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EAN : 9782369148333
128 pages
Libretto (17/08/2023)
3.81/5   88 notes
Résumé :
Un futur proche, pas si loin, qui pourrait être le nôtre. Depuis qu'un virus aviaire a frappé la planète, les oiseaux de basse-cour sont interdits. La société française souffre de restrictions draconiennes. Dans un Paris déchu, la conscience collective cède place à l'instinct populaire. Une fois l'an, la foule a droit à son charivari : du haut d'un célèbre restaurant, un canard spécialement élevé pour l'occasion est lâché. Le peuple exulte et laisse libre cours à se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 88 notes
Avec son premier roman Ouvre ton aile au vent, Éloi Audoin-Rouzeau nous entraîne dans une chasse au canard, fictive certes, mais ô combien révélatrice des subtilités de l'âme humaine !
Le titre et la belle couverture énigmatique du roman sont deux éléments qui, dès le départ, ont attiré ma curiosité.
Une effroyable pandémie due à un virus aviaire ayant frappé la planète, les oiseaux d'élevage sont désormais interdits. Ainsi, dans un Paris apocalyptique règnent un pouvoir autoritaire et une violence latente, suite à ce qui a été nommé par la suite, les évènements.
Une fois par an, une grande fête est célébrée en automne, le 31 octobre, un charivari rituel. À cette sorte de carnaval, la foule peut se déchaîner puisqu'elle est y est autorisée. À cette occasion, un canard est lâché du haut du célèbre restaurant la Tour d'Argent et tous les moyens sont bons pour le capturer. « Celui ou celle qui parvenait à l'attraper et à le rapporter vivant à la Tour d'Argent avait le privilège de le partager sur place avec le président, une fois le volatile préparé par les maîtres-canardiers, selon une très ancienne recette de Rouen, qui veut que l'oiseau soit servi « dans son sang. » » En outre, il reçoit une coquette somme d'argent.
La vie étant devenue bien morose depuis la fin des richesses et des libertés, l'ennui les submergeant, lorsque l'opportunité se présente pour les hommes, avec l'autorisation officielle des dirigeants, de se défouler en pourchassant le volatile, ils ne se privent pas pour laisser libre cours à leurs pulsions. Cette foule déchaînée concentrée sur cet oiseau ne réfléchit plus, ne pense plus, ne se maîtrise plus. L'auteur réussit parfaitement à nous faire vivre cette folie qui s'empare des hommes soudain livrés à leurs plus bas instincts, folie qui fait peur et nous interroge à la fois. Dans une telle situation, saurions-nous résister ou nous laisserions-nous emporter par la masse ?
Quelques marginaux, des insoumis ne suivent pas cet instinct populaire et grâce à l'aide de cette poignée de rêveurs rencontrée dans sa fuite, notre canard va jouer crânement sa chance et donner bien du fil à retordre à ses poursuivants. En effet, voilà que face à la barbarie et à la violence sociale se dressent des êtres épris d'humanité, pour qui la liberté n'a pas de prix. Éloi Audoin-Rouzeau n'hésite pas à les incarner dans ceux que l'on nomme souvent, à tort, de « petites gens », mais en fait de grands coeurs !
Il est très intéressant de suivre le cheminement qui s'opère dans la tête du narrateur lui-même, d'assister à sa transformation et de le voir reprendre goût à la vie, retrouver sa sensibilité et enfin aspirer à la liberté, après s'être quasiment coulé dans cette noirceur.
J'ai pris un grand plaisir à découvrir cette sorte de conte philosophique, cette fiction très imaginative dans laquelle la poésie est omniprésente, où la chance et la malchance ne sont jamais loin l'une de l'autre tout comme le passé et le présent, ou encore le fictif et le réel, le mal et le bien.
Impossible de lâcher le livre une fois embarqué dans cette sorte de course poursuite folle, enragée et très rythmée.
Comment ne pas être touché par cette phrase prononcée par le narrateur : « Et je compris que lui venir en aide (au canard) revenait à me sauver moi-même. »
Ne jamais baisser les bras et toujours se battre pour la liberté, tel est le message porté par cette fable. Et pour ne pas perdre la liberté : « Ouvre ton aile au vent » !
Un plan de Paris pour suivre au plus près cette chasse au canard dans les rues de la capitale souvent chargées d'histoire et m'approcher de Rimbaud, aurait comblé l'Ardéchoise que je suis.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Phébus pour la découverte de cet auteur plein de talent.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ouvre ton aile au vent?
"Ca fait pas rire les oiseaux
Ca fait pas rire les Cormorans, les fous de Bassan
Les mésanges, bye bye les étourneaux
Le canard de Challans, en Vendée dans les champs".

