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EAN : 9782848767055
299 pages
Philippe Rey (17/01/2019)
4/5   1 notes
Résumé :
Né en 1972 au Canada d’un père juif et d’une mère protestante, dès l’âge de quatre ans, Elijah Ary fait des « rêves-souvenirs », à la suite desquels il cite des personnes, des noms, des lieux précis dans un Tibet lointain. Ces images et propos exceptionnels sont authentifiés par des maîtres bouddhistes et, à l’âge de huit ans, Elijah est reconnu par le Dalaï Lama comme la « renaissance » de l’érudit maître de méditation Guéshé Jatsé. Ces souvenirs seront vérifiés pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre, bien que d'une lecture aisée, s'adresse tout de même à des personnes quelque peu “introduites” au sujet(1) très délicat dont il est question ! En effet, pour celles qui n'ont aucune notion de cette tradition, cela paraîtra comme une curiosité ou des bizarreries, fantaisies folkloriques ou superstitions, voire pire : boniments de charlatans exploitant la bêtise, pour rester poli ... !
Pour notre part, ayant croisé l'auteur* de cet essai, dans son enfance* et par ailleurs ayant eu des contacts, pour certains très proches dans ces années en références 1983/86, avec nombre des “vénérables” personnages cités, plus ou moins connus aujourd'hui (ce qui n'était pas le cas à l'époque !), nous avons pu lire cette autobiographie en toute quiétude et une certaine connaissance de vécu de la chose.
Bien évidemment, notre statut de citoyen français lambda de très modeste condition, a donné à notre regard une perspective parfois divergente en certains points abordés par l'auteur, bénéficiant lui d'une situation humaine privilégié(p.267), à qui nous reconnaissons volontiers l'honnêteté dans son propos, la fraîcheur et la sincérité de son expression, et ce qui ne gâche rien, une fine intelligence de l'approche du sujet, ou nous avons nombre de vues très similaires sur une sorte de “mise au point”.
Pour l'ouvrage lui-même ... Bien des événements des plus fâcheux se sont produits dans et autour de cette institution “lamaïque” depuis sa parution janvier 2019, et ce n'est pas fini ! Ceci dit, cela n'enlève rien à la qualité de ce livre, bien au contraire !
Je tiens d'abord à préciser ma position concernant la fameuse (et prétendue ?) “réincarnation” ; les travaux de Eric R. Kandel (prof. biochimie - biophysique)** ont démontré que toutes les structures mémorielles du cerveau disparaissent lors du processus de fin de vie, et qu'il ne peut dans cet ordre subsister une quelconque mémoire individuelle ; si quelque chose subsiste, c'est d'un autre ordre, dans un autre mode de fonctionnement. En outre dans « MILAREPA » (traduction de Jacques Bacot, éd.Fayard ©1971, page 222 ) nous lisons ceci : Mila-djè parle – « … il n'est pas plus grande hérésie que cette croyance ! » (2)
Ainsi, la critique littéraire que je propose est sans ambiguïté dans son approche, et comme l'auteur, je m'efforcerai d'être au plus près de son écrit avec honnêteté.
Dans les paragraphes « Une famille secouée ! » et « Le problème Tenzin », E. Ary décrit très bien l'abyssal fossé entre les deux cultures et le télescopage qui s'est produit dans ces milieux en Occident, et qui perdure, hélas !
« Ce qu'ils [clergé institutionnel tibétain] accomplirent parfois en manquant de tact, sans chercher à comprendre ce que nous pouvions vivre. Faut-il y voir la manifestation d'un sentiment de supériorité, relatif à la hiérarchie traditionnelle distinguant le maître (ici, oriental) du disciple (occidental) ? Eux qui — quelque peu “chauvins”, il faut le dire — s'identifiaient au Saint Dharma, à protéger et maintenir à tout prix face à des étrangers, censés être plus ou moins ignorants... » (p. 172)
Ce passage, à notre avis, résume globalement la situation, l'ampleur des malentendus et incompréhensions qui ce sont cristallisés dés les années 80, dans des imbroglios parfois extrêmement dommageables, voir irrémédiables, qui ont justifié notre retrait et départ de ces milieux dés 1993, quand bien même certains “maîtres” (bien rares au demeurant !) sortaient du lot, le nôtre, enfin le “majeur” (que nous avait en son temps [en 84] recommandé Denise Desjardins, dans ces moments de : « porosité réciproque entre deux univers que tout séparait »), venait de décéder deux ans plus tôt, plus rien vraiment ne nous retenait, hélas !(3)
Elijah A. se positionne sur le mot “spirituel” et le différencie du terme “religieux”, dans un sens plus profond, universel, anthropologique (p.126). Précisant sa pensée, il stipule que si le “véhicule religieux” est utile, il n'est pas aussi important qu'on peut le croire et ne saurait légitimer en aucun cas l'emploi de la violence (p.174).
