La relecture du commentaire que j'avais fait de ce livre, très longtemps après l'avoir lu une première fois, me plonge dans une grande perplexité. (Cf à la suite de ce billet)
Manifestement il ne me restait alors que le côté joueur de bonneteau d'
Aragon. Aujourd'hui, juste après cette deuxième lecture, je suis stupéfié par l'immense érudition d'
Aragon, que je n'avais plus lu depuis longtemps, par son incroyable intelligence et par sa sensibilité extrême, que je redécouvre.
Ce livre est bien plus qu'un tour de passe passe facétieux d'
Aragon ; ce n'est pas une simple pirouette de plus (mais rien n'est jamais vraiment simple chez cet auteur) de qui revendiquait ne jamais être celui qu'on attendait, ni là où on l'attendait (« Ma vie. Tout le monde croit la connaître. Ça me donne parfois des fous rires ») ; c'est l'exposé savant mais aussi plein d'auto dérision et d'humour du processus de création d'un écrivain qui, prétend-il, n'a jamais appris à écrire, mais ne peut s'empêcher de le faire, sans pouvoir jamais s'arrêter, parce qu'il faut bien continuer puisque le livre l'a choisi pour auteur, et que s'il a su commencer, pour la raison et de la façon qu'il a expliqué dans ce livre précisément, il ne sait pas, ou ne peut pas, ou ne veut pas finir, puisqu'il n'a jamais appris à écrire. . (Ci-après la critique publiée il y a quelques années)
Aragon n'a pas son pareil pour nous balader. Dans ce petit livre de souvenirs il nous raconte qu'il a appris à écrire tard et que son goût pour l'écriture lui est venu lorsqu'il a compris que l'on pouvait écrire pour raconter des histoires. Autrement dit pour dire des mensonges. Tout ce qu'on a lu avec délectation était donc faux? Ou si c'était vrai c'est qu'il se trompait. Ou plutôt....nous trompait. On sent bien qu'il y a un truc, mais on est ravi, comme un enfant au cirque devant le magicien.