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sur 824 notes
Entre Orient et Occident, Metin Arditi nous entraîne à la découverte de la Renaissance Italienne avec son personnage d'Elie Soriano dit « Le Turquetto », juif de Constantinople ayant fui son pays et sa religion pour vivre de sa passion: la peinture.

Devenu élève de Titien puis artiste reconnu, le Turquetto aura un destin bien mouvementé. Cachant ses origines, il devra naviguer dans une Venise où l'intolérance religieuse plane et où l'inquisition traque le moindre signe d'hérésie. Y parviendra-t-il?

Mêlant religion, art, intrigues et pouvoir, je ne peux que vous inviter à découvrir ce magnifique roman historique.
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Roman historique bien construit et documenté, il s'agit de l'anabase et catabase d'un peintre dans des sociétés qui ne peuvent accepter son altérité. Né Juif ottoman, il évolue en pleine Renaissance - et son esprit en possède toutes les caractéristiques, y compris le rapport au religieux - entre Constantinople où il ne pourrait peindre sinon comme moine orthodoxe, et Venise d'où il sera rejeté, au faîte de sa gloire, pour des raisons proprement identitaires qui dépassent le prétexte de la religion. Il s'agit en outre d'un roman sur la peinture, sur la politique, sur la philosophie du XVIe siècle.
La langue est simple mais précise, méticuleuse même lorsqu'il s'agit de rendre l'altérité des lieux et des personnages, au point que parfois, dans certaines descriptions et dialogues conçus sans doute en turc et en italien, j'ai presque eu la sensation lointaine d'une traduction. Mais d'une exquise traduction, de celle dont Walter Benjamin aurait pu dire :
"[...] elle appelle l'original en cet unique lieu où, à chaque fois, l'écho dans sa propre langue peut rendre la résonance d'une oeuvre de la langue étrangère."
Or il ne s'agit pas de traduction. Mais d'empathie. de cette sorte d'empathie qui ne peut surgir que dans la meilleure littérature migrante... (mais là, je confesse que je verse dans mes propres projections et obsessions...)
La conclusion, une abdication à l'orgueil qui lui offre la pacification ultime avec son passé, est un peu surprenante - pas du tout Renaissance, elle ; enfin : à peine, car nous sommes des post-modernes, nous, un peu, quand même...
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1531 à Constantinople, le jeune Elie est passionnée par le dessin, il passe ses journées à dessiner et le reste de son temps chez un calligraphe musulman. Son père travaille chez un marchand d'esclave, un des rares postes disponible pour un juif. Elie voudrait faire de sa passion son métier seulement voilà, dans la religion juive il est interdit de représenter quoi que ce soit par le dessin. A la mort de son père, malade, Elie décide donc de s'enfuir, il prend le chemin de l'exil, direction Venise.


On retrouve Elie à Venise, après des années d'apprentissage chez le "Maître", il ouvre son propre atelier. C'est le succès, les commandes affluent. Un jour le responsable d'une association lui commande de peindre la Cène pour orner le local, Elie va commettre une erreur qui va révéler sa judéité au monde. Il sera condamné à mort et ses oeuvres brûlée dans un gigantesque auto da fé.


Roman passionnant qui place l'Art au dessus des mesquineries de la religion. le Turquetto est décrit comme un homme passionné qui sacrifiera tout à son Art, sa religion, sa famille.
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D'entrée de jeu, avec sa note au lecteur, l'auteur m'a fascinée. J'adore les mystères qui entourent l'art, qui cache une autre vérité issue d'un temps révolu.
Empreint de sensibilité, le récit nous entraîne dans un Constantinople où Chrétiens, Juifs et Musulmans tentent de vivre ensemble sans se mêler les uns aux autres. Un jeune garçon enfreint les règles à la plus grande honte de son père qui le voit se rendre auprès d'un artisan musulman qui fabrique des encres qu'il veut éternelles, auprès d'un moine qui tente de le convertir à sa religion dans l'espoir que le talent de l'enfant puisse évoluer sans trop de contraintes. Celui que l'on surnomme le Petit Rat s'enfuit de la ville à la mort de son père et c'est à Venise qu'on le retrouve, des années plus tard, devenu un peintre accompli.
Signant ses tableaux le Turquetto, le Petit Rat niant et cachant son identité ne pourra empêcher de la faire ressortir et transparaître dans ses oeuvres. Au plus haut de sa gloire, la chute sera brutale.