Exprimant son expérience de situations très douloureuses, il exprime le fait que le bouddhisme ne l'aidait absolument pas (p.120), et pour lui l'érudition pour l'érudition est vaine en ce domaine, « …rien qu'une sorte de masturbation intellectuelle » (p.122).
Sur la “méditation”, son avis est qu'il faut la pratiquer soi-même dans un long vécu intime de la chose, avant d'être éventuellement habilité à la transmettre, s'agissant avant tout d'une expérience, déplorant le mondain actuel en l'espèce : « …beaucoup prétendent guider autrui sans avoir d'abord acquis l'expérience nécessaire. » (p.125).
Dans des circonstances de santé difficiles l'auteur prend conscience des limites de ce mode de vie monastique, ne se sentant plus vraiment à sa place ; surpris et déçu devant les faiblesses, les abus, et les cas de corruption de ces milieux, il refuse de “faire l'autruche” déclarant à juste titre : « Comment séparer une religion de ses adeptes ? Une religion apporte beaucoup à une personne qui la pratique ; mais une personne apporte autant — en bien ou en mal — à la religion qu'elle a choisie. Autrement dit, si quelqu'un est violent ou corrompu, sa religion paraîtra elle aussi violente et corrompue. » (p.87/88)
En outre, il induit un lien signifiant entre l'institutionnel tibétain et ce qui se passait en Europe avant la sécularisation de la société, dans une tentation néo-réactionnaire(p.88) ; « Culture occidentale et culture tibétaine se heurtent en permanence. Par exemple au Tibet, il est habituel de corriger les enfants (et même parfois les adultes !), alors que les châtiments corporels choquent profondément à l'Ouest. » (p.171)
« À l'université, cependant, je sentais le “pont” entre l'Orient et l'Occident commencer à prendre forme et consistance en moi. J'étais convaincu que la meilleure façon de transmettre le bouddhisme ici n'était pas de prendre place dans un centre du Dharma, où j'aurais été mis automatiquement en position de maître, avec des “disciples” se prosternant au moindre de mes mots. Non, je ne voulais pas être mis sur un trône et révéré de la sorte. II faut dire que, depuis mon retour d'Inde, j'éprouvais un certain désenchantement envers le monde tibétain et ses traditions ; jusqu'à un certain rejet de l'atmosphère des centres qui s'en réclamaient ici. J'y avais passé tant de temps durant mon enfance que cette expérience me pesait désormais. Une sorte “d'overdose”, j'imagine... » (p.101)
Égratignant au passage le psittacisme régnant, il appelle à garder l'indispensable esprit d'ouverture et à développer un esprit critique constructif (p.113), ce qui, d'expérience, n'est pas vraiment le propre de l'ambiance dans les lieux où est diffusé “ce lamaïsme” en nos contrées !
D'ailleurs, dans les paragraphes « De la “supériorité” des moines et du dégoût de la vie de famille » et « Enfanter : “propager la souffrance” » , l'on peut dire que nous avons été servis, en matière de mépris, de perceptions et projections négatives assassines, et ceux-ci jusque dans des actes(4), et nous ne savons certainement pas tout ! Nous en avons assumé les conséquences rédhibitoires, et tiré les douloureuses conclusions alors, et encore de nos jours  !

