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EAN : 9782330133610
224 pages
Actes Sud (04/03/2020)
4.04/5   39 notes
Résumé :
C’est en homme d’images que depuis 2013 Simon vit et travaille à Istanbul : documentariste, et formateur au sein d’une association française pour le développement du documentaire, il ne se lasse pas de capter le charme et la beauté vétuste et poétique de la ville. À Beyoğlu, son quartier de prédilection, et à travers les projets de films élaborés par ses étudiants, il observe le foisonnement des histoires, le brassage des origines, la mixité des confessio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
A travers la fiction Samuel Aubin, approche d'une façon délicate, intelligente et sans à priori , l'histoire turque récente, indéniablement liée à son passé. Un passé glorieux, mais aussi douloureux, où a coulé beaucoup de sang. Mais quel pays par commencer ceux d'Occident peut se glorifier d'avoir un passé sans tâche ? Par commencer les actes de colonisations et tout ce qui s'en sont suivis….sans parler de l'Holocauste et autres horreurs du XX iéme siècle, « Guerres et génocides ne quittent jamais la ligne du temps, ils prennent d'autres visages. »
Mais revenant à ce livre qui est aussi auto-biographique, Aubin à travers une histoire simple a pu refléter parfaitement la complexité d'un pays multiethnique, où divers confessions se brassent, et la difficulté de sa gestion, qui a été autoritaire sous divers formes depuis ses débuts de jeune république. Ayant lui-même vécu quatre ans à Istanbul et ne s'étant pas isolé comme nombreux étrangers, a pu saisir toutes les subtilités de ce peuple à travers une ville extraordinaire qui regroupe absolument toutes les couleurs ,toutes les nuances d'un pays et d'un peuple complexe qu'on ne peut réduire à des problématiques comme le génocide arménien ou la question kurde. Son attitude à l'histoire récente des 20 dernières années est aussi honnête et bien documentée sans être alourdie par des détails qui n'interpelleront pas une personne qui connaîtrait peu ou rien du pays et de la ville. Vivre dans un pays est autre chose que d'y voyager, et Aubin , probablement un brave documentaliste, a réussi avec ce livre l'exploit d'un regard plein de douceur , l'excellente réflexion honnête et intelligente sur un pays complexe, rude à vivre , dont l'Occident continue à minimiser l'importance . le seul bémol que je pourrais citer, et qu'il aurait pu nous épargner le rêve érotique de Simon à la fin, un détail vraiment inutile 😁. Je ne vous déflore rien , car la fin n'a aucune importance ici, le film continue….

« En Turquie tout est possible, tu devrais commencer à le comprendre ».
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Quand on parle d'Instabul à ceux qui y sont allés, très souvent elles nous disent à quel point elles gardaient de cet endroit des souvenirs forts et émus. Cet « envoûtement », on le ressent sous la plume de l'auteur, Samuel Aubin qui a vécu à Istanbul plusieurs années.

Dans Istanbul à jamais, roman très documenté, il nous raconte comment le coup d'état avorté de juillet 2016 a changé progressivement le climat de la ville . le narrateur remonte le temps et raconte cette ville à travers ce coup d'état qui a tout balayé sur son passage .



En essai, cela aurait peut-être été ennuyeux car les références sont nombreuses, la situation géopolitique est complexe, l'histoire de la Turquie est particulièrement riche. La magie du romancier est d'incorporer tous ces éléments dans un récit et à travers le destin de plusieurs personnages.
5 raisons de lire Istanbul à jamais :

-Même à des milliers de kilomètres, j'ai ressenti la magie de cette ville, ces mille et un visages, sa diversité et un véritable dépaysement


-à travers des noms de rues, de quartiers, de monuments, l'auteur nous invite à une véritable balade …cela a pris la forme pour moi d'une story permanente sur mon compte instagram @bookaddictlyonnaise (story « booking of »)


le roman est une porte d'entrée vers d'autres artistes, du photographe Ara Güler à l'écrivain Orhan Pamuk et son musée de l'innocence en passant par le peintre Devrim Erbil qui est l'auteur de la magnifique couverture du livre


-C'est un roman qui fait appel à tous les sens : tourbillon des derviches tourneurs, odeur du café turc, couleurs sur le Bosphore ….


