AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 49 notes
5
1 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
L'Interdiction est un titre qui peut porter à confusion quand on ne sait à quoi cette interdiction se réfère.
De nos jours, la formule consacrée pour désigner cette forme d'interdiction serait très certainement " la mise sous tutelle ".
Ici, il sera bien sûr question d'argent, de jugement, et, accessoirement, de noblesse.
En effet, la très noble, très en vue et très soucieuse de son apparence, Madame la Marquise d'Espard, qui vit séparée de son légitime époux et de ses deux enfants depuis douze ans, réclame cette susnommée interdiction à l'encontre de son mari, estimé fou et non responsable de ses actes, notamment en qualité de spoliateur et de dissipateur d'une fortune appréciable.
La marquise, qui tient un salon très couru fréquenté par nombre de (très) grosses légumes (il s'agit de cette même personne qui sera la protectrice de Madame de Bargeton dans les Illusions Perdues), essaie de jouer de toutes ses influences pour piper les dés de l'arbitrage judiciaire.
Or, le juge d'instruction mandaté pour faire toute la lumière sur cette requête en interdiction n'est autre que l'humble, discret et fort honnête juge Popinot, positivement connu des pauvres et des nécessiteux, oncle du non moins philanthrope médecin Horace Bianchon, vieille connaissance des habitués de la Comédie Humaine.
Après un démarrage assez poussif, Honoré de Balzac relance l'intérêt de ce petit roman et nous ravit en faisant de son juge Popinot un avatar avant l'heure du célèbre lieutenant Colombo.
Jean-Jules Popinot, homme d'allure minable, qui joue les niais mais qui sait mieux que personne percer à jour les plus habiles plaideurs et les plus retorses intentions et qui laisse stupéfaits (j'allais écrire " interdits ", mais ce ne me semble pas judicieux) ceux qui l'ont sous-estimé de prime abord.
Qu'en est-il de la folie du Marquis d'Espard ? Qu'obtiendra la ravissante fourberie de la Marquise ? Voilà bien deux questions pour lesquelles je m'en voudrais de vendre la mèche.
En somme, un bon petit roman (peut-être même qualifiable de nouvelle) qui une nouvelle fois met à mal tant la Vertu humaine (avec un grand V comme Vérole) que le crédit qu'on peut escompter de notre sacro-sainte Justice (avec un grand J comme Judas).
Oui, une fois encore, n'hésitez pas à venir gratter un petit peu le vernis de l'humanité avec notre vieil ami Balzac, afin de voir ce qu'il y a en-dessous, vous ne serez pas déçus, à tout le moins, c'est mon misérable avis, qui ne vaudrait pas grand-chose en justice.
Commenter  J’apprécie          680
D'une affaire d'interdiction, on tombe sur une rencontre entre deux âmes qui ont en commun la préservation de leur honneur...le juge et l'accusé, l'un, Popinot, un homme grand défenseur des pauvres, se ruinant dans des activités à caractère sociale, ayant une apparence stupide dans sa tenue mais très méticuleux dans son travail, ne se laisse pas berner à première vue, l'autre, le marquis d’Espard, traité de fou, à tort bien sur, accusé de dilapider sa fortune au profit d'une autre famille, appauvrissant ainsi ses enfants, en fait le marquis préfère s'acquitter du grand prix du déshonneur qui a pesé longtemps dans sa famille plutôt que de voir sa progéniture plongée dans une fortune souillée. Face à ces deux bons sens, la plaignante, la marquise d’Espard va se mordre la queue peut-être, mais, est-t-il que l'ignominie est maitresse dans ce monde? La marquise va s'en servir bien sûr...