Le cadre institutionnel étant décrit, nous abordons l'objet central de cette biographie :
«  Oui, l'idée même de tulkou — et a fortiori les pratiques, institutions qui en découlent — est des plus tibétaine ! » (p.163), “quid” l'arrivée de l'Inde au Tibet historique vers le VIIe siècle des enseignements bouddhiques ? En effet l'institution des “tulkou” débute au XIIIe siècle avec Karma Pakchi (1204-83). Les transmissions ont bel et bien eu lieu tout au long de cinq siècles, avec certes des périodes plus ou moins fastes, mais de “tulkous” formels institutionnalisés, point ! le bouddhisme Vajrayana se véhiculait dans une relation de maîtres à disciples comme en Inde, et il en était de même dans la religion Bön animiste pré-bouddhiques proche de la région historique des “shaman”***, pendant des siècles.
— « Parmi les valeurs et croyances pré-bouddhiques, je pense notamment à la notion du “la”, en tibétain, proche de ce que nous appelons “âme” en français. Quand quelqu'un se montre atone, déprimé, son entourage (même bouddhiste) dira volontiers que son la est “sorti” de lui, à cause d'une grande frayeur, par exemple, ce qui le rend malade. On demandera à un lama compétent de faire un rituel pour ramener le “la” dans le corps de la personne... On retrouve une conception semblable dans différentes religions traditionnelles, chamaniques ou animistes. On peut se demander si le concept de tulkou ne relèverait pas d'une sorte de fusion entre, d'une part, l'anatman proprement bouddhique venu d'Inde et, d'autre part, cet ancien “la”, proprement tibétain. » (p.162/63)
La question qui peut éventuellement se poser est de savoir si cette forme très spécifique et particulière du “bouddhisme tibétain” institutionnel est assimilable en Occident actuel ? Trinlay Ananda Massoubre livre son avis : « Non, je ne pense pas que l'institution des “tulkus” soit indispensable au Dharma. Au Tibet, les Tulkus préservaient la succession grâce à cette institution ; dans les monastères, le patrimoine matériel et spirituel, les richesses des terres, les bâtiments, l'argent etc. [...]
Au Tibet les Tulkus avaient un crédit, une réputation, un prestige et des droits incroyables ! Ce point de vue est tout à fait discutable... Surtout beaucoup de “tulkus” jouaient un rôle politique dans la vie de la région du pays. »(5)
Nous sommes devant une problématique à résoudre, mais qui se heurte à des “impossibles” institutionnels de « raisons d'État en exil » ! C'est le “statu quo ante” …
Corine Sombrun, dans « La Diagonale de la Joie » (p.281) donne des orientations à l'étude actuellement dans les neurosciences(6), qui vont dans le bon sens, et ne vont pas vraiment dans celles, hypothétiques, d'une “re-naissance” d'une personne ayant déjà vécu. Cette perspective limite à notre sens, la notion de « libération de l'esprit-résidant » dont parle Lama Thoubten Yéshé (1935-1984), à une contrainte dans le temps, l'espace, d'un organisme biologique.
Il apparaît assez clairement que ce phénomène décrit, ici par E. Ary comme ; « Notre rencontre avait donc déclenché quelque chose en moi de spécifique, une sorte de “flashback”, un rappel de la mémoire d'une autre vie. Toujours est-il qu'après ce déclic, tout un processus s'est mis en route. » (p.26), se développe toujours dans le cadre de “rencontres”, avec une/des personne(s), un lieu, etc..., un “support” tangible, une structure organique(7). de là à y voir une corrélation, qui plus est une preuve, de la doctrine “réincarnationniste”, c'est vouloir faire rentrer dans un vase clos la porosité de l'universalité de la spiritualité de l'homme et de son Humanité depuis ses origines, la vastitude confinée dans un réduit ! (L'anecdote p.78/79, est quelque peu bancroche … !) de notre point de vue c'est essayer de vouloir faire rentrer dans un cadre doctrinaire un phénomène sans doute plus “naturel” dans certaines conditions, qu'on pourrait le penser de prime abord ...
Ceci va nous conduire vers une forme de conclusion, car il en faut bien une tout de même !
