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3,71

sur 521 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai adoré ce livre tant sur le fonds que sur la forme
Sur la forme, il y a trois récits principaux
Le premier est fait avec Adam Walker comme narrateur : l'action se déroule en 1967 : il a la vingtaine, étudiant en lettres, il rencontre un couple toxique, et vit un début d'histoire d'amour et un drame.
Le deuxième est rédigé toujours par Adam Walker mais là il raconte 1967 40 ans plus tard et en utilisant le « tu » à la place du « je ». L'action se passe à Paris
Enfin le dernier épisode est écrit toujours par Adam Walker mais la en disant « il » . L'action se passe a nouveau aux Usa.

Ces 3 épisodes ont chacun un nom de saison et sont entrecoupés d'un narrateur externe 40 ans après les faits principaux, Jim un écrivain, qui a connu Adam à l'université

Sur le fonds, les personnages sont passionnants, ambigus, manipulateurs

Le dernier chapitre est le journal de Cécile, une jeune parisienne rencontrée par Adam en 67.

A la fin, je ne sais pas ce qui est vrai ou faux dans l'histoire mais j'ai passé un excellent moment…
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Voici un roman américain écrit par un homme, donc avec des références masculines très fortes et puissantes (sexe, violence, rapport aux femmes, mais également fragilité, absence, peurs..) En contre point les femmes du roman sont presque caricaturales aussi.
Le génie reconnu de Paul Auster est celui de la construction. A la façon d'un Gustav Escher, il élabore un univers littéraire où tout repère devient illusoire puisque son jeu est d'en décaler sans cesse les perspectives. Et il faut convenir qu'à cet exercice, P.Auster réussit là un coup de maître !
La trame est celle de l'entrée dans sa vie d'adulte d'un jeune américain, qualifié de poète, de ses rapports avec un mystérieux mécène français, au nom allemand et diverses femmes qui vont lui apprendre la vie en quelque sorte. Un meutre va servir de pilier à l'intrigue qui s'étale sur plus de trente années.
Pour tenir cette distance, P.Auster utilise des astuces littéraires aussi efficaces que surprenantes et séduisantes.
Les évocations américaines des années 60 sont superlatives, on imagine facilement tout, car l'auteur restitue bien l'ambiance de l'époque. Celles du Paris branché (cela ne se disait pas) de cette époque aussi.
Les plus
Un vrai roman, dont la construction est prodigieuse
Une intrigue savante qui laisse le lecteur en haleine jusqu'à la fin
Le jeu des perspectives qui oblige le lecteur à des choix
L'inimitable style de Paul Auster
L'évocation des années étudiantes du jeune homme qu'il fut sans doute
Les moins
Désolé Mr l'éditeur, mais de trop nombreuses fautes d'orthographes ou coquilles...
Certains personnages trop caricaturaux
La fin du roman presque alambiquée
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En 1967, Adam Walker est étudiant à l'université de Columbia. Il est lié à Jim qui deviendra James Freeman, romancier côté. Adam rêve de gloire littéraire. C'est un jeune homme rêveur, marqué par un drame d'enfance, la mort d'un petit frère. Quand il rencontre Rudolf Born, qui est enseignant invité à l'université, il est charmé d'autant que celui-ci lui propose d'améliorer sa situation financière en créant et gérant une revue littéraire. Born est accompagné de Margot, sa compagne du moment et celle-ci trouble Adam. La fascination du jeune étudiant pour Born est à son comble quand celui-ci tue brutalement un jeune malfaiteur qui veut le détrousser. Walker veut déposer plainte mais et Born et le jeune voleur, qui agonisait pourtant, ont disparu...La Mal est invisible de même que l'outrage infligé. Walker ne se remet jamais de cette désillusion face à un être qui l'a manipulé et lui a caché sa vraie nature.
Le roman d'Auster est extrêmement brillant car il entremêle les voies narratives. C'est tantôt Adam qui parle, tantôt Jim, tantôt Hélène (une femme que Born voulait épouser, tantôt Cécile (fille d'Hélène). Quelle est la vérité de Walker : a-t'il dit la vérité? A-t'il menti? Quelle est la vérité de Born: était-il un manipulateur ou non, un tueur ou non, un agent secret ou non ? Quelle est la part du drame familial ( la mort par noyade du petit frère dont Adam et sa soeur Gwyn se sentent coupables) dans la dérive du personnage principal ? La résolution de ces énigmes est laissée au lecteur.
Roman redoutable sur la vérité et le mensonge, la manipulation et le secret, le mal qui ronge les êtres à travers les années et les souvenirs. Roman brillant sur la vrai et la fiction, chaque donnée en détruisant une autre...
Magistral.

