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EAN : 9782072952227
160 pages
Gallimard (19/08/2021)
3.95/5   594 notes
Résumé :
« Elle ne se contente plus d’habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que bientôt, je n’aurais plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C’est elle qui envoie le garçon, c’est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c’est elle qui me fait danser nue. »

Il n’y a pas que le chagrin et la solitude qui viennent tourmenter Tara depuis la mort de son mari. E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (157) Voir plus Ajouter une critique
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Rentrée littéraire 2021 #23

A chaque fois que je lis un roman de Natacha Appanah, je suis éblouie par sa capacité à dire tant en si peu de pages. Elle a un sens de l'épure absolument remarquable, immergeant totalement le lecteur dans l'intimité de ses personnages juste par la magie des mots. Car la plume ciselée de Natacha Appanah a bien quelque chose de magique, tellement sensorielle et musicale qu'on se retrouve entrainé à l'unisson d'une vie, avec ses ténèbres et sa douceur, ses respirations lentes et ses accélérations dangereuses. Tour est sensation, de la plus physique à la plus éthérée.

« Je me souviens de tout, ça vient comme une envie de vomir, ça me prend aux tripes et ça va rejaillir ici, en grumeaux noirs et gluants, dans cet endroit où j'ai connu la paix. Je me souviens que le prénom que mon père m'avait donné voulait dire «  victoire ». Vijaya. Je me redresse, je regarde le treillis métallique serré et je sais que je n'aurai ni le temps ni la force d'y grimper. Les chiens sont là, la jeune fille hurle, Arrête ! J'ai cette pensée étrange et douce qu'elle me tutoie comme si elle me connaissait mais à quoi bon, je veux que tout meure avec moi, le garçon, Tara et Vijaya. Je me traîne jusqu'à la berge qui n'existe plus tant l'eau est haute, tant le courant a mangé la terre, aplati les herbes. J'essaie de me mettre debout mais il n'y a rien sous mes pieds. Mon corps cède. Je m'étonne de crier comme si c'était une surprise, comme s'il restait encore une infime partie de moi qui refusait ce geste et j'aimerais arracher cette partie, la poser dans ma main, la regarder en face, l'écouter raconter son histoire mais alors l'eau, toute cette eau ... »

Toute la première partie est troublante et insaisissable. Tara vient de perdre son mari. Elle est flou, semble avoir perdu la tête, perturbée par l'apparition spectrale d'un garçon. En fait le choc du deuil agit comme un catalyseur de souvenirs et ce garçon n'est qu'une réminiscence du passé, une vapeur de son enfance déchirée. Tara est comme engloutit par ce passé traumatique dont elle était parvenue à s'extraire. L'infusion est lente pour mener à la deuxième partie dans un pays, jamais nommé tant il pourrait être pluriel ( même s'il ressemble fort au Sri Lanka ) lorsque Tara était une autre et qu'elle a vécu l'enfer. Elle qui a été élevée dans la conscience que tout était possible, et qui va réaliser que ce n'était pas le cas lorsqu'on nait fille, qu'on vous dit que vous êtes une «  fille gâchée » juste par la liberté prise et la sensualité que vous avez à fleur de peau. Que nous reste-t-il lorsque le corps ne nous appartient plus ?

Natacha Appanah s'empare une nouvelle fois des thématiques fortes qui courent dans tous ses romans : l'enfermement, la mémoire, la résistance. Son phrasé est doux, poétique, tout en suggestion, même ou plutôt surtout lorsque la violence surgit. Elle tisse les silences, faisant confiance au lecteur pour les comprendre. Jusqu'aux trois dernières pages qui compose l'épilogue, absolument bouleversantes pour dire, à travers ce superbe portrait de femme, l'éphémère d'une vie traversée de drames et de lumière, et la fragilité de l'identité malgré une résilience qui semblait acquise.


