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EAN : 9782752910318
464 pages
Phébus (20/08/2015)
3.29/5   28 notes
Résumé :
10 août 1792. Aux Tuileries, une poignée de fidèles se rassemble autour du roi et de sa famille. Les jacobins s’apprêtent à porter le coup de grâce. La France est en révolution, autant dire en plein chaos. Pour Louis du Torbeil et son jeune beau-frère Jean de Pierrebelle, c’est une journée de larmes et de sang.
Mais à Lyon, cité industrieuse, la colère monte contre Paris. Venu du pays entier, tout un peuple se rebelle. Bientôt, les armées révolutionnaires fon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman historique nous plonge, à travers l'histoire d'une famille, en plein cœur de la Révolution française. Plus précisément, l'auteur, Antoine de Meaux, s'est concentré sur un épisode bien précis et peu étudié de cette période, celui du soulèvement de Lyon contre la Convention en juin 1793 qui conduisit au siège de la ville et à une terrible répression par la suite.


L'HISTOIRE
Point de départ de ce récit, une date, un lieu, un événement : le 10 août 1792, convaincus de la complicité de Louis XVI avec l'étranger, les fédérés et les sans-culottes prennent d'assaut le palais des Tuileries, obligeant le roi et sa famille à se réfugier à l'Assemblée. Quatre personnages d'une même famille participent alors à cette journée sanglante, mais pas dans le même camp : tandis que Louis du Torbeil et ses deux jeunes beaux-frères, Jean et Charles de Pierrebelle, tentent chacun de leur côté de prêter main-forte aux défenseurs des Tuileries, leur cousin Rambert Conche fait partie des émeutiers qui assaillent le palais. Cette tragique journée se solde par des centaines de morts, dont celle du garde national Charles de Pierrebelle, le sac du palais des Tuileries et la chute de la royauté.
Alors que la Terreur se profile, nos personnages regagnent leur terre natale, à Lyon et dans le Forez. Mais les kilomètres qui les séparent de Paris ne les éloignent pas pour autant des soubresauts de la Révolution. La politique de la Convention, bientôt dominée par les jacobins radicaux, ne fait pas l'unanimité à Lyon, loin de là. Ainsi, au printemps 1793, la municipalité de Lyon, dominée par les jacobins de Chalier, est renversée au profit des modérés. La rupture entre Lyon et la Convention est consommée en juillet 1793 lorsque Chalier est guillotiné : la Convention envoie alors des troupes armées conduites par le général Kellermann pour rétablir l'ordre dans la ville. C'est alors que les différents membres des familles de Pierrebelle et Conche – Louis, Jean, Camille, Barthélemy d'un côté, Rambert Conche de l'autre – vont s'engager dans cette nouvelle lutte, une véritable guerre civile. Commence alors un siège qui va durer deux mois, entre le 9 août et le 9 octobre 1793 : mouvements de troupes, combats d'artillerie, bombardement de la ville, incendies, disette… rien ne sera épargné à la ville de Lyon qui finit par se rendre ni à nos différents protagonistes qui connaîtront chacun des destinées très différentes… Renommée Ville-Affranchie, la ville subit alors une lourde répression menée notamment par Fouché et Collot d'Herbois : exécutions massives (guillotine, fusillade, mitraillade), destruction d'immeubles et des remparts de la ville.


UN SUJET ORIGINAL ET POINTU
La Révolution française, largement représentée dans la littérature historique, est un véritable sujet de prédilection pour les romanciers, que ce soit les événements parisiens ou bien les guerres vendéennes. En revanche, le thème des insurrections fédéralistes est rarement voire pas du tout abordé en littérature. Plus largement, peu de livres d'histoire, de revues, de magazines ou de films traitent de ce sujet qui reste mal connu mais qui est ô combien passionnant, reflétant toute la complexité de la Révolution française. Car contrairement des guerres de Vendée, les fédéralistes sont des républicains, ils se battent pour une certaine idée de la Révolution, mais celle-ci est devenue une véritable machine à tuer infernale, incapable de s'arrêter.
Un sujet aussi pointu aurait certainement mérité une note historique en début d'ouvrage – chronologie des faits et contexte historique – pour mettre le lecteur dans les meilleures conditions pour aborder ce roman passionnant mais néanmoins exigeant.


