Plus que jamais, ce que réclament à corps et à cris la gauche et l'extrême gauche, c'est un capitalisme qui fonctionne (enfin) bien. Et ce ne sont pas les milieux réputés libertaires ou "autonomes" qui relèvent le plat. Pourtant le début des années 2000 avait vu resurgir, en marges des mouvements sociaux et des organisations bureaucratiques, une critique du capitalisme réel, c'est-à-dire une critique de l'organisation de la dépendance – matérielle, notamment. Des textes, des groupes, des actions dénonçaient de manière diffuse le système des faux besoins, la tyrannie de l'expertise et de la technologie, l'impossibilité d'éprouver une responsabilité individuelle et une liberté collective dans une société de masse désormais taillée aux dimensions de la planète entière. Aujourd'hui, on n'entend quasiment rien d'autre qu'une critique du capitalisme financier du type "un peu de profit ça va, mais beaucoup c'est vraiment immoral". Quand ce n'est pas la tarte à la crème des gouvernants-qui-méprisent-le-peuple-alors-qu'ils-lui-doivent-tout...
C'est le grand retour de la culpabilité et du misérabilisme. Le retour de la peur : peur d'affirmer des valeurs différentes de celles de cette société, des désirs d'autonomie ; peur d'être minoritaire, d'être accusé de ne pas tenir compte des autres, des pauvres, de la majorité.
Une intervention pour l’Atelier paysan à Réalmont (81) le 26 novembre 2019 (51’ minutes). Elie Parachini est paysan-boulanger.
Matthieu Amiech est éditeur et auteur de livres sur le divorce entre progrès technique et progrès humain.
Ils habitent tous les deux dans le Tarn.