Captivant, portrait saisissant de Constantinople à la Renaissance, ce roman nous rappelle tous ces chef-d'oeuvres que les hommes auront détruits au nom de la religion....
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Roman très beau qui mérite amplement le prix page des libraires 2011 ainsi que le prix Jean Giono 2011 qu'il vient de recevoir. L'auteur raconte une histoire terrible dans une période troublée par les problèmes de religions. A Constantinople ou à Venise la cohabitation entre les différentes confessions est difficile et quasiment impossible. Elie, le héros de ce livre, en fera les frais à plusieurs moments de sa vie. le jeune Elie ne pense qu'à dessiner. Il ne voit son avenir que dans l'art et la représentation des choses. Seulement, en tant que juif il lui est interdit de faire une quelconque représentation de quoi que ce soit. A la mort de son père il change de nom et s'enfuit vers l'Italie pour réaliser son rêve : devenir peintre. Et il deviendra le plus grand peintre d'Italie. Quelques dizaines d'années plus tard, c'est à nouveau la religion qui le perdra. L'auteur a très bien décrit les tiraillements et les excès négatifs générés par les religions.

L'auteur nous fait de très belles descriptions de la fabrication des encres à Constantinople, de la vie dans les quartiers misérables de la ville. Par la suite la description des tensions à l'intérieur de la société vénitienne et notamment de la société religieuse est superbe.

Les personnages sont haut en couleur et très marquants. Zeytine, handicapé, fabricant d'encre... Cuneo, talentueux parvenu vénitien... Gandolfi, nonce amoureux de la peinture du Turquetto... Scanziani, dominicain et homme de loi...

En conclusion : un très beau roman à lire absolument


Lien : http://coffresalivres.canalb..
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Un joli (et surprenant) coup de coeur que ce Turquetto, de Metin Arditi – découvert grâce encore (après Les oreilles de Buster) au prix Pages des libraires. Surprenant car je me suis lancée sans être bien emballée : les romans historiques ne m'attirent pas spécialement – pas assez ancré dans leur temps, ou trop tout au contraire. Et pourtant l'Histoire m'a toujours beaucoup intéressée, allez savoir ! Mais là, l'enthousiasme des libraires et les thématiques (Constantinople, Venise, l'histoire de l'art, la peinture, les rapports religion/art…) du Turquetto ont fini par vaincre mes hésitations.
[...]
Fils de réfugiés juifs espagnols, Elie Soriano naît à Constantinople en 1519. Passionné, bravant les interdits religieux (et familiaux), l'enfant passe son temps à dessiner, et sa plume est sûre. Celui que l'on surnomme « le petit rat » à cause de son visage sait représenter, amplifier, magnifier ses modèles. On le découvre dans les rues de Constantinople, furetant de-ci de-là, raillant son père, vieil employé d'un marchand d'esclaves, découvrant la fabrication des encres auprès d'un maître musulman, subissant l'injure quotidienne du ghetto… le jeune garçon est brusquement poussé à l'exil et embarque pour Venise où il va commencer une nouvelle vie sous le nom d'Elias Troyanos – un chrétien ayant fui l'empire ottoman.
[...]
La magie de la peinture et de l'époque, la finesse de l'écriture, le talent de Metin Arditi pour faire vivre ses personnages et ses décors, m'ont totalement emportée – et pour une fois l'expression n'est pas galvaudée. Puissance de la religion, liens entre l'art et le pouvoir, histoire d'une passion, questionnement autour de la filiation… Malgré les petites imperfections du récit (un début un peu lent, une fin qui ne me convint qu'à moitié), j'ai véritablement adoré le Turquetto. Et, pour preuve, je me suis empressée de me renseigner sur les autres romans de Metin Arditi

