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EAN : 9782706719158
144 pages
Salvator (13/02/2020)
4/5   4 notes
Résumé :
Le transhumanisme nous fascine. Sans doute parce qu’il se cache encore dans les brouillards de la fiction technique, médicale, sociale, savamment orchestrée et diffusée par ses promoteurs. Mais aussi parce qu’il est puissamment enraciné dans les désirs les plus humains, voire les plus biologiques qui soient : profiter de la santé du corps, échapper autant que possible aux souffrances physiques et psychologiques, atteindre en pleine forme un grand âge, peut-être même... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jacques Arnould est titulaire d'un diplôme d'ingénieur agronome, d'un doctorat en histoire des sciences et d'un doctorat en théologie. Il est par ailleurs chargé des questions éthiques au Centre national d'études spatiales. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le rapport de la science et de la foi. Avec ce nouvel essai, il questionne la théologie chrétienne en la confrontant aux « prétentions transhumanistes ».



Ces dernières années, il semble que le transhumanisme ait trouvé un large public. Il fascine certains, en inquiète d'autres. Son succès médiatique peut se mesurer à la quantité importante d'ouvrages, d'articles, de films et de reportages qui lui sont consacrés. Dès les premières lignes, Arnould rappelle que « fasciner vient du latin fascinare, charmer, jeter un sort ». Il poursuit en développant son propos de la manière suivante : « le vide nous fascine, il nous attire et, dans le même temps, nous tient à distance ». Arnould admet que « la beauté, le savoir, l'autorité exercent sur nous un semblable pouvoir : nous les admirons, nous les recherchons mais, si leur manifestation atteint des proportions inhabituelles ou excessives, nous prenons peur ».



Par principe, les questions de la vie, de la mort, de l'éternité obsèdent les Hommes depuis la nuit des temps. Des réponses, parfois satisfaisantes, déprimantes ou révoltantes ont été apportées. Il semble que le transhumanisme souhaite aussi proposer sa contribution à cette tentation post-humaine. Cette dernière entend ne pas se soumettre aux lois de la nature car elle en veut toujours plus. Selon l'auteur, il ne fait aucun doute que le « transhumanisme nous fascine ». A titre personnel, cela n'a jamais été le cas : je n'approuve nullement cet engouement pour cette idéologie. Effectivement, je considère qu'il s'agit d'une nouvelle idole intellectuelle qui apportera à ceux qui espèrent en elle beaucoup de déceptions…



Pour quelles raisons le transhumanisme fascine-t-il ? Arnould pense que « malgré les progrès des sciences et des techniques, il se cache encore dans les brouillards de la fiction technique, médicale, sociale, savamment orchestrée et diffusée par ses promoteurs ». Cette explication nous paraît réellement pertinente, mais elle doit être complétée par le propos suivant : « Il est puissamment campé et enraciné dans les désirs les plus humains, voire les plus biologiques qui soient, comme profiter de la santé du corps, échapper autant que possible aux souffrances physiques et psychologiques, atteindre en pleine forme un grand âge, peut-être même jouir de l'immortalité ».



Etant donné que nous ne vivons plus depuis longtemps dans une société chrétienne, les gens méconnaissent la transcendance et ne savent donc pas que notre vie ici-bas doit nous préparer à la vie éternelle. A bien y regarder, des gens qui ont peur de la mort, sont en réalité déjà morts dans leur âme et leur coeur. Une vie pauvre sur le plan spirituel conduit inévitablement à ce genre de vaines vaticinations : vouloir devenir un surhomme par le biais de la cybernétique ou de la technologie revient à nier l'essence fondamentale de l'Homme et de la Femme, créés librement et par amour selon la volonté du Très-Haut.



