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EAN : 9782812612770
288 pages
Editions du Rouergue (03/05/2017)
3.81/5   32 notes
Résumé :
Adam est écrivain public. Tous les après-midi, il écrit pour les habitants de sa petite ville posée au pied des montagnes de Dracula. Des lettres anonymes, des lettres d'amour, des lettres pour ceux qui sont tout près, ou bien ceux qui sont partis en France, partis et jamais oubliés. Mais alors que chacun raconte son histoire et que les mots suivent leur chemin, le moment vient où les choses sont prêtes à basculer. Oui, il faut parfois vingt ans pour écrire une lett... >Voir plus
Que lire après Il est temps de suivre un régime et d'apprendre à volerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Allez, avouez que vous êtes intrigué par le titre... Non ? Couverture superbe, titre mystérieux, voilà de quoi attiser la curiosité du lecteur flânant entre les tables d'une librairie. Eh bien sachez que le contenu est bien dans la veine des promesses de la couverture. Une fable, aérienne, joliment tournée, entre conte philosophique et bande dessinée (à cause des images qui jaillissent, très originales, on imagine tout de suite les cases à dessiner près du texte), empruntant à parfois à la littérature jeunesse. Il se dégage beaucoup de douceur de cette histoire dont les protagonistes ne sont cependant pas épargnés par les tourments de la vie.
Nous sommes en Roumanie, près de Cluj. Adam est écrivain public hébergé dans les locaux de l'école du village à condition de procéder par troc. Lettres d'amour, de menaces, de réclamation, de rupture... sont échangées contre de la nourriture ou des services, au gré des possibilités de chacun. Adam a été abandonné par sa femme, Héléna qui a préféré chercher en France une vie meilleure avec leur fille Pénélope. Depuis, il héberge Dragos, un homme désespéré par un drame ancien, qui tient une sorte de pèse-personne public au service de ses clients qui n'ont pas de balance chez eux. Adam et Dragos vont voir leur vie chamboulée lorsqu'ils croisent la route de Natacha, une jeune Tsigane exploitée par sa famille et qu'ils vont tenter de soustraire à la dure vie qui lui est imposée... Bientôt seront impliqués Stella, qui vit de l'amour des hommes, Corneliu qui rêve d'aller exercer la mécanique en France, Georghiu qui désespère de ramener sa femme partie en voyage en France depuis trop longtemps, Tristan le français qui a fait le chemin à l'envers ou encore Pietru le cardiologue qui veut devenir maire du village.
Il est question de départ et de retour, d'amour et d'amitié, de vies à poursuivre ou à réinventer, de joies et de chagrins. Il est surtout question d'espoir, d'entraide. Et de croire en ses rêves.
C'est charmant, aérien comme une bulle de savon. Très sympa.
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Il était une petite ville, en contrebas des Carpates – les montagnes du Comte Dracula -, où vivait Adam, professeur le matin écrivain public l'après-midi. L'école l'autorisait à recevoir ses clients dans sa salle de classe, mais lui imposait le troc. Ainsi, l'homme se faisait payer en services – travaux dans son appartement, chaussures, nourriture et objets divers -. Dans la cité, de nombreux habitants faisaient appel à son talent rédactionnel pour régler des affaires d'ordre administratif, professionnel, familial, amoureux… Bien plus qu'une plume, Adam était devenu pour la plupart d'entre eux un confident, un conseiller, un allié. En trouvant les mots justes, il rendait leur vie – souvent malmenée – moins dure. Ses journées bien remplies lui permettaient de ne pas penser à sa femme Héléna qui l'avait quitté et avait emmené avec elle leur fille Pénélope en France.

