaire américain en Irak en 2005. À ce propos je recommande vivement l'ouvrage de Chris de Stoop : "La guerre sainte de Muriel : le récit d'une kamikaze occidentale". L'auteur, un de nos meilleurs journalistes d'investigation, y décrit minutieusement le processus qui a amené cette femme de 38 ans, de Charleroi, à aller se faire massacrer, au nom de l'islam, à 50 km de Bagdad !

Et c'est justement dans, une version romanesque, qui porte à nu un processus similaire conduisant à un aboutissement fatal, que l'oeuvre de Marina Akhmedova est réussie. Elle illustre avec précision comment une société fraîchement libérée du joug communiste, tombe entre les mains d'une caste foncièrement corrompue et criminelle, qui engendre une radicalisation des rapports humains et une fanatisation religieuse se soldant par une rébellion ouverte avec répression brutale et actions terroristes.

La jeune Marina Akhmedova passe pour certains critiques littéraires notamment en Angleterre et en Italie comme l'étoile montante au firmament russe, bien que sa percée n'y soit pas évidente. En effet, en Ukraine ses livres sont proscrits et, en août dernier, frappés d'une interdiction officielle d'importation. En Russie même, son reportage "Krokodil" sur les drogués de Iekaterinbourg a été formellement interdit par les autorités. Elle est surtout connue comme collaboratrice du magazine populaire "Russky Reporter" pour ses articles sur des sujets sociaux et culturels. À part "Khadija : le journal d'une kamikaze" (en russe : dnevnik smertnitsy), elle est également l'auteure d'un ouvrage dont le titre pourrait être traduit par : Journal d'une femme tchétchène et un autre : Leçons ukrainiennes (ma traduction provisoire).

Physiquement l'ouvrage est d'une rare qualité : relié, avec caractères d'imprimerie agréables à la vue, un marque-page cousu au livre, 2 belles gravures artistiques d'Élie Colistro, et comme cerise sur le gâteau : une préface d'Yasmina Khadra. Bravo Éditions AST-ASTREL, Louison !
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Je remercie Mass critique de Babelio et les Editions Louison pour la lecture de ce livre.
L'histoire nous entraîne au Daghestan, une république du Caucase du Nord. A la campagne, les traditions ancestrales sont tenaces et les femmes grandissent dans l'ombre de leur mère. L'horizon sera de porter chaque jour l'eau glacée de la source, d'épouser un homme choisi par les aïeux, de tenir une maison sous l'oeil acéré de la famille.
Orpheline, Khadija grandit sous le joug d'une grand-mère acariâtre, parfois violente. Dans cet univers clos, étouffant, les médisances vont bon train,la pauvreté, la misère sont un moindre mal par rapport au déshonneur. Ces mentalités rétrogrades nourrissent les gens des villages et Kadhija ne déroge pas à la règle. La jeune fille rêve de toilettes, d'un beau mariage avec Makkatch, le fils du général qui vient de temps à autre en villégiature au village.
Parce qu'elle l'a promis à sa mère mourante, sa tante l'emmène vivre à la ville voisine. Kadhija suivra des cours à l'université. Pourtant, à Makhatchkala, la corruption gangrène tous les rouages de la vie. L'argent règne en maître et la jeune fille quitte l'emprise de sa grand-mère pour celle de sa tante. Elle retrouvera Makkatch et vivra une histoire d'amour avec lui, une Roméo et Juliette interdite. Il se marieront en secret , une fille pauvre de la campagne n'épouse pas le fils riche d'un général. Mais, leur bonheur sera de courte durée. Makkatch, rongé par les crimes de son père, deviendra un terroriste et sera tué par les forces spéciales. En déshérence, rejetée par les siens, Kadhija connaîtra une fin tragique. Elle se fera exploser dans un couloir du métro de Moscou.
Cette lecture de 500 pages se suit facilement même si elle est parfois pesante, dérangeante. le point de vue interne du journal permet de connaître les pensées de l'héroïne. Elle apparaît dans toutes ses contradictions. Jene fille limitée, son manque de réflexions, d'analyse peut irriter. le style souvent lyrique porte une écriture travaillée et bien traduite.
Le destin tragique de Khadija hante dès le début du récit mais le basculement dans le terrorisme occupe avant tout les 100 dernières pages. Dans sa retraite, la lecture du Coran, la prière deviennent les seules bouées de l'héroïne. Elle deviendra « un instrument de vengeance » au nom de son mari mort, au nom d'Allah et l'enfant qu'elle porte n'y changera rien.
Dans ce monde violent, les jeunes se réfugient dans les forêts, dans le terrorisme. Ils trouvent dans la Foi, la seule vérité loin de la perversion de la société. Et pourtant, ils reproduisent des violences monstrueuses.
On aimerait mieux comprendre l'acte d'une Kamikaze, cet acte gratuit, suicidaire, mais surtout meurtrier, assassin. le terrorisme n'est-il pas aussi la trajectoire d'un individu, une histoire de vie, sans avenir qui conduit à la mort, à des actes terrifiants ? Je ne sais. Kadhija pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
N'oublions que ce récit garde l'empreinte de l'âme slave. le destin peut être tragique comme le fil vert enserrant maléfique, Kadhija dans ses rêves.
Parce qu'ils me semblent légitimes, je laisse les derniers mots à Pouchkine :
« Et le bonheur était si proche,
Si possible… Mais le destin
A tranché. J'ai agi peut-être
Trop vite. »
Lien : https://valeriehervy.wordpre..
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Avant la lecture : Gagné dans le cadre de l'opération masse critique, je ne connais pas l'auteur. C'est le titre qui m' attirée.

