Les éditions Libretto regroupent ici en un seul volume deux nouvelles de
Charles Asselineau à la thématique très proche. J'ai recu cet opuscule en cadeau par mon libraire, sans quoi, certainement, je ne serais jamais allée lire cet auteur du XIXème siècle dont le nom m'était à peine connu.
Deux récits donc qui ne sont pas sans référence à l'oeuvre de
Dante en s'intitulant L'Enfer du bibliophile (1860) et
le Paradis des Gens de Lettres (1862). Tous deux passent par l'entremise d'un rêve, cauchemardesque pour le premier et idyllique pour le second.
J'avoue avoir une nette préféré pour L'Enfer du bibliophile avec les effroyables tribulations d'un érudit féru de livres, atteint de "libricité", selon ses propres termes pour définir sa sensualité livresque. Mené contre son gré par un vieillard qui semble posséder tous les attributs du démon, il tombe de cercle en cercle jusqu'aux abîmes.
Charles Asselineau narre ces mésaventures bibliophiles avec beaucoup d'humour et d'ironie, se moquant allègrement de la manie qui fait courir et littéralement baver les amateurs de volumes reliés. Un vélin particulier, un cuir puce ou des dorures sur tranches, une oeuvre choisie en connaissance, voilà les extases du bibliophile qui sont malmenées tout au long du récit. Jubilatoire, est-il indiqué en quatrième de couverture; c'est assez vrai pour L'Enfer.
Quant au Paradis, le narrateur est mené cette fois-ci par un "divin Guide" en une belle et lumineuse cité où les GENS DE LETTRES (et oui, respect!) sont vénérés comme des dieux par le reste du peuple. Bien écrit mais sans le ton ironique de la première histoire. L'aspect comique passe ici plutôt par les éloges superfétatoires de la population aux Bienheureux.
Ce recueil n'était sans doute pas indispensable dans ma vie de lectrice. Mais j'ai apprécié découvrir
Charles Asselineau et sa plume. Si l'occasion se présente, je lirai avec plaisir d'autres de ses ouvrages.