Un tout petit roman, un petit plaisir bien assuré!
Commenter  J’apprécie          230
Une nouvelle longue en description.
Je me sens frustrée par cette lecture,elle est pour moi inachevée. J attendais une fin heureuse mais je suis restée sur ma fin.
Il n y a pas de suite au récit.
Pour une fois Balzac me déçoit, c est tellement triste,comme s il n avair plus eu envie d ecrire cette nouvelle qui aurait ou être pleine de surprises et de retentissements.
Commenter  J’apprécie          180
Une nuit de 1828, à la sortie d'une réception, deux vieux amis de la pension Vauquer se rejoignent. L'un aurait un service à demander à l'autre, une affaire un brin retorse sur la forme mais assez simple sur le fond. Résumons : Rastignac envisage d'abandonner Delphine de Nucingen pour la marquise d'Espard, plus influente et plus à la mode, plus utile à sa carrière et à sa vanité. La marquise d'Espars, elle, envisage de faire mettre sous tutelle (interdire) son époux, sans doute plus qu'à moitié fou et compromis dans des aberrations ruineuses qui menacent l'avenir de leurs enfants. le juge censé arbitrer l'affaire n'est autre que l'oncle de Bianchon. Ce dernier ne pourrait-il glisser un mot en faveur de la belle, favoriser une rencontre où elle puisse défendre directement ses arguments ?
C'est un homme des plus probes qu'Horace Bianchon, mais c'est aussi un ami fidèle : il fera de son mieux selon sa conscience. C'est le plus probe des juges que Jean-Jules Popinot, mais il ne voit aucun inconvénient à rencontrer tour à tour les deux partis en présence afin d'affiner son opinion. le plus probe, mais aussi le plus fin, et il ne tarde pas à comprendre qu'entre l'épouse bafouée et le mari cinglé, les choses ne sont pas si simples qu'elles le paraissent. Est-il d'ailleurs aussi fou qu'on le prétend, monsieur le marquis ?

Cette longue nouvelle De Balzac peut paraître un peu anecdotique mais on y retrouve, efficacement mis en scène, l'un de ses grands thèmes de prédilection : la véritable nature de la grandeur, confrontée aux vanités tortueuses, aux intérêts égoïstes et à la stupidité mesquine du monde. Grandeur incomprise, trop pure pour vouloir se faire reconnaitre, qu'incarnent chacun à sa manière deux hommes bien différents, le petit juge obscur et le marquis fortuné, le bourgeois et l'aristocrate enfin voués, peut-être, à se comprendre.
Le thème est intéressant, la peinture très vivante des lieux, des hommes et des caractères l'est tout autant, et les allures d'enquête que ne tarde pas à revêtir la narration accroche à merveille la curiosité du lecteur. Last but not least : les retrouvailles avec Rastignac - parfaitement cynique désormais - et Bianchon - toujours égal à lui-même - ne sont pas le moindre des plaisirs offerts par cet excellent petit condensé De Balzac, que j'apprécie d'autant mieux après les longues digressions des Illusions Perdues !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          142
La marquise d'Espard souhaite que son mari, dont elle est séparée, soit déclaré inapte par la justice afin d'obtenir la tutelle de son argent. Pour ce faire, elle va utiliser ses relations mondaines afin de convaincre le juge chargé d'instruire l'affaire de statuer en sa faveur.

On rencontre ici beaucoup de personnages-clés de la Comédie humaine, comme Rastignac ou Bianchon, ce qui donne un aperçu des relations entre eux. Bien que ce soit de manière assez furtive, cet aperçu nous permet de leur caractère, de leurs qualités et de leurs défauts. le moins que l'on puisse dire, c'est que la plupart d'entre eux sont fortement antipathiques. de la femme vénale au mondain qui cherche à « arriver » par les femmes.

Comme dans La Messe de l'Athée et comme dans d'autres de ses textes, Balzac oppose les vices et petitesses d'une frange majoritaire de la bonne société à la droiture et à la noblesse d'esprit d'une minorité. Ce qu'elle est en comparaison de ce qu'elle devrait être si la morale était à sa juste place, en quelque sorte. Il y a aussi une réflexion sur la beauté intérieure et l'apparence physique que j'ai trouvé intéressante en ce sens que la plupart des réactions des protagonistes se font en fonction de cet aspect.