« La religion est moins importante que l'expérience qu'elle nous offre, que les fruits qu'elle procure. Comprendre cette réalité nous protège des sectarismes, intégrismes, fanatismes, axés sur le seul bateau au point d'empêcher la traversée ! Par ailleurs, toutes les religions nous poussent à dépasser notre condition d'humains ordinaires. À chercher au-delà de notre expérience habituelle, parce que nous en avons le potentiel. Selon les religions, la traversée est possible, c'est même leur raison d'être que de la faciliter. Les diverses façons — également légitimes — d'envisager cette aventure reflètent leur pluralité. » (p.187)
Pour autant, l'auteur observe que le discernement doit nous guider dans la recherche d'un équilibre qui nous est propre à fin de maturer dans notre approche spirituelle. Ce qui nous différencie dans nos traditions est aussi digne d'intérêt que ce qui nous rapproche, dans un échange qui nous remet en question au quotidien, sous peine de nous figer, et de passer à côté d'enrichissements qui nous aident à apprécier qui nous sommes vraiment. Cela demande évidemment d'être à l'écoute (Avalokiteshvara/Tchenrézig, le bodhisattva de l'écoute profonde), de la générosité d'aller vers l'autre, sans rien perdre de la lucidité qui nous anime.
Que : en tout état de cause, « ... on n'a pas besoin d'être reconnu comme “tulkou” pour faire du bien en ce monde... »(p.287), et que « … être un “tulkou” n'implique pas forcément de se montrer exceptionnel, ni de mener une vie hors du commun. Nous l'oublions tous trop souvent. »(p. 281)
Elijah A. que nous avons eu grande satisfaction à lire présentement, estime p. 57, en parlant de ses parents, qu'ils avaient « ...une confiance un peu excessive, du moins selon nos critères actuels. » ; il faut quand même préciser qu'à l'époque, il existait, du moins en France, peu de documents sérieux concernant le Tibet et les Tibétains, Arnaud (et Denise) Desjardins avec les documentaires et livres des années 70, leur apportaient une caution, sans doute valide dans leur expérience, mais qui bien sûr ne pouvaient prévoir les développements qui ont suivis, il a fallu attendre la fin des années 80, où commençait à circuler des informations sérieuses, la revue « Lungta »(8) en particulier. Et puis il y a eu « Les Rencontres d'Assise » en automne 1986, et celles de la « Côte de Jor » en Dordogne en été 1991, tout ces évènements étaient assez enthousiasmants(9), le « Mur de Berlin » était tombé en 89 ! Hélas, tout cela n'a pas suffit pour sortir de la logique darwinienne de la lutte “tous contre tous” du Néolibéralisme, dans un élan de “réactionnaires” sur le retour !
Quand aux “centres du Dharma” tibétains en France, leur collégialité d'apparence s'est révélée au fil des décennies assez “toxique” dans une grande majorité des cas, nous ne pouvons donc qu'acquiescer l'auteur dans ses orientations de vie courageuses et innovantes, que nous partageons tout à fait également, depuis de nombreuses années dans notre propre existence !
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(1) des protocoles d'études en neurosciences envisagent d'approfondir les connaissances dans ce domaine. L'épigénétique et sa réversibilité laisse un champ de possible à ce genre de phénomène encore très opaque dans sa mise en oeuvre dans des états de consciences modifiés. (voir :
https://www.babelio.com/auteur/Corine-Sombrun/18299/citations/2529245
* (lors de la venue du Dalaï lama, le 27 mai 1986 Paris Grande Pagode du Bois de Vincennes Route de la Ceinture du Lac Daumesnil)
* en effet son jeune ami Ananda MASSOUBRE (fils de Jean-Louis MASSOUBRE 1938 – 2016 [député UDR-RPR 1968-81 de la Somme]), alias “tulkü” Karma Trinlay, a quatre jours de différence avec mes fils jumeaux nées le 24/01/75, et au gré de nos tribulations dans certains lieux à l'époque, ils jouaient parfois ensemble avec d'autres enfants du même âge.
** http://versautrechose.fr/blog3/2014/04/le-cerveau-humain-son-fonctionnement-2/
(2) Extraits de, « MILAREPA » (traduction de Jacques Bacot), éd.Fayard ©1971
Note page 221 : le disciple (Bhiraja de Gnan dzong) demande et croit que Milérépa était déjà sorti de la transmigration, mais qu'il s'est réincarné pour la cause des créatures.
