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sur 818 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je retrouve cet auteur, dont j'ai bien aimé » La confrérie des moines volants », avec un immense plaisir.

J'ai beaucoup aimé ce roman, car il s'agit bien d'un roman, bien que Metin Arditi nous propose une note au lecteur concernant un portrait attribué à Titien : « L'homme au gant » où il semblerait que la signature Ticianus soit peinte de deux couleurs différentes. de là, naît la légende du Turquetto.

Cette histoire est passionnante, tout d'abord, elle est écrite d'une façon tellement prenante que le premier réflexe est d'aller vérifier si le Turquetto a vraiment existé (cf. les nombreuses recherches en ce sens sur Google).

D'autre part, cet enfant Elie, de confession juive, la famille ayant fui l'Espagne pour émigrer en Turquie (musulmane) et le père vit dans un quartier où se retrouvent aussi des chrétiens orthodoxes, des Arméniens et travaille pour un marchand d'esclaves, notamment des jeunes filles destinées aux harems.

Elie a honte de son père qui est malade et n'a qu'une seule envie : dessiner, peindre. Or la religion juive interdit la reproduction qui sous-entendrait oser se comparer à Dieu. Il va apprendre la calligraphie chez un musulman Djelal, mais c'est considéré par son père comme une transgression.

A la mort de son père, il fuit à Venise pour apprendre la peinture auprès de Titien en prenant un nom grec et se faisant passer pour un chrétien car à Venise les juifs sont des parias et doivent porter le bonnet jaune et vivre dans un ghetto.

Un très beau roman sur la quête de l'identité, sur la transgression, sur la religion catholique à cette période et son intransigeance, son intolérance, avec deux personnages à l'opposé l'un de l'autre : le cardinal Gandolfi chrétien tolérant et le juge Scanziani, véritable inquisiteur, rusé, manipulateur.

Metin Arditi nous livre un portrait sans concession de Venise au XVIe siècle, avec les arrivistes de tout poil qui veulent se faire un nom, tel Cuneo, mais aussi sur la peinture, la représentation des scènes bibliques.

Ce Turquetto m'a beaucoup plu avec sa quête spirituelle, sa recherche de l'identité, qui tente d'allier des dogmes de chaque religion de les faire coexister, une quête bien d'actualité par ces temps où l'on tue au nom de Dieu, où certains parlent de reconstruire El Andalous. La religion, n'est-ce pas ce qui nous relient ?

L'atmosphère m'a rappelé un roman que j'ai beaucoup aimé de Amin Maalouf : « Léon l'Africain » obligé de quitter l'Andalousie? Reconquista oblige pour s'exiler à plusieurs reprises.

J'aime beaucoup ce genre de récits, c'est une époque et des thèmes qui m'intéressent, donc je continuerai à lire l'oeuvre de cet auteur dont l'écriture est pleine de magie.

