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Macha Dathi (Traducteur)
EAN : 9782330168421
384 pages
Actes Sud (07/09/2022)
4.21/5   243 notes
Résumé :
Kurdistan, 1986. Lorsque la frêle Frmesk vient au monde, elle n'est pas la bienvenue aux yeux de son père. Ce n'est qu'une fille. De plus, son crâne chauve de nourrisson porte une petite tache de cheveux blancs. Est-ce un signe d'Allah ? Est-elle bénie ou maudite ?
La mère de Frmesk craint pour la vie de sa fille. Quand son mari menace de l'enterrer vivante, elle ne voit d'autre solution que de la confier à ses propres parents.
Gawhar, la grand-mère m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 243 notes
Le récit sans voile de l'oppression de femmes musulmanes. Un texte courageux, les mots sans niqab, pour un roman qui a valu à son auteure, Sara Omar, des menaces de mort quand il a été publié au Danemark en 2017.
Frmesk est née en 1986 dans le Kurdistan Irakien et sa petite enfance va être marquée par l'inculture de l'honneur, par des actes de barbarie perpétrés à l'encontre de femmes jugées impures par des maris, des frères et même des mères ou des soeurs, au nom d'une religion et de traditions barbares. Pour Frmesk et toutes ses soeurs d'infortune la moindre affirmation de soi est réprimée dans la violence, la plus infime des libertés devient un sacrilège. La violence n'a besoin d'aucun alibi quand il s'agit de museler ces femmes.
Pour la protéger de la violence de son père et du fanatisme d'une belle-mère, Frmesk va être confiée à ses grands-parents maternels, étincelles de lumière qui défient l'obscurantisme. Il y a Darwesh, le grand-père, intellectuel malicieux et agnostique et surtout Gawhar, cette grand-mère miséricordieuse, fervente croyante qui se charge de laver le cadavre des femmes innocentes victimes du fanatisme. Ce couple extraordinaire permet de ne pas totalement désespérer de l'espèce et d'apporter au récit un peu de joie face à une violence exacerbée par la guerre Iran-Irak qui faisait rage à cette époque.
Fremsk raconte son enfance depuis la chambre d'un hôpital au Danemark trente ans plus tard. Elle couche sur papiers ses cauchemars, comme pour expulser certaines visions d'horreurs qui hantent ses nuits. Elle se rapproche d'une jeune infirmière également musulmane et elle-même tourmentée par un père qui n'accepte pas sa vocation et semble obsédé par le déshonneur de la famille. le récit alterne présent et passé, l'horreur se jouant de l'espace-temps et des lieux. L'ignorance et le fanatisme n'ont pas de frontières mais portent des montres qui retardent de plusieurs siècles.
Ce roman n'est pas dur, il est implacable. Sara Omar rend la description de l'insoutenable nécessaire. La violence n'y est pas gratuite, elle témoigne d'une réalité inacceptable à la fois dans son pays d'origine et dans sa terre d'accueil.
De nationalité kurde, l'auteure est née comme son héroïne en Irak en 1986. Elle y est restée jusqu'à ses 10 ans puis transitera par un camps de réfugiés avant de s'installer au Danemark. C'est également lors d'un séjour en hôpital suite à une tentative de suicide que l'écriture de ce livre deviendra pour elle une nécessité, une question de survie.
A noter l'excellence de la traduction de Frédéric Fourreau, notamment pour les dialogues avec des conversations qui raisonnent comme des sentences.
Je pense avoir l'estomac bien accroché et je n'ai pas la larme facile, coeur parapluie, mais je dois avouer que de tous les romans de cette rentrée littéraire, La laveuse de morts est celui qui aura le plus secoué le tambour de mes pensées. Nettoyage à sec pour un titre qui peut rebuter mais qui n'est pas réservé aux thanatopracteurs.
Dans cette histoire, on ignore les épisodes qui relèvent de la fiction et ceux qui s'inscrivent dans le registre de l'autobiographie mais nul doute que Frmesk et l'auteure partagent les mêmes gênes.
D'ordinaire, j'ai la cinquième étoile timide mais je la délivre sans retenue pour ce roman en espérant que cette lecture essentielle mais éprouvante séduise beaucoup d'autres lecteurs.
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Ce premier volet d'une trilogie dénonçant la condition féminine dans le monde musulman a valu des menaces de mort à son auteure quand il a été publié au Danemark en 2017. Réfugiée au Danemark à la fin des années 1990, Sara Omar est née au Kurdistan en 1986…tout comme Frmesk, le personnage central de ce premier volet.

