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EAN : 9782262061265
224 pages
Perrin (21/05/2015)
4/5   7 notes
Résumé :
La premiere biographie de la plus emblématique femme de pouvoir du Moyen Age : Mahaut d'Artois.

Le destin de Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne, immortalisé par les écrits de Maurice Druon et par deux fois porté à l'écran, est remarquable. Petite-nièce de Saint Louis, cousine, marraine et belle-mère de roi, Mahaut d'Artois est en effet l'un des plus puissants personnages du royaume de France dans la première partie du XIVe siècle.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
S'il est une femme qui exerça le pouvoir au Moyen Âge, c'est bien Mahaut (ou Mathilde) d'Artois (peut-être née vers 1270 et morte en 1329), qui siégea au Conseil du roi, fut pair de France, devint comtesse d'Artois à la mort de son père Robert II tué à la bataille de Courtrai en 1302 puis régente pour le comté de Bourgogne au nom de son fils en 1303, juste après le décès de son conjoint Othon IV.
On retient surtout à son sujet le sort réservé à deux de ses filles, Jeanne et Blanche, épouses de deux fils de Philippe IV le Bel, impliquées dans une affaire d'adultère et emprisonnées sur l'ordre du roi, et le conflit qui l'opposa à son neveu Robert III d'Artois, lequel guignait le titre de comte et intenta sans succès plusieurs procès à sa tante, démarches qui ne pouvaient pas aboutir puisque la coutume, qui avait force de loi par habitude, désignait d'office l'enfant, mâle ou femelle, du défunt comte pour prendre le titre, ce qui revenait de droit à Mahaut, qui devait aussi subir la contestation et la fronde de plusieurs nobles artésiens, mécontents de la présence d'une femme à la tête du comté. Mais, élevée à la dure, comme un homme, Mahaut avait aussi des qualités naturelles et une fierté qui devaient lui permettre de relever le défi et qui montraient combien elle était faite pour diriger ce comté qu'elle gouverna avec intelligence, aidée en cela par une culture qui lui avait fait acquérir des manuscrits que l'on trouvait dans certaines bibliothèque princière et qui fut habilement conseillée et secondée par l'influent Thierry de Hérisson, qui devait gagner et conserver la confiance de Mahaut, une confiance amplement méritée. Cela n'empêcha pas le chancelier d'aider aussi de ses conseils le roi de France, ce qui n'a rien au fond d'étonnant dans la mesure où la comtesse avait elle-même sa place au Conseil et devait de ce fait et aussi parce que deux de ses filles allaient devenir reines de France du fait de leurs époux s'intéresser pas mal aux affaires du royaume.
Christelle Balouzat-Loubet signe ici un beau livre dans lequel elle fait justice des accusations portées contre Mahaut d'avoir été une empoisonneuse, supposition que la documentation à notre disposition ne permet en rien de confirmer. L'ouvrage fait suite à la thèse que l'auteure consacra à cette comtesse sur laquelle nous savons pas mal de choses, malgré une certaine faiblesse documentaire, reconnue par Christelle Balouzat-Loubet qui comble le vide par une réflexion argumentée sur les querelles entre vassaux et suzerains pour la conquête du pouvoir, montrant aussi qu'ici Mahaut avait le droit pour elle et que ceux qui voulaient lui ravir sa place n'étaient que des jaloux, des envieux et des imposteurs.

François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)
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Vous connaissez tous les Rois Maudits ?
(La foule) : Ouiiiiiii !
Vous connaissez Mahaut d'Artois alors. Vous êtes-vous jamais demandé si le portrait qu'en fait Maurice Druon est conforme à la réalité ?
(La foule) : Noooon !
Ben moi, si ! En tout cas j'ai sauté sur l'occasion de savoir quand je suis tombé sur ce livre, complètement par hasard.

Première chose, il existe bien une légende noire de la duchesse d'Artois, petite nièce de Saint Louis, initiée par Jean Froissart et longtemps développée à travers les siècles, jusqu'au 19ème et, donc, jusqu'aux Rois Maudits. Maurice Druon a développé le personnage en lui faisant endosser nombre d'actions, comme des empoisonnements, pour lesquelles seules subsistent des rumeurs. Ce personnage tellement haut en couleur que j'ai adoré détester (j'étais du côté de Robert le neveu) a été romancé avec talent pour combler les trous des sources la concernant.