A cause de la Grippe Aviaire qui le menaçait, l'homme a abattu tous les oiseaux... (pour cacher le fait que la pollution et l'élevage intensif en batterie avaient provoqué une Pandémie de plus?)
Pour commémorer ce funeste jour, on a inauguré "La grande Chasse." Ou le lâcher du Canard de Challans, à la Toussaint...
"Age; 7 semaines - Poids, 3 kilos- Heure du lâcher, 10 heures du matin."

La foule partirait à la poursuite du volatile, poursuivi par un drone, afin de l'attraper. le vainqueur dînerait avec le président de le République, au restaurant" la Tour d'Argent." Au menu: la recette du "Canard au sang".
Pas de projectile, ni de fusil autorisé, il le faut vivant pour la recette, on ne canarde pas le Canard...

"Une chanson d'adieu, c'est comme
Un traitement au nitrate, une ode au sulfate
Bats des ailes, essaie un peu plus fort
C'est beau une ritournelle qu'on reprend pour ta mort".

"On sonnait au matin le tocsin du désordre et le soir, le glas du retour au calme". Certains veulent la gloire, l'argent ou le plaisir de rencontrer le président en tête à tête, et d'autres chassent par haine ce Canard ( Un Canard Noir...)
"Ca fait pas rire les oiseaux, pas un qui se flatte
Déjà qu'ils avaient le coeur gros à la mort d'Edith Piaf
On ne nous prendra plus pour des pigeons".

Le pauvre Canard a du plomb dans l'aile, en se posant place Lépine dans le 19è, mais Vadim le fleuriste, va le défendre bec et ongles, contre la foule grondante .
Hélène ( pas le perdreau de l'année), Yann, Léa et d'autres vont , l'un après l'autre, aider le Canard à continuer à battre des ailes, à se battre pour sa Liberté...

