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EAN : 9782226458285
176 pages
Albin Michel (03/02/2021)
3.6/5   5 notes
Résumé :
Dominicain défroqué, proclamant haut et fort la liberté de pensée en matière de science comme de religion, provocateur invétéré, Giordano Bruno (1548-1600) est sans doute la figure la plus fascinante de la Renaissance italienne. Il se fit le défenseur de Copernic et prolongea sa thèse, en soutenant l'idée qu'un Dieu infiniment puissant ne saurait créer qu'un univers infini, lequel, dès lors, ne saurait avoir de centre... Celui qui écrivait « Si Dieu te touche, tu se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une vie d'errance pour un personnage méconnu, que ce livre nous permet de connaître mieux et nous guide au coeur de ses pensées et réflexions

Ses contemporains lui accordent de posséder un cerveau exceptionnel et d'être pourvu d'une culture aussi riche qu'hétéroclite, le célèbre philosophe italien du XVIe siècle n'a pas tort de se qualifier lui-même de « fantôme » : sa vie fut pour l'essentiel une errance presque ininterrompue à travers l'Europe, de Naples à Rome, son ombre planant sur les villes de Genève, Toulouse, Paris, Londres, Marbourg, Wittenberg, Prague, Francfort, Padoue et Venise.

Les uns le considérant comme le dernier représentant de l'âge d'or de la Renaissance, les autres comme le premier des penseurs modernes et même, à en croire James Joyce, le "père de la philosophie moderne"

Troublant le lien entretenu par sa vie et son oeuvre avec le feu.
Naître près d'un volcan (à Nola près de Naples, lieu de naissance qui lui donnera d'ailleurs le surnom : le Nolain) et mourir sur un bûcher pourrait relever là encore des hasards d'une existence.
Et avoir entre-temps écrit : "Si Dieu te touche, tu seras un feu ardent" ou encore : "Mes espoirs sont de glace et de feu mes désirs", avoir prévu d'être accompagné au jour de sa mort par "une escorte de cinquante ou cent torches", sans oublier l'ardeur de son caractère, voilà d'étranges coïncidences

L'auteur découpe sa vie en 3 périodes :
l'homme blanc, ou le religieux studieux et déjà effronté de Naples ;
l'homme noir, ou le philosophe porteur d'une pensée révolutionnaire qui embrase les universités et les cours d'Europe ;
l'homme nu, ou le prisonnier de l'Inquisition qui tente de défendre ses idées plus encore que sa vie et meurt sur le bûcher à Rome.
Tout en ponctuant son ouvrage par la présentation des principaux éléments de la personnalité et de la pensée, théologique et philosophique, de Bruno.

Bruno vit à une époque troublée, bousculée : Tremblement de terre de 1562, peste de 1563, disette en 1565, nouveau tremblement de terre en 1570, un nouvel épisode de peste en 1576, découverte du Nouveau Monde, ère des grandes explorations maritimes qui ébranlent les sociétés et les économies, mais aussi les cultures et les certitudes européennes
Concile de Trente, la réponse de Rome aux mouvements de Réforme nés en Europe du Nord : le siècle de Bruno est aussi celui des sanglantes guerres de religion, du tragique massacre de la Saint-Barthélemy déclenché le 24 août 1572…

Quoi qu'il en soit, jamais son immense culture ne lui apparaît comme un gage d'honorabilité, ni comme un outil pour réclamer les honneurs et cueillir les titres : Bruno est un penseur de la Renaissance pour qui le retour à la littérature et à la philosophie des Anciens, leur étude méthodique, répétée, forcenée, leur confrontation aux sciences de son temps doivent convaincre ses contemporains comme il a été lui-même convaincu qu'en dehors de l'Église, des Églises et du christianisme ont déjà existé et existent toujours des pensées, des vies spirituelles, des quêtes mystiques qui ont leurs lois propres et leurs mérites. Il recherche, étudie, analyse, critique donc les doctrines les plus variées : pythagoricienne, platonicienne, aristotélicienne, plotinienne, averroïste, alexandrite, scolastique. Il les rapproche et les articule, les compare et les confronte avec une dextérité hors pair ; aucune d'entre elles ne le rebute, toutes l'intéressent, sans pourtant jamais parvenir à le contraindre, à l'attacher, à l'emprisonner, à le satisfaire.

Pourtant l'inquisition aura raison de lui, les juges auront à leur disposition le "sommario" un recueil des chefs d'accusations regroupés par thèmes (la liste est tout simplement ahurissante !!), suivent des compléments à propos de la vie de Bruno, de ses oeuvres, ainsi que ses réponses à certaines censures… et un dernier groupe d'accusations d'ordre scientifique et philosophique.
Après quatre-vingts mois d'emprisonnement, une trentaine de motifs d'accusation lui sont notifiés ; les archives du jugement ayant disparu dans les aléas de l'histoire du Vatican seuls 14 nous sont parvenus.
Une fois la sentence énoncée, il prendra une dernière fois la parole pour prononcer ces ultimes mots : « Maiori forsan cum timore sententiam in me feris quam ego accipiam (Vous portez contre moi une sentence avec peut-être plus de crainte que moi qui la reçois).
Ses cendres seront jetées dans le Tibre.

