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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782355848629
408 pages
Sonatine (07/10/2021)
3.83/5   99 notes
Résumé :
"Nous avons laissé entrer le péché dans cette maison."

Après une soirée arrosée dans la forêt de Tall Bones, Abigail Blake, dix-sept ans, est portée disparue. Dans la communauté pieuse qui l’a vue grandir, les rumeurs vont bon train. A-t-elle fui une famille notoirement déséquilibrée, où le père règne en maître sur une femme et des enfants terrorisés ? A-t-elle fait la mauvaise rencontre, au mauvais endroit ? Un assassin se cache-t-il dans cette petit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Dans une petite bourgade du Colorado, au cours d'une soirée, Abigaël a dit au revoir à son amie Emma, s'est enfoncée dans les bois, et n'est jamais réapparue.

On pourrait croire que ce roman commence comme un roman policier classique , avec enquête et tout , et tout, mais non...
Ce qui primera , c'est l'ambiance, le shérif local n'étant pas très affairé, ou très doué (vous cocherez la case qui convient ...). Cette petite communauté tient plus de la toile d'araignée que de la charmante petite ville, englués qu'ils sont tous, dans leurs problèmes et la religion. Abigaël vient d'une famille de "cassos", où le père , vétéran du Vietnam a, depuis développé, quelques séquelles psychologiques. Il fait régner la terreur dans son foyer au nom de Dieu, encouragé par le pasteur local et quelques clampins décérébrés.

Si la question devrait être : Qu'est 'il arrivé à Abby ? Elle m'a parue reléguée à l'arrière plan, l'auteur préférant instaurer une ambiance poisseuse, fascinante , lancinante, hypnotique, sur fond de secrets, de racisme, d'intolérance, et d'obscurantisme religieux.
Et au milieu de cette toile d'araignée se débattent quelques lycéens, qui voulaient juste vivre une vie "normale", vivre leur premier amour, même si c'est l'histoire d'un garçon qui aime un autre garçon. Pour moi, c'est cette thématique qui prend le pas sur les autres, ainsi que le sacré sac de noeud de problèmes sur lequel est assis la famille d'Abby, problèmes qui vont jaillir "de leur boîte" après la disparition de la jeune fille.

C'est noir, c'est beau, c'est affreux, c'est poétique. Et c'est surtout sacrément maîtrisé pour un premier roman ...
Auteure à suivre..
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Une autrice britannique qui connaît et raconte aussi bien l'âme perdue de certaines communautés américaines ? Hum ça doit cacher quelque chose. Anna Bailey a grandi en Angleterre et après ses études déménage dans le Colorado et fera partie d'une espèce de communauté religieuse. L'autrice quittera cette communauté et retournera en Angleterre. Ha voilà le secret. le secret qui fait qu'elle a su aussi bien cerner l'hypocrite puritanisme de cette toute petite ville du Colorado.
Abigaïl Blake disparait un soir de party en bordure de forêt des Tall Bones. Abigaïl, "la fille" de la famille Blake composée de son frère ainé Noah et de son plus jeune frère Jude. La mère, Dolly, a perdu tous ses repères, son identité et ses enfants. le père, un vétéran du Vietnam qui ne peut échapper à ses démons, à sa violence et à son dieu. Une famille entière soumise aux violences et à la bigoterie maladive du père.
Il y aura une enquête, on recherchera Abigaïl mais cette disparition sera le prétexte pour nous faire le portrait d'une société où pour certains "le malheur est une maladie mortelle". Duplicité, racisme, homophobie, dévotion excessive, rien n'est joli dans cette bourgade rurale de
Whistling Ridge.
Les personnages trainent avec eux une détresse génétique qui fait que lorsque nous les croisons, on a envie de prendre la fuite en regardant par-dessus notre épaule.
On se laisse prendre par cette pluie de septembre qui ne peut rien laver tant les saletés sont incrustées, par l'écriture mature de cette jeune autrice, par les chapitres "Alors" et "À présent", par les voix de ceux qui voudraient raconter mais que personne n'écoute.
On referme "Une pluie de septembre" dans une bruine de tristesse. Sans comparer mais pour avoir su aussi bien dire le désarroi, le malheur, l'ennui, la déroute, j'oserais classer Anna Bailey avec les David Joy, Daniel Woodrell et autres Michael Farris Smith de ce monde...
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Beau, lumineux et mélancolique comme un mois de Septembre.
C'est la fin de l'été dans le Colorado, au coeur des USA, et les jeunes passent leurs soirées à picoler auprès de feux de camp en écoutant de la musique. Mais un soir, Abigail, 17 ans, disparaît. Enlèvement ? Fugue ? La petite communauté est en émoi, d'autant que l'adolescente est issue d'une famille White Trash dominée par un père alcoolique et violent. Emma, la meilleure amie d'Abigail, décide de mener son enquête, tandis que celle du shérif piétine et que les braves gens soupçonnent ce "Gitan", apparu il y a peu dans leur petite ville, du pire...