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Rien ne t'appartient est un roman assez court, d'une force incroyable.
Nathacha Appanah qui m'avait estomaqué avec Tropique de la violence, confirmant, à un degré moindre avec le ciel par-dessus le toit, m'a ramené en Asie, dans un pays bouleversé par la guerre et les luttes fratricides dont les femmes sont les premières victimes.
Tara s'exprime dans une première partie très énigmatique qui ne m'emballe pas. Emmanuel, son mari qui avait quinze ans de plus qu'elle, est mort. Il a un fils, Eli, d'un premier mariage. Prof de maths dans un collège, il tente d'aider Tara victime d'hallucinations et très perturbée. Il a beau lui poser des questions, voulant savoir qui est cette Vijaya, prénom qu'il a vu écrit sur des feuilles trainant dans la chambre de Tara mais celle-ci ne répond pas.
Où sommes-nous ? Dans quel pays nous trouvons-nous ? Nathacha Appanah ne le dit pas, s'attachant exclusivement au côté psychologique de sa narratrice mais, lors des Correspondances de Manosque 2021, elle nous avait confié que cela se passe au Sri Lanka. Tara est au plus mal, veut en finir et refuse de raconter ce qu'elle a vécu à Eli qui voudrait tant l'aider. Pourquoi ? Je n'ai pas d'explication sauf cette seconde partie à la fois terrible et passionnante, intitulée Vijaya.
Tout commence par une vie idyllique pour cette fillette vivant dans un décor paradisiaque. Son père est opposant politique, parle à la radio, à la télévision et sa mère a des pouvoirs magiques. Ils sont riches assurément. Ce père souriant devient un tuteur sévère lorsqu'il enseigne à sa fille, Vijaya. Depuis la capitale, vient Rada, professeure de danse qui lui enseigne la bharatanatyam, danse traditionnelle de l'Inde du sud, deux jours par semaine. D'ailleurs, Vijaya danse à ravir lorsqu'une fête lui en donne l'occasion.
Hélas, sa vie va basculer dans l'horreur avec ce qui fait penser à un coup d'État militaire, l'installation d'une dictature qui élimine sans pitié les opposants.
Si Vijaya échappe à la mort, son calvaire est égayé par un garçon qui vient la voir régulièrement et qui partage l'amour avec elle. Cela explique peut-être ce garçon qu'elle voit chez elle dans la première partie puis qui disparaît subitement sans qu'on en sache davantage à son sujet.
La conséquence de ces relations sexuelles si belles transforme Vijaya en « fille gâchée ». C'est là qu'elle se retrouve dans une sorte de pensionnat, de maison de correction pour « filles gâchées » où la tenancière lui assène sans arrêt : Rien ne t'appartient ici.
La vie de Vijaya est celle que d'autres jeunes filles comme elles ont dû subir : privations, punitions, travail très dur, jusqu'au jour où ce tsunami dont nous nous souvenons tous, remet tout en question, juste après Noël, le 26 décembre 2004. Il dévasta une bonne partie des côtes de l'Océan Indien causant énormément de victimes.
Les quelques pages faisant vivre, survivre Vijaya dans ces vagues qui emportent tout, sont terribles. C'est dense, prenant, rythmé, d'un réalisme d'autant plus choquant que l'autrice n'exagère pas.
Rien ne t'appartient me semble un formidable témoignage sur les dégâts psychologiques causés, pendant des siècles d'exploitation et d'oppression de beaucoup de femmes. C'est écrit délicatement, avec un minimum de précisions géographiques et aucune date. Tout est dans les mots, les phrases mettant en place une vie sacrifiée où tant de malheurs, tant de souffrances accumulées sont impossibles à évacuer. Tara et Vijaya, ces deux jeunes femmes cohabitent dans la même personne qui, privée du seul homme venu à son secours, se trouve dans l'impossibilité de communiquer pour se relever et continuer à vivre.

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Étrange impression que de voir combien nos goûts littéraires peuvent évoluer, s'étioler ou rétrécir, allez savoir.