Et heureusement que des auteurs sont là pour nous le faire redécouvrir ou plutôt resurgir du néant et de l'infini où l'on a voulu le faire disparaître....
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Il trône en Italie sur le Campo de Fiori, une statue de Bruno Giordano qui déplu fortement aux voisin du Vatican, car elle est le symbole des esprits libres et rationnels face à une église sectaire assoiffée de pouvoir.

Bruno Giordano de son véritable nom Filippo Bruno est le trublion des frères dominicains au XVIème siècle. Moine par vocation car la contemplation semble lui parler, mais aussi par sécurité – Naples connaît à cette époque tremblement de terre et épidémie –, ainsi que par goût des études, de la philosophie et de la théologie, Bruno Giordano est un élève curieux de tout, au sein de l'université de Naples (une des meilleurs d'Italie).
Mais son intérêt pour toutes les idées, son rejet de quelques points du christianisme (Jésus ou encore la virginité de la Vierge), son esprit libre, font qu'il fait fi de la censure ecclésiastique et fait qu'il ne restera pas longtemps au coeur du couvent napolitain ni des suivants.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Même la Terre est animée au point que frère Giordano, plus franciscain que frère Francois d'Assise lui-même, s'inquiète: "elle ne doit pas apprécier qu'on lui creuse des grottes et des cavernes dans le dos" !
Et l'univers est lui-même un animal vivant et organisé, qui respire, qui est en perpétuel mouvement, qui se modifie sans cesse comme le visage d'un être éternel, d'une substance infinie et indivisible...
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Ignorant les démêlés disciplinaires de frère Giordano, les frères du couvent dominicain de Sainte-Marie-sur-la-Minerve, près du Panthéon, lui offrent l’hospitalité […]. Mais les nouvelles ne tardent pas à leur parvenir depuis le couvent de Naples ; aux soupçons d’hérésie à l’encontre du jeune professeur s’ajoute la découverte de livres dans le vase de nuit de la cellule du fugitif, des ouvrages interdits, comme ceux écrits par Érasme, dont il a osé lire les paragraphes défendus par la censure romaine en détachant la colle qui normalement les dissimule à la vue des pieux lecteurs, même diplômés en théologie.

p. 54.
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Les revendications humaines de se trouver au centre du réel, de posséder la seule vérité lui paraissent désormais superflues, exagérées. Le fuyard aux semelles de vent possède un esprit aux ailes les plus audacieuses…
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Que chacun compare ce qu’il veut à ce qu’il sait, ce qu’il veut et sait à ce qu’il peut, ce qu’il veut, sait et peut à ce qu’il doit, ce qu’il veut, sait, peut et doit à ce qu’il est, fait, possède et attend.
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Nam tangente Deo, fervidus ignis eris
Si Dieu te touche tu seras un feu ardent

Giordano Bruno
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Videos de Jacques Arnould (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Arnould
Ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et docteur en théologie, Jacques Arnould s'intéresse aux relations entre sciences, cultures et religions, avec un intérêt particulier pour deux thèmes : celui du vivant et de son évolution et celui de l'espace et de sa conquête. Il a consacré plusieurs ouvrages et articles d'histoire ou de théologie au domaine du vivant. Suite à la poussée de fièvre créationniste en France, à partir de janvier 2007, il a été sollicité par différents milieux, scientifiques, pédagogiques ou religieux, pour informer les publics de l'existence des courants créationnistes, de leur histoire, des questions qu'ils posent à nos sociétés. L'année 2009, consacrée à Darwin, a montré comment les idées de ce savant et de ses successeurs continuent à interroger nos contemporains et les invitent à des interrogations plus philosophiques. Il est également expert éthique au Centre national d'études spatiales (CNES), un poste encore un peu unique dans le monde de l'astronautique. Pourtant, cela rejoint une vraie attente de la part du public, mais aussi des acteurs et des dirigeants, leurs motivations ne pouvant en effet plus être les mêmes qu'il y a quarante ou cinquante ans.
Conférence : Construisons-nous notre propre cachot ? 30 juin 2022, 16h - 16h45 — Amphi 34A
Paul Virilio était maître-verrier, mais il ne s'est pas contenté d'habiller de lumière le vide creusé dans nos édifices de pierre et de verre. Sa pensée, aussi élégante qu'une voûte gothique, aussi audacieuse qu'un voile de béton, a scruté, critiqué, analysé nos constructions techniques, sociales et politiques jusque dans leurs recoins les plus cachés, leurs fondations les plus fragiles, leurs zones les plus dangereuses. Il a rappelé la finitude de notre monde, ce cachot dont parlait Blaise Pascal ; il a dénoncé les dérives de la technologie, les excès de la vitesse ; il a annoncé les accidents, les catastrophes à venir. Il a aussi échafaudé des plans pour habiter le vide, pour construire le futur. Il avait pour devise : « Rien derrière, tout devant. »
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