... Milà : « Je n'ai jamais eu nouvelle de qui j'incarnerais. Quand même j'incarnerais les trois enfers, vous devez partout voir en moi le Porte-Sceptre et les autres Bodhisattvas, et recevoir leur bénédiction avec dévotion. Cette croyance que je suis une incarnation est une bonne opinion de ma personne. Mais il n'est pas plus grande hérésie que cette croyance.»
p. 222
https://www.babelio.com/livres/Milarepa-Milarepa-ses-mefaits-ses-epreuves-son-illumination/290646/critiques/748648
(3) « ...un contexte bien particulier : les premiers temps de la rencontre entre deux mondes, le Tibet traditionnel en exil et l'Occident moderne des années 1970 ; rencontre qui ne constitue que l'un des aspects du rapprochement plus vaste de notre civilisation avec le bouddhisme venu d'Asie. Un moment d'ouverture assez magique : moment d'intérêt, de porosité réciproques entre deux univers que tout séparait. Certains des maîtres qu'accueillaient couramment mes parents dans leur modeste centre bouddhiste de Montréal étaient reconnus chez eux comme les plus grands sages, voire des saints, mais aussi des sortes de princes, qui rassemblaient autour d'eux, en Asie — et aujourd'hui en Occident —, une “cour” et des milliers de fidèles. Nous, nous vivions ces instants avec eux en toute simplicité, dans une grande familiarité. »(p.169). Je suis un résultat de ce vaste choc interculturel, inter-civilisationnel. Oui, on peut me voir comme le produit de cet espace de flottement, d'ouverture assez imprévisible. Brève ouverture, peut-être unique, déjà apparemment presque refermée. (à lire éventuellement « Bouddhisme, la loi du silence » éd. J.C. Lattès © 2022)
*** https://www.babelio.com/livres/Hamayon-Le-chamanisme--Fondements-et-pratiques-dune-form/719630/critiques/2870809
(4) « J'ai entendu plusieurs fois des maîtres poser une vision critique de la vie ordinaire dans le monde. Reprise, réinterprétée et parfois amplifiée par des pratiquants vivant dans des centres, certains font une différence entre une vie dans un centre, pleine de sens, et une vie en dehors, pleine d'ignorance. Cette vision manichéenne est caractéristique de plusieurs fidèles vivant dans des centres communautaires. »
page 222 — note 353 « Le tantrisme tibétain en France », “Un Bouddhisme occidental ?” - Cécile Campergue, Éditions L'Harmattan © 2017
(5) « Le Bouddhisme tibétain et ses grands maîtres réincarnés - Entretiens avec les grands Lamas Tulkous réincarnés » ed. L'Harmattan-2011, de René Morlet, avec entre autre interview de Ananda Massoubre (T. Trinlay) — à partir de la page 370
(6) https://www.babelio.com/auteur/Corine-Sombrun/18299/citations/2529245
(7) *— 39: 00 Les souvenir “auto-biographiques” se structurent environs à l'âge de trois ans, et ce toujours dans une interaction avec “autre”. C'est la base structurante de notre personne originale en tant que telle. Cette histoire personnelle perdu, nous nous retrouvons “évidé” de ce qui nous constitue.
Alain Brunet (psychologue clinicien) - (41:45) Roger Schmidt (neurologue psychiatre)
«  En finir avec la peur  », in Zusammenarbeit mit Arte/© 2010 ZDF
(8) http://camisard.hautetfort.com/media/02/00/1297697126.jpg
(9) http://camisard.hautetfort.com/archive/2021/08/14/rencontres-de-personnes-de-bonne-volonte-6332113.html
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Comme à tout jeune homme arrivant au monastère, on m'a transmis cette vision très négative de la vie laïque, spécialement sur l'idée de fonder moi-même une famille. On m'a fait comprendre qu'avoir des enfants, c'était non seulement retomber dans le Samsara, mais le propager, si l'on peut dire, en mettant au monde de nouveaux êtres voués à y peiner. C'était succomber à l'attachement, source de maux innombrables affligeant l'immense multitude des êtres souffrants. Tout le contraire, en un mot, de notre vocation de bodhisattva, qui consiste à faire le maximum pour aider ces êtres à “s'éveiller” et échapper à terme à ce terrible cycle des renaissances sans autre issue. Ces conceptions négatives, je les ai aussi entendues en Occident, véhiculées par des moines. Mais pouvaient-ils dire autre chose, eux qu'on avait conditionnés depuis l'enfance et qui avaient opté pour la difficile vie de moine, en principe libéré des soucis de ce bas monde ? Si mes parents eux-mêmes ne tenaient pas ce discours, ils étaient persuadés qu'un tulkou et bodhisattva comme moi devait forcément être moine, renoncer au projet de fonder un foyer — et, naturellement, de côtoyer des filles... Endoctriné depuis ma naissance ou presque, je ne remettais rien en cause et ne me posais pas la question de devenir père ou non. Une voie toute tracée, somme toute, du moins jusqu'à la puberté... !
