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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les romans avec des tueurs en série dedans ont sur moi le même effet que les crucifix sur Nosferatu ou les fringues de chez Vet'Affaires sur Brigitte Macron. Je détale. Mais celui-ci a un titre des plus intrigants. Et il est diablement bien écrit.
Nan Aurousseau se met dans la tête d'un tueur, et avec ce monologue le lecteur assiste impuissant aux agissements d'un homme dénué de la moindre empathie. François possède toutes les caractéristiques du sociopathe que les thrillers cinématographiques et les bouquins de Stéphane Bourgoin nous ont longuement énumérées: le sang froid, les impulsions, les comportements antisociaux. Mais Nan Aurousseau a un truc en plus. Il ne diabolise ni ne sublime l'assassin, il le dépeint tel qu'il est; un homme obsédé par la réalisation immédiate de ses désirs, quelque que soit leur nature, mais qui n'est pas dénué d'une certaine conscience sociale. Et le vocabulaire, comme le style, vont de pair avec la personnalité du bonhomme: « Les gens aiment pas les histoires de prison et pourtant c'est bien crade ce qui s'y passe. Ils aiment que les saloperies de la téléréalité qui n'a rien à voir avec la vraie réalité, les mômes qui se bouffent le cul dans des lofts ou alors les pires histoires de crimes sordides mais arrangées, nettoyées, toutes floutées de partout et racontées par des belles nanas blondes à un expert, raide comme l'injustice derrière son pupitre en verre, qu'a lui aussi tout lu dans le journal ou dans des livres, un peu comme dans « les histoires de l'oncle Paul » qu'on lisait dans Spirou, revues à la sauce des années 2000, en plus épicées. »
Dans Des coccinelles dans des noyaux de cerise, Nan Aurousseau, tel le docteur Frankenstein, a donné vie à une créature répugnante et féminicide qui serait un hideux mélange de Francis Heaulme et de Michel Fourniret, car le fond de cette sombre histoire n'est pas sans rappeler l'affaire Farida Hamiche/ Jean-Pierre Hellegouarch/ trésor de guerre du gang des postiches, le dindon de la farce macabre n'étant pas celui qu'on croit.
On peut lire ce roman comme la version française d'Un tueur sur la route de James Ellroy, qui nous avait offert il y a quelques années déjà le "portait de l'intérieur » du tueur en série Martin Michael Plunkett. La France, c'est moins spectaculaire, mais tout aussi glaçant car il n'y a de divin dans ce roman noir que les bêtes à Bon Dieu. Pas d'espoir, ni de chaleur, juste la misère, sociale, morale et intellectuelle et une bonne louche de cynisme.
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Des coccinelles dans des noyaux de cerise, c'est joli comme titre, c'est printanier, et pourtant....
Ça commence comme à l'apéritif, comme ces biscuits qu'on déguste, naissance du héros, puis, à peine digérée l'entrée, présentation des autres protagonistes, c'est le plat principal, et là, ça commence à peser sur l'estomac, vous ne vous attendiez pas à ça, c'est du lourd, fini les gentillesses, si vous avez oublié le citrate de bétaïne, c'est trop tard car arrive le dessert, on frôle l'indigestion... Euh ! c'est au fond à gauche messieurs dames...
Si vous mettez dans votre menu Des coccinelles dans des noyaux de cerise, vous ne serez pas déçu et je vous l'assure, vous irez de surprise en surprise.
Bienvenue dans le monde de François, petit délinquant à peine sorti de Fresnes. Petit délinquant, mais avec de grandes ambitions. Pourtant il ne paye pas de mine le François, vivant chichement dans une pauvre caravane, avec sa grosse, c'est comme ça qu'il l'appelle, et occasionnellement Muriel, la fille de son ami, qui vient, armée d'une bombe de chantilly, lui procurer un peu de.....plaisir....
Mais Nan Aurousseau est un malin, il nous sert l'apéritif a grand coup d'humour noir et plus on avance dans le repas, plus notre appétit s'éveille, plus le plat devient consistant, ce qui démarrait comme une comédie, s'enfonce dans la noirceur du récit, jusqu'à l'apothéose, le dessert, la surprise du chef.
Parce que le talent de l'auteur, il est là, nous faire croire qu'on est invité pour s'amuser, d'ailleurs, on entre dans le jeu, on y croit.
Amateurs de romans noirs, vous ne serez pas déçu. le maître vous accueille avec un grand sourire, mais, méfiez-vous, dans le dos du cuisinier sa main tient un grand couteau....
Une première rencontre avec l'oeuvre de cet écrivain et quelle rencontre étonnante. Un roman que j'ai dévoré en quelques heures.
Je donne quatre étoiles, sur mon guide du lecteur gourmet, à Nan Aurousseau sans doute reviendrai-je goûter à une autre de ses spécialités.