UN ROMAN TRÈS DOCUMENTÉ
Antoine de Meaux s'est livré à un très méticuleux et remarquable travail de documentation pour retranscrire le plus finement possible le déroulement du siège de Lyon. Témoins de ce travail de fourmi, les annexes qui contiennent deux arbres généalogiques – celui de la famille de Pierrebelle et celui de la famille Conche –, un plan du palais des Tuileries et des cartes de Lyon et de la région.
Ce très fort souci du détail historique, qui revêt parfois un caractère quasi chirurgical, alourdit parfois le récit, cassant le rythme, l'étirant, noyant le lecteur dans des descriptions lui faisant perdre le fil de l'histoire. Même les personnages semblent parfois écrasés par le poids des descriptions tant le souci de véracité historique semble prévaloir sur la fiction : l'Histoire prend alors le pas sur l'histoire. Cette impression est renforcée par le fait que les personnages n'ont guère d'interactions entre eux, ils agissent la plupart du temps de manière isolée. La Révolution dévore tout sur son passage, même ces personnages de roman dont on découvre au fil de la lecture le passé par bribes, mais les temps ne sont plus les mêmes et toutes les actions, pensées et sentiments des personnages sont vus par le prisme de la Révolution. En revanche, à la fin du roman, alors que la ville de Lyon s'est rendue, les personnages reprennent le dessus, semblent plus vivants et prennent du relief.
D'autres fois, au contraire, la présence de détails historiques, par leur force évocatrice, permet au récit de prendre son envol, participant à l'intensité dramatique et au souffle romanesque qui plane tout au long du roman.
Quoi qu'il en soit, force est de constater le talent avec lequel Antoine de Meaux réussit à inscrire les destins individuels de plusieurs personnages dans une magnifique fresque de l'Histoire en marche et brosse un tableau aussi fidèle que possible de ces événements dramatiques, avec moult détails.


UN ROMAN EN QUATRE PARTIES
Ce roman se compose de quatre grandes parties chronologiques, chacune divisée en courts chapitres, tels des saynètes. Une structure très agréable compte tenu de l'épaisseur du livre : 464 pages ! En effet, ce découpage bien rythmé ainsi que la présence de sauts de ligne tout au long du roman permettent une bonne aération du texte, le rendant tout à fait digeste et facilitant la lecture… et les pauses ! Le lecteur peut ainsi tout à loisir dévorer des centaines de pages à la suite ou grignoter par petits bouts si son emploi du temps ne lui permet pas de lire des heures durant.
Cependant, cette structure, de par son côté haché, a aussi ses points faibles : les saynètes se succèdent les unes aux autres, on passe d'un personnage à un autre, d'un lieu à un autre, le tout sans jamais s'attarder, comme si le temps nous était compté… mais il l'est compte tenu des événements que vivent les personnages.


