Ballard...! on m'avait prévenue que "
Le Vent de Nulle Part" n'était pas son meilleur roman. Lui-même avait décidé qu'il ne serait pas réédité parce qu'il le considérait comme le moins abouti...
Pour moi, ce fut ma première lecture de cet auteur et je ne peux cacher une certaine déception...
Certes, ses descriptions sont précises et nous permettent une immersion profonde dans un décor de fin du monde imminente.... Son talent d'écrivain est bien là et l'on a par moments l'impression d'entendre souffler ce vent violent, redoutable et menaçant... On suffoque presque en s'imaginant cette
poussière charriée par l'élément déchaîné et l'on se surprend à retenir son souffle pour se préserver d'elle... Les visions de constructions emblématiques du monde entier détruites tels des châteaux de cartes, puis des villages, des villes entières. Les blocs de bétons charriés comme des fétus de paille, les pertes humaines qui s'accumulent.... La progression de la menace, jusqu'à son paroxysme.....
Oui, mais voilà : au bout d'un moment tout cela est assez répétitif et l'on a l'impression de lire un communiqué de presse ou un rapport militaire.... En même temps, pourquoi pas ? Puisqu'il s'agit bien d'une guerre qui est engagée, contre le vent et la poussière... Mais dans le même temps, on se sent un peu largué sur le bord de la route, sans que l'auteur nous donne la possibilité de prendre part au combat... L'intrigue est mince, les personnages peu fouillés et donc peu attachants.... Dommage! le milliardaire Hardoon, en particulier aurait gagné à être mieux traité car le peu qu'on en découvre laisse entrevoir une personnalité complexe, à la fois névrosée et fantasque, touchante toutefois par son côté hallucinée mais sincère....
La lutte des habitants et le thème de la survie sont à peine effleurés.... Tout comme l'appauvrissement de l'humanité quand à certaines valeurs essentielles et son affaiblissement dans la recherche d'un mode de vie axé sur le secondaire, le superflu....
Et puis, soudain, le vent se tait et tout s'arrête.... Ne pas avoir d'explication quand à son origine, ne m'a pas vraiment gênée car c'est justement l'occasion pour le lecteur de fouiller son imaginaire et de trouver sa propre explication en fonction de ses fantasmes ou de ses convictions.... Et c'est une fin un peu abrupte mais assez logique avec la forme du récit et son propos qui n'est pas d'expliquer mais de montrer.
Donc, fini Ballard ? Non, car sa plume est alléchante.... Peut-être vais-je me tourner vers des oeuvres plus "reconnues"....