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INVISIBLE de PAUL AUSTER
1967. Adam Walker, aspirant poète, futur écrivain rencontre dans une soirée Born et Margot. Born propose à Adam de créer un magazine littéraire, il a les fonds et lui fait une offre généreuse tout en le laissant libre des choix éditoriaux. Quatre parutions par an, 5000$ pour Adam, une aubaine pour lui qui a toujours galèré financièrement. Curieusement, Born semble tout connaître d'Adam et de sa famille. Il part pour Paris pour des affaires en laissant Margot seule à New York. En son absence, une idylle naît entre Margot et Adam. Born va s'en rendre compte, virer Margot de sa vie et discuter avec Adam sans lui en vouloir, ils vont même continuer leur collaboration jusqu'au jour où, ensemble, agressés par un homme, Born va le poignarder. Adam rentre chez lui mais dans les journaux, l'histoire n'est pas rendue telle qu'il l'a vue et dont Born lui a raconté la fin lorsqu'ils se sont quittés ce jour là.
2007. Adam, atteint de leucémie va raconter ce qu'il sait ou croit savoir de Born mais également sa propre vie, son enfance avec sa soeur avec qui il vit désormais.
Un livre sur le soupçon, le doute, l'identité, une narration pleine de style, il n'y a plus le fantastique qui parsème souvent l'oeuvre d'Auster. Il joue astucieusement avec le je le tu le il, il nous met dans l'incertitude permanente, nul doute qu'il s'est bien amusé pour mon plus grand plaisir.
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Ce qui s'appelle une "performance d'auteur" : est-ce une fiction ou la relation d'un fait réel ou sa fictionnisation ou un peu tout ça ?...
Un écrivain réputé reçoit un jour des nouvelles d'un ancien ami de l'époque de l'université : celui-ci est en phase terminale et souhaite écrire un livre, son livre ultime en relatant une année de sa vie et demande conseil. Il envoie les 2 premières parties de son livre, ses mémoires de l'année 1967 qui dévoile un homme que l'ami n'aurait jamais imaginé, empêtré dans ce qui ressemble à une "sale affaire". Il meurt avant de pouvoir terminer le livre et l'auteur se débrouille pour retrouver les notes de cette 3ème partie et décide de l'écrire à la place de son ami. pour cela il lui faudra néanmoins mener sa petite enquête pour être le plus fidèle à ce que son ami souhaitait. Et finalement il le reprend en entier en ne changeant que les noms pour éviter tout quiproquo et en fait d'une certaine manière son livre... mais est-ce une fiction ou véritablement effectivement la relation d'un fait réel dont seuls les noms auraient été modifiés, y compris le nom de l'ami-auteur...
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Invisible est le roman du flou, de l'incertitude, du doute. Avec lui, Paul Auster nous propose un récit complexe et passionnant, composé de fragments d'histoires qui s'emboîtent autour de trois personnages : Adam Walker, Rudolf Born et James Freeman.

La première partie débute de façon plutôt classique par un récit d'Adam Walker. Celui-ci a vingt ans en 1967. Étudiant en deuxième année de littérature à l'université de Colombia, apprenti poète, il est passionné de littérature française médiévale et en particulier de Bertran de Born, poète provençal du XIIème siècle, un auteur dont parle Dante à la fin de son vingt-huitième chant de l'Enfer. Si le roman de Paul Auster comporte quatre parties, le récit de Walker en a trois : printemps, été, automne. Chacune des trois parties est écrite à un mode et un temps différents : première personne du passé pour la première, deuxième personne du passé pour la deuxième, troisième personne du présent pour la troisième. L'utilisation de ces différents modes nous éloigne volontairement du récit à chacune de ces étapes, à mesure qu'Adam Walker se rapproche de sa propre mort.