Peu de sources donc, mais Christelle Balouzat-Loubet les exploite à fond. Elle sait remplacer les trous par des généralités sur le monde médiéval franc du 13ème siècle et du début du 14ème. Par exemple, on ne sait pas grand-chose de l'enfance et de l'éducation de la jeune Mahaut. En revanche on sait comment étaient élevés et éduqués les enfants nobles de l'époque. L'auteur exploite ce filon et nous donne nombre d'informations de valeur. C'est également le cas à propos des lectures du temps, et de celles de Mahaut en particulier (dont on connaît les livres qu'elle possédait).

J'ai été impressionné en découvrant que les grands événements de la vie de la duchesse collaient tellement bien à ce que Maurice Druon nous a présenté. L'homme s'était vraiment bien renseigné. Il est difficile de repérer des écarts par rapports aux sources. Elles existent néanmoins. Plus précisément, elles existent entre les sources et le feuilleton télé de 1972 (qui est ma référence ; je fais un culte sur ce feuilleton). Privée du manteau noir de sa légende, Mahaut se révèle comme une femme maitresse de terres turbulentes et pair de France ; une femme parvenant à maintenir son rang contre vents et marées bien nombreux. Ses barons artésiens ne l'ont pas épargnée et elle a dû jouer sur des registres variés comme la force ou sa « faiblesse de femme » quand cela se révélait utile. Les querelles de voisinage, avec le comte de Flandres ou l'évêque de Cambrai, ont été nombreux. Et bien entendu, son neveu Robert qui revendiquait le comté d'Artois pour lui-même, était un vrai pitbull accroché à sa cheville. Robert avait des raisons qui se défendaient lors un procès. Je ne vais pas les détailler ici.
Le pire pour Mahaut est évidemment le scandale de la tour de Nesles : les filles de Mahaut, épouses de fils du roi Philippe IV le Bel, furent convaincues d'adultère (enfin, Blanche fut convaincue avec Marguerite de Bourgogne. Jeanne fut accusée d'avoir favorisé la chose). Un sacré coup pour la duchesse.

Une chose ressort de ce livre : c'est l'importance de la loi et des procès dans la vie médiévale française. Mahaut fut en procès pratiquement toute sa vie, attaquant parfois, se défendant à d'autres.
Des anecdotes m'ont également marqué :
* Je ne savais pas que la Quasimodo était une fête religieuse qui suivait Pâques de peu.
* A l'époque, le lion était réputé pour appeler à la vie par son souffle ou ses rugissements. Cet élément est repris par C.S. Lewis dans ses romans sur Narnia (le lion Aslan a ce don).

La lecture du livre est essentiellement agréable, mais pas toujours. Christelle Balouzat-Loubet cède à la tentation de livrer des descriptions de catalogues d'objets que je trouve barbantes ; par exemple la forme de tous les sceaux de Mahaut ou la liste des églises et autres hospices devant lesquels Mahaut passa lorsqu'elle traversa Lens. Probablement utile aux futurs historiens pour glisser une référence, cela assoupit le lecteur lambda que je suis. A notre époque, je suis persuadé qu'un ajout d'images serait plus opportun que tout ce texte. Je sens ici la patte du directeur éditorial Didier le Fur qui est un maître en la matière.

En conclusion, je dirais que ce livre confirme le portrait de Mahaut d'Artois livré par Maurice Druon du point de vue de l'opiniâtreté, mais le débarrasse de l'encre noire de la légende.
Ça vous a plu ?
(La foule) : …
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Figure littéraire avant toute chose, superbement mise en scène dans deux séries et interprétée par Hélène Duc en 1972 puis par la grandiose Jeanne Moreau en 2005, le personnage historique de Mahaut d'Artois a été largement éclipsé par l'oeuvre de Maurice Druon. Cette biographie de Christelle Balouzat-Loubet, maître de conférences en histoire médiévale à l'université de Lorraine (Nancy), s'attache à rétablir le parcours de la comtesse d'Artois.

« Son visage, au masque engraissé, donnait une impression de force et de volonté. Elle avait le front large et bombé, le cheveu encore bien châtain, la lèvre un peu trop duvetée, la bouche rouge ». Dans une description tout droit sortie de son imagination, Maurice Druon dépeint un personnage au physique bien marqué et dans lequel se lit la détermination et la force du personnage. Ici s'arrête la ressemblance avec le personnage historique, nous signale dans son avant-propos l'agrégée d'histoire.