Frmesk naît donc en 1986 dans le Kurdistan Irakien, d'un père soldat Kurde et de la fille de Gawhar, la laveuse de mort. Afin de la protéger d'un père qui menace de l'enterrer vivante et d'une belle-mère fanatique, sa mère décide de la confier à ses propres parents. Darwesh, le grand-père mécréant, et Gawhar, la laveuse de morts chargée de s'occuper des cadavres de femmes jugées impures et que personne ne réclame, seront l'unique lueur d'espoir au milieu de cet enfer où il ne fait pas bon de naître fille…

La narration alterne passé et présent au fil des chapitres, passant du quotidien de la petite Frmesk dans un village du Kurdistan entre 1986 et 1991 à sa chambre d'hôpital au Danemark en 2016. Une alternance qui contribue habilement à démontrer qu'il est difficile pour les femmes musulmanes d'échapper à l'emprise de la religion, des traditions, de l'autorité patriarcale et de la bêtise des hommes en général, peu importe l'époque ou l'endroit.

« La Laveuse de mort » dénonce donc cette oppression de femmes musulmanes muselées et privées de la moindre forme de liberté par la culture de l'honneur, au nom de dérives religieuses et de traditions archaïques. Violences physiques et psychologiques, humiliations, châtiments corporels, viols, lynchages, incestes…certains passages sont quasi-insoutenables et tout comme la petite Frmesk, le lecteur tente de s'accrocher à l'amour et à la générosité de ses deux grands-parents maternels, seule lueur d'espoir dans ce pays frappé par la guerre et par la bêtise humaine.

« La Laveuse de mort » est un roman glaçant et révoltant, dont personne ne peut sortir indemne. Allah est grand, mais ne ressort malheureusement pas grandi de cet ouvrage, tout ça à cause de la bêtise d'hommes qui détruisent des femmes en toute impunité et en son nom…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Diable, que cette lecture est difficile ! Mais pourquoi invoquer diable ou dieu quand tout ici n'est la faute que de l'homme. Pourquoi infliger tant de souffrance aux femmes ? Au nom de quoi, de qui ? Si la conduite des hommes est régie ici par un livre religieux, alors je suis bien contente de n'en posséder aucune de religion.

Kurdistan, 1986. Frmesk, fragile petite-fille vient de voir le jour. Mais son arrivée est loin d'être la bienvenue. Naître fille en terre musulmane n'est pas une bénédiction. Rejetée par son père et sa grand-mère paternelle, elle n'aura la vie sauve que grâce à ses grands-parents maternels qui la prendront sous leur coupe pour la protéger.
Entourée par une grand-mère très croyante et un grand-père érudit qui possède une bibliothèque, elle grandira entourée d'amour, sans cependant être éloignée de toutes les souffrances imposées aux femmes.
Danemark, 2016. Frmesk, jeune femme fragile est soignée à l'hôpital de Skejby.
On ne sait pour quelle raison notre héroïne se trouve ici. Mais c'est ici qu'elle fera la connaissance d'une jeune kurde, étudiante en médecine. Et c'est grâce à leur origine commune que le dialogue se nouera et que des points de comparaison entre vie en pays musulman et vie en occident pourront être établis.

J'ai beaucoup aimé cet ancrage entre les deux pays qui permet de mieux comprendre comment la vie des femmes musulmanes est réglée par l'autorité patriarcale. Combien il est difficile de s'affranchir du poids de la religion et des traditions. Poids maintenu par les hommes évidemment qui ont le beau rôle d'imposer, sous couvert de religion, leur façon d'être et de voir. Mais aussi poids maintenu par une certaine frange de femmes qui peuvent à leur tour en imposer à leurs belles-filles. Quelle aubaine d'avoir enfin un peu de pouvoir sur autrui !

