Ce livre à lire dans le cadre d'un cercle de lecture choisie m'attirait beaucoup, peut-être trop car j'avais une idée de voyage au-delà de cette histoire. Malheureusement le résultat escompté n'est pas au rendez-vous ; Si mon envie de voyage au Japon est toujours présente je ne pense pas que ce sera sur ces chemins de Shikoku ou alors peut-être à l'aune d'un autre auteur.
Son crédo tout au long du livre comme l'écrit d'ailleurs en préface
Bernard Ollivier est : « Elle est et veut être ici et maintenant » C'est donc une évocation permanente du « vivre au temps présent » qu'à fort bien développé
Eckhart Tolle dans son livre cité le pouvoir du moment présent. le paradis c'est ici et maintenant…..Vivre l'instant, c'est vivre tout simplement. Elle nous décrit le bonheur des rencontres dans ce type de voyage. « Oui seul l'instant présent existe. Vivons le pleinement » Un livre empreint de spiritualité et d'humilité. Il est vrai que l'interconnexion et le fait de ne faire qu'un, revient trop souvent dans ce livre, elle l'appelle d'ailleurs le « refrain de ses jours » (page 159) mais c'est peut-être l'objectif de l'auteure qui conclura son livre sur l'aspect « religieux » de sa démarche(Page 268) en écrivant que «Le premier pas vers le Ciel ne commencerait-il pas à même du sol ».
Elle revient à plusieurs reprises sur la notion de « méditation de pleine conscience », ou prendre davantage de temps pour « être » plutôt que pour « faire » et le lie à un proverbe japonais qui dit « une chance, une rencontre ». (Page 203)
La reprise régulière de « pied droit, tchac, gling, pied gauche, tchac…. est agaçante. Ce n'est pas la seule idée qui est répétée, cela en devient lassant.
Découverte du mot Reliance (Page 118) Ce terme qualifie merveilleusement les liens qui s'établissent entres les pèlerins au-delà du temps passé ensemble sur la route. Même après la séparation, elle écrit : « Je vois sa silhouette s'évaporer dans le lointain. Mais qu'importe ! Son empreinte de lumière demeure en moi d'une vivance tangible et bien réelle. Nous sommes tous des maitres de vie les uns pour les autres. Merci chèreTsui-Dje, pour ton enseignement qui continue de me nourrir. » (Page 126)
Cela répond à un problème de Déliance qui frappe no sociétés technologiques car elle prend des formes de rupture diverses : avec les autres, leur terre, le ciel, et eux-mêmes. Cette « reliance » trouvée sur les chemins de Shikoku est une réponse à l'isolement physique et moral des sociétés modernes.
La recherche du silence sur la route fait partie de sa quête et probablement de la quête de tous les marcheurs, pour « se retrouver face à soi-même ». Elle met en opposition les symboliques du chemin de Compostelle avec celles de Shikoku. C'est surprenant pour quelqu'un qui a fait les deux d'autant que cette comparaison ne se situe que sur la géographie des lieux, et laissant de côté la symbolique principale de Compostelle elle n'hésite pas à mettre en avant le circuit des 88 temples. (Page 245)
La clé d'accès au bonheur réside dans notre capacité à être pleinement présent. le quotidien n'est plus alors vécu comme une entrave.
Au cours de cette lecture mon attention a été mise à l'épreuve, en effet souvent perdant le fil et revenant en arrière j'avais l'impression fugace de n'avoir jamais lu ces lignes. C'est déstabilisant. L'auteure utilise beaucoup de citations, je les aime, je ne m'en plaindrais pas mais plus de 80 citations dans un livre cela fait tout de même beaucoup.
Il n'est pas nécessaire de faire un voyage de ce type pour avoir « une appétance immense pour sa vie au présent (Page 272), les fractures de la vie ouvrent aussi ces portes.
On trouve dans ce récit la quintessence de ce type d'écrit : une suite de menus, de trajets répétitifs, des bobos quotidiens, des marches sous la pluie, mais par contre peu de description des temples et peut-être tant mieux car cela aurait forcé un peu plus la répétition déjà trop présente.
Je trouve que le mélange permanent du « journal de bord » avec les considérations spirituelles nuit à la qualité du texte et ce mélange de genres rend notre parcours littéraire ennuyeux.
Son parcours souvent filmé, me conforte dans la sensation d'être face à une opération médiatique tendant à mettre en avant ce circuit. On peut se rendre compte à postériori au travers de ses différentes interventions sous forme de conférences que l'objectif communication est atteint.
J'ai même pu lire dans un entretien que :
« Certains lecteurs m'ont même confié avoir raté leur station de métro tellement ils étaient captivés et tenus en haleine par leur lecture. » D'autres disent « C'est un livre qui fait du bien »
« Certains me félicitent pour mon style et mon écriture pleine de fraîcheur et de poésie qui donne envie de courir à mes côtés sans arriver à lâcher le livre. »
« Chez d'autres, mon récit a éveillé une merveilleuse envie d'ailleurs, le souhait d'aller à leur tour marcher sur les traces de Kûkai. »
Tant mieux pour eux mais ce n'est pas sa façon de l'écrire et de nous le présenter qui va m'inciter à faire le voyage à Shikoku.