Difficile d'en raconter plus sans en raconter trop, mais ce roman n'est pas un énième livre sur l'Amérique des losers, avec son décor de pacotille, ses citoyens faussement honnêtes, ses petites gloires locales, ses pom-pom girls, son shérif un peu mou, son pasteur enragé, son patron de la grande scierie, et son parc de mobil homes, où se concentrent tous ceux que la bonne société rejette. Ce roman est beaucoup plus que cela. Il raconte combien la religion, le patriarcat, le nationalisme, et la violence imprègnent l'Amérique profonde, et ça donne le vertige. Ce pays ne fait plus rêver.
Si j'ai eu un peu de mal à m'immerger dans l'histoire, je n'ai plus réussi à en sortir par la suite, jusqu'au final haletant. L'intrigue m'a fait penser à "Twin peaks" ; non qu'il y ait parmi les personnages des hurluberlus comme la Dame à la Bûche, mais chacun d'eux a un ou plusieurs secrets que l'auteur dévoile au fil des pages, laissant apparaître peu à peu une vérité à la fois terrifiante et belle. Et j'ai aimé nombre de ces personnages, maltraités par les événements qui s'enchainent et les entrainent inéluctablement vers le pire, mais qui conservent néanmoins l'énergie de vivre et d'aimer -car il y a surtout des histoires d'amour et d'amitié dans ce roman.
Pour son premier livre, Anna Bailey (Anglaise !) a su trouver le juste dosage entre les différents genres qu'elle aborde : enquête policière, roman social, chronique communautaire, drame familial, romance contrariée, innocence perdue... J'ai été emportée par sa narration très maîtrisée, aux chapitres courts, et j'étais vraiment impatiente de découvrir ce qui s'est passé et pourquoi.

C'est donc une très bonne surprise, une belle histoire qui ne fait pas de cadeau à ses personnages, vache comme la vie peut l'être, mais aussi tendre et pleine d'espoir. Des romans comme ça, j'en redemande et je recommande !
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Attention, pépite ! Même plus que ça : un livre magnifiquement écrit, et un suspense parfait, par-dessus le marché !

L'histoire : c'est l'été, dans une petite ville du Colorado, Whistle Ridge, ville si petite que tout le monde se connait, mais pas forcément dans le bon sens. Au pied des Tall Bones – c'est le titre originel du livre » Tall Bones », formation de hauts rochers pâles, comme tous les soirs de cet été, la plupart des ados et jeunes adultes se retrouve autour d'un grand feu, près d'un terrain de camping, enfin plutôt un trailer park, où les caravanes, mobil homes et camping cars sont installés à l'année. Il y a ce trailer parc, une petite clairière, puis les bois. C'est la fin de la soirée, et Emma voit sa meilleure amie, Abigail, 17 ans, se diriger vers la lisière des bois. Emma, qui a une voiture, veut la ramener chez elle. Elle n'est pas tranquille, personne n'aime les bois. Abi hésite un peu, et s'en va vers une silhouette masculine qui s'enfonce dans les bois. Personne ne reverra jamais Abigail..