DE NOMBREUX PERSONNAGES, FICTIFS OU RÉELS
La galerie des personnages est pour le moins impressionnante ! Qu'ils soient au premier plan ou à l'arrière-plan, ils sont tous importants, ils jouent tous un rôle dans cette vaste fresque historique : soldat, général, prêtre, noble, négociant, artisan, paysan, etc. Tous ces personnages, réels ou fictifs, se retrouvent emportés par les flots de cette guerre civile, conduisant des membres d'une même famille à se combattre, des paysans à affronter des nobles et des royalistes en déroute, mais tous sont déterminés à faire gagner leur Révolution, leurs idéaux.
Côté personnages réels, citons notamment le général Kellermann, Fouché, Collot d'Herbois, le général de Précy, Chalier, Couthon ou bien encore Dubois-Crancé.
Les personnages fictifs ne sont pas en reste puisque l'auteur s'est glissé dans les pas de la famille de Pierrebelle, robins anoblis, et de la famille Conche, négociants en soie, deux familles du Lyonnais et du Forez. Nous voici en présence d'une belle brochette de personnages, mais peu de femmes en définitive, à part Sophie de Pale et Jeanne : les frères de Pierrebelle – Jean (noble qui tombe amoureux de la jeune Sophie de Pale), Charles (garde national qui meurt dès le début du roman), Camille et Barthélemy (prêtre réfractaire) – ; leur beau-frère Louis du Torbeil ; leur cousin jacobin Rambert Conche (ancien oratorien défroqué, conseiller de Chalier) et son frère négociant en soie, Irénée Conche. Des personnages certes fictifs, mais dont les parcours sont représentatifs des nombreux destins broyés ou transcendés par la Révolution.


UN STYLE LITTÉRAIRE, AVEC UNE RÉELLE FORCE ÉVOCATRICE
En prenant le parti de relater le plus fidèlement possible le soulèvement et le siège de Lyon, Antoine de Meaux se trouvait un peu contraint par la forme : présence importante des descriptions et intervention d'un narrateur omniscient, présent sur tous les terrains, en tous lieux, mais aussi dans toutes les pensées des personnages. Le côté un peu figé et statique du récit aurait pu être adouci par la présence de dialogues – il y en a mais pas suffisamment.
Cependant, ce sont ces descriptions, parfois un peu longues mais très vivantes, qui permettent au lecteur d'entrer en plein cœur de l'histoire, de s'imprégner du contexte d'alors au point d'être parfois rebuté par le réalisme de certaines scènes violentes. Pour peu que le lecteur s'accroche lors de la lecture des premières pages, ce sera gagné, il entrera dans l'imaginaire très visuel de l'auteur. Il se retrouva alors littéralement transporté dans le temps à Lyon, au milieu du bruit et de la fureur, passant de scènes de chaos à d'autres scènes aussi terrifiantes. Sous la plume à la fois soignée, élégante et agitée d'Antoine de Meaux, la fureur et la haine sont palpables, les cris accompagnent les exécutions, le sang coule sur les scènes de bataille…


Un roman d'une précision historique incroyable, servi par une écriture soignée et pleine de vie.


Merci à Babelio et aux éditions Phébus pour ce partenariat (opération Masse Critique).
Lien : http://romans-historiques.bl..
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10 aout 1792: combats des Tuileries comme si vous y étiez!
( Reste à savoir dans quel camp? )
Un palais mis à sac, des centaines de morts royalistes et fédérés, et une famille royale aux jours comptés, qui se met sous protection de l'Assemblée nationale ( pour si peu de temps...)

Le premier chapitre donne le ton, flamboyant, martyrisant, sanguinolent. Ca sent la mitraille et la rage du peuple est oppressante. La France des lumières affronte un cataclysme national, et les quelques personnages imaginés par Antoine de Meaux subissent, chacun dans leur statut social, la violence des événements de la Terreur.

Pour entamer ce livre politique et guerrier, il convient de faire (si nécessaire) une petite révision de sa Révolution française, au risque de se perdre entre Club des Jacobins, Girondins et Comité de salut public. La période est à l'instabilité de gouvernance, en particulier entre Paris et les Provinces. Et les faits relatés sont souvent compliqués et obscures pour comprend qui est qui, et comment chacun s'adapte à la nouvelle structure politique du pays.
C'est sans doute là que se place mon bémol car l'excès de précisions et détails noie la lecture, laissant en plan les personnages très peu développés ou trop nombreux, et une vue chronologique d'ensemble trop floue.