Bien sûr, cette lecture fait hurler la lectrice que je suis tant les violences (humiliation, viol, mutilation, meurtre, inceste… ) faites aux femmes sont ici monnaie courante et que s'il y a faute, c'est toujours du fait de la femme et ce sans aucune objectivité, ni remise en question, le Coran à l'appui. Donc, le bouc émissaire tout trouvé ! Et il en faut du courage pour oser écrire ce qui suit :

« - Quoi qu'il arrive, une femme doit toujours être pure et honorable. Dans son esprit et dans son corps, dit Muhammad.
- Si l'honneur d'une femme se situe dans son hymen, où se situe celui d'un homme ?
Muhammad fusilla du regard son père.
- Tu ne dis rien. C'est bien ce que je pensais. Selon toi, l'honneur d'un homme se situe dans l'hymen de sa soeur ou de sa femme, et cela peut justifier à la fois le déshonneur et le meurtre.
- Ce sont des sottises, des saloperies, s'emporta Muhammad.
- Non, dit Darwesh. Car quand est-ce qu'un homme est considéré comme impur ? Et est-ce que sa virginité peut représenter la fierté ou la honte de toute une famille ? - Il secoua la tête. - C'est ça, le coeur de tous les maux, mon fils. La perte de la virginité d'un homme ne compte pas. Seules les femmes et leurs sexes peuvent être responsables de l'infamie qui s'abat sur une famille, et cette responsabilité est si lourde qu'elle peut toujours justifier qu'un homme ait recours à la violence ou au meurtre... »

Alors, outre la qualité de l'écriture et de la traduction, je tiens à remercier l'auteure pour sa franche composition, la saluer pour les risques encourus face à la dénonciation de coutumes violentes et archaïques et enfin lui dire que j'attends avec impatience la suite de cette trilogie annoncée.
Et vous, lecteurs et lectrices, qui passez par ici, offrez-lui la possibilité de continuer son oeuvre et de faire entendre sa voix.

« Je savais qu'il y aurait des conséquences quand j'ai décidé d'écrire ce livre, mais je n'avais pas le choix, souffle l'écrivaine. C'était ça ou mourir, et j'avais toutes les raisons de choisir la mort. »
(deux fatwas ont été prononcées contre elle).
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«  Une fois encore j'ai survécu à tout , sans toi,
J'ai promis de ne plus faire un seul pas , sans toi
Mon âme est une maison abandonnée remplie de larmes sans toi
Mes yeux sont aveugles , je n'y vois plus
Chacun de mes cils est une aiguille de douleur sans toi » ..

Poème de Nâlî pour sa bien- Aimée , Habiba , plein d'amour et d'espoir , page 302 de cet ouvrage afin d'en exorciser l'horreur, la violence , le côté sombre, fort, d'une dureté extrême .

Cet ouvrage secoue, interpelle, écoeure , déstabilise, indigne le lecteur qui se pose la question : «  Vais - je continuer ma lecture? Jusqu'à la dernière page .
Mais c'est peut - être par la force des MOTS que nous devenons intemporels , que nous pouvons changer les choses .
Acheté en décembre , j'hésitais à le lire : le 21 août 1986 , vient au monde une petite fille frêle et chauve ,Frmesk, à l'exception d'une petite tache de cheveux blancs et fins en forme de coeur , juste au dessus de son front : signe d'Allah ou malédiction? Est - elle bénie ou maudite ?

C'est sa vie d'enfant —- puis de jeune femme exposée à l'extrême que conte ce récit poignant ——
Frmesk est née dans le Kurdistan Irakien , sa petite enfance sera marquée par l'inculture de l'honneur , par des actes de barbarie perpétrés à l'encontre de femmes jugées impures par des maris, des frères ou des mères analphabètes , haineuses , brutales au nom de coutumes ignobles d'une religion.