Merci aux Editions Buchet Chastel et a Masse Critique Babelio pour ce bon moment de lecture.

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Connaissant Nan Aurousseau de nom et de réputation (ancien taulard, devenu écrivain, scénariste, etc...), je n'avais jamais tenté l'aventure de ses romans, ne sachant pas trop à quoi m'attendre.
Avec ces "coccinelles dans des noyaux de cerise" (titre venu d'une saine occupation du narrateur en prison), je suis à la fois estomaquée et séduite. Séduite par la langue (c'est très cru, parfois familier, mais maîtrisé, un peu à la façon de Romain Gary dans "La vie devant soi"), par l'histoire, par le rythme (on sent une montée du suspense vraiment maîtrisée), par la peinture des personnages (paumés, ratés, combinards, tout ça bien glauque et réaliste). Estomaquée par l'efficacité de ce roman, il ne paie pas de mine, ne sort pas de gros sabots et justement on ne le voit pas venir. C'est d'une noirceur insoupçonnée, ce portrait de malfrat est vraiment excellent, habile.
Un livre haletant, sans temps mort, habile et très réussi.
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Je ne regrette absolument pas d'avoir découvert ce petit bijou offert par l'éditeur dans le cadre de la masse critique. C'était une surprise de taille, une lecture drôle et intelligente, un gros oeil au beurre noir sur la face lisse de la gentille petite littérature.
Le vocabulaire et le style de la narration rapide ne sont pas sans rappeler les histoires de Charles Bukowski, mais tandis que chez ce bon vieux Charles ça pète et ça se saoule pratiquement en boucle, l'histoire de François galope droit devant.
C'est François qui raconte. Vous avez l'impression qu'il est assis tranquillement en face de vous, une bouteille de pinard à portée de main, et il vous déverse sa vie sans trop se soucier de votre opinion. De toute façon, que pourriez-vous dire ? La vie de François est carrément pourrie; déjà une naissance comme la sienne, il n'y a pas deux ! Il sort tout juste de taule à Fresnes, dans laquelle il se retrouve une fois de plus à cause d'une de ses petites combines pas si futées que ça, car au fond, François n'est pas vraiment un méchant. Cette fois, il essaye de se ranger un peu en se la coulant douce dans une caravane louée à Dédé-la- tumeur (ce livre manque cruellement d'une galerie-photo des protagonistes, j'aimerais vraiment voir la tête de Dédé, "un homo geignard alcoolique au dernier degré"...). Il a une compagne, sa "grosse"; il ne l'aime pas plus que ça, mais après tous les "pépins" qu'il a eu avec les précédentes, il s'accroche. Il continue à sculpter ses petites coccinelles dans les noyaux (eh oui, après la quarantaine sa vue baisse, alors les combats d'éléphants sculptés dans un grain de riz sont du passé maintenant, dommage !) et il mijote sa nouvelle super-combine.
Car en prison notre petit paumé de François a partagé la cellule avec Medhi, un super-caïd, du gros gabarit qui a une belle copine et qui porte des survêtements à mille euros. Ce Medhi, c'est un autre monde; il considère François à peu près comme une coccinelle sculptée dans un noyau de cerise, et la proposition de s'associer à sa nouvelle super-combine le fait bayer. Mais qui sait ?
Le jour de la sortie arrive aussi pour Medhi et il est obligé de rendre visite à François tout de suite ! C'est vraiment à cause de son "super coup sur Paris"? Ou un coup peut en cacher un autre ?! Pourquoi François reçoit une visite de Jean-Jacques, un inspecteur de police assez sympa, qui veut juste vérifier deux trois choses ?
François, François, c'est pas gentil de porter un coup si bas à ton cher fidèle lecteur qui n'a rien vu venir et qui reste planté là comme un pauvre noyau !
En tout cas, bravo à Nan Aurousseau pour sa combine magistrale !
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Voilà un roman qui me fait sortir de ma zone de confort. Très différent de ce que j'ai l'habitude de lire, je l'ai pourtant dévoré et adoré.
Un mot sur le titre, tout d'abord, car il m'a intriguée et pourrait vous laisser perplexes : François, le narrateur du récit, sculpte des noyaux de cerise en forme de coccinelles qu'il peint ensuite de toutes les couleurs et qu'il donne ou revend à ses co-détenus ou aux gardiens de la prison.
La narration de François est totalement accrocheuse et constitue le gros point fort de ce roman. On est tout de suite plongés dans l'ambiance de l'histoire et dans la personnalité des différents personnages grâce à ce style très direct et proche du langage oral.
Le côté « bandit » de François est parfaitement présent mais, en même temps, c'est un personnage pour lequel on se prend de sympathie. On ne peut s'empêcher de le plaindre et de compatir à ses malheurs, malgré ses séjours en prison et ses épisodes de délinquance. C'est sans doute une conséquence supplémentaire de la narration, faite à la première personne : on partage intimement les pensées et la vie quotidienne de François. Au fil des pages, il devient donc de plus en plus proche et familier. On perçoit, en filigrane, l'homme qu'il aurait pu devenir si ses espoirs n'avaient pas été déçus et si sa vie n'avait pas été aussi difficile.
Je ne connaissais pas du tout Nan Aurousseau avant cette lecture, mais je compte bien découvrir ses autres romans !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cet ouvrage.
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Ce roman au titre improbable brosse la vie de François, qui sculpte et peint des coccinelles dans des noyaux de cerise. Un petit malfrat abonnés aux truanderies minables… jusqu'au jour où il décide de se lancer dans un “gros coup”.

