« La vie à trois » est le deuxième roman de
Gilles Archambault. Parut en 1965, on ressent quelques hésitations dans la narration, signe manifeste de la recherche d'un style propre. « La vie à trois » traite du couple et du malheur amoureux en mettant en scène des personnages désoeuvrés. L'échec du mariage de Henri et Anne ne fait aucun doute. Au départ, les raisons de ce mariage sont assez nébuleuses : l'amour, la complicité et la tendresse sont inexistants. Anne est un personnage d'une profonde tristesse. Pour pallier à sa rancoeur héréditaire, elle boit seule la nuit, devant la fenêtre du salon. Mère au foyer n'est certainement pas le destin auquel elle rêvait. Mais quels sont réellement ses aspirations ? Une chose est claire, sa situation la rend dépressive. Quant à Henri, son manque de caractère est pathétique. En proie à des émotions contraires, il se range immanquablement du côté de la morale « bien-pensante ». Il n'a pas la force de ses désirs. Sa devise : Compromis. Malgré tout, il s'accroche à son mariage raté, convaincu qu'il saura conquérir sa femme. Cependant, dans un moment de lucidité, il dit à Anne : « Notre destin est de nous faire souffrir mutuellement ».
Tout l'art de
Gilles Archambault se situe dans l'inventaire des petites avanies quotidiennes et dans la complexité du portrait des personnages. Je vois ce roman comme une fable du couple discordant, mais qui parle également des illusions personnelles. Parfois nous nous mentons à nous mêmes et causons notre propre malheur. Et, pour une chimère, nous persistons dans une impasse de souffrance. Comprendre notre responsabilité est déjà un pas vers le bonheur.
Sans doute en raison de la nature même du roman qui a en partie mal vieilli ou de la temporalité particulière et de la narration un peu bizarre, j'ai eu l'impression de lire un livre ordinaire d'un bon auteur. Ce qui est normal, même les meilleurs ne peuvent produire des chefs-d'oeuvre à tous les coups. Faut dire également que c'est un roman absolument morose.