Un récit que j'ai trouvé intéressant, qui n'est pas sans rappeler un peu le Colonel Chabert, mais qui pâtit d'un défaut récurrent chez l'auteur: ses personnages féminins odieux et sournois.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          80
Le juge Popinot est mandé par la comtesse d'Espard afin d'accéder à sa demande d'interdiction (mise sous tutelle aujourd'hui) du comte dont elle est séparée depuis déjà quelques années. Celui-ci serait dépensier, vivant dans des conditions indignes pour l'éducation des enfants. Il serait par ailleurs obnubilé par la Chine au point d'avoir créé une revue à perte et d'obliger ses enfants à apprendre le mandarin. de plus, il aurait donné une grande partie de sa fortune à un ancien officier napoléonien et à sa mère, Mme Jeanrenaud, pourtant fort laide ! Mais le juge Popinot est un homme intègre et refuse d'accepter l'histoire de la comtesse sans enquêter de son côté, malgré le fait que celle-ci fait partie du Tout-Paris et a des relations haut-placées, longues comme le bras. Car le juge, d'apparence modeste et quelque peu ridicule, souvent moqué, méprisé, est beaucoup plus perspicace qu'il n'y parait et il constate d'emblée l'hypocrisie de la comtesse. Son enquête, auprès de Mme Jeanrenaud puis du comte d'Espard est d'ailleurs fort instructive et ne correspond en rien à la description de la comtesse. Ici, Balzac met en scène toutes les turpitudes de la noblesse et de la bourgeoisie durant la Restauration. Et que peut faire un simple juge face à une telle corruption morale et financière ? Un court roman cynique et amoral, dans la veine du "Colonel Chabert".
Commenter  J’apprécie          70
L'interdiction est un acte juridique qui retire à un parent le droit d'élever ses enfants, le plus souvent pour une question de folie et d'inaptitude. Ici c'est Madame d'Espard, la grande Madame d'Espard que l'on voit partout dans la comédie humaine qui lance les hostilités contre son mari. Serait il fou parce qu'il vit simplement, il écrit un livre sur la Chine et il s'est exclu de la société "à la mode* ? La nouvelle est rédigée comme une enquête policière. On suit le juge Popinot, tendre personnage aux principes bien solides, à travers les interrogatoires qui permettront enfin de faire triompher la vérité ... À moins que le jeu social ne tourne en faveur de l'injustice. Un régal !
Commenter  J’apprécie          50
Le juge Popinot doit trancher dans un conflit qui oppose la célèbre Marquise d'ESPARD à son mari qui vit reclus avec leurs deux fils.
La marquise voudrait interdire son époux. Cette action judiciaire rend le concerné incapable de gérer ses biens. Les explications à l'encontre de l'homme sont accablantes, sa gestion présente des lacunes incohérentes.
Popinot a la réputation d'être intègre et il va rendre visite à l'accusé. Là, il va de surprises en stupéfactions ! le coupable n'est pas toujours celui qu'on accuse.

Un texte très sensible, Balzac rend dans une histoire une critique acerbe de la justice.

Le manuscrit daté de 1836 est consultable en micro-film. Des ébauches plus anciennes de quelques pages ont aussi été récupérées. La version actuelle compte une grosse quinzaine de corrections (corrections grammaticales, substitutions de noms, précisions d'attitude)




PERSONNAGES

La majorité des personnages qui jouent un rôle dans L'Interdiction reparaissent dans La Comédie humaine.

– Horace BIANCHON : médecin. Neveu de Popinot, le personnage joue un rôle important dans La Messe de l'athée, dont la publication précède de peu celle de L'Interdiction. Reparaît dans une trentaine de textes de la Comédie humaine, où il devient illustre.