La vie de Walker est durablement marquée par une décision fondatrice que nous découvrons dans la deuxième partie de son récit. Il a douze ans. Après la mort accidentelle de son frère et l'internement de sa mère dans un hôpital psychiatrique, il jure, sur la mémoire de son frère, qu'il sera « un type bien » jusqu'à sa mort. Il s'agit là de l'un des thèmes du roman : comment une décision, prise à l'âge de douze ans, peut-elle influencer, et même conditionner le reste de l'existence ? Au nom de quel impératif moral, un individu décide-t-il de rester fidèle à lui-même, à travers les aléas de la vie, en ne reniant jamais ce choix initial ? Comment surmonter le sentiment de culpabilité, qui surgit inévitablement lorsqu'il se découvre incapable de tenir cet engagement d'enfant ? Walker rencontre Rudolf Born, presque homonyme de Bertran de Born, un homme mystérieux, séduisant, violent, intelligent, insaisissable. Un véritable personnage de roman.

Coup de théâtre au début de la deuxième partie, où apparaît James Freeman. Nous ne sommes plus en 1967 mais en 2007. Freeman, écrivain américain renommé, semble être le double ou le masque que Paul Auster s'est choisi pour intervenir dans ce roman comme l'un des personnages. Freeman et Walker étaient amis à l'université de Colombia en 1967 et ne se sont plus revus depuis cette époque. Adam Walker est en train de mourir d'une leucémie et a décidé de lui faire lire le début de ce livre qui, lui dit-il « n'est pas une oeuvre de fiction ». Il s'agit d'un livre en trois parties, et Walker, qui se trouve bloqué pour l'écriture de la deuxième partie, a besoin des conseils de Freeman pour le poursuivre. La situation de blocage, lui répond Freeman, « provient d'un défaut dans la pensée de l'écrivain – à savoir qu'il ne comprend pas pleinement ce qu'il essaie de dire où, plus subtilement, qu'il aborde son sujet sous un mauvais angle ». Ce conseil permet à Walker de poursuivre son récit en l'écrivant à la deuxième personne, afin de conserver une distance suffisante avec le personnage d'Adam Walker.

Freeman reçoit donc peu après cette deuxième partie, et nous découvrons avec lui qu'après le départ de Born, Adam décide de poursuivre ses études pendant une année à Paris. En attendant, il travaille comme grouillot dans une bibliothèque et habite un deux-pièces où il va inviter sa soeur Gwin à venir passer quelques jours avec lui. Gwin est une jeune femme magnifique, qui selon Freeman ressemble beaucoup à son frère, et dont Adam nous dit, en parlant de lui à la deuxième personne « déjà tu l'aimais plus que quiconque en ce monde, et jusqu'à tes six-sept ans, tu tenais pour acquis que tu vivrais toujours avec elle, que vous finiriez mari et femme ». Adam et Gwin vont vivre alors, pendant une partie de l'été, des amours incestueuses dont Adam parle à Freeman en utilisant les mots « brutal », « horrible », « dégueulasse », alors même que son récit très cru, d'une précision clinique, suggère pourtant au lecteur une histoire d'amour partagée, violente et désespérée, mais sans culpabilité de sa part.

La deuxième partie s'achève au moment du départ de Walker pour Paris. James Freeman se rend alors à Oakland pour retrouver Walker et parler avec lui de la troisième et dernière partie de son livre : Automne. Il est trop tard : Adam est mort de sa leucémie trois jours auparavant. En guise de troisième partie, Freeman ne trouve que des notes brèves, en style télégraphique. Par fidélité à son ami, il utilise ces notes pour rédiger la fin du récit, et il va le faire à la troisième personne, entièrement au présent, estimant que c'est de cette façon qu'il sera le plus fidèle à Walker.

Et c'est ainsi que nous découvrons la fin de l'histoire d'Adam au cours de cette année 1967, écrite par le célèbre écrivain de Brooklyn James Freeman, qui avertit ainsi le lecteur : « En dépit de mon intervention éditoriale dans le texte, au sens le plus profond et le plus vrai de ce que raconter une histoire signifie, Automne est du premier au dernier mot l'oeuvre de Walker en personne ».

Dans cette troisième partie, Walker retrouve Rudolf Born à Paris. Alors qu'il considère Born comme un personnage dur et violent, qui peut être impitoyable, celui-ci va lui apparaître sous un jour différent, en exerçant toujours sur lui une étrange fascination/répulsion. Pour rester fidèle à lui-même et à sa promesse d'enfant, il va entrer en conflit avec lui et finira par être expulsé de France à la suite d'une machination montée par Born.