Le reste sur le blog :)
Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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Qui était donc ce Turquetto, peintre génial qui aurait peint le fameux tableau du Louvre, L'homme au gant?
Metin Arditi nous retrace sa biographie et sa fuite de Constantinople vers Venise où il connaitra la célébrité puis le rejet.
Constantinople 1519.
Rue des fabricants de pantoufles, nasses de porteurs,crieurs,badauds.Grand bazar à la foule bigarrée.
Orphelin de mère, Elie Soriano méprise son père, "juif en terre musulmane"employé au marché des Esclaves qui "pisse tous les trois pas".
Elevé par Arsinée fournisseuse d'esclaves, le sexe dur, il rêve de dessiner le galbe d'un sein,l'arrondi d'une croupe, lorsque cette dernière dénude une fille pour la revendre au vizir.
"Voyou!" crie Arsinée.Tu n'es qu'un rat à l'affut !
Mine de plomb à la main,il trace trait après trait,ombre,dégrade,fronce un regard,trace un muscle jusqu'à rendre son dessin réel.
La violence des émotions lui octroie une certaine suprématie.
"Tu n'es pas musulman!Tu es juif ! Et tu n'as pas le droit de calligraphier!"
Djela, le fabricant d'encres le met en garde, lui qui ne sait pas se défendre dans la rue mais prie, danse et tournoie jusqu'à l'extase pour atteindre la sérénité.Sachant Elie intelligent, une amitié voit le jour et l'homme initie le gamin au secret de son encre parfumée à la rose.
"Elie a la grace"
Efthymios,le serviteur de l'église,l'a lui aussi compris en voyant ses dessins.
Le rabbin lui reproche de reproduire des images qui pourraient passer pour de l'idolatrie.
Que faire?
Pris entre deux feux, son désir de peindre et sa véritable identité de juif qui l'en empêche, à la mort de son père,Elie va s'enfuir pour Venise à bord d'un bâteau.
Il sera Ilias Troyanos.
"Greco?
Greco!"
Venise.Surnommé le Turquetto, Elie-Ilias se présente à l'intendant d'un atelier, livre une "Adoration" à un marchand de draps.Puis un notaire le quémande pour brosser le portrait de sa fille Stéfania.Enfin une "Cène" le propulsera.Il acquiert de la notoriété. L'élève de Titien admire le Maître, apprend le ressenti devant un tableau, les vagues des émotions, l'existence propre du sujet, il apprend à peindre la condition humaine.
Mais à cacher son identité on se brûle les ailes, surtout lorsqu'on est juif et que l'église est le vrai mécène de l'art "sacré"en cette époque de Renaissance flamboyante.
Véritable fresque historique,sur le thème de l'exil,du secret, sur fond de pouvoir, de rivalités au temps du Doge et de la noblesse, quel est le prix d'un destin, que reste-t-il de l'oeuvre d'un banni, est-il bon de renier ses origines? Voilà les questions posees par l' excellent livre de Metin Arditi(dont l'oeuvre a déjà été récompensée plusieurs fois) qui je l'espère, le 31 aout, obtiendra le prix du roman FNAC 2011.
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Coup de coeur mérité, si le tableau existe bien, le Turquetto n'a jamais vécu, mais le roman est habile et nous fait voyager entre orient et Occident, entre cohabitation et mésententes et intolérances religieuses. Des chrétiens, des juifs et des musulmans, et des guerres de religions, ça ne vous rappelle rien?
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Résumé éditeur :
Se pourrait-il qu'un tableau célèbre - dont la signature présente une anomalie chromatique - soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait "le Turquetto" (le petit Turc) ?
Metin Arditi s'est intéressé à ce personnage. Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d'un employé du marché aux esclaves s'exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d'emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin. Il est au sommet de sa gloire lorsqu'une liaison le dévoile et l'amène à comparaître devant les tribunaux de Venise...
Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d'images, son soudain départ... Puis le lecteur retrouve le Turquetto à l'âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s'accomplissent son ascension puis sa chute.
Rythmé, coloré, tout en tableaux miniature, le livre de Metin Arditi convoque les thèmes de la filiation, des rapports de l'art avec le pouvoir, et de la synthèse des influences religieuses qui est la marque particulière du Turquetto.
Né en Turquie, familier de l'Italie comme de la Grèce, Metin Arditi est à la confluence de plusieurs langues, traditions et sources d'inspiration. Sa rencontre avec le Turquetto ne doit rien au hasard, ni à l'histoire de l'art. Car pour incarner ce peintre d'exception, il fallait d'abord toute l'empathie - et le regard - d'un romancier à sa mesure.

Le talent de Metin Arditi mis à la disposition d'un personnage et d'une époque, cela donne un livre exceptionnel.
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Une petite merveille à la plume ciselée qui fait mouche à chaque phrase. Et quelle assemblée de personnages au coeur d'une intrigue qui rappelle à quel point l'art et le pouvoir peuvent se retrouver entremêlés et souvent pour le pire.
Une réussite de plus dans cette prestigieuse collection !
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