Roman noir à la première personne, "Des coccinelles etc." nous embarque dans la vie de François, les souvenirs de François, les avis de François qui a une opinion sur tout et souvent pas piquée des hannetons (ou des coccinelles pour rester dans le ton). Naviguer ainsi de A à Z dans sa tête et son quotidien permet de bien s'accrocher au personnage (à défaut de s'identifier), avec parfois une sensation de tournis.
Aurousseau balade le lecteur à droite à gauche avec sa formule à double tranchant, toujours à la limite de se retourner contre lui. D'un côté, le procédé sonne juste. Il se passe dans la caboche de François la même chose que dans la nôtre. On est là à faire un truc de tous les jours et paf ! D'un coup, on se laisse aller à une séquence souvenir… on est saisi d'une réflexion philosophico-caféducommerço-fulgurante sur la vie… par association d'idée, nos pensées se font la malle vers des digressions plus ou moins farfelues…
Le roman est construit comme fonctionne un cerveau humain : une ligne directrice principale émaillées d'instants qui partent dans tous les sens. L'ensemble est plutôt bien maîtrisé, cohérent derrière son apparence touffue et découse : le récit parvient à former un tout à partir de ces bribes foisonnantes.
Après, cette (dé)construction qui passe du coq à l'âne peut rebuter les adeptes de récit plus académiques et linéaires. Il y a des moments où on préfèrerait que le roman se recentre sur le présent. Mais ils ont rares, la plupart ont une réelle utilité soit pour construire et capter la psychologie du personnage, soit pour retracer sa trajectoire jusqu'à ce fameux instant présent. Comme le roman est court (200 pages), cette structure fonctionne. Sûr qu'avec un pavé de 500 pages, on serait gavé bien avant la fin.

Plutôt que traiter à part personnages, style et fond, je vais faire un pack groupé. Les trois marchent ensemble. Si vous prenez votre pied sur du David Coulon, du Marc Falvo ou du Céline (Louis-Ferdinand, pas Dion), grands vendeurs de rêves quand il s'agit de condition humaine, vous devriez trouver votre compte avec ces Coccinelles. Tout y est noir et gris. Noir mais drôle. On retrouve un style très direct, très oral, “coup de poing” comme on dit de nos jours (sans être vouloir être vexant, cette expression n'a aucun sens). Personnages à l'avenant, qui forment une cohorte de bras cassés, losers, foireux, laissés pour compte, éclopés de la vie. La cour des miracles du XXIe siècle. Un bouquin très célinien, donc, très Pieds Nickelés qui passeraient de la BD au roman.

