La traversée des flammes : Turque, allemande et libre

En Turquie, les filles incarnent l'honneur de la famille. Il faut les protéger contre tous les dangers. Elles doivent conserver leur virginité jusqu'à ce qu'elles soient mariées. C 'est pour cette raison qu'on m'enfermait. Pour que ma virginité ne coure aucun risque, pour que je reste dans le droit chemin. La sexualité était liée à l'honneur. Et l'honneur, c'était moi, j'étais l'hymen incarné. Quand je protestais, on m'expliquait que je devais être raisonnable, penser et agir comme une jeune fille turque. Les filles et les femmes avaient dans notre culture un rôle tout à fait précis, me disait-on, et c'était bien ainsi. Il valait mieux que je ne pense pas " aux Allemands ". Ceux-là étaient de toute façon au-delà du bien et du mal. Mais cela leur vaudrait un jour les foudres d'Allah.
Quelqu'un m'a dit un jour que nous, les filles, étions aussi précieuses que de l'or. Le mieux serait qu'on nous polisse et qu'on nous expose dans une vitrine afin que rien ne nous souille. La perspective de passer ma vie derrière une vitre me plongea dans l'angoisse.

L'islam n'est ni meilleur ni pire que le christianisme ou le judaïsme. Depuis les attentats de New York, on a fait de cette religion un monstre. Ce n'est pourtant pas la religion qui commet les attentats. Ce sont des êtres humains, des hommes qui ont l'arrogance de mener une guerre au nom d'un dieu, mais aussi d'opprimer et de tuer des femmes.