J'ai pris beaucoup de plaisir dernièrement à lire des romans hautement visuels avec un sens du détail impressionnant. Je pense à San Perdido, Les contreforts ou encore Filles de la mer.

De Natacha Appanah j'avais à l'époque beaucoup aimé La noce d'Ana mais c'était il y a fort longtemps. Ce nouveau roman était l'occasion de la retrouver.
Malheureusement c'est un rendez vous manqué. Faute à la brièveté obscure de cette histoire qui m'a perdue.

Tara vient de perdre son mari Emmanuel. Elle se sent perdue et désorientée dans l'appartement désormais vide. Elle se sent surtout happée par son enfance et la petite fille qu'elle a été.
Son histoire nous ait alors raconté. Une histoire bien triste où la petite essuiera drame sur drame.

« Je suis le dieu et son élue, je suis à la fois toutes les adoratrices et les rejetées, je suis la forêt et le désert, la fleur qui éclôt et la nuit qui dure. »

Rien ne m'a accroché à ce livre beaucoup trop flou et mystérieux. Tout est suggestif et tellement rapide que j'ai manqué d'ancrage et de temps pour m'imprégner de cette histoire.

L'écriture est certes soignée et bien propre mais à l'heure d'aujourd'hui ma soif des livres s'épanchera dans d'autres horizons. J'ai besoin d'être happée ou marquée au fer rouge ou encore d'être déconnectée ou de voyager à travers mes lectures. Si l'émotion n'est pas au rendez-vous, je le déplore et m'en vais voir ailleurs ou se cache la prochaine pépite littéraire.
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Onzième roman de l'autrice d'origine mauricienne Nathacha Appanah, « Rien ne t'appartient » dévoile le passé tragique d'une femme qui croyait pourtant l'avoir bien enfoui !

Depuis la mort de son mari Emmanuel, il y a de cela trois mois, Tara ne va pas bien du tout. Outre cet appartement qui ressemble de plus en plus à une décharge et une hygiène de vie qui commence à sérieusement inquiéter son beau-fils Eli, ce sont surtout ses visions qui la troublent le plus. Un jeune garçon qui la fixe en silence, les pas de danse d'une gamine insouciante, de très lointains souvenirs qui viennent subitement fracasser les parois d'une amnésie volontaire, un tsunami d'émotions qui risque bien de tout ravager…même sa nouvelle vie !

___« Elle ne se contente plus d'habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que bientôt, je n'aurais plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C'est elle qui envoie le garçon, c'est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c'est elle qui me fait danser nue. »

Construit en deux parties, « Rien ne t'appartient » partage deux destins. Tout d'abord celui d'une femme endeuillée, qui vient de perdre son sauveur, celui qui l'avait extirpée des décombres d'une vie antérieure… qui vient brusquement la rattraper. Ensuite, celui d'une fillette pleine de vie, élevée dans la lumière, puis subitement privée de tout… venant éclairer la folie qui s'est emparée de Tara à la mort de son mari.

« Rien ne t'appartient » est l'histoire d'une enfance brisée dans un pays que l'autrice ne nommera pas. le récit d'une gamine a qui l'on avait d'abord donné des ailes, mais que la bêtise des hommes a privé de tout envol. Peu importe le nom, ils sont encore beaucoup trop nombreux ces pays qui vous privent de tout lorsque vous naissez fille, créant des blessures indélébiles…

« Rien ne t'appartient » c'est surtout une plume délicate, poétique et sensorielle qui fait non seulement danser son personnage principal, mais également les mots, tournant les phrases dans une beauté qui vient envelopper un récit pourtant douloureux et empli de désespoir. Une narration lumineuse venu éclairer la destinée tragique d'une femme endeuillée…