La mère d'Abigail est la première, à part Emma, qui se rend compte que sa fille n'est pas rentrée. Sa fille, la prunelle de ses yeux. Son fils Noah, 22 ans, ne fait pas trop attention, avec ses yeux pochés et son visage enflé. le petit Jude est inquiet, lui qui a une jambe rafistolée depuis que son père l'a jeté du haut des escaliers. Il a peur de la réaction du père, Samuel, qui va rentrer du travail. C'est un ancien militaire qui a fait le Vietnam, qui fait des cauchemars, qui boit tant qu'il ne voit plus clair, qui brutalise sa famille et qui lui impose d'écouter ses sermons religieux dehors, agenouillés dans les graviers, c'est une torture.
Bientôt les policiers arrivent, suivis du pasteur de la seule église qui existe dans cette petite ville, la First Baptist Church. Ce pasteur, depuis toujours, harangue ses ouailles avec des discours haineux contre la drogue, contre l'homosexualité, contre les « étrangers ». Les étrangers, il y en a. En premier lieu Emma, fille d'un mexicain qui a disparu après sa naissance. le racisme est total à Whistle Ridge. Elle se fait rudoyer à l'école. Partout. Sa seule amie est Abigail. Et un autre étranger est arrivé il y a peu, Rat Lácustā, un jeune roumain que tout le monde appelle « le gitan », sans s'approcher de lui. Ce type est très beau, tout le monde le regarde passer, les femmes pensant à sa beauté, les hommes pensant à le jeter hors de la ville.

Au fur et à mesure des recherches, au fur et à mesure des semaines qui passent, on découvre les relations entre les uns et les autres, leurs blessures, leurs souffrances cachées ou pas, et Emma est si désespérée qu'elle se met à boire. Elle cherche tous les indices pour retrouver sa copine d'enfance.
Au milieu d'une nature sauvage, les Rocheuses, les forêts de pins, les rivières, cette petite communauté se dévoile, qui dans l'amitié, qui dans la maltraitance, ou l'amour, la sexualité, la peur, les non-dits, l'alcool, les mensonges, les soupçons, et le noyau de la communauté de croyants suivant aveuglément les discours de haine de ce pasteur, qui se mêle de tout et qui provoquera des actes abominables.

Ce livre est magnifique. Écrit par une anglaise qui a vécu pas mal d'années dans ce Colorado reculé, son style, la construction du récit, font de ce roman une pure merveille. C'est digne des plus grands auteurs américains. Je vous le conseille !

Ma note : 5 sur 5.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Ce roman n'est pas un thriller survolté, mais un roman policier aux ambiances sombres et poisseuses.

Nous sommes à Whistling Ridge, une bourgade au Colorado, où la communauté est très pieuse, trop pieuse. Ce sont des baptistes.

Pour le pasteur, les homosexuels sont des ennemis de Dieu… Quant aux pères, ils refusent d'élever des fiottes. Ambiance… Certains prient les genoux au sol, mais boivent aussi trop d'alcool, frappent leurs gosses, possèdent des armes, sont racistes et ils ont tous des secrets dans les placards, sous les tapis et ça pue !

Bref, je n'ai pas envie d'être invitée chez eux, sauf en littérature, bien entendu.

Une jeune fille a disparu et ce qui intriguera le plus les lecteurs, ce sera de découvrir les petits secrets cachés et en apprendre plus sur le passé des personnages principaux. Il n'en sortira rien de glorieux. Que du glauque, du pas très reluisant…

Oui, les portraits ne sont pas flatteurs, mais l'autrice prendra le temps d'approfondir les choses et de nous faire entrer dans leur passé (alternance des chapitres présents et passés), afin que l'on comprenne pourquoi certains sont devenus ainsi, notamment Samuel Blake, le père d'Abigail, la disparue.

Non, ça ne l'excusera pas, mais on comprendra mieux qu'il ne fait que reproduire ce qu'il a vécu et que ses fils devront lutter pour ne pas être comme lui.

Comme je vous le disais, le charme de ce roman se trouve dans ses ambiances sombres, glauques, violentes, dans les portraits, peu flatteurs, de certains personnages, dans la psychologie des habitants de cette bourgade, des culs bénis qui s'arrangent avec les concepts religieux, les tournant à leur avantage. Tirer dans le dos d'une femme, durant le conflit vietnamien, ce n'est rien, Dieu pardonne. Heu ??