Rudolf Born est le personnage central du récit de Walker. Au début du roman, il le présente comme un homme de la droite dure, qui a combattu en Algérie et y a sans doute pratiqué la torture. Walker pense qu'il peut être un agent secret français responsable de nombreuses missions spéciales. Dans les dernières pages se produit un retournement de situation que Walker n'apprendra jamais : Rudolf Born confie à sa fille Cécile qu'il aurait pu être un agent double, travaillant pour les Soviétiques, et cela dès avant 1967, date à laquelle il a connu Walker. Mais il présente cela comme une simple éventualité, non comme une certitude. Ainsi, jusqu'à la fin du livre, le personnage de Rudolf Born reste flou. Son ambiguïté est celle de tout personnage de roman, créature de l'auteur que celui-ci manipule et tord selon son désir. Elle est aussi, dans le même temps, l'ambiguïté du réel dans lequel chacun garde une part d'ombre pour les autres comme pour lui. À la fin du livre, Born se propose de faire de sa propre vie un roman, alors qu'il est lui-même un personnage de ce roman : le serpent se mord la queue.

Nous retrouvons là un thème récurrent chez Paul Auster, celui de la relation entre l'auteur et son personnage. Pour être crédible et intéressant, nous fait-il comprendre, un personnage doit être suffisamment énigmatique pour avoir sa part d'ombre, et cette part d'ombre doit exister aussi pour l'auteur. Où est la vérité d'un être ? L'inceste entre Adam et Gwyn s'est-il réellement déroulé ou bien, comme Gwyn le prétend, n'est-il qu'un fantasme de Walker ? Quelle part véritable d'Adam Walker a été dévoilée à travers le récit adressé à Freeman ? de lui, quelle part restera à jamais invisible aux yeux des lecteurs ?

La scène finale du roman est magnifique. Cécile, la fille de Born, quitte l'île dans laquelle son père s'est réfugié. Elle entend, dans le lointain, des sonorités étranges qu'elle ne peut interpréter : l'essentiel est invisible à ses yeux. Et puis, il y a un dévoilement, une trouée, la vérité des sonorités lui apparaît brusquement : des hommes cassent des cailloux avec leur marteau et produisent ainsi cette étrange musique, qu'elle ne pourra jamais oublier. La métaphore est transparente : le roman, nous dit Paul Auster, permet lui aussi un dévoilement du réel. Il peut créer une déchirure dans la réalité opaque du monde, et rendre ainsi apparent ce qui était jusqu'alors « Invisible ».
Lien : https://www.un-polar.com/art..
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Paul AUSTER INVISIBLE
TROUBLANT, me parait le terme le plus adapté pour un lire qui nous retient, nous exaspère, nous contrarie pour les sentiments que nous éprouvions pour cet auteur mais, ouf ! qui finit par dévoiler sa stratégie. Ce qui ne résout pas l'énigme posée par ce livre.
comment se situer ? comment situer ce roman ? que penser des personnages ?
mais comme il s'agit d'un romancier hors pair, c'est un livre bien construit, dense, intelligent, qui ne vous laisse pas en paix avant d'en avoir terminé et encore après, qui vous interroge… merci Paul Auster pour cette brillante divagation autour de l'âme humaine et de son insondable diversité. CPW
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Ennuyeux au possible. A moins d'être psy.
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Une fois de plus je me suis laissé envoûter par l'intelligence, la sensibilité, la malice, l'art de conter de Paul Auster. Chapeau !
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Troublant, comme beaucoup des livres de Paul Auster. Troublant et peut-être choquant. Qui doit on croire dans ce chassé-croisé de personnages et de points de vue. Les protagonistes sont ils ce qu'ils disent être, ce qu'il paraissent, ou bien ce qu'ils écrivent? La réalité est elle plus belle ou plus atroce une fois couchée sur le papier? Une livre dont on se dit, une fois fermé, qu'il faudrait le relire immédiatement pour voir si on a pas laissé passé un indice, une piste, un signe pour nous éclairer sur la véracité des faits, pour nous aider à séparer le vrai du faux, la réalité de la fiction, les écrivains de leur personnages. Une chose est sure, seul Paris existe bel et bien, le reste n'était peut être qu'illusion.
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