La mère de Frmesk craint pour sa vie car ce n'est qu'une «  fille » quand son mari menace de l'enterrer vivante , elle se décide à la confier à ses propres parents.
Gawhar , grand - mère maternelle de Fremsk, est laveuse de morts , s'occupe du corps des femmes que personne ne réclame , ne veut toucher , ni enterrer : des femmes jugées quantité négligeables, soumises au bon vouloir , à la cruauté , à la bêtise crasse des hommes , celles- ci assassinées lâchement dans le déshonneur et la honte .

Darwèsh, , le grand - Père, colonel à la retraite , mari de Gawhar, contrairement à son épouse ne lit pas uniquement le Coran , mais possède une riche bibliothèque.
Bienveillant , aimant , dans la modération et l'intelligence , ce couple uni ne parviendra qu'un temps à protéger Frmesk des inexorables menaces physiques et psychologiques qui se resserrent autour d'elle , dans un pays frappé par la guerre, la haine le génocide , l'oppression, la dévastation, les mensonges et L'OBSCURANTISME.

Là - bas , la moindre affirmation de soi, la moindre parole est réprimée par la violence, un traumatisme qui musèle , terrorise , empêche ces filles, ces femmes , ces enfants .
L'auteure dénonce avec force ces archaïsmes : viols , humiliations , mutilations sexuelles , incestes , meurtres ,lynchages.

L'ouvrage se construit entre deux époques : 1986 et plus au Kurdistan Irakien , d'une part , d'autre part en août 2016 , dans un hôpital du Danemark, où Frmesk est soignée .

Pourquoi infliger tant de souffrances et d'humiliations aux femmes ?
Pourquoi une partie importante de cette culture est basée sur le mensonge et les faux sourires?
Pourquoi une telle brutalité —- inouïe —- avec laquelle certaines d'entre les femmes sont traitées dans l'intimité de leur foyer ?
Pourquoi le prix à payer pour exister en tant qu'être humain est si élevé ? Et tant de musulmanes disparues sans laisser de trace? .
Une plume magnifique pour dire l'ignominie, on pourrait penser que Frmesk est l'auteure, réfugiée au Danemark? Première Romancière Kurde À la fin des années 1990 ?
Un roman très difficile à lire , violent , implacable , glaçant dès les 1ères pages, c'est certain , mais nécessaire pour que tout le monde sache que cela existe bel et bien et pour que chacun ouvre les yeux afin de lutter pied à pied pour qu'enfin ces horreurs cessent .

L'auteure est engagée auprès de nombreuses organisations et associations pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants .
«  Ses traumatismes s'abattirent sur elle comme une pluie de coups de poing et de coups de pied » .
Merci aux Éditions Actes-Sud.
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Une lecture-tsunami, qui chavire, secoue, fait tanguer , agit comme une véritable tornade!…
Mais quelle plume, quels risques assumés au prix de l'existence de son auteure !

En furetant chez mes camarades libraires… je fonce toujours vers le petit espace où se trouvent les publications des éditions Actes Sud, et je suis tombée sur ce premier roman d'une auteure d'origine kurde, écrivant en danois, qui vit au Danemark depuis son très jeune âge, en 2001, après cinq années d'épreuves dans les camps de réfugiés avec sa famille, afin de fuir le Kurdistan en guerre !

Je me permets de débuter par un très long extrait qui est, dans son propos, illustre au mieux le noyau central de cette narration. Il s'agit de Frmesk, notre héroïne, que l'on retrouve plus de 20 ans après le début de l'histoire, seule, sans visite, dans un hôpital, avec le corps abîmé, malade, ayant vécu moult traumatismes, prenant sous son aile une jeune future médecin, Darya, terrorisée, surveillée par un père fanatique, qu'elle écoute dans ses angoisses, et panique face à un père qu'elle ne reconnaît plus, depuis qu'elle devient une femme….

« Chère Darya,
(...) quand on décrète que vous ne serez jamais vraiment un être humain parce que vous n'êtes pas né garçon- alors trois choix s'offrent à vous dans la vie :

Vous pouvez tenter de tenir le coup, de vous taire, de subir la violence et l'oppression en silence derrière votre voile.

Vous pouvez mourir de votre propre main ou de celle d'un homme.