I-stanbul à jamais est bien plus qu'une flânerie. Il est d'une incroyable richesse abordant aussi bien histoire constitutive de la ville qu'histoire actuelle, le génocide arménien, la place des kurdes, le rôle de l'armée, les multiples héritages de la ville, le parti HDP…
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Istambul à jamais" est un roman partiellement autobiographique de Samuel Aubin qui vécut 4 ans en Turquie, animant, comme son héros Simon, des ateliers d'écriture de films documentaires en Turquie, dans le Caucase et en Asie Centrale.

Il évoque dans ce deuxième roman la vie de deux familles, l'une française, l'autre franco-turque, ou plus exactement kurde, un peu avant et au moment de la tentative de coup d'Etat militaire qui eut lieu en juillet 2016 ; il peint comme il a pu la vivre la terrible répression qui s'ensuivit, aggravée encore par les multiples attentats terroristes frappant à tout moment et en tous points de territoire, avec son monstrueux cortège de victimes et l'insécurité omniprésente.

Il met en scène l'action et la résistance d'une partie du peuple turc contre l'emprise du régime et expose les clivages et les difficultés rencontrées dans ce pays aux origines plurielles (anatoliennes, kurdes, arméniennes) qui font sa richesse, mais dont les traumatismes du passé restent encore présents aux esprits.

L'auteur est un amoureux de la Turquie, cela se sent dans son regard émerveillé sur une société courageuse et une ville (Istambul) belle, attachante et contrastée. A travers Simon il se pose la question de savoir comment peut naître ce sentiment d'être chez soi dans un pays où l'on n'a vécu que quatre ans : affinité avec une culture brillante, des gens chaleureux et ouverts, des paysages, le goût du café et des simits, des parfums, des rues, des échoppes, des places...
A tel point qu'un sentiment intense d'exil l'étreindra lorsqu'il devra rentrer à Villleurbanne : "La passerelle tangue légèrement. Simon s'arrête en son milieu, s'appuie contre la rambarde en fer. le Rhône est gris, puissant et... tout petit. Tellement petit à côté du Bosphore" et "Il s'était habitué à boire des expressos corsés et raffinés, il retrouve les lavasses des bars PMU. Mais il aime bien s'y installer. Il passe ses journées dans les cafés avec un grand cahier qu'il a ramené d'Istambul. Son stylo-bille noircit les pages".

Pas de jugements péremptoires, pas de leçons politico-morales ni de points de vue biaisés, pas de partis-pris orientalistes.

Voila ce que peuvent l'ouverture et l'amour.
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Un roman étonnant, pluriculturel, politique, dense et complexe.

Simon, Claire et leur petit garçon Anatole sont français et vivent à Istanbul. Simon est documentariste et Claire est enseignante. Ensemble, ils vouent une fascination pour cette capitale culturelle et religieuse, plurielle, insaisissable.
Feyrat est Kurde, journaliste indépendant. Il est marié à Anouche, française et arménienne de souche. Ensemble ils ont eu une petite Zoé qui va à la même école qu'Anatole.
Les deux couples sont amis.

2016, la capitale turque est ébranlée d'attentats, d'émeutes et de bouleversements politiques. Les couples doutent entre désir d'engagements pour défendre leurs idéaux et leurs valeurs, besoin de protéger ceux qu'ils aiment, fuir la violence qui explose de toute part, à tous les coins de rue.
Le récit se découpe entre 2016, année-clé engageant de nouveaux départs pour les personnages, et plusieurs moments passés depuis 2013, amenant des questionnements sur l'identité de chacun.
Ainsi, Simon donne des cours et accompagne les projets documentaires d'étudiants. Il a à coeur de représenter un large panel d'identités et de sujets. Il rencontre Zeyned qui souhaite enquêter sur un secret de famille, son arrière grand-mère qui aurait des racines arméniennes, alors que la famille est turque et musulmane. Anouche sert d'interlocutrice et ce projet est un étrange miroir à sa propre histoire.