Un lien intéressant: https://www.littera05.com/rencontres/metinarditi.html
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Même les amoureux de Metin Arditi vont être étonnés. Avec le Turquetto, l'auteur s'est surpassé. Ce livre est une extase de lecture et ce, pour bien des raisons. L'histoire déjà, qui, à partir d'un fait quasi avéré (L'homme au gant, exposé au Louvre, n'est pas du Titien) permet à Arditi d'imaginer la vie d'un peintre du XVIe siècle, dont l'oeuvre aurait entièrement disparu. Et c'est parti pour 280 pages d'une biographie haletante d'un homme qui a dû mentir toute sa vie. A Constantinople où, jeune juif, sa religion lui interdit toute représentation d'images, lui qui dessine déjà comme un dieu. A Venise, peintre reconnu qui dissimule sa judéité au risque de finir pendu. le récit est plein de rebondissements, à la fois fresque historique, thriller et roman humaniste. Son style, d'une fluidité parfaite, d'une pureté d'opale, s'accompagne de dialogues étincelants. Et que dire des portraits de ceux qui côtoient le Turquetto, surnommé "Petit rat" dans son enfance ? Un père malade, une esclave musulmane "fournisseuse" et testeuse de concubines (quelques passages érotiques valent le détour), un calligraphe passionné, un mendiant qui voit et comprend tout. Et cela, seulement pour les 80 premières pages. Arditi peint de manière graphique le tumulte du grand bazar de Constantinople puis décrit avec finesse les intrigues politiques de Venise. le Turquetto brave les interdits tout au long de ce roman épatant qui réussit le tour de force d'allier rapidité et sens du détail. Au-delà de son intrigue, l'auteur évoque le syncrétisme religieux et la condition du peintre, obligé de plaire à ses mécènes et à rester dans la norme. L'humanisme qui s'en dégage est puissant et raffiné. C'est rare d'aimer un livre aussi bien pour sa forme que pour le message philanthropique et tolérant qu'il véhicule. le Turquetto est un roman total, une merveille absolue.
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Un nouveau livre de la rentrée littéraire 2011, et me voilà bien ennuyée pour le chroniquer. Il fait partie de ses rares livres dont j'ai envie de dire : on en a parlé trop peu, il n'a pas assez été mis en valeur, il n'a pas eu la place qu'il méritait. Ce n'est pas un hasard s'il est publié chez Acte Sud, comme La belle amour humaine. Acte Sud est définitivement une maison d'édition de qualité (je n'en doutais pas non plus).
Il Turquetto est un roman historique, sans ses défauts. Metin Arditi ne se sent pas obligé, pour recréer une époque, de dépeindre chaque ornement placé au-dessus d'une porte. C'est le foisonnement même de la vie qu'il recrée, ce sont les conflits entre l'art et les religions qui nous sont narrés sans académisme, par le biais du personnage d'Elie.
Elie... Il est tiraillé entre sa foi, ses aspirations, prêt à tout pour obtenir ce qu'il veut - encore faut-il qu'il sache quels sont ses désirs profonds et jusqu'où il est réellement prêt à aller.C'est déjà trop en dire que dire cette phrase, car Il Turquetto est un livre qui se vit, non qui se chronique, au point que pour désigner les personnages secondaires, j'ai encore envie de dire qu'ils prennent vie (et mort) devant nous, sans être de simples utilités.
Il Turquetto est un superbe roman, à lire et à relire.
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Un tableau du Titien exposé au Louvre présente une anomalie dans la signature. L'un des élèves du maître en serait l'auteur... Cette énigme a donné un point de départ à Metin Arditi pour retracer le destin d'un jeune juif, fils de marchand d'esclaves à Constantinople, qui ne peut s'empêcher de dessiner les gens qu'il croise, alors que sa religion s'oppose à la représentation de figures humaines. Des années plus tard, il est connu et très demandé à Venise sous le nom de Turquetto, et son origine juive ignorée de tous ceux qui admirent ses toiles.
Par petites touches, l'auteur trace un portrait du jeune garçon, de son entourage, de la ville de Constantinople et de ses bazars, vivante et grouillante de petits métiers, de petits commerces. L'atmosphère de Venise est bien différente, les querelles religieuses et de pouvoir plombent tout, et le Turquetto finirait par ne plus s'y sentir en sécurité, si seul son art ne lui importait... Pourtant son destin devra encore basculer...
Ce roman m'a rappelé à bien des égards un autre périple, celui de la Haggadah de Sarajevo dans le livre d'Hanna de Geraldine Brooks. L'histoire d'une oeuvre d'art est un sujet tout à fait fascinant, il est lié ici aux thèmes de l'identité, de l'intolérance religieuse, traités à merveille par Metin Arditi, que je considère comme un écrivain contemporain « qui compte » et que j'ai toujours plaisir à lire.
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J'avais lu de nombreuses critiques élogieuses sur ce roman et la mienne n'y dérogera pas.
Moi qui suis passionnée d'Histoire, d'Art et de peinture en particulier, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre. Qui est donc ce Turquetto ? L'Homme au gant ne serait donc pas de Titien ?
C'est en se basant sur cette particularité de cette toile que Metin Arditi construit tout son roman. Et il le fait si bien que j'ai vraiment cru à l'existence du Turquetto. Pourtant tout cela reste entièrement hypothétique même si certains éléments troublants et réels viennent cautionner la thèse de l'auteur.

J'ai adoré ce roman, intelligent, bien construit et très bien écrit. Rien n'est superflu dans ce récit, les dialogues sont magnifiques. Je pourrais juste reprocher le manque de descriptions qui m'auraient permis de me sentir encore plus dans l'ambiance de l'époque. En revanche, les personnages sont méticuleusement travaillés, leur personnalité est décrite de façon à les rendre vraiment vivants. Curieusement, j'ai même trouvé que les personnages secondaires étaient plus précis que le personnage principal lui-même ce qui ne fait qu'ajouter au mystère qui l'entoure.

Un des thèmes abordés traite du lien filial à travers la relation entre Elie et son père. Elie a honte de son père et de sa condition. le père a honte de son fils qu'il voit comme un traître aux « Siens » sous-entendu au peuple juif. Pourtant cette relation est l'axe central du roman et vous ne pourrez plus ensuite regarder le tableau de L'Homme au gant de la même façon.

Metin Arditi a su aussi reconstituer avec talent les luttes de pouvoir à Venise et le rôle de l'Eglise dans ces conflits. L'action se place en plein XVIème siècle, nous sommes à l'époque de la Réforme et donc de l'émergence du protestantisme. L'Eglise catholique doit réagir face à l'hérésie et doit pratiquer un retour à la pureté des Anciens, surtout dans une ville décadente livrée à tous les vices comme Venise. C'est là qu'intervient l'Art comme outil de propagande, l'Art se met au service du pouvoir et l'auteur explique à merveille les liens entre artistes et Grands du monde qui cherchent par là un moyen de se mettre en valeur et d'assurer leur gloire. Les candidats au capes d'Histoire auront là un très bel exemple illustratif de leurs cours sur le Prince et les Arts (même si c'est fictionnel c'est toujours intéressant).
Le Turquetto va donc se retrouver pris dans ces questions de rivalités et va vouloir utiliser son art comme moyen d'expression pour révéler son lourd secret.
Car Elie, à l'image de son prénom, est à la croisée des trois religions, juive, chrétienne et musulmane et devient, sous la plume de Metin Arditi, tout un symbole.
Mais dans une époque et un contexte de guerre de religions, l'intolérance et le fanatisme ambiants le conduiront à sa perte.

Un gros coup de coeur donc pour ce superbe roman à ne pas manquer. Il ne me reste plus maintenant qu'à aller faire un tour au Louvre.

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Un sacrément bon livre, nom de dieu, qui joue sur les pouvoirs religieux au seizième siècle et comment ils pouvaient pourrir la vie des artistes, même réfugiés dans la République de Venise. Merci au librairie de Tom Pouce ( à Perros-Guirec ) qui me l'a conseillé.
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J'ai beaucoup aimé cette histoire totalement imaginée mais tellement vraisemblable. Ca se lit comme un roman d'aventures plein de rebondissements. L'auteur nous fait découvrir le monde de la peinture à Venise au 16°siècle et l'antisémitisme qui y règne. Il nous emmène également dans Constantinople, à la même époque. Ce turquetto est un bon moment de lecture.
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Il est vraiment dommage que la 4ème de couverture en dise un peu trop .Je ne m'appesantirai donc pas sur l'histoire en elle-même. Metin Arditi, dont je découvre ici l'univers et la plume, nous offre un roman sur une base historique, et artistique : celle d'un peintre de la renaissance, entre Venise et Constantinople, où nous suivons très bien le bouillonnement artistique, l'obscurantisme religieux alors que la Réforme bat son plein ailleurs et que l'Eglise catholique tente de garder la suprématie sur les âmes et sur le cours des choses.
L'art et la Religion, ses interférences, la place des juifs dans la cité, la persécution qui leur était, déjà si je puis dire, infligée, les relations sulfureuse entre le monde de l'art, de la politique et le de la gouvernance religieuse sont les point forts de ce roman écrit sous un rythme idéal : ni galopant ni somnolant. le roman est découpé en 4 parties équilibrées, qui correspondent aux 4 étapes de vie du Turquetto. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une lecture passionnante puisque instructive, agréable puisque le style est élégant sans ostentation ni prétentions inutiles.
Encore une fois les éditions Actes Sud présentent un ouvrage soigné, avec une touche d'originalité non négligeable, et dont la couverture qui n'est autre que le tableau en question est à elle seule une invitation qui ne se refuse pas.
Je prendrai volontiers, un jour prochain, le chemin vers un autre ouvrage de Metin Arditi.



Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Elie est né au début du 16ème siècle à Constantinople, de parents juifs. Son père ne sait que faire de ce fils qui ne pense qu'à dessiner, alors que ceci est interdit dans sa religion. Quand le père décède, Elie s'enfuit et part pour Venise, où les peintres sont reconnus. La ville va le reconnaître à son tour comme un grand artiste. Mais quand on découvrira la Cène qu'on lui avait commanditée, on va découvrir en même temps qui il est vraiment : le Judas, le Juif, le menteur qui a toujours caché ses origines. le verdict est alors sans retour : pendaison et autodafé de son oeuvre. Ce n'est pourtant pas la fin de cette histoire, pleine de rebondissements...
Les techniques picturales de l'époque sont bien expliquées et on n'a aucun mal à imaginer les oeuvres décrites. Une ouverture donc sur la peinture mais aussi sur les religions.
Et encore une fois, on prend conscience que les hommes savent vivre en paix malgré leurs croyances diverses. Seuls quelques hommes, souvent les plus aisés, engendrent la haine et se servent de la foi pour instaurer leur pouvoir.
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Quand l'art du roman historique se mêle àl'amour de l'art: l'auteur nous invite à un voyage au début du XVI° siècle entre Constantinople, ottomane depuis peu, et Venise splendide mais déjà décadente autour d'un peintre dont on souhaiterait qu'il ait vraiment existé. Metin Arditi nous montre que les mots peuvent caresser la peinture comme le vent peut faire resplendir ke feuillage d'un livre. Superbe!
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