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EAN : 9782956178217
Editions Jou (13/03/2019)
4.5/5   4 notes
Résumé :
AGORA ZÉRO est un court roman écrit à quatre mains, une plongée au coeur de la « nouvelle civilisation » rêvée par les libertariens de la Silicon Valley. C’est aussi une histoire de fantômes : ceux de l’ancienne Athènes, où le procès truqué des stratèges des Arginuses, préfiguration de la condamnation de Socrate, sept ans plus tard, contribua à la défiance manifestée par les philosophes grecs envers leur démocratie, à quoi ils opposèrent une conception déjà « cybern... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai lu pas mal de science-fiction et ce qui me frappe, aujourd'hui, c'est que le "progrès" avance si vite que beaucoup de livres étiquetés "SF" s'inspirent en fait de réalités existantes. Si vous cherchez "seasteading" sur Internet vous trouverez plusieurs projets de construction de cités autonome sur les océans d'inspiration libertarienne (l'idéologie dominante de la Sillicon Valley) qui sont en cours, au moins sur le papier. En plus du style original qui résulte du mélange inhabituel de deux plumes, le livre adopte un angle particulier, c'est à dire suivre un héros pas forcément positif qui est prêt à s'embarquer dans un projet d'esprit pas très démocratique et de laisser le lecteur juger par lui-même. Les arguments inverses sont incarnés pas son ex-copine qui a rompu avec lui à cause de ça (les deux travaillaient avant sur des projets communs) et de son engagement aux côtés d'un entrepreneur-gourou nommé Eon, toute coïncidence avec un milliardaire existant ou ayant existant est une pure coïncidence... Dans les quelques personnes que je connais ayant lu ce livre paru chez un éditeur assez pointu, ceux qui ont modérément aimé ont surtout regretté qu'il s'achève sur plusieurs fins possibles, ceux qui ont le plus aimé ont eux apprécié surtout les flashbacks dans la Grèce antique redécouverte à travers un mystérieux jeu vidéo.
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Heurs et malheurs d'une démocratie et d'une humanité en obsolescence programmée, de l'antique bataille des Arginuses aux fantasmes contemporains d'îles artificielles pour milliardaires entrepreneurs.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/03/18/note-de-lecture-agora-zero-eric-arlix-frederic-moulin/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Au commencement étaient les corps. En plein petit-déjeuner, Alex les voit, pathétiques, dérivant dans l’immensité noire de l’espace, vomis en grappes par les flancs de vaisseaux éventrés. D’une obscurité glacée l’autre, les mots ont muté depuis les temps lointains où Athéniens et Spartiates s’affrontèrent sur les flots rougis de la mer Égée. Difficile pour Alex de penser au mot « vaisseau » sans entendre résonner dans sa tête « J’ai vu des choses que vous autres ne croiriez pas. Des vaisseaux en flammes sur le baudrier d’Orion. J’ai vu des rayons cosmiques scintiller près de la Porte de Tannhäuser. Tous ces instants seront perdus… dans le temps… comme les larmes… dans la pluie. » Pourtant, Eon l’a dit, pourquoi se gargariser d’immensités intergalactiques quand ces mêmes profondeurs liquides dont les trières de l’Antiquité égratignaient juste la surface sont là, riches de possibilités renouvelées, à portée de main ? Alors qu’un nuage gigantesque de pollution englobe déjà la mégapole, Alex contemple ce spectacle sur sa terrasse, comme l’on admire une carte postale aux couleurs saturées par le temps, son lait de soja survitaminé en main, les yeux fixés sur ce nuage qu’il se plaît à considérer à ce moment précis comme une entité extraterrestre infligeant à ses prisonniers une torture douce et lente depuis des décennies. L’hélicoptère qui le transportera d’ici quelques heures devra s’extraire de ce nuage. Alex voit les visages, ou plutôt le visage, il distingue parfaitement le scintillement des globes oculaires figés à la surface d’une mer qui n’est pas d’huile, les bouches de cette unique face blême semblable au ventre mou d’un poulpe, yeux préhensiles et bouches-ventouses confondus. C’est le visage du peuple lorsqu’il crie vengeance qu’Alex perçoit. Il ne peut faire refluer ces images, ces corps, ces visages. La bataille des Arginuses fut l’un des plus éclatants succès militaires de l’histoire d’Athènes, épisode d’une guerre qui depuis plus d’un quart de siècle opposait la cité qui inventa la démocratie à Sparte et ses alliés. Pour toute récompense, les généraux commandant la flotte athénienne lors de cette victoire se voient limogés, au motif d’avoir manqué à leurs devoirs envers le peuple. Alex se l’est si souvent répétée, si souvent représentée, toujours à peu près de la même manière, cette histoire croisée par hasard et devenue sienne tant elle paraît cristalliser son engagement, son dégoût de la démagogie, de la vulgarité, des turpitudes de la politique. Mais jamais auparavant ne lui est venu à l’esprit qu’à force d’être ressassée, jour après jour racontée à qui veut l’entendre, une telle histoire pourrait insidieusement acquérir un sens différent, se trouver retournée comme un gant, contre lui, à la façon d’un chien fidèle qui un jour, sans avertissement, sans raison apparente, va mordre la main de son maître.