Ou alors, vous pouvez essayer de briser les chaînes, au risque de tout perdre . Même la vie. (...)

Pour moi, la vie consiste à garder la foi en son humanité, afin que le mal ne puisse nous dévorer. Pourtant, mes mots donnent la parole au mal, mais si je le fais, c'est simplement dans le but d'être entendue. Mes mots, c'est tout ce qu'il me reste. Sans eux, je ne serais rien. (...)

N'oubliez jamais que vous êtes précieuse
Affectueusement

Frmesk”

Un premier roman devant lequel j'ai beaucoup hésité, tant le sujet est oppressant, et finalement, dans ce monde de violences et maltraitances faites aux femmes, j'ai été attirée par les grands-parents maternels de notre frêle héroïne, Frmesk [« Larme » en kurde ], un couple d'espoir et de lumière extraordinaire dans cette narration tragique …

-Gawhar, « laveuse de mort », s'occupe du corps des femmes que personne ne réclame, ni ne veut toucher ni enterrer, mortes dans l'indignité et sous la violence des hommes, assassinées, le plus souvent.
- Darwésh, le grand-père, colonel à la retraite qui, contrairement à sa femme, ne lit pas uniquement le Coran, s'intéresse aux autres religions, à la philosophie, à l'histoire, possédant une riche bibliothèque. Ce foyer bienveillant élèvera un moment leur petite fille pour qu'elle ne soit pas « enterrée vivante » par son propre père, pour qui les filles ne sont rien, ne valent rien, en dehors de ses instincts sexuellement violents , envers son épouse, allant jusqu'à participer à des "crimes d'honneur"...

Un personnage masculin, comme la majorité , présente dans le texte, qui font « froid dans le dos » ! Toutefois la cruauté n'est pas toujours que du côté « masculin », mais aussi du côté des « belles-mères », femmes conditionnées et dressées dès le berceau, devenant à leur tour « tortionnaires » …sanctifiant leurs rejetons masculins, les encourageant dans leur mépris des femmes…dans le respect des traditions les plus infâmes !

Le récit fait un va et vient entre l'enfance d'Frmesk, dans les années 1986, et son présent en 2016, où on la retrouve seule, hospitalisée, ayant pris en affection une jeune étudiante en médecine, Darya, venant se confier à elle, lui exprimant la terreur qu'elle a de son père, ; ce dernier la surveillant de façon obsessionnelle, ne supporte pas même qu'elle parle avec cette malade… Il enquêtera sur Frmesk, la remettra en danger ! Frmesk, tout en soutenant Darya, revit à cause d'elle et de ce père agressif, les brutalités et agressions dont elle a été elle-même victime, dans le passé.

Hormis la cruauté insensée faite aux petites filles comme aux femmes kurdes et de tous pays, restent les lumières extraordinaires que sont le courage, le combat des femmes au péril de leur vie [ **Rappelons que l'auteure, même publiée au Danemark, en 2017, a été menacée de mort , à ce moment-là ].

L'acquisition de ce texte d'une qualité incontestable, est aussi un très modeste et geste (nécessaire à mes yeux, dans notre monde progressant dans "la peur") de solidarité envers l'audace et le courage de cette jeune femme. Chapeau bas pour la beauté du style de ce texte ainsi que pour les engagements courageux et multiples de Sara Omar contre les violences infligées aux femmes, aux enfants, dans son pays et à travers le monde!!

Une lecture dont on ne ressort pas indemne, quand on sait avec horreur que la réalité aussi barbare soit-elle dépasse la fiction, détruit enfants, femmes, en toute impunité , à travers le monde, au nom d'une religion et de traditions archaïques...

Cet ouvrage s'arrête brusquement à un moment critique de l'enfance de Frmesk, où les grands-parents aimants, figures chaleureuses persistent et gardent leur petite-fille pour la protéger de la belle-famille de leur fille… mais un autre ennemi « intérieur » à la famille surgira à l'insu de ces derniers.
Cherchant plus avant, j'apprends que cet ouvrage est le premier tome d'une trilogie, dont le deuxième opus a été publié cette année au Danemark…Je serai très attentive à ses futurs écrits, qui seront, j'imagine, suivis par son éditeur français !.

