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EAN : 9782356874337
270 pages
Editions Le Bord de l'Eau (13/01/2016)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
À l’heure où les sociétés française et allemande sont agitées par des tensions relatives à leurs minorités et travaillées par les angoisses liées à l’intégration, au fondamentalisme religieux et au communautarisme, qu’en est-il vraiment ? Dans chacune de ces deux sociétés vieillissantes, ces questions se posent avec une acuité toute particulière en ce qui concerne la jeunesse, notamment lorsqu’elle est relativement pauvre et vit dans des espaces relégués.
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L'auteure au joli nom de Maïtena Armagnague-Roucher est maître de conférence en sociologie à l'université de Paris Lumières, plus précisément à l'INS/HEA (Institut National Supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes Handicapés et les Enseignements Adaptés), après s'être distinguée en sortant majore, chaque année de sa promotion, à l'université de Bordeaux. Elle s'est spécialisée dans les domaines de la jeunesse urbaine vulnérable et la scolarisation/éducation des immigrés.
"Une jeunesse turque en France et en Allemagne" est issu de sa thèse de doctorat en sociologie et soutenu par des institutions publiques françaises et allemandes. Cette oeuvre est prefacée par le professeur François Dubet, spécialiste de la marginalité juvénile, et l'auteur de "La galère : jeunes en survie".

Dans cette analyse rigoureuse Maïtena Armagnague-Roucher compare les Turcs de Bordeaux à ceux de Hambourg. Un exercice ambitieux mais difficile, complexe mais révélateur, dans la mesure où les résultats de son entreprise remarquable transcendent les multiples généralisations et préjugés existants. Un ouvrage dont la lecture n'est évidemment pas simple, mais qui, selon moi, mérite amplement l'effort.

Il y a moult facteurs à considérer : la date d'arrivée de ces émigrés dans ces 2 villes, leur origine citadine (Istanbul, Ankara, Izmir...) ou rurale ( l'Anatolie occidentale ou même orientale), leurs capacités de travail, souhait ou non d'assimilation, convictions religieuses etc. de l'autre côté, il y a les politiques nationales (et en Allemagne même régionales) en matière de réception et d'accompagnement des immigrés.
Une grande différence par rapport aux Turcs arrivés dans ces 2 pays constitue leur nombre : l'Allemagne en compte 2.280.000, contre 221.000 en France. Autre différence notoire : en Allemagne il existe 47.000 entreprises turques contre 4.700 en France, soit un 10ème. Il convient bien sûr de nuancer ces chiffres par le fait qu'en Allemagne les Turcs constituent la première minorité ethnique, ce qui n'est pas le cas en France.

Sans vouloir répéter mes considérations sur Erdogan-le-Magnifique (voir ma critique du 19/7 relative à "Le silence même n'est plus à toi" de son homonyme Asli), il est incontestable que sa politique constitue un élément perturbateur grave pour les Turcs hors de leur territoire et les autorités des pays où ils se sont établis. Il n'y a qu'à regarder ses diatribes ridicules à l'adresse d'Angela Merkel et l'Allemagne. Ainsi, l'aspirant- sultan rend, par exemple, la vie infernale à une Cansel Kiziltipe, membre socialiste du Bundestag, qui se bat à Kreuzwald/Berlin, où il y a une forte concentration de Turcs, pour des loyers raisonnables. Ces réflexions sont miennes et ne font pas partie de l'ouvrage pondéré de Mme Armagnague.

La valeur de l'ouvrage pour les non-initiés réside dans les nombreux interviews de Maïtena Armagnague-Roucher avec les immigrés turcs. La multiplication des témoignages précis sur des aspects précis de la vie de ces immigrés permet de se faire une meilleure idée de leurs conceptions d'existence ainsi que de leurs expectations de "Turcs de l'extérieur" comme très souvent ils se définissent eux-mêmes.

La plupart vit dans un monde relativement clos, essentiellement limité à la communauté turque dont eux et leur familles font partie. Cette réalité est d'autant plus marquée si leurs familles sont originaires de l'Anatolie profonde, où le poids de l'islam est puissant. Les contacts avec les Français sont limités du fait même des nombreux tabous et interdits inhérents à leur religion. L'exemple classique se situe au niveau des fréquentations entre jeunes. L'avantage d'un monde clos se manifeste par une très grande solidarité et système d'entre-aide. Par exemple dans les entreprises turques. le revers de la médaille se situe bien sûr sur le plan des perspectives, somme toute, plus limitées, particulièrement dans le domaine professionnel et plans de carrière.

Les 2 grandes différences à Hambourg, qui compte 60.000 Turcs, par rapport à Bordeaux, est d'une part une plus grande participation des jeunes dans la vie économique locale et d'autre part une plus forte influence des fameux Loups Gris sur les jeunes. Nous nous souvenons tous de la tentative d'assassinat du pape Jean-Paul II par le loup gris Mehmet Ali Ağca en mai 1981 à Rome. Il est clair que ce mouvement anti-socialiste, néo-fasciste et anti-Kurdes, (Bozkurtiar en turc) a un effet néfaste, dans le sens de la radicalisation.

En Allemagne, 2 livres - traduits en français - ont envenimé le débat, car récupérés et exploités par la droite. Il s'agit de "La fiancée importée" de Necla Kelek, où il est question de mariages forcés et "La traversée des flammes" de l'avocate Seyran Ates, qui a failli être tuée par un loup gris.

Dans une aimable lettre, Maïtena Armagnague-Roucher a attiré mon attention sur un excellent article de la chercheure Isabelle Rigoni du Centre Émile Durkheim, paru dans le Monde, et qui, bien entendu, constitue une analyse autrement professionnelle que ma critique d'amateur. Article que je vous recommande de lire tout en remerciant l'auteure pour ce supplément d'information. http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/05/l-ascenseur-social-fonctionne-mieux-en-allemagne-qu-en-france_4914353_3232.html.
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