Quand l'auteur perd cette position de valeurs qui lui assure son exotopie au héros, on enregistre trois types de base du rapport au héros, avec un nombre de variantes à l'intérieur de chacun des types. […] Deuxième cas : l'auteur a la maîtrise du héros, introduit en lui des principes d'achèvement, le rapport de l'auteur au héros devient, en partie, le rapport du héros à lui-même. […] Ce type de héros peut évoluer dans deux directions. Premièrement, le héros n'est pas autobiographique et le principe d'autoprojection que l'auteur a insufflé en lui est apte à assurer son achèvement ; si, dans le premier cas que nous avons analysé, c'était la forme qui y perdait, là, c'est le réalisme de la visée émotive-volitive du héros dans sa vie qui perd sa force de conviction. Tel est le héros du faux classicisme dont la visée intérieure est soumise à un achèvement exclusivement artistique : dans la moindre de ses manifestations — acte, mimique, sentiment, parole — le héros ne dévie jamais du principe esthétique dont il émane.
L'AUTEUR ET LE HÉROS, I : Le problème du héros.
Pourtant, ces points d'appui situés hors du héros, auxquels l'auteur, bon gré mal gré, doit recourir, n'auront pas un caractère de principe, seront aléatoires et indécis ; ces points d'appui d'une exotopie mouvante fluctueront, n'étant occupés que par rapport à certaines phases de l'évolution d'un héros qui aura vite fait de déloger l'auteur de la position que celui-ci aura provisoirement occupée, l'obligeant à en chercher une autre à l'aveuglette ; ces points d'appui aléatoires sont souvent fournis à l'auteur par les autres personnages auxquels l'auteur s'identifiera, leur empruntant la visée émotive-volitive qui les relie au héros autobiographique, dans l'espoir de se libérer de son héros, autrement dit, de lui-même.
L'AUTEUR ET LE HÉROS, I : Le problème du héros.