Roman ou docu-fiction? Ouvrage plus historique que romanesque, minutieusement documenté. L'écriture un peu ampoulée et pomponnée confère au récit un cadre adapté, désuet jusque dans le langage. Ici pas de bluettes sentimentales, pas d'intrigues fictives, mais des détails du quotidien nombreux, des descriptions sanglantes de combats ou d'exécutions au rasoir national. Un panorama crédible de ce que les français ont du vivre, subir et combattre pour se sauver la mise.

Notre Révolution: une bien affreuse période de terrorisme d'Etat.
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Voilà un primo-romancier qui n'a choisi ni la facilité, ni l'air du temps, mais pris le parti de nous replonger dans l'une des périodes les plus mouvementées de notre histoire : la Révolution. Il le fait avec talent et surtout une belle maîtrise. D'un coup, le lecteur se trouve comme transporté dans le temps, au milieu du bruit et de la fureur, d'un monde en train de disparaître dans des flots de sang. On pense un peu à La Religion de Tim Willocks pour la science du récit des affrontements, mais en beaucoup plus fin et bien mieux écrit.

De la Révolution Française, à moins d'avoir étudié la période de bout en bout, on connaît surtout les grandes phases, les événements parisiens, ainsi que les épisodes vendéens qui ont fait l'objet de nombreux livres et films. Beaucoup moins la façon dont la contre-révolution a été matée à Lyon et dans sa région alors que des gentilshommes fidèles au roi même après son exécution et surtout désireux de ne pas céder à la terreur - ni aux diktats parisiens - auront résisté jusqu'à la mort. Antoine de Meaux s'est donc glissé dans les pas de la noblesse lyonnaise et plus particulièrement de la famille de Pierrebelle dont quelques membres ont assisté le 10 août 1792 à la prise du Palais des Tuileries, prélude à la chute de la famille royale. Charles de Pierrebelle y a laissé la vie, sous les yeux de son frère Jean alors qu'accompagnés de leur beau-frère Louis du Torbeil, ils faisaient face aux hordes de révolutionnaires déchaînés. Rentrés à Lyon, ils réussissent dans un premier temps à reprendre la ville même si le temps joue contre eux. Car alentours, dans les campagnes, le peuple gronde, la machine est lancée et elle ne s'arrêtera pas.

Sous la plume de l'auteur, la fureur est palpable, le sang coule, les cris et les chants accompagnent les exécutions et les assassinats, les visages sont déformés par la haine. "Toute cette affaire, au fond, n'était pas compliquée. La nation sécrétait en son sein un corps étranger. Afin d'assurer l'ablation de cette tumeur, il fallait charcuter. le sang giclerait, çà et là. Il serait toujours temps, plus tard, de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie, entre ceux qui, par niaiserie, s'étaient laissés entraîner, et les meneurs, qui connaîtraient bientôt le glaive de la nation, ou plutôt son rasoir". Dans la famille Pierrebelle, chacun est engagé à sa manière dans les combats. Les chocs sont rudes et bientôt, il ne faudra plus songer qu'à sauver sa peau...

Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est la façon dont il parvient à inscrire les destins individuels de quelques personnages dans une Histoire en marche et un collectif. Tout est groupe, armées, hordes, files de condamnés. Même les fosses sont communes car au rythme où l'on exécute, il n'y a plus le temps de penser aux sépultures. Là où nombre de livres nous accrochent aux basques de héros porte-paroles, celui-ci s'attache à nous donner une vision d'ensemble, comme un immense tableau figurant des combats où l'on pourrait soudain reconnaître l'un ou l'autre des personnages. Ils sont tous des témoins. Mais ils ne vivront pas tous suffisamment pour le raconter.

Pas de méchants ni de gentils, le propos est ailleurs à montrer un monde qui bascule et des individus pris dans la tourmente. Une fresque historique enthousiasmante et ambitieuse, servie par un récit enlevé et passionné. Bluffant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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un, deux, trois…

Trois fois que je reprends ce roman et j'abandonne !

Pourtant j'adore les romans historiques se déroulant durant la période de la Révolution française !