Se succèdent ainsi une galerie de personnages hauts en couleur : Dragos son maladorant colocataire vendeur de poids sur la place publique porteur d'un lourd passé ; Natacha pauvre princesse tzigane sous l'emprise de sa famille ; Gheorge travailleur dans l'import-export qui attend le retour de sa femme partie en vacances en France depuis des lustres ; Martina l'épouse de Tristan – un français – qui aimerait saisir le contenu des lettres qu'il reçoit d'une certaine Isabelle ; Corneliu tricoteur d'écharpes qui voudrait passer un examen de mécanique pour travailler en France ; Victor qui change de testament comme il change de chemise ; Stella la marchande d'amour ; Pietru le cardiologue qui rêve d'être maire…

Des histoires enchevêtrées parsemées de réflexions philosophiques existentielles, des tourments, des espoirs, des choix à faire, des désirs d'ailleurs… le besoin de légèreté, l'envie de déplier ses ailes… des allers-retours géographiques et intérieurs, des cheminements complexes mais nécessaires.

Un premier roman lumineux où la gravité côtoie la légèreté et trouve un équilibre parfait.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Ballanger Michèle – "Il est temps de suivre un régime et d'apprendre à voler" – Ed. du Rouergue, 2017 – format 21x14cm, 276p.

Il convient de ne pas se laisser détourner de ce roman par sa présentation quelque peu "simplette", mièvre, si ce n'est idiote, en tout cas carrément à côté du sujet et du roman, tout comme son titre qui semble annoncer un récit à la mode "marie-claire", "elle" ou "aujourd'hui madame".

Car nous tenons là un récit littéraire de toute première qualité, tant par la qualité de son écriture que par les astuces de narration, la profondeur des personnages et l'originalité du sujet traité. Oui, toutes ces qualités sont réunies dans ce texte fabuleusement littéraire, sans une once de graisse inutile, facile à lire, passionnant et pourtant très poétique ! du grand art.

Face à tant de qualités, je me limiterai à quelques remarques, loin d'être exhaustives.
Le récit met en scène des personnages poursuivant des objectifs (des chimères ?) bien individualisées, et l'auteur montre subtilement comment chaque personnage et chaque chimère exigent un type d'écriture particulier : la jeune fille écrit à son père lointain (style épistolaire), le vieux bonhomme têtu reformule sans fin son testament (style juridique), le jeune homme supplie les murs de la ville de lui ramener son âme soeur (poèmes de Pablo Neruda par exemple), le déroulé quotidien est exposé soit par des dialogues (dignes du théâtre); soit par des actions relatées a posteriori (narrateur omniscient, style romanesque traditionnel). L'auteur glisse ainsi subrepticement toute une réflexion sur les différents types d'écriture littéraire, et ceci donne au récit une dynamique remarquable, chaque chapitre – bref et enlevé – variant de tonalité.

Le réseau de personnages, qui va s'imbriquant au fil du récit, est ainsi cimenté non pas tant par le personnage principal – écrivain public – que par les textes qu'il doit engendrer pour respecter les demandes de ses clientes et clients.

La toile de fond est particulièrement bien choisie, fouillée, analysée sans y paraître : le récit se déroule dans la Roumanie d'aujourd'hui, un pays martyrisé par une des dictatures communistes les plus ubuesques qui fut (le couple Ceaucescu se montra aussi cruel, stalinien et sadique que la dictature de Corée du Nord), à laquelle succéda un régime de corruption maffieuses sans limite aucune, broyant les individus et le pays sans vergogne puisque généré par la mafia communiste qui dirigeait le pays (lire par exemple "Les cosmonautes ne font que passer" d'Elitza Gueorguieva).

Pire encore, et ce thème fonde ici la dynamique du récit sans aucun discours superfétatoire, la Roumanie d'aujourd'hui appartient à ces pays post-communistes qui sont littéralement en train de se vider de leurs habitants, et surtout de leur jeunesse en âge de travailler : tous les personnages sont affectés, soit elles et ils sont déjà partis et incitent les autres à le faire, soit elles et ils partent au cours du récit, soit elles et ils restent mais soutiennent vigoureusement celles et ceux qui émigrent. L'auteur a une connaissance profonde de ce phénomène, qui fonde un autre roman comme "Vilnius, Paris, Londres " d'Andreï Kourkov (voir recension).