Citation pour la route : “Il aimait beaucoup l'opéra Hitler, il voulait en faire construire un dans chaque quartier de Berlin. C'était un mélomane, un chef d'orchestre je crois au départ et après il s'est fait rétamer la gueule par un autre musicien qui jouait de l'orgue, Staline je crois qu'il s'appelait l'autre chef d'orchestre, ils l'ont dit à la télé, les “orgues de Staline”, un Russe avec une grosse moustache.”
L'avis éclairé de François qui se méfie de la musique et des musiciens. On sent le bonhomme à côté de la plaque. Une élucubration comme il en sort souvent, qui m'a bien fait marrer. le roman en est truffé, ce qui allège l'ensemble et atténue le misérabilisme qui sans cela pèserait jusqu'à la nausée.
J'aime beaucoup les styles oralisants, parce qu'ils sonnent plus juste que la prose littéraire classique, et parce que mine de rien ils demandent un énorme travail d'écriture pour avoir l'air vrais. Tu te dis, c'est facile, suffit de reproduire ce qu'on raconte. Et le résultat ressemble à une rédaction de 6e où toutes les phrases sont construites sur le modèle le plus basique qu'on puisse imaginer du sujet-verbe-complément, avec une formidable pauvreté de vocabulaire, bourrées de ça, de c'est, d'être, avoir et faire à toutes les sauces…
Le style d'Aurousseau passe bien et si je devais donner une note de 0 à 20, je dirais qu'il est bon. Après n'est pas Céline qui veut. Pour prendre l'exemple de la citation supra, les reproches que je pourrais émettre, ben il a peut-être trop bien réussi son coup. On croirait vraiment entendre quelqu'un parler… sauf qu'on se situe dans une forme écrite. A l'oral, on peut s'embarquer dans des phrases interminables, le rythme vient des intonations et des silences qui créent autant d'appels d'air. A l'écrit, faut ruser avec la ponctuation.
Ainsi, le passage que je cite gagnerait à être davantage découpé (point après “qui jouait de l'orgue”), à s'aérer un peu plus grâce aux virgules (après “au départ”) et points de suspension (dans le dernier segment à base de “je crois” et “ils l'ont dit”). Pinaillage de virguleur de mouches qui permettrait au lecteur de ne pas s'essouffler à la lecture de certaines phrases. Dans l'ensemble, le style fonctionne bien. de la belle ouvrage – n'en déplaise aux grammairiens qui n'aiment pas cet emploi populaire parce que féminin.
(Tant qu'à parler grammaire, j'en profite pour signaler un travail éditorial propre : pas repéré de coquilles qui m'aient fait bondir dans mon fauteuil.)

Verdict pour ces Coccinelles dans des noyaux de cerise… Ben bien, bon moment de lecture pour un roman vis-à-vis duquel je n'avais pas d'attentes particulières. Pas une claque, un OVNI, un petit bonbon ou le machin phénoménal du siècle (des trucs du siècle, il en sort douze par mois à lire les uns et les autres). Parce que si on a lu du roman noir, si on a lu Céline, si on s'est tapé les fanas du style gouailleux au ciné ou en bouquins, on se promène en terrain connu. Pas génial, parce que l'adjectif ne veut plus rien dire, galvaudé au possible (du “génial”, il en sort quarante par semaine), mais bien fichu. Un roman noir qui se fraie son chemin à travers le genre et les influences, avec sa patte à lui, sans compilation facile de références. Et qui dépasse le roman de genre lambda sitôt lu sitôt oublié. Une bonne alchimie entre les éléments classiques et les idées propres à l'auteur.
Lien : https://unkapart.fr/des-cocc..
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Je remercie Babelio et les éditions Buchet Chastel pour ce roman.

Au premier abord, j'ai été fort surprise par le style d'écriture de ce livre. La narration à la première personne ne me dérange pas, mais là, l'écriture ou plutôt le personnage principal, est franchement lourd, limite baraki. Par après, le style passe à l'arrière plan et le récit prend le dessus.
Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, on s'intéresse à ce personnage différent. le personnage utilise l'humour noir avec brio pour passer sous silence ses écueils passés.
« Vous imaginez le type qui annonce froidement « J'ai vécu dans un cadavre pendant six mois sur un lit d'hôpital » ? »
Pour donner un exemple, un de ses traits de caractère est qu'il ne nomme pratiquement personne par son prénom, car cela sous-entendrait un lien et pourrait en renforcer le souvenir.
« Le vieux s'est un peu emmêlé les pinceaux afin de la mettre à son aise.
- Mais si mais si, considère que tu es chez toi la femme de mon ami est ma femme... euh non je voulais dire sa femme est... enfin tu es chez toi quoi, en famille ! En cellule comme en cellule même si elle est familiale ! »
On pense le comprendre, on finit même par s'y attacher. Puis, au cours des cinquante dernières pages, tout se transforme, tout change, lorsque l'on se retrouve face au vrai personnage. On se doutait un peu qu'il y avait anguille sous roche, mais pas que le pépin allait devenir dinosaure !
Le vocabulaire est assez dur, précis mais pas vraiment poétique dans la description des actions, parfois très violentes et dures, ainsi que des personnages.
« C'est parce qu'elle coûte cher qu'elle s'est arrêtée, c'est logique. Les montres à dix balles ne s'arrêtent pas, je le sais j'en ai eu une. J'ai été obligé de la casser exprès tellement elle s'arrêterait jamais. »
Les descriptions du milieu carcéral rendent sa détention plus réelle à nos yeux de lecteurs innocents. On peut clairement imaginer le truand derrière les mots du narrateur.
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Un livre que l'on attrape comme on attrape la grippe et qui ne vous lâche (parce que c'est lui qui vous lâche) qu'une fois achevées les 220 pages. 220 pages d'une langue vive et vivante, d'une langue qui bouscule, d'une langue (très) directe, d'une langue parfois crûe qui ne l'est jamais gratuitement.