Une totale déflagration que cette lecture, en sachant que ce roman a permis à l'auteure d'évacuer, d'éloigner les idées suicidaires l'habitant après tous les traumatismes subis, en tant que « fille »…née au Kurdistan, entre la guerre et la violence intime des hommes dans leurs foyers !

Sans oublier de vifs remerciements à Actes Sud, pour leurs choix éditoriaux et leur détermination intacte depuis plusieurs décennies !
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critiques presse (2)
Telerama
26 septembre 2022
Cet ouvrage d’une extrême dureté, inspiré de sa propre vie , dénonce la culture de l’honneur et l’oppression des femmes au Kurdistan et au Danemark, au sein de familles musulmanes conservatrices.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
29 octobre 2020
Parution en français du premier volet d'une trilogie dénonçant les violences faites aux femmes dans le monde musulman.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Chère Darya,

(...) quand on décrète que vous ne serez jamais vraiment un être humain parce que vous n'êtes pas né garçon- alors trois choix s'offrent à vous dans la vie :

Vous pouvez tenter de tenir le coup, de vous taire, de subir la violence et l'oppression en silence derrière votre voile.
Vous pouvez mourir de votre propre main ou de celle d'un homme.
Ou alors, vous pouvez essayer de briser les chaînes, au risque de tout perdre . Même la vie. (...)

Pour moi, la vie consiste à garder la foi en son humanité, afin que le mal ne puisse nous dévorer. Pourtant, mes mots donnent la parole au mal, mais si je le fais, c'est simplement dans le but d'être entendue. Mes mots, c'est tout ce qu'il me reste. Sans eux, je ne serais rien. (...)

N'oubliez jamais que vous êtes précieuse

Affectueusement

Frmesk
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«  ——-La pensée critique?
—— La pensée critique , c’est le fait de s’insurger sur ce qui est la norme.
En ce qui concerne la littérature religieuse , les penseurs critiques sont largement minoritaires .
——-Ce n’est pas à nous de critiquer l’œuvre d’Allah, protesta Gawhar.
—— C’est exactement ce que pense la majorité musulmane à l’heure actuelle, mon fils , dit Darwėsh, le regard rivé sur Aso.
——- Mais ont -ils raison?
Doit - on renoncer à son libre arbitre au profit de quelque chose qui pose tous les cadres de notre existence ?
La pensée critique consiste à poser des questions et à réfléchir » .
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«  Mon grand - père pensait qu’en tant qu’être humain, chacun de nous était responsable de ses actes, et qu’on ne pouvait se réfugier derrière quelque texte religieux que ce soit quand on accomplissait quelque chose de bien ou de mal.
Il y eut un moment de silence .
———C’est ça qui est beau, dans la croyance de mon grand - père, poursuivit Frmesk . La lumière est toujours là , mais il appartient à chacun d’en faire le meilleur usage possible. »
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«  Elle regardait droit devant elle, dans la gueule béante du vent déchaîné .

Comme une créature qui avait si longtemps vécu dans la haine qu’a présent elle était devenue la haine incarnée et qu’elle portait constamment cette haine tel un manteau qui la protégeait non seulement du vent , mais de tous les êtres vivants , y compris de son âme obscurcie.
Sa bouche était de travers et pendait d’un côté » ....
Commenter  J’apprécie          170
«  Elle était perdue dans ses pensées .Captive de l’enfer mental d’un passé sanglant et paralysant.
Il la frappa violemment derrière la tête avec son coran.
Il souleva son petit corps et l’emporta vers le fond de la cave .
Non —— chuchota Frmesk .
Elle haletait , comme si elle avait peur de quelque chose .
——-Tout va bien?
Darya pouvait voir qu’elle était tiraillée.
Dans sa tête, dans son corps et derrière ses paupières closes.
Frmesk poussa un gémissement effrayé et lui lança un regard affolé .
——-Je voudrais bien rester seule » .....
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Sara Omar parle de son roman "La laveuse de morts"
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