Il était une fois un conte sans princesse mais avec un Loup. Mais je te raconte l'histoire d'une colombe, Paloma, qui vola seule de ses propres ailes. Aussi, plus qu'un conte, c'est une légende, celle d'un Phénix qui renait des flammes de la tristesse et de la solitude.
Phénix, la mère, Paloma, la fille, Loup, le fils. Et pour commencer un poème de
Verlaine :
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
Mais oublions ce poème, pour l'instant, car le ciel ici vire plus au bleu noir qu'au bleu azur. Par-dessus le toit, Loup ne voit plus grand-chose, peut-être quelques étoiles, certainement pas le bleuté de la lune, à travers les barreaux de sa cellule. Oui, Loup vient d'être coffré, chemin direct vers la case prison, délinquant juvénile. Il voulait, il veut juste revoir sa soeur. Qu'est-ce qu'on ne fera pas pour revoir le sourire de Paloma... Et pas sa mère ! Qu'as-tu donc fait Phénix pour que tes enfants te fuient.
La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.
L'oiseau, cette palombe, se pose donc sur l'arbre que tu ne vois plus, tu ne vois que le ciel de là où tu es. Paloma qui culpabilise, peut-être, probablement, de t'avoir laissé seul avec cette mère. Si elle pouvait, elle serait restée à tes côtés, comme pour te protéger. de quoi ? de la tristesse de ce foyer, de cette famille décomposée. Oh Phénix… Oh Paloma pourquoi t'es-tu enfuie si rapidement de moi ?
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
Parce que là, sous ce toit, cette ville, cette vie, il n'y avait plus de vie. Phénix a brulé son passé, mais ses sentiments sont restés dans les cendres de sa jeunesse oubliée. Et si cette incarcération permettait au trio de renouer des liens et de rompre le silence de tant d'années de non-dits, de rêves oubliés et de peurs ancrées.
Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
De ta jeunesse, tu n'as donc gardé que les traumatismes du passé. Oh Phénix, du temps où tu t'appelais encore Eliette.
A mon tour, je regarde
le ciel, par-dessus le toit. Si bleu si calme ! J'y vois la lune qui de sa lumière coule le spleen bleu de ma vie.