Me voilà fan de la plume de Nathacha Appanah !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Depuis la mort d'Emmanuel, son mari, avec qui elle était mariée depuis quinze ans, Tara est oppressée par le chagrin et la solitude, et de plus elle est hantée par des visions et des fantômes. Une fille s'immisce dans ses rêves et Tara pense que c'est elle qui lui fait oublier les mots, les événements, elle, qui lui envoie ce garçon qu'elle voit sur le fauteuil, elle qui lui fait danser nue la bharatanatyam. Des souvenirs clignotent. Elle sent qu'elle n'aura bientôt plus la force de retenir en elle ce qui gronde et menace de ressurgir, c'est-à-dire la réapparition de celle qu'elle a été avant, une fille avec un autre prénom qui aimait rire et danser, qui croyait en l'éternelle enfance avec un appétit de vie immense comme si elle se doutait que cela n'allait pas durer.
Elle s'accroche tout en pensant à Emmanuel et se disant que « lui seul pouvait me maintenir debout, me garder intacte et préservée de ma vie d'avant, mais il n'existe plus ».
Quand elle apprend que Eli, le fils d'Emmanuel, inquiet pour sa santé, a pris pour elle un rendez-vous chez le neurologue, qu'étant allé dans sa chambre lui chercher une couverture, il revient en lui demandant « C'est qui, Vijaya ? », Tara pense qu'il faut que ça s'arrête et qu'il est temps d'en finir.
Rien ne t'appartient est construit en deux parties. le roman commence par la voix de Tara puis vient ensuite celle de Vijaya, une voix qui vient du passé, celle de cette petite fille à la vie délicieuse et sans entraves, éveillée à la beauté, à la sensualité, à la danse et à la connaissance par ses parents mais à qui « jamais personne n'a expliqué ce que c'est qu'être une fille dans ce pays ».
Aussi tout bascule lorsque des militaires forcent l'entrée de la propriété. Vijaya sera enfermée et comme d'autres fillettes heureuses, transformée en esclave silencieuse. Ce qui signera la fin de son insouciance sera cette phrase que lui jette à la figure la directrice du lieu où elle va être enfermée « Rien ne t'appartient » et fera dire à Vijaya « En vérité, plus rien ne m'appartient, ni ici, ni ailleurs, ni jamais. Mon nom, mon histoire, ma mémoire s'effacent. Je m'endors comme on tombe dans un puits noir ». Ce sera son premier tsunami !
Rien ne t'appartient s'attache à montrer que cette dépossession ne peut être totale pour Vijaya et qu'avec beaucoup de courage, en apprenant à mentir, elle gardera son coeur pour aider ses consoeurs dans la détresse et parviendra à une sorte de renaissance. En allant au bout d'elle-même, elle parvient à garder son intégrité. La perte et la reconquête, la condition féminine de même que le deuil, la mémoire, le corps, le désir et la mort sont les thèmes abordés dans ce magnifique roman.
J'ai été une nouvelle fois émerveillée par l'écriture à la fois tellement sensible, poétique, délicate, élégante, sensuelle et rythmée de Nathacha Appanah, une écriture charnelle, véritable immersion sensorielle dans un monde fait pourtant de tant de douleur, de brutalité et de ténèbres mais aussi de tant de douceur, de beauté et de sensualité et d'où finalement surgit la lumière…
Quel moment sublime lorsque Tara se remémore une séance de danse et se met à l'exécuter ! La description est telle que son souffle m'a enveloppée et que j'ai cru la voir et la sentir danser.
Rien ne t'appartient, ce roman bouleversant tout en sobriété, en suggestions et d'une extrême sensibilité m'a vraiment touchée et enthousiasmée.