p. 265
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Une fois formellement reconnu comme tulkou par la plus haute autorité traditionnelle, publiquement, devant des Tibétains, je ne risquais plus d'être mis en cause par ceux qui n'accordaient aucun crédit à un « tulkou blanc ». Car, jusque-là, certains d'entre eux chuchotaient : « C'est quoi, ce gamin occidental ? » De fait, ils n'acceptaient pas que la tradition tibétaine, apparue et restée si longtemps confinée au Pays des Neiges, se répande à travers moi hors des limites de leur communauté. On leur arrachait quelque chose de précieux, de spécifique à leur culture... avec l'assentiment de Sa Sainteté, en plus ! Une telle innovation pouvait leur apparaître comme un tournant historique regrettable, ce que je comprends aisément aujourd'hui. Pourtant, quelques années avant moi, aux États-Unis, un autre enfant avait été lui aussi reconnu — mais par le XVIe Karmapa, hiérarque de l'école Kagyu.(*)
p. 51
(* note du transcripteur : très probablement Ossian Kennard MacLise [il est maintenant shaivite et fume dans un Chillum.]
https://www.teenagefilm.com/archives/dear-diary/boy-monk/%20
(Il est difficile de dire à partir du blog de Hetty combien d'années se sont écoulées de cette manière, mais après un certain temps, Hetty a reçu une lettre de Sa Sainteté le 17e Gyalwang Karmapa :
"Cela disait que Karmapa avait médité sur notre fils [Ossian MacLise - Karma Tsultrim] et il y avait de très bonnes raisons de supposer qu'il était un tulku lama incarné. Je suis arrivé jusque-là et j'ai dit "Bon Dieu!" Ahbo a dit « Qu'est-ce qui ne va pas ? » "Eh bien, je ne sais pas. Il dit que Karma Tsultrim est un tulkou. Qu'il pense qu'il y a de bonnes raisons de le supposer, mais ce n'est pas définitif. Nous avons continué à lire et il a dit : « Vous et Angus devez signer ce papier. Il est très dangereux pour ces tulkus d'errer et il ne le reconnaîtra pas ou ne donnera pas le nom à moins que nous ne signions le papier disant que vous ne le retirerez jamais de la sangha. Alors on a fait ça. Nous avons pensé que nous ne pouvions pas ruiner le destin de l'enfant et de toute façon, il n'en sortira peut-être rien.)
https://www.youtube.com/watch?v=gHZgluGRwkE&t=17s
C'est à 0,10 sec dans cette vidéo.