Le shérif ne donnant pas l'impression d'être le couteau le plus affuté du tiroir, c'est Emma, la copine d'Abigail, qui va mener l'enquête comme elle peut (aidée d'autres ados), tout en éclusant de l'alcool pour se donner du courage et cesser d'entendre les commentaires désobligeants des autres élèves de son école. Elle est métisse (père mexicain) et elle en a pris plein la gueule toute sa vie.

La lumière viendra des portraits des plus jeunes (Rat, Noah, Jude, Hunter et Emma), ceux qui voudraient que les choses changent, ceux que leur père ont décidés pour eux toute leur vie, ne les laissant jamais faire leur propre choix. le chemin sera long et dur. Tout comme pour Dolly Blake, la mère d'Abigail, qui vit sous la coupe de son tyran de mari.

Qu'on ne s'y trompe pas, ce roman policier aux ambiances sombres, à la violence aussi présente que les bondieuseries, possède son rai de lumière. Sans pour autant avoir un rythme trépidant, j'ai eu du mal à le lâcher, tant je voulais les horribles secrets cachés (j'en avais compris plus d'un) et certains personnages se révolter et dire stop.

Ce roman qui parle si bien de l'Amérique profonde, des cassos et des baptistes, a été écrit par une Anglaise et c'est tellement bien fait qu'on aurait dit une vraie américaine. Un roman noir comme je les aime, avec une construction maîtrisée où les secrets cachés vont se révéler un à un, jusqu'au dénouement final.

Oh putain, quel roman, nom de dieu !!

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (2)
Telerama
20 décembre 2021
Une pluie de septembre est un roman rare. L’histoire d’une jeune fille évaporée à la fin d’une soirée passablement arrosée. […] L’histoire aussi d’une famille terrorisée par un père consumé par une violence venue de l’enfance, qu’il reporte sur ses proches. Déchirant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
29 novembre 2021
L’intrigue est désarmante de subtilité. On est tenté d’accuser l’un après l’autre presque tous les habitants de la ville tant le drame fait éclater au grand jour leurs mystères et leur culpabilité plus ou moins directe […]. Elle crée une atmosphère réellement pesante et des personnages tellement complexes qu’on finit par ne plus savoir quoi penser d’eux.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Mais les nuits d'été sont sensuelles. Elles sont lentes, faciles, et tellement intimes. On peut réaliser ses fantasmes dans les bois, derriètre la grange, dans l'ombre, avec les étoiles pour seuls témoins. La nuit est faite pour les désirs imprononçables. La nuit est faite pour ne pas parler du tout, elle est faite pour les regards furtifs sous les réverbères des petites routes poussièreuses, pour le parfum des cheveux d'un amant, pour les doigts qui se frôlent dans le noir.
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Rat - avec ses jeans moulants et les consonnes latérales, coulantes et obscures, de son accent inconnu - est un étranger. Il est une balle qui a pénétré la ville et n'a pas encore laissé de plaie en ressortant. Les gens n'ont pas encore décidé où il se place, comment ils vont se former autour de lui , ou même s'ils vont le faire.
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J'ai essayé de commander un muffin, non seulement y avait pas de glutten dedans, mais y avait pas de sucre non plus. Un muffin sans sucre. Comme si le monde était pas suffisamment décevant comme ça ."
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Aujourd'hui, le pasteur Lewis annonce qu'il va parler de "l'homosexuel". Noah n'a que sept ans et il ne sait pas qui est l'homosexuel, mais il est clair que le pasteur Lewis ne l'aime pas, car il le décrit comme "arrogant" et 'sans coeur" et, pire que tout, " ennemi de Dieu".
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Mais les nuits d'été sont sensuelles. Elles sont lentes, faciles, et tellement intimes. On peut réaliser ses fantasmes dans les bois, derrière une grange, dans l'ombre, avec les étoiles pour seuls témoins. La nuit est faite pour les désirs imprononçables. La nuit est faite pour ne pas parler du tout, elle est faite pour les regards furtifs sous les réverbères des petites routes poussiéreuses, pour le parfum des cheveux d'un amant, pour les doigts qui se frôlent dans le noir.
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