Arnould pose une question lourde de sens : « Aujourd'hui, possédons-nous des raisons suffisantes de nous montrer moins inquiets, plus frivoles ? ». La logique voudrait que l'on répondît oui sans la moindre réserve - notamment pour la première partie de la question - car nous avons la religion et l'expérience que nous offre la longue histoire humaine. de plus, en Europe de l'Ouest, nous avons atteint un confort de vie et une sécurité auxquels nos ancêtres n'auraient jamais pensé, même dans leurs rêves les plus audacieux. Mais apparemment, cela ne suffit pas : les gens ne sont jamais rassurés ou rassasiés. C'est logique ! Il leur manque l'essentiel…



Ainsi, ils ne sont pas rares ceux qui estiment que « nous sommes entrés dans un siècle de menaces ». Beaucoup ont prédit la fin du monde par une invasion extraterrestre, une collision avec un astéroïde, voire même par une guerre nucléaire. de nos jours, certains parlent aussi d'un risque écologique ou environnemental qui détruirait la planète et mettrait l'Humanité en péril. Et je ne mentionne pas les collapsologues et autres adeptes du chaos politique ou économique…



Le projet des transhumanistes se montre très différent. Ils veulent de manière assumée la fin de l'Humanité, car ils désirent « une modification tellement avancée de notre humanité que celle-ci finirait par disparaître ». L'auteur écrit : « Je ne doute pas un instant que nos premiers parents l'aient déjà entendu dire par ceux qui, en ces temps préhistoriques, faisaient office de prophètes de malheur », car à toutes les époques, le mauvais refrain de l'humanité en danger d'extinction a été chanté. La voie est donc toute tracée : pour dépasser les limites de l'humanité, et prétendument la sauver en la faisant se dépasser grâce à nos techniques, les transhumanistes se proposent de la détruire.



Cette volonté de métamorphose est véritablement effrayante : « L'idée d'une telle humanité tellement modifiée, manipulée, transformée qu'elle en deviendrait immortelle, le projet d'intelligences, de consciences humaines qui seraient extraites, transportées puis chargées dans des ordinateurs ou d'autres systèmes indemnes des limites du corps biologiques » devrait rebuter tout le monde. Ce n'est pas le cas, car la quête de l'immortalité sur terre aiguise les appétits et fait tourner les têtes.



Néanmoins, cette idée nie l'étincelle divine qui nous anime, et elle soulève fondamentalement de grandes questions qui n'ont point échappé à Arnould : « Quel salut en attendre, dès lors que les hommes seraient eux-mêmes capables de se doter de pouvoirs jusqu'alors réservés aux dieux ou au Créateur ? » le résultat de ce projet ne souffre d'aucune équivoque : « Il semble n'y avoir guère de place, ni d'avenir, pour Dieu en Transhumanie ». Nous sommes en présence d'une énième attaque contre Dieu et sa Création.



Pourtant, la question du Salut reste probablement le sujet le plus important pour nous ici-bas. Les Hommes ne peuvent éviter cette réflexion, même s'ils sont nombreux ceux qui préfèrent ne pas y réfléchir ou vivre comme si elle ne s'imposait pas… Ce n'est pas pour rien que Jésus avait prophétisé : « Quand le Fils de l'Homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » Il convient de sans cesse rappeler que « l'existence et le devenir de l'humanité relèvent d'abord de la bonne et puissante volonté divine », tout comme « l'existence et la fin dépendent entièrement de Dieu et du lien que ce créateur a instauré entre lui et nous ».



Arnould affirme avec force l'idée suivante : « Je suis convaincu que le transhumanisme, rêvé ou engagé, offre une épreuve à l'humanité, celle de la nudité de l'être humain qui décide de prendre ses rêves, ses fantasmes pour la réalité future ». Il ajoute avec lucidité : « Dieu ne nous empêchera pas plus de transformer notre espèce qu'il n'a empêché Adam et Eve d'ignorer sa mise en garde, de prétendre transgresser, dépasser les limites qui étaient et sont encore celles de la nature ». En définitive, la logique initiale finit par s'inverser : « Dieu est nu face à nous les êtres humains » à cause de cet orgueil incommensurable…



En conclusion, nous affirmons à l'instar de l'auteur que « le transhumanisme ne nous révélera rien sur l'humanité que nous ne connaissions déjà ou, au mieux, que nous n'ayons déjà imaginé ». Finalement le transhumanisme n'est-il pas la version moderne de la tentation à laquelle succombèrent nos parents au Jardin d'Eden : « Vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que, le jour où vous mangerez du fruit de l'arbre, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » ?