Si j'ai un peu apprécié le début de ce livre, avec les descriptions de la Prise des Tuileries le 10 août 1792, j'ai vite été perdue par le style, détaillé certes, mais haché, parfois vulgaire, peu adapté à un récit historique !
De plus, la chronologie n'est pas respectée et ainsi on se retrouve faire des bons temporels sans explications…

L'histoire de ces ci-devants Louis du Torbeil et ses frères ne m'a pas intéressée, et leurs histoires d'amour encore moins.
Les personnages surgissent sans présentation préalable et on est vite perdus entre eux…

C'est vraiment dommage car l'histoire se poursuit à Lyon pendant la contre-révolution mâtée par Fouché et Collot-d'Herbois.

J'ai trouvé le titre particulièrement racoleur !
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Ceux qui me suivent savent que j'affectionne la période révolutionnaire, j'étais donc très enthousiaste en recevant ce livre. Or, malgré un début extrêmement prometteur (les scènes de l'insurrection parisienne sont pleines de bruit et de fureur !), je n'ai pas accroché à l'histoire. La lecture fut certes plaisante mais j'ai bien peur qu'elle ne s'efface progressivement de ma mémoire.
On ne peut reprocher au livre un manque de documentation, bien au contraire, mais toute cette érudition vient plomber le rythme de l'histoire (comme cette liste des guillotinés et des fusillés qui s'égrènent sur 5 pages complètes - était-ce bien nécessaire ?). Et il vaut être mieux calé sur l'époque car certaines événements ou certaines références ne sont pas expliqués par des notes de bas de page, ce qui aurait été bien utile pour les lecteurs qui découvrent ce pan de notre histoire.
L'auteur n'est donc pas avare de détails historiques, donnant parfois l'impression de nous livrer un compte-rendu linéaire des événements plus qu'un roman. Le tout est donc assez touffu et dense, mais ce luxe de détails n'est malheureusement pas contre-balancé par le développement satisfaisant d'une intrigue. On passe trop rapidement d'une scène à une autre, d'un personnage à l'autre (dont il est d'ailleurs dommage que la psychologie ne soit pas plus développée car nous n'arrivons pas vraiment à nous attacher à eux), ce qui nous empêche de nous imprégner vraiment de l'atmosphère tragique qui sous-tend le roman tout en rendant la compréhension de certains passages assez confuse : à certains moments, on a du mal à savoir de quel camp en présence parle l'auteur.

De plus, je n'ai pas été convaincues par les amourettes des protagonistes car elles ne sont pas assez approfondies pour que l'on s'y intéresse vraiment, et paraissent de ce fait assez artificielles et inutiles à l'intrigue.

C'est dommage, car certains passages sont pleins de poésie et très joliment écrits. J'ai beaucoup aimé la description des paysages, par exemple.

Pour conclure, une lecture en demi-teinte. Je trouve que le potentiel du livre a été gâché par certains choix de narration qui mettent trop l'accent sur une histoire événementielle au détriment d'une intrigue plus étoffée. De plus, malgré la beauté et la poésie de l'écriture, il manque un souffle épique à l'histoire et de la chair aux personnages. Ces derniers traversent cette histoire tragique sans nous émouvoir vraiment.