– M. CAMUSOT (dit Camusot de Marville) : magistrat. Nommé d'abord dans L'Interdiction La Giraudais. Est rebaptisé Camusot dans l'édition Furne (1844). C'est lui qui reprend le dossier d'Espard, sous le regard ironique de Popinot. On le retrouve tout au long de Splendeurs et misères des courtisanes et dans le Cousin Pons, avec qu'il est apparenté.

– Marquis Charles-Maurice-Marie-Andoche d'ESPARD : vivant retiré de la société parisienne. Personnage nouveau dans L'Interdiction, où il joue un rôle central, mais un peu effacé (il est trop parfait). Les allusions au marquis qui suivront dans l'oeuvre De Balzac se feront en référence à L'Interdiction.

– Marquise Jeanne-Clémentine Athénaïs d'ESPARD : une des figures du Faubourg Saint-Germain. Première apparition dans L'Interdiction. Appelée baronne dans le brouillon abandonné de la nouvelle, puis vicomtesse sous une surcharge du manuscrit. le prénom de Josephine, Jeanne, Clémentine qui est le sien dans le manuscrit est modifié en Jeanne-Clémentine Athénaïs dans la Chronique de Paris. La marquise apparaît dans plus de 20 oeuvres de la Comédie humaine, toujours dans le même rôle d'une femme sans coeur, et n'est pas sans ressemblance avec la duchesse de Langeais.

– Madame JEANRENAUD : le personnage, nommé d'abord Marboutin, apparaît sous le nom de Jeanrenaud dans l'édition Furne. « Laide à perpétuité et malheureuse comme les pierres ». Mais une excellente femme, et d'une scrupuleuse honnêteté : « chez la bonne femme tout était rond ». Ne reparaît pas.

– Jean-Jules POPINOT : magistrat, le juge d'instruction la plus intègre du tribunal de première instance de la Seine. Personnage nouveau et central dans L'Interdiction. Il est prénommé Jean-Joseph dans le manuscrit, avant d'être rebaptisé Jean-Jules dans la Chronique de Paris. C'est un personnage exemplaire, qui tend au premier rôle dans la nouvelle. Balzac lui accorde le don de seconde vue. Il est doué du « génie d'observation », « son jugement était lucide et sa pénétration profonde » pour le bien comme pour le mal. Onde d'Anselme Popinot, l'époux de Césarine Birotteau. Il tente d'obtenir un non-lieu pour Lucien de Rubempé (Splendeurs et misères des courtisanes) et sera un modèle pour les Frères de la consolation (L'Envers de l'histoire contemporaine).

– Eugène-Louis de RASTIGNAC : le personnage vient du Père Goriot. Dans L'Interdiction, est prénommé d'abord Ernest de Rastignac avant d'être rebaptisé Eugène dans l'édition Furne (1844).

Commenter  J’apprécie          50
Où se cache la folie dans la bonne société parisienne ? Chez le juge soucieux seulement de justice, qui se promène en habit sale et râpé, intéressé seulement par l'application du droit plutôt que par les compromissions du monde qui lui permettraient de progresser dans sa carrière, mais qui distribue son salaire aux pauvres habitants de son quartier ?
Chez le noble qui semble dilapider son argent pour une femme vieille, laide et grosse, mais qui répond à des exigences de probité et d'honneur ?
Chez la grande femme du monde, qui dissimule ses enfants pour se donner vingt ans de moins ?
Une belle nouvelle De Balzac, sur l'hypocrisie, la dissimulation, et l'importance des apparences.
Commenter  J’apprécie          50
Une femme veut faire mettre en tutelle son mari, sous le prétexte qu'il dilapide l'argent et met en danger ses enfants. Ce dernier agit en fait pour se laver d'une ancienne histoire de famille. Un vieil avoué
réussira presque à faire éviter la procédure mais au dernier moment la femme saura faire agir ses relations...
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1309