"Y a toujours une mélodie pour dire que t'es cui-cui
On n'aura plus un appétit de moineau
Ca fait mourir les oiseaux, oh oh!" Frédéric Fromet.
Prix des lecteurs 21/22, une belle...plume ce premier roman.
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'C'est un beau roman, c'est une belle histoire " , oui , mais voilà, il y a ces " événements " omniprésents qui ont changé notre monde à un point que la " civilisation " tombe en lambeaux " , que le genre humain n'est plus que folie , prêt à tout pour vivre , au jour le jour , sans penser au lendemain ....Survivre à n'importe quel prix . Et , justement , ce jour là...un événement traditionnel bouleverse la communauté. Tous et toutes à l'assaut ...d'un malheureux canard dont le seul tort est d'être..un volatile ! Sus " à la poule aux oeufs d'or " ( enfin , poule , poule , pas vraiment mais ça, c'est une autre histoire .....)
Jamais , à ce jour , le canard , à l'instar de " la célèbre chèvre de monsieur Séguin " n'a pu échapper à son destin ....Il y a un début à tout ? Oui , mais l'état de Paris , de la population après les " événements " n'incite pas à l'optimisme . Si ? Ah bon . Et bien , vous verrez bien , ma foi , si vous en savez plus que moi qui ai tout de même lu le bouquin ....Je vous laisse à vos certitudes , " rira bien qui rira le dernier " . Ceci étant, dans Paris , après les " événements " , plus personne ne rit , alors ....
Je vous l'ai dit , c'est un petit livre mais il est d'une richesse incroyable .Une belle balade dans Paris , de belles rencontres avec des personnages inattendus mais d'un humanisme ...comme il n'en existe plus , un narrateur qui , peu à peu , s'insère dans l'histoire et devient lui même....
L'écriture est bien maîtrisée , simple , poétique et , peu à peu , nous ancre dans le récit au point de nous " scotcher " , de nous obliger à tourner les pages tant on veut savoir , savoir , savoir...C'est magnifique et inquiétant, ça crée des émotions , ça pose des " questions " , ça " interpelle " .
Une interview de l'auteur ( regardée après la lecture , bien entendu )m'en a appris un peu plus sur la genèse de cette jolie " envolée " et , surtout , sur la personnalité de l'auteur , je vous la conseille .
Deux petits bémols. J'ai éprouvé quelques difficultés à me glisser dans l'histoire et le début m'a paru un peu " fastidieux " , m'a inquiété quant à la suite ....J'ai persévéré , poussé par le nombre restreint de pages et , moindre des politesses , par le contrat moral qui m'unit à Babelio . J'ai bien fait . Peu à peu , le pseudo- pensum est devenu " merveilleuse friandise " , je vous l'assure .
Deuxième petit bémol, , 143 pages , 16 euros . C'est bassement , affreusement matérialiste, mais ....quand on lit beaucoup , qu'on veut " posséder " et garder jalousement ses livres ....
J'adresse toutes mes félicitations à cet auteur que j'espère retrouver , c'est là son premier roman , je remercie bien sincèrement les Éditions Phebus pour ce joli cadeau et , naturellement , remercie aussi toute l'équipe de Babelio qui m'a fait bénéficier d'une Masse Critique Privilégiée.
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Nous sommes à Paris aux alentours de l'année 2050. On comprend que des « événements » ont eu lieu depuis longtemps déjà, ayant à voir avec une pandémie d'origine aviaire qui a fait des millions de morts et considérablement changé la face du monde, revenu à une économie archaïque. Les oiseaux ont quasiment disparu. Une fois par an, une fête carnavalesque se tient, la Grande Chasse, mettant en jeu le sacrifice d'un canard. C'est cette journée que le récit raconte. ● C'est un récit d'anticipation mais il ne faut pas s'attendre à une débauche de descriptions techniques ou scientifiques. Ce qui change, c'est le contexte social et politique. La France est devenue une dictature liée à la religion et corrompue où la population ne cherche plus qu'à survivre. La foule se passionne pour la chasse d'un canard à travers Paris, dont la capture vivant est la promesse d'un dîner avec le Président et d'une belle somme d'argent. On suit le volatile et les différentes rencontres qu'il fait, la dernière étant avec le narrateur lui-même. ● Ce roman poétique, qui cite, entre autres, Rimbaud, et a des allures de conte ou de fable, est avant tout le produit d'une imagination extrêmement fertile. le lecteur ne cesse de s'étonner de la société dans laquelle il est introduit et des personnages qu'il rencontre. ● C'est donc une lecture plaisante mais je trouve que cet écrin si surprenant et si riche aurait mérité une histoire plus charpentée. L'auteur paraît se complaire dans l'arrière-plan qu'il invente sans trop se soucier du premier plan. ● Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour l'exemplaire reçu dans le cadre d'une opération Masse critique privilégiée.
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Petit roman, presque une nouvelle. A tiers-chemin entre dystopie, science fiction et roman initiatique...
Chacun pourra trouver sujet à réflexion à l'occasion de cette promenade parisienne effectuée par un canard à l'occasion d'une grande fête en son honneur.
Médiocrité des uns, résignation des autres, opposition métropole/ruralité, que sais-je encore...
Court et moderne, ancré dans la réalité du covid.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Des cris s’élevèrent. Un premier spasme parcourut une partie de la foule, soudain électrisée. Les mâchoires se crispèrent, sans que l’on montre les dents. Contrairement aux chiens et leurs gueules ouvertes, on nous a appris à contrôler nos instincts. Nous enrageons le plus souvent la bouche fermée, ce qui me semble plus dangereux encore. Rien n’est plus imprévisible que la violence quand elle est sourde ou muette. Car alors, elle n’a plus d’autre choix que de se traduire en actes.
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Sans même le savoir, Vadim jouissait d’une haute réputation place Lépine, et lorsque les huissiers débarquaient, au premier du mois, pour l’expulser, les fleuristes s’interposaient, payant ses dettes à son insu, sans que jamais Vadim ne soit inquiété. Quelque chose de rare perdurait sur cette petite place au cœur de Paris. Quelque chose qui s’apparentait à un vieux sentiment de tolérance et de panache.
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Je m'étais pour ma part toujours tenu à l'écart de cette fête. Parce que je ne me reconnais dans aucune tradition festive hormis celles que j'invente pour déguiser la grisaille de ma propre vie. Parce que, aussi, je me fiche un peu des autres, tenant les foules en horreur. Le "vivre-ensemble" m'évoque un lieu étouffant et cloisonné dont il faut à tout prix se tenir à distance. Cela dit, je ne peux nier la curiosité que j'éprouve à observer les gens, à les scruter sans me mêler à eux. Et donc, ce matin-là, j'allumai la radio comme des millions de Français , afin de suivre l'événement d'une oreille.
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L'oiseau s'aventura d'un coup d'ailes jusqu'au sol carrelé. Il tourna la tête vers Hélène, qui ne bougeait pas et chantonnait quelques mots incompréhensibles. Peut-être les paroles d'une vieille comptine. Le canard avança un peu plus et, d'un coup d'aile agile, prit son envol dans l'arrière-cour.
Une fois à l'air libre, il se posa un instant sur les toits pour regarder autour de lui. Ravivé par la fraîcheur de l'air qui passait dans ses plumes, il cancana, de plaisir cette fois. Puis il s'envola pour de bon. Notre volatile se croyait seul et volait en confiance. Il ne vit pas d'hommes du côté où il se rendait, ni cette grosse bestiole rouge qu'il commençait à craindre tout autant. Certes, le drone avait égaré sa trace, mais les appels se multipliaient au centre de radio. On avait aperçu le canard du côté de la Sorbonne.
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Je m’agenouillai au beau milieu de ma chambre … Voilà que tout d’un coup, je repensais à mon enfance, aux colverts du bassin des Tuileries, à ma mère et aux comptines qu’elle me chantait. « Le canard a dit à sa canne … » Et quelle était la suite, déjà ? « Ris, canne ! Ris, canne … » Oui, c’était cela.
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