En tout cas, je remercie Babelio et les éditions Phébus pour ce partenariat.
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critiques presse (1)
Telerama
02 septembre 2015
Un roman-fleuve, précis et emporté par la passion du récit.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Sur le coup de minuit, ce fut le tocsin. On s'y attendait. Des affiches placardées la veille l'avaient annoncé. D'abord au loin, du côté des Enfants-Trouvés, de Saint-Paul, de Notre-Dame, du faubourg Saint-Marceau, et puis se rapporchant, section après section. La ville résonnait de toutes ses cloches. Des coups réguliers, qui semblaient réclamer la peste et l'incendie. Des coups enragés qui exigeaient le glas. On apercevait des ombres aller de portes en porte, comme les anges de la Bible, et cogner à coups légers. La ville obscure battait la générale : les combattants, qui se rassemblaient à même sa peau, la faisaient frémir. Le roi contre son sein ne pouvait dormir. Une bête immense comptait ses membres épars ; lentement, au fil des heures, deux colonnes s'agglutinaient. L'une à l'Hôtel de Ville, l'autre place du Théâtre-Français. La foule était armée, elle avait les clefs des arsenaux. Depuis plusieurs jours, on avait distribué des cartouches à balle. Et la rumeur courait qu'un complot d'aristocrates était déjoué, que les patriotes avaient fait des prisonniers.
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Du Torbeil, en chemise, fut attaché à la planche de chêne, Ripet bascula le tout en avant comme s'il voulait verser son patient dans le fleuve. Le collier de bois le retint, enserrant le cou comme un joug de pilori, la lourde lame d'acier se fit libre, et déjà, la tête avait roulé au fond du panier, dans la sciure et le sang séché. Le corps, libéré de son chef, se vidait maintenant comme une outre, et le sang de Du Torbeil se répandait généreusement, peignant le bois et le pavé, glissant vers le fleuve, en contrebas, comme une irrésistible caresse. Il y avait tant de condamnés, ceux qui attendaient dans les prisons, ceux qui, cet après-midi, seraient enfermés dans la mauvaise cave, ceux qui n'étaient pas encore capturés, ni dénoncés, qui ignoraient encore l'heure et que pourtant l'on avait marqués comme des agneaux pour ce lieu, ceux qui allaient mourir dans les guerres à venir, non plus pour le roi, mais au nom de la nation conquérante, et plus loin encore dans le temps, ceux qui seraient mangés par les démons sortis de ces années originelles. La consigne était de se débarrasser promptement des corps, de les jeter dans le fleuve. Après tout, de combien de noyés ne devenait-il pas chaque année la sépulture ? Un de plus ou un de moins n'y changerait rien. On n'apercevrait pas le flot, on entendait seulement son tumulte.
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Toute cette affaire, au fond, n'était pas compliquée. La nation sécrétait en son sein un corps étranger. Afin d'assurer l'ablation de cette tumeur, il fallait charcuter. Le sang giclerait, çà et là. Il serait toujours temps, plus tard, de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie, entre ceux qui, par niaiserie, s'étaient laissés entraîner, et les meneurs, qui connaîtraient bientôt le glaive de la nation, ou plutôt son rasoir.
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Alors, oui, ils étaient humbles. Des simples, comme on dit des herbes. Beaucoup avaient servi comme forestiers chez des seigneurs. Cela ne leur faisait ni chaud ni froid, car ils aimaient leurs anciens maîtres, se colletant avec eux comme larrons en ribote, des gens qui pour beaucoup erraient maintenant dans toute l'Europe, en pèlerins du roi ou d'eux-mêmes, sans feu ni pain. Quêtant la miséricorde de Dieu comme ils avaient toujours vécu. Ils connaissaient le froid et l'obscurité, le vide des grands espaces, la violence. Ils savaient gré à Rimberg, ce chef à la voix claire qui les avait portés dans la rivière Histoire pour qu'ils y fassent entendre leur mot silencieux. Ils ne cherchaient pas le bonheur et connaissaient qu'ils allaient mourir, que le récit des vainqueurs les livrerait à l'oubli, ce feu de feuilles mortes, à peine seraient-ils nés à la gloire.
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Combattait-il pour le roi, pour un parti, pour une certaine idée de la France ? Il n'aurait su répondre. Il ne s'agissait pas de défendre les intérêts ni même l'honneur des siens. C'était comme un fleuve, qui les emportait tous. La géographie rassurante, les paysages familiers de l'enfance qu'il avait longtemps crus immuables, tout cela paraissait loin. Dans quelque camp que l'on se trouve, les justifications n'ont pour fonction que de rassurer ceux qui les élaborent.
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