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Cet ouvrage court mais dense de Jacques Arnould, scientifique et théologien, ne se veut être un jugement sur le transhumanisme mais a pour finalité de porter un regard sur Dieu. le livre débute par le mot : "fasciner" suivi quelques lignes plus loin par : "le transhumanisme nous fascine", et se termine par la question : "Et toi, que dis-tu, pour toi qui suis-je ? ", question que le Christ a posé à ses disciples. De l'affirmation d'un désir profondément humain ce livre nous amène à une interrogation incontournable. Ainsi réfléchir au transhumanisme ne peut faire l'impasse du questionnement sur la créature et par là-même sur le Créateur. Aussi l'auteur nous parle de Dieu. Qui est-il et qu'en est-il de sa relation avec l'homme ? Chaque chapitre prend appui de façon chronologique sur une citation biblique que Jacques Arnould développe, en bon théologien mais aussi avec modernité et humour, afin de nous éclairer et d'apporter des éléments nécessaires à notre réflexion. Sa pensée est logique, rigoureuse mais non exclusive, toujours bienveillante. Si le transhumanisme peut apparaitre comme une volonté de devenir comme des dieux, cette tentation n'est en soi nullement mauvaise, c'est aussi le projet du Créateur puisqu'il a créé l'homme à son image. Mais l'homme ne peut prétendre y parvenir par ses propres forces. Quant à l'immortalité, de tout temps l'homme en rêve, mais après tout n'est-ce pas aussi ce que Dieu lui offre.
C'est avec un réel intérêt que j'ai lu ce livre reçu lors d'une opération masse critique. Un grand merci à Babelio et aux éditions Salvator de me l'avoir fait découvrir.
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Peut il exister un plus grand antagonisme qu'entre le transhumanisme et la religion? La pensée encombrée par cette certitude à l'entame de ma lecture, je dois reconnaître la maestria de Jacques Arnould dans son approche. Aborder le transhumanisme avec comme effet miroir les textes bibliques...je trouve cela des plus subtils. Il eut été, à mon sens, encore plus intéressant d'intégrer d'autres religions.
Vous ne serez pas déçu...
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Vidéo de Jacques Arnould
Ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et docteur en théologie, Jacques Arnould s'intéresse aux relations entre sciences, cultures et religions, avec un intérêt particulier pour deux thèmes : celui du vivant et de son évolution et celui de l'espace et de sa conquête. Il a consacré plusieurs ouvrages et articles d'histoire ou de théologie au domaine du vivant. Suite à la poussée de fièvre créationniste en France, à partir de janvier 2007, il a été sollicité par différents milieux, scientifiques, pédagogiques ou religieux, pour informer les publics de l'existence des courants créationnistes, de leur histoire, des questions qu'ils posent à nos sociétés. L'année 2009, consacrée à Darwin, a montré comment les idées de ce savant et de ses successeurs continuent à interroger nos contemporains et les invitent à des interrogations plus philosophiques. Il est également expert éthique au Centre national d'études spatiales (CNES), un poste encore un peu unique dans le monde de l'astronautique. Pourtant, cela rejoint une vraie attente de la part du public, mais aussi des acteurs et des dirigeants, leurs motivations ne pouvant en effet plus être les mêmes qu'il y a quarante ou cinquante ans.
Conférence : Construisons-nous notre propre cachot ? 30 juin 2022, 16h - 16h45 — Amphi 34A
Paul Virilio était maître-verrier, mais il ne s'est pas contenté d'habiller de lumière le vide creusé dans nos édifices de pierre et de verre. Sa pensée, aussi élégante qu'une voûte gothique, aussi audacieuse qu'un voile de béton, a scruté, critiqué, analysé nos constructions techniques, sociales et politiques jusque dans leurs recoins les plus cachés, leurs fondations les plus fragiles, leurs zones les plus dangereuses. Il a rappelé la finitude de notre monde, ce cachot dont parlait Blaise Pascal ; il a dénoncé les dérives de la technologie, les excès de la vitesse ; il a annoncé les accidents, les catastrophes à venir. Il a aussi échafaudé des plans pour habiter le vide, pour construire le futur. Il avait pour devise : « Rien derrière, tout devant. »
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