J'ai été un brin perturbée par la narration qui passe du "je" narratif d'Anouche, à un récit plus distancié autour de la vie de Simon. J'ai manqué de connaissances politiques sur l'histoire turque mais ce roman étonnant m'a donné envie d'en savoir plus.
Mais au delà de ces points j'ai adoré le foisonnement de cette histoire et l'humanité qui se dégage de chaque personnage. Une très belle lecture.

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Ce livre, c'est Istanbul ! Istanbul la belle, la terrible, l'indécise. C'est la ville aux multiples visages. C'est la vitalité de ses rues. C'est la complexité de son histoire. C'est la diversité de ses habitants. C'est la langue et les traditions que l'auteur distille au travers des pages. Ce livre, c'est un cri d'amour et d'horreur pour une ville entre Orient et Occident.
Le ton est posé. le rythme est calme. La lecture agréable. Agréable, de ce sentiment de bien-être que l'on n'a que chez soi. Et c'est ainsi que les narrateurs, tous deux Français, se sentent à Istanbul. Pourtant, il y a les attentats, les morts, l'autoritarisme (ce livre est parsemé de références très intéressantes à l'histoire politique récente de la Turquie), et la disparition de l'un des narrateurs au milieu des événements de 2016. Et c'est ce paradoxe qui rend la lecture si belle. Ces points de vue occidentaux, auxquels il est facile de s'identifier, qui saisissent la complexité de la situation et qui, pourtant, crie leur amour pour Istanbul. Et c'est l'auteur qui semble le crier avec eux. En effet, on ne peut s'empêcher de remarquer LA similitude entre Samuel Aubin (l'auteur) et Simon (l'un des narrateurs) ; tous deux animent des formations au documentaire en Turquie. Et là trouve sa source la plus grande qualité du livre, selon moi : le regard du cinéaste ! J'ai trouvé ce livre très cinématographique avec ses plans, ses ambiances, et la sensation d'être l'oeil de la caméra. Au fil des lignes, les rues prennent vie devant nos yeux et l'envol d'un goéland accroche notre regard. Un regard artistique et réaliste qui fait de cette lecture à la fois une ballade dans la belle Istanbul et une rencontre brutale avec la terrible Istanbul.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Moi, petite française modèle: fille d’immigrés, obéissante à la foi républicaine qui n’aime pas dire les origines de ses citoyens. Dans l’esprit français, j’étais quelqu’un d’intégré .
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Le moine et le derviche retourne s'asseoir. (...) Ils agissent secrètement contre la guerre en étant rassemblés sous ces voûtes. Simon est sûr que ça marche. Et même si ça ne marche pas, c'est la place exacte où il veut être. Pour lui le seul fait de passer ce temps ensemble a le pouvoir d'agir sur le monde. C'est ce que les moines et les derviches appellent la prière.
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"Le 20 juillet 2015 c'est ce jour là que tout a basculé. Pour Simon, Claire et Anatole, pour Ferhat, Anouche et Zoé pour tous les habitants de ce pays, les Turcs, sunnites ou non, les Kurdes, alévis ou non , les Arméniens, les kévalistes les nationalistes, les gauchistes , les nationalistes, les athées, les étrangers. Personne ne soupçonnait à quel point l'Histoire venait de les saisir par le col pour bientôt les secouer et les jeter dans sa gueule affamée de tragédies."
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Il cherche pourquoi Istanbul lui fait un tel effet. Il ne sait pas. C'est insaisissable. Il cherche et il trouve quand même ça : l'ouverture d'esprit. C'est paradoxal dans une société pétrie du sentiment nationaliste et animée par un certain dogmatisme religieux, mais un vent de liberté souffle en secret. Ceux qui ne se laissent pas enfermer par le moralisme font preuve d'une liberté d'esprit plus vive qu'en Occident. C'est une hypothèse.
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"Istanbul lui fait un tel effet. Il ne sait pas. C'est insaisissable. Il cherche et il trouve quand même ça : l'ouverture d'esprit. C'est paradoxal dans une société pétrie du sentiment nationaliste et animée par un certain dogmatisme religieux, mais un vent de liberté souffle en secret."
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Video de Samuel Aubin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Samuel Aubin
Interview France 3 Occitanie autour du premier roman de Samuel Aubin, "Le Pommier rouge d'Alma-Ata" C'était le 23 mars 2017.
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