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critiques presse (5)
Telerama
17 avril 2023
Rien ne t’appartient est l’exploration de cette dépossession mais aussi du courage des femmes qui se relèvent, apprennent à mentir pour survivre et se réinventer.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
23 septembre 2021
Une vie bouleversée par la guerre et le tsunami, sous la plume intimiste et toujours aussi lumineuse de Nathacha Appanah.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Psychologies
13 septembre 2021
Avec son talent unique pour évoquer sans insister ce qui est douloureux, Nathacha Appanah fait vivre magnifiquement celle qu’elle appelle « la fille gâchée ».
Lire la critique sur le site : Psychologies
LeMonde
10 septembre 2021
L’écrivaine mauricienne raconte l’histoire d’une femme dont l’enfance a été saccagée dans un roman douloureux et doux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
01 septembre 2021
La romancière maîtrise le rythme comme une musicienne, qui scande et marque la mesure du souffle de la vie, ses accrocs, ses moments de pause, d'errance, ou de frénésie. Un très beau roman de cette rentrée littéraire 2021.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
Pendant longtemps, je suis persuadée que la vie que je mène est immuable.
C’est une vie délicieuse : des mangues, de l’eau de coco, du riz fumant, du curry rouge, du poisson frit, du yaourt et du miel, des beignets gonflés et moelleux, du lait frais, de la glace faite avec la crème de ce lait frais et des gousses de cardamome, des concombres confits, du melon amer caramélisé. J’aime le sucré, l’amer, l’acide, le salé, l’astringent, j’aime le cru, le cuit, j’aime le vert, le mûr, j’aime le croquant et le moelleux. Mes parents disent que j’ai un palais d’adulte, ils sourient de mon appétit enthousiaste, de ma curiosité. Est-ce possible qu’au fond de moi je sache que cela ne va pas durer ?
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Tous les regards nous suivent, nous les gens riches et athées de la grande maison, la fille qui danse mais qui ne va pas à l’école, l’homme qui passe à la radio et même à la télévision pour dire que les habitants de ce pays ne font qu’un, que chaque personne devrait avoir la liberté de prier le dieu qu’il veut ou de ne pas croire en seul dieu, que les dirigeants sont des idiots, l’homme qui parle plusieurs langues dans la même phrase, l’époux de la femme sorcière.
(page 70)
Commenter  J’apprécie          470
Nous passerons la matinée à nettoyer les trois temples qui accueillent encore des visiteurs. Il faut laver et brosser les sols, balayer la cour, s’occuper du potager. Tout doit être propre quand les grilles du refuge s’ouvriront pour recevoir les touristes. Certains hôtels organisent des déjeuners dans les vestiges des temples, d’autres utilisent les ruines pour des séances photo, il y a même parfois des tournages de films. Nous devons, nous, à ce moment-là, être hors de vue, invisibles.
(pages 121-122)
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Tous les premiers de l’an, j’accroche à la porte une guirlande faite de feuilles fraîches de manguier. Je vais les acheter près de la gare, dans une épicerie indienne, et pendant la nuit du 31, je noue les pétioles des feuilles le long d’un cordon de coton et juste avant minuit, j’accroche cette guirlande. Je raconte que c’est pour le bien-être du foyer, pour porter chance aux gens qui y vivent, pour éloigner le chagrin mais je dis ça parce que je sais combien les gens d’ici aiment ce gentil folklore exotique.
(page 35)
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Je me mets à courir mais mes jambes pèsent des tonnes, mon corps est engoncé dans une substance gluante. J’avance centimètre par centimètre, l’air qui me semblait si liquide et doux tout à l’heure appuie sur ma tête et mes épaules jusqu’à me faire courber le dos. Ma jambe gauche est lourde, ma cicatrice palpite, comme si elle était sur le point de se rouvrir. Je vois enfin le pont.
(pages 53-54)
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Vidéo de Nathacha Appanah
Nathacha Appanah était présente pour présenter son nouvel ouvrage : La mémoire délavée paru aux éditions Mercure de France. le roman s'ouvre par un magnifique vol d'étourneaux. Un vol au premier abord innocent mais dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. L'autrice traverse alors la mémoire de sa famille. le centre de l'ouvrage est marqué par un magnifique hommage à son grand-père qui travaillait dans un champ de cannes.
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