Totalement sous le charme de la couverture, il m'était impossible de ne pas m'attarder sur le roman. le résumé était très intrigant et il y avait la promesse d'une histoire proche des contes de Grimm, pas les versions édulcorées, mais celles sombres et terrifiantes. Mais, cette promesse n'a pas été tenue, et c'est fort dommage car il y avait du potentiel. Je dirais que la première partie et la dernière sont réussies dans l'ensemble mais il y a un entre-deux qui est long et qui n'entre pas assez dans les détails.
Nous commençons l'histoire en rencontrant Alice et sa mère Ela. Les deux jeunes femmes mènent une vie de nomades, fuyant quelque chose qui est au début assez obscur. A la mort d'Althea, la grand-mère de notre héroïne, une célèbre écrivaine aussi mystérieuse qu'absente, les choses prennent une tournure assez effrayante jusqu'à pousser Alice à aller contre le dernier ordre de sa mère : "Ne t'approche sous aucun prétexte d'
Hazel Wood." Et à partir de là, tout part en vrille, comme on aurait pu s'en douter.
La première partie du roman a cette ambiance très contemporaine qui ne nous laisse rien prévoir de ce qu'il va suivre. Il y a un côté urbain et moderne, plus proche d'un début de thriller que d'un conte. Un événement inattendu se produit et Alice part dans une course contre la montre pour résoudre un mystère. Elle est accompagné par un camarade de classe, Finch, qui est un compagnon, certes très utile, mais qui fait plus "faire valoir" qu'acolyte. C'est une phase de découverte où l'adrénaline monte et qui nous permet d'entrer dans l'histoire assez facilement, en nous laissant entrevoir une infime partie de l'Hinterland, mais déjà de quoi saliver.
Et puis, nos deux héros partent à la recherche de
Hazel Wood et franchissent un cap... C'est à partir de ce moment-là que j'ai moins accroché au roman. Nous sommes dans un entre deux qui est certes un peu étouffant, mais pas angoissant non plus, qui nous laissent entrevoir quelques petites choses de cette autre monde, sans aller bien loin. Il y a eu de la déception, je ne le cache pas. Je sais qu'il y a toujours une partie dans un roman qui peut manquer de rythme mais là, j'ai trouvé le temps long. Sans compter le côté sous-exploité de l'Hinterland. Je voulais en savoir plus, explorer plus, pouvoir interagir avec ces personnages étranges et quelques peu effrayants.
Fort heureusement, Alice parvient à entrer plus profondément dans ce monde étrange, et la dernière partie du roman a réveillé mon intérêt. Je n'irais pas jusqu'à dire que l'auteur exploite mieux son univers (ce n'est pas le cas) mais il y a plus de détails sur certaines choses et on appréhende un peu mieux la globalité de l'Hinterland. Je ne pense pas non plus que le lecteur devait tout cerner, car on reste dans un univers de contes, et il y a toujours cette part de non-sens, d'illogisme qui doit rester. Cependant, il y a le côté de la "création" qui donne un gros plus à l'intrigue. le ton et le vocabulaire de l'auteur change aussi à partir de là pour moi. J'ai lu le roman en anglais, donc je ne sais pas si c'est aussi le cas en français, mais j'ai trouvé que
Melissa Albert était plus dans une écriture lyrique, fantaisiste, qui colle parfaitement aux contes.
Je ne savais pas à quoi m'attendre avec la fin. J'avais une idée de ce que je voulais, certes, mais à aucun moment je ne voyais clairement vers où l'auteur allait choisir d'aller. Et j'ai beaucoup aimé son choix. Tout n'est pas parfait, mais il y a une bonne morale à tout cela, et aussi une conclusion qui colle au caractère d'Alice. C'est aussi, la partie la plus prenante.
Côté personnage, seule Alice tire son épingle du jeu. C'est une héroïne très intéressante, aux multiples facettes qui garde une contenance crédible tout au long du récit. Je ne me suis pas identifiée à elle, mais sa quête d'identité et son désir de normalité font résonance. Finch n'est pas assez développé pour moi, ou bien sur le tard. J'aurais d'ailleurs aimé en savoir plus sur ce qu'il était devenu par la suite. Janet est un personnage attachant qui apparaît peu mais qui arrive très facilement à sortir du lot. Ela n'est pas assez exploitée... son enfance et son adolescence contées plus en détails auraient permises de la voir sous différentes coutures et lui donner plus de poids. Althéa est au final vite oubliée, ce qui n'est pas plus mal.
En bref, un roman qui avait un gros potentiel et qui au final laisse un petit goût de déception bien regrettable... Il y aurait pu avoir tellement plus, notamment avec le côté sombre et glauque des contes.