Dernière remarque, il s'agit là d'un véritable "roman d'amour" : tous les personnages, quelque soit leur âge, leur statut social, leur existence plus ou moins saccagée, entreprennent de reconstituer le couple rêvé.
Attention, le roman se place résolument dans une optique qui révulsera toute la bien-pensance bobo-germano-pratine-macronesque, puisqu'il s'agit toujours de couples féminin-masculin "normaux" (oups ! la police politique va m'expédier en stage de rééducation idéologique dans un quelconque goulag).
Et tenez-vous bien, il ne contient aucune scène scabreuse (aussi incroyable que cela paraisse) tout en distillant un érotisme assumé, il ne cache pas la violence abyssale des rapports sociaux en Roumanie sans jamais s'étaler avec complaisance en scènes glauques tant à la mode de nos jours.

Une dernière indication pour conclure : ce roman se lit d'une traite, après quoi – rare miracle – on le relit en y découvrant sans cesse de nouvelles raisons de le re-re-lire encore ! du grand art littéraire...
Et il y aurait encore bien d'autres mérites à souligner !

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Le personnage central de ce roman, c'est Adam, écrivain public.
Dans un lycée de Pensylvannie, chaque après-midi, il reçoit des demandes : lettres d'amour, lettres anonymes, testaments, devoirs de français, poèmes et à chaque demande le lecteur fait connaissance avec une histoire de vie, un homme qui tricote des écharpes, une femme qui offre son corps et son amour aux hommes de passage, une princesse mendiante et tant d'autres.
Adam vit seul, sa femme est partie en France, emmenant avec elle leur fille. Ecouter les autres, c'est aussi pour lui enfouir son chagrin et ne pas s'interroger sur lui-même.
Un premier roman de Michelle Ballanger, pas si léger qu'il en a l'air, et bien plus drôle et tendre que le titre donne à penser.
Belle lecture, dans un style bien agréable!
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Une couverture magnifique et un titre en apparence léger pour un premier roman adulte proposé par Michelle Ballanger.

Nous sommes en Roumanie, en Transylvannie au pied de la montagne Dracula.

Adam est professeur de français mais aussi écrivain public.

Les après-midis, les gens défilent et il écrit des lettres qu'ils classent dans des fardes de couleur en fonction du thème des courriers. Il aime coordonner son pull à la couleur de la lettre : lettres anonymes, lettres d'amour, testaments, poèmes ...

Adam vivait seul depuis le départ de sa femme et de sa fille en France, en 1984. Depuis l'an dernier il a accueilli Dragos, un vendeur de poids, vieux, sale. Dragos et les lettres lui permettent d'oublier sa solitude et celles qui l'ont quitté.

Au fil des lettres, nous découvrons des personnages parfois hauts en couleur qui vont animer sa vie. Peu à peu, les vies se glissent les unes dans les autres, se tissent des liens.

Natacha une petite princesse gitane et Corneliu, un tricoteur d'écharpes multicolores vont changer un peu le cours de sa vie. Il y a aussi Stella, la vendeuse d'amour, Victor et son héritage, Gheorge qui voudrait récupérer sa femme partie en France.


A travers ces vies et ces personnages nous découvrirons en filigrane l'histoire de la Roumanie, le régime de Ceaucescu, les premières élections, les privations et le changement.

Nous sommes en 2008, il faut parfois du temps pour comprendre les choses, pour faire éclater une rancoeur et enfin réagir.

Un très beau roman qui nous est présenté de façon originale par le biais de ces échanges épistolaires. Il se compose de trois parties : "Les bagages" - "Les voyages" et "Aller-retour".

Un récit qui permet de comprendre l'envie de vivre ailleurs, l'espoir d'une vie meilleure. La vie des gitans aussi est traitée et nous donne un autre regard sur cette communauté. Des femmes qui prennent leur destin en main.