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Quel est en effet le rapport de ces personnes physiques avec les Bouddhas, bodhisattvas et autres divinités, au sujet desquels on parle parfois en français “d'émanations” ? Tel grand pratiquant est par exemple déclaré l'émanation de Tchenrézi, le bodhisattva de l'amour-compassion, comme le sont le Dalaï-Lama ou le Karmapa ; ou comme l'émanation d'un illustre maître d'un lointain passé, tel que l'Indien Shantidéva dont je parlais tout à l'heure, à propos de mon jeune condisciple de Séra qui avait été reconnu comme son tulkou. Sur la question, l'un des points clés est l'intentionnalité du phénomène. Le tulkou considéré est-il en effet la “manifestation” volontaire d'un lama décédé récemment, ou bien celle — “naturelle”, sous l'effet de l'amour-compassion — d'un aspect de l'Éveil (une “divinité” : un bouddha, etc.), ou d'un grand être antique vénéré par la tradition ? En tibétain, on parle de “tulkou” dans les deux cas, mais il y a une petite différence d'orthographe et de prononciation entre ces deux mots presque homonymes : le “t” est plus aspiré quand on évoque le tulkou “involontaire”. Autrement dit, celui qui est reconnu comme étant “revenu” est-il supposé l'avoir fait exprès, pour poursuivre son activité altruiste en conformité à son vœu de bodhisattva ? Ou bien s'agit-il d'une manifestation “spontanée”, d'une “émanation”, d'un “rayonnement” involontaire ? Ce serait alors presque une apparition, voire une “vision”, un peu à l'instar du soleil qui émet naturellement des rayons, visibles dans les flaques d'eau comme autant de “petits soleils” reflétant le vrai ? On mesure le degré de subtilité, d'autant que dans certains cas ces deux dimensions ne sont pas totalement séparées. Au sens strict, le terme “tulkou” qui me concerne, c'est celui qui renvoie à l'idée d'une manifestation très volontaire, choisie en toute conscience, de vie en vie, pour poursuivre l'aide d'autrui. Mais devant les enfants reconnus comme “particuliers”, on se demande comment font les maîtres tibétains pour savoir à qui, à quoi ils ont exactement affaire et trancher dans chaque cas d'espèce.
p. 221/22
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Quelques messages essentiels
J'insiste : ma présente renaissance (comme dirait un tulkou tibétain), ma vie actuelle (comme dirait un Occidental), doit être utile. Je soulignerai quelques messages essentiels.
“Soyez ouvert !” est le premier d'entre eux. En toutes circonstances, il faut d'abord examiner, se poser des questions, se garder de croire n'importe quoi par crédulité. Il faut s'informer, exercer son jugement, son discernement. Mais il faut aussi, je crois, rester ouvert à l'imprévu, à l'inconnu, car il existe des choses qui sortent de l'ordinaire, comme le prouve mon parcours. N'oublions jamais que le monde est plus vaste que notre petite raison, nos croyances ordinaires. Nos certitudes d'aujourd'hui peuvent changer demain. N'exclut-on pas a priori bien des choses, quand on ne perçoit que certaines dimensions de la réalité ?
p. 289
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« Tulkou », “Autobiographie d'un lama réincarné en Occident” Elijah Ary - éditions Philippe Rey © 17/01/2019
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J'avais toujours peur de décevoir ceux qui attendaient de moi un “comportement de tulkou” (sans trop savoir ce qu'il fallait entendre réellement par là). Du coup, consciemment ou pas, j'adoptais une posture intérieure non naturelle en essayant de maîtriser mes émotions et de me contrôler en permanence. Je cherchais à incarner un idéal dont personne, au fond, dans mon environnement proche, ne savait rien de très clair. Volontairement ou pas, je voulais être toujours le référent de tout : le sage dépourvu d'affection — en un mot le tulkou tel qu'on l'imagine, au point que j'ai acquis comme une seconde nature, un “faux-self”» dirait-on en Gestalt, en partie artificielle. Cette posture rendait difficile l'extériorisation naturelle de mes émotions, jusqu'à m'en couper parfois. Tous mes affects restaient en quelque sorte “bloqués” dans mon corps, d'où ont surgi différents problèmes de santé récurrents et certains déséquilibres.
p. 285 /86
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Video de Elijah Ary (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elijah Ary
Elijah Ary présente son livre « Tulkou » le jeudi 31 janvier 2019 à la librairie La Procure.
Né en 1972 au Canada d?un père juif et d?une mère protestante, dès l?âge de quatre ans, Elijah Ary fait des « rêves-souvenirs », à la suite desquels il cite des personnes, des noms, des lieux précis dans un Tibet lointain. Ces images et propos exceptionnels sont authentifiés par des maîtres bouddhistes et, à l?âge de huit ans, Elijah est reconnu par Le Dalaï Lama comme la « renaissance » de l?érudit maître de méditation Guéshé Jatsé. Il part dans un monastère en Inde puis au Tibet. Il décide ensuite de regagner l?Occident, sur les encouragements du Dalaï Lama, afin de partager ses connaissances, et il intègre Harvard où il obtient un doctorat en sciences des religions. Il est aujourd?hui installé à Paris où il exerce comme psychothérapeute et comme maître de méditation.
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