François est un petit bandit, un escroc minable dont la route va croiser celle de Mehdi, un caïd qui n'éprouve pour lui qu'un affectueux mépris... François parle en "je". Ses textes semblent parfois avoir été écrits par un Audiard des banlieues qui l'aurait plongé dans un univers qu'auraient dessiné de concert Tarentino et Zola.

Un livre déjanté donc... Mais déjanté bien comme il (ne) faut (pas). Un livre pour celles et ceux qui peuvent rire de tout même du pire quand il est bien raconté.
Un livre comme une friandise qui ferait grimacer parce qu'elle explose sous la langue et que son coeur est suret.
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Après de nombreux flics qui ont écrit leurs mémoires (Le Tallanter, Robert Broussard...) ou des polars, ( Olivier Norek, Laurent Guillaume, Eric Oliva, Fred Bologsen ... -je n'allais pas l'oublier celui-là), d'autres , braqueurs et personnes ayant eu affaire à la justice , écrivent les leurs.
Le plus connu étant peut-être Jacques Mesrine et son "Instinct de mort" sorti en 1977, la BD " Face au mur" de Laurent Astier qui raconte la vie de Jean-Claude Pautot, condamné pour des faits de grand banditisme, un actuel braqueur de fourgons qui fait la une de l'actualité depuis quelque temps, et j'en oublie, et j'en viens à Nan Aurousseau ( condamné à 18 ans à 7 ans pour braquage), avec ses "Coccinelles dans les noyaux de crise" (entre autres, car il est l'auteur de pas mal d'autres polars ou romans que je vais d'ailleurs essayer de trouver).
Alors, je ne sais pas si l'auteur ou son héros sculptaient réellement des coccinelles sur les noyaux de cerise et des éléphants sur les grains de riz, mais en tout les cas, Aurousseau sait sculpter avec ses mots à lui et qui lui sont propres, nous propose une écriture "originale" tant sur le fond que sur la forme, le tout empreint d'un certain humour et d'un humour certain, y compris dans les scènes les plus..."dures".
Avec son air innocent, un gros psychopathe se cache derrière le personnage de "François", - qu'Aurousseau modèle et cisèle au fil des chapitres- et avec son air de "ne pas y toucher" et d'être capable de recevoir le "Bon Dieu sans confession", qu'on se méfie, l'homme est dangereux.
Avec un humour grinçant et des jeux de mots originaux (Famille d'accueil-famille d'écueil...), l'auteur nous livre une histoire relativement courte (150 pages), mais "complète" et dense, et nous surprend jusqu'à son dénouement final.
Acheté par hasard au village du livre de Montolieu cet été car en très bon état et au milieu d'autres auteurs de polars un peu plus connu, une réelle découverte qui donne envie de découvrir un peu plus cet auteur.
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" Des Coccinelles dans des noyaux de cerise "

François commence sa vie par une naissance peu banale puis il fera des allers - retours dans les prisons , essentiellement pour braquage.
Lors de son dernier séjour en prison il rencontre Mehdi,le Caïd qui finit sa longue peine à Fresne.
François va être aux petits soins face à ce grand du banditisme et sortira 1 an avant lui.
Il va retrouver son laideron rencontré au parloir et vivre dans sa caravane.
Mais est ce vraiment ce qu'a prévu François ?

Une écriture rythmée, sans fioritures et pourtant où tous les mots et expressions sont extrêmement bien choisis. le langage pourrait être quasi poétique, d'un réalisme criant doublé d'un humour bien noir et omniprésent, ce qui rend la lecture si addictive.
C'est un polar très noir que nous livre l'auteur avec de bons rebondissements qui nous laissent sans voix.

Un très bon roman noir qui sort des sentiers battus et si vous voulez de l'excentrique et du machiavélique, cette lecture est faite pour vous.

Merci à Babélio et Masse Critique pour cette belle découverte.
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