Une belle pioche pour notre lecture commune avec Julie des "Petites lectures de Scarlett"

Ma note : 8.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
« – Le regard a-t-il quelque chose à voir avec le poids? – Bien sûr. C’est la même chose. Le regard que tu poses sur toi-même fait bouger la balance. Te rend lourd, pesant ou au contraire léger comme un oiseau, presque sans poids. Je le vois bien. Un homme, une femme, avant de monter sur ma balance, a une idée de lui-même qui le rend souriant ou pas. Et puis, il lit le nombre qui apparaît sur le cadran et là, le regard peut changer, devenir un bonheur, un souffle de joie et il ou elle repart avec bien moins de poids que de kilos. Ou au contraire il ou elle repart en laissant de profondes empreintes dans le sol. Pourtant rien n’a changé entre avant et après. Sauf le regard qu’ils portent sur eux-mêmes. Les gens se jugent, se condamnent ou s’acquittent, se félicitent ou se torturent. »
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- La vie est élastique, dit-il.
- Elle s'étend et rétrécit, c'est ce que tu veux dire ? suggère Stella
- Oui, j'ai cette impression souvent : que les gens s'étirent, s'étirent, s'étirent fort, allongent leur élastique, alors ils créent, bâtissent, inventent, font des révolutions, quelquefois ils arrivent à toucher les cimes et puis l'élastique, brusquement casse ou se rétracte. Et c'est la fin. Les gens redeviennent plus petits qu'avant parce qu'ils gardent la marque de leur ascension et ils meurent.
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Il ne faut pas avoir peur. Ce millénaire est en marche et nous avons toutes les cartes en main pour le vivre pleinement et dans la sécurité de tous. Car la modernité que nous apercevons par cette porte grande ouverte ne fait pas que nous plaire. Elle nous renvoie aussi des événements qui ne sont pas de nos valeurs. Que disons-nous de ces pays où les vieilles gens meurent seules ? Où plus personne ne prend soin d’eux et où la chaleur les tue dans l’indifférence car chacun est occupé à regarder ailleurs. Nous nous en moquons ironiquement car, nous, Roumains, nous n’oublions pas de prendre soin des aînés. Nous nous sentons meilleurs.
Mais sommes-nous réellement exemplaires ? Nous laissons vivre aux portes de nos villes sans eau, sans électricité, dans la plus grande misère et dans les coutumes les plus moyenâgeuses un peuple entier. Et l’Europe le sait et l’Europe s’en souvient car c’est chez elle que les Gitans vont chercher de meilleures conditions de vie. Et l’Europe nous regarde ironiquement et se demande comment il est encore possible de vivre ainsi à notre époque. Et l’Europe se sent meilleure. Notre ville est faite de ces contrastes et le maire que nous allons élire ne peut les ignorer. Mais que peut-on attendre de lui ?
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« Au volant de ce 4×4 non rouillé qui ronronne en avalant les kilomètres, il sent la ligne de son dos appuyée contre le siège. Il sent la vie circuler, les histoires se rencontrer. Il n’a pas envie d’arriver. Il a quitté la Roumanie mais il y reviendra. Il va en France mais il en repartira. Quel que soit le sens de la route, il a peur de se briser encore quelques os. Bien sûr ils se réparent tout seuls. Extraordinaire quand on y pense. Le corps capable de créer de la matière os. Il crée donc de la matière amour. À l’infini et jusqu’à la mort. Des amours peut-être plus fragiles, plus longs à devenir forts. Des amours qui ne se sont pas donnés. Et après, quand tout est fini, quand tout s’est décomposé, il ne reste plus qu’eux, les os. Seules preuves que nous avons vécu. »
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(...) Elle a pris son visage entre ses mains et l'a embrassé. Doucement, avec une infinie tendresse et tellement d'amour que Corneliu a aussitôt senti son coeur battre plus vite, ses mains s'affoler, son sexe se tendre. Il s'était promis, quand elle était arrivée dans cette chambre, d'être encore un peu patient, de la laisser venir jusqu'à lui sans la brusquer, jusqu'aux limites de lui-même pour voir s'il existait encore un territoire où être ensemble, où la vie serait possible. A peine ce premier baiser se terminait-il que Corneliu savait déjà les milliers d'autres qui le suivraient et la vie qu'ils colorieraient.
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