La suite sur mon blog : https://unepauselitteraire.wordpress.com/2015/07/13/mahaut-dartois-de-christelle-balouzat-loubet/
Lien : https://unepauselitteraire.w..
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critiques presse (1)
NonFiction
22 septembre 2015
Une révision historiographique du portrait de l’une des plus célèbres femmes nobles du XIVe siècle français, et du pouvoir au féminin.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les nobles perdirent progressivement de leur indépendance vis-à-vis du pouvoir central, qui affirmait sa présence non seulement par le recouvrement des premiers impôts, mais aussi par la multiplication des ordonnances, par lesquelles le souverain imposait des décisions législatives à l'assemblée du royaume. L'interdiction des tournois (ordonnances de 1260, 1314) et des guerres privées (ordonnances de 1245, 1257, 1311, 1314, 1318) menées par les nobles pour défendre leur honneur blessé ou exercer leur droit de vengeance fut en outre perçue comme une atteinte à leurs privilèges.
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Les apanages étaient des portions du domaine royal concédées par le souverain à ses fils puînés, qui, en raison du droit d'ainesse, étaient privés de l'essentiel de l'héritage parental. Cette concession était conçue comme une compensation à cette exclusion de l'héritage. Son objectif premier était de fournir aux puînés de quoi vivre, comme en témoigne l'étymologie latine du terme, ad panem, c'est-à-dire "pour le pain". Elle offrait en outre à ces "princes des fleurs de lys", c'est-à-dire issus de la dynastie royale, une assise territoriale, féodale et politique dans le royaume qui leur permettait de tenir leur rang.
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Les valets se répartissaient entre les six offices, ou services, de l'hôtel. Cette structure, ..., s'inspirait de l'hôtel royal, lui-même organisé, dès la fin du XIIIe siècle, en six "métiers". En Artois, la paneterie fournissait le pain, la bouteillerie était en charge du vin, la cuisine élaborait les repas, l'écurie gérait les chevaux, la fruiterie s'occupait de l'éclairage, la fourrière était responsable de la literie et des transports.
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La future comtesse d'Artois fut en effet une princesse bibliophile. Il n'y a là rien d'exceptionnel : le livre était au XIVe siècle un objet rare, un objet de luxe, dont la possession témoignait de la puissance sociale. Posséder des livres faisait partie de l'identité royale et princière.
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L’éducation délivrée aux enfants, différenciée en fonction du milieu social auquel ils appartenaient, l’était aussi en fonction de leur sexe. Même si le débat sur la place des femmes dans la société médiévale est toujours ouvert, on ne peut nier la difficulté pour une femme de s’imposer dans un monde alors pensé par les hommes, et a fortiori par les clercs. Ces derniers, moines ou séculiers, étaient les principaux détenteurs du savoir à l’époque médiévale, qui assignaient aux femmes leur place dans l’économie humaine. C’étaient donc paradoxalement ceux qui vivaient coupés des femmes, qui ne savaient rien d’elles, qui livraient les connaissances sur la gent féminine, à travers le prisme des modèles fournis par l’Écriture
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Videos de Christelle Balouzat-Loubet (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christelle Balouzat-Loubet
Storia Voce. 7 novembre 2019 Ils ont été maudits (2/2) / Les règnes
Dans le cadre du programme de collège, les élèves sont amenés à étudier le pouvoir des Capétiens. Il y eut un miracle capétien, celui d'une succession de père en fils sans interruption, de la fin du Xe siècle au début du XIVe siècle. Or, cette succession fut interrompue au profit des Valois après trois ultimes règnes, ceux de Louis X le Hutin, Philippe V et Charles IV. Maurice Druon les appelait les rois maudits. Mais qui furent ces derniers capétiens? Ces rois peuvent-ils bénéficier d'une réhabilitation et les sortir de leurs légendes littéraires? Ont-il joué un rôle dans l’affirmation du pouvoir monarchique et d l'Etat moderne. Bref, peut-on se contenter de l'adjectif de maudit et voir ainsi au delà? Après avoir étudié dans une première émission l'éducation des fils de Philippe Le Bel, Christelle Balouzat-Loubet nous décrit ici leur règne. Elle est interrogée par Christophe Dickès.
L'invitée: Agrégée d’histoire, Christelle Balouzat-Loubet a soutenu une thèse sur « le gouvernement de la comtesse Mahaut en Artois (1302-1329) », menée à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est actuellement Maître de conférences en histoire médiévale à l’Université de Lorraine (site de Nancy). Elle est l'auteur de Mahaut d'Artois (Perrin, 224 pages) et de Louis X, Philippe V, Charles IV, les derniers capétiens (Passé composé, 208 pages).
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