Le livre en lui même : une édition Louison Edition magnifique, "à l'ancienne". Couverture rigide cartonnée, la tranche rouge, des pages épaisses avec un marque page tissu. J'adore. 500 pages fournies, sans paragraphe ni coupure. La typographie est agréable. le numéro des pages en rouge, apposé en diagonale apporte de l'originalité. La conception me fait penser à une bible! (étonnant au vue du récit).

Pendant la lecture : une préface de Yasmina Khadra très efficace et je dirais nécessaire. Elle introduit le livre en le replaçant dans l'actualité. Je l'ai relu à la fin du livre.
Le récit est celui d'un journal de la première à la dernière page. le rythme est donné dès le début et restera le même jusqu'à la troisième partie. Cette dernière est beaucoup plus courte et plus dynamique.
Rédigé à la première personne, très romancé pour un journal, ce récit est prenant. Je n'ai pas ressentie de lassitude et j'ai suivie la vie du personnage avec attention.
J'apprécie que l'écriture évolue avec l'age de la protagoniste. Malgré tout je ne ressent pas ce livre comme un journal. Mon sentiment reste que ce journal est écrit pour être lu et donc fait de lui une histoire, plutôt un témoignage.
J'ai lu ce livre en 4 heures.

Après la lecture : un livre très intéressant, un thème qui est dérageant. L'auteur a avancé une explication parmi tant d'autres de la naissance d'une terroriste.
Pour ma part, je retiens surtout la difficulté pour cette jeune femme de vivre dans une culture traditionaliste, dans un monde entre ville et campagne dont elle n'a pas les codes.
Je garderais en mémoire ce roman pour l'histoire d'amour et l'apport sur la connaissance d'un pays et d'une culture.

Le plus de ce livre : une écriture de qualité. une ouverture sur un thème d'actualité.
Le moins de ce livre : la forme du récit qui ne ressemble pas à un journal. L'histoire qui dévie du thème annoncé.
octobre 2016
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Un livre objet sobre mais beau.
Une préface par le non moins célèbre et talentueux Yasmina Khadra.
=> Tout pour me rendre très curieuse à propos de cette histoire.
Ce roman-journal est celui de Khadija, une jeune fille puis femme qui évolue dans un monde pleins de traditions, qu'elle essaie de comprendre et de surmonter.

L'écriture est vraiment très simple d'accès, puisque l'auteur nous met vraiment face à une enfant. Néanmoins, j'ai été un peu déçue de ne pas trouver ce format journal intime (à la façon du "Journal d'Anne Franck") qui nous est promis.
D'autant que l'histoire, si elle est excellemment écrite, reste assez lente. le rythme est celui d'un quotidien vu dans les yeux d'une enfant, un quotidien religieux, oriental, ou Khadija peine à trouver sa place.
Le format journal intime aurait pu apporter plus de vie, et donc de vitesse au récit, avec des soubresauts qui m'auraient tenus en haleine. Malheureusement cela n'a pas été le cas et je me suis assez vite lassée.
Néanmoins, je conseille ce livre par sa profondeur, ses thèmes visant l'actualité et la magnifique écriture (et traduction).
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Ma tante dit toujours que, faute d'être belle, il faut au moins être intelligente. "

p. 248.
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