Ce n'est pas la première pièce de théâtre que je lis sur
la mythologie grecque et plus particulièrement sur l'Iliade et l'Odyssée : au lycée, j'avais ainsi étudié Oedipe et
Antigone de
Sophocle mais également, Andromaque et Iphigénie de Racine ou
la Guerre de Troie n'aura pas lieu de
Giraudoux. J'avais également été voir à 12 ans une adaptation de l'Odyssée et l'année dernière, la pièce Ithaque sur le retour d'Ulysse dans son île natale. Cette pièce
Paris, le choix des autres de Mathieu ARNAUD s'inscrit tout naturellement dans la même lignée.
Ici, le personnage central est Paris, abandonné par ses parents Priam et Hécube, souverains de Troie, à cause d'une prophétie catastrophique et recueilli par un berger. Il sera choisi par les Dieux Apollon et Hermès pour désigner une des trois déesses Héra, Athéna et Aphrodite comme la plus belle et lui offrir par la même occasion une pomme d'or. Aphrodite, qui lui promet l'amour d'Hélène, femme de Ménélas et reine de Sparte, est choisie par Paris. Entre temps, ce dernier, reconnu par ses vrais parents et ses frères et soeurs, s'embarque pour la Grèce et rencontre la belle Hélène. Tombant éperdument amoureux l'un de l'autre, ils s'enfuient à Troie ne tardant pas à déclencher une terrible guerre entre les Grecs et les Troyens.
La lecture de cette pièce de théâtre a été très agréable pour moi car elle reprend parfaitement bien les codes de ce genre littéraire. Et surtout, on sent que l'auteur a une très grande connaissance de
la mythologie grecque, notamment en reprenant les symboles comme la déesse à la colombe pour désigner Aphrodite, au paon pour Héra et à la chouette pour Athéna. La bibliographie à la fin de la pièce est là pour en attester : j'ai ainsi retenu que l'auteur avait utilisé l'excellent ouvrage de
Pierre GRIMAL sur la mythologie.
Mais, si Matthieu ARNAUD reprend les codes traditionnels du théâtre sur la mythologie, il lui insuffle également beaucoup de nouveauté.
- le titre de la pièce en atteste :
Paris, le choix des autres. La responsabilité de Paris et Hélène dans le déclenchement de la Guerre de Troie est ainsi atténuée. L'auteur trouve d'autres responsables que ces amants maudits comme les Dieux avec Discorde qui se venge de n'avoir pas été invitée à un mariage, les trois Déesses qui se battent pour savoir qui sera la plus belle, Apollon qui règle ses comptes avec Cassandre. Les parents Priam et Hécube sont également mis en cause : s'ils n'avaient pas abandonné leur enfant, il n'aurait pas été choisi pour être juge, etc…
- de plus, l'auteur a l'intelligence, de ne pas reprendre le déroulement de la Guerre de Troie que tout le monde connaît mais de l'aborder de manière neuve avec l'accueil aux Enfers des héros tombés sur le champ de bataille, par Hadès afin de démontrer toute l'absurdité de ce conflit.
Enfin, je finirai par un petit point négatif : l'adaptation de cette pièce de théâtre me paraît difficile. Certes, le texte est beau et bien écrit. Néanmoins, pas moins de quarante personnages se succèdent dans les cinq actes : dieux et déesses, Grecs et Troyens, Satyres et nymphes, etc… Et certains personnages se déguisent comme Apollon et Hermès en garde du palais. J'ai peur que pour le spectateur cette succession de personnages ne soit à terme un peu nébuleuse.
En conclusion, il s'agit d'une pièce de théâtre très agréable à lire à défaut de m'imaginer la voir un jour sur scène. de prime abord, elle semble très traditionnelle mais l'auteur a su lui insuffler un nouveau vent de modernité. Je remercie ainsi les éditions Il était un ebook et Babelio de m'avoir fait découvrir cette pièce.