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À la descente du bus, Alex se retrouve face à cinq agents de sécurité qui inspectent les badges et les autorisations de mobilité, ce n’est pas un check-point mais un contrôle aléatoire comme il en existe plus souvent désormais, un drone filme la scène. Alex subit un scan rétinien puis lève les bras, l’agent face à lui n’émet aucun signe particulier, froid et concentré, il s’assure qu’Alex n’est pas un potentiel terroriste ou encore pire un journaliste sans accréditation. Habitué aux usages des zones franches, Alex n’est pas dupe de ce caractère « aléatoire » des contrôles, il sait que s’il était descendu du bus en chemin, dans le quartier géré par Bayer, dans celui géré par Typco, dans celui concédé à telle autre corporation partenaire d’UToPIE par un gouvernement exsangue, il aurait très certainement été plus ou moins discrètement contrôlé. Tacitement, il faut être une personne ayant une raison d’être là, une fonction, une utilité, faire partie du paysage, ce qui n’est pas encore son cas.
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Alex fixe la boîte de bêtabloquants qu’il va peut-être utiliser avant de partir de chez lui, sa bataille du jour, ce rendez-vous qu’il attend depuis des semaines pour finaliser la présentation et la vente de son algorithme révolutionnaire, c’est maintenant. Le mur du salon-cuisine s’illumine et soudain il est là : l’homme qu’il va rencontrer dans trois bonnes heures, le Sphinx désormais bienveillant posté au seuil du futur d’Alex. Il s’agit de l’un de ces talk-shows pour lêve-tôt. Affable, ignorant les attaques fielleuses de ces derniers mois, Eon Hayek-Coriolan, le CEO libertarien de la multinationaleUToPIE, s’exprime en toute simplicité :
– Je suis en train de construire une maison… J’étais seul quand j’en ai esquissé les plans… Aujourd’hui nous allons modifier la maison. Elle va recevoir une famille. Comme tous ceux qui font construire une maison, je veux que la mienne soit en harmonie avec son environnement et ceux qui l’habiteront.
– Une maison d’une certaine taille tout de même, ironise sans méchanceté la journaliste star qui semble sous le charme, consciente du caractère sincère et sans détour de son interlocuteur, puisque votre île artificielle, portant le même nom que votre entreprise, UToPIE, va accueillir d’ici quelques semaines plusieurs centaines de vos employés, certains accompagnés de leurs familles. Pouvez-vous nous réexpliquer pourquoi, d’après vous, UToPIE constituerait le futur de notre civilisation ?
Il le peut, naturellement.
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Alex voit les visages, ou plutôt le visage, il distingue parfaitement le scintillement des globes oculaires figés à la surface d'une mer qui n'est pas d'huile, les bouches de cette unique face blême semblable au ventre mou d'un poulpe, yeux préhensibles et bouches-ventouses confondus. C'est le visage du peuple lorsqu'il crie vengeance qu'Alex perçoit. Il ne peut faire refluer ces images, ces corps, ces visages. La bataille des Arginuses fut l'un des plus éclatants succès militaires de l'histoire d'Athènes, épisode d'une guerre qui depuis plus d'un quart de siècle opposait la cité qui inventa la démocratie à Sparte et ses alliés. Pour toute récompense, les généraux commandant la flotte athénienne lors de cette victoire sont limogés, au motif d'avoir manqué à leurs devoirs envers le peuple.
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Sur la terrasse du laboratoire Eon balaie d'un geste la fine ligne sombre à quoi se réduit, vu d'ici, le continent, ce geste est aussi à prendre au sens figuré, balayer du revers de la main toute objection, comme pour renvoyer définitivement à son néant la foule accusatrice et menaçante, celle aussi qui a trop longtemps hanté les cauchemars d'Alex... "On dit de moi que j'ai bâti un empire du virtuel, au contraire sur UToPIE nous allons accomplir de grandes choses, et les accomplir dans le monde réel! Si quelqu'un vit dans le monde virtuel, c'est eux, là-bas, la masse des gens ordinaires, tandis qu'ici nous avons le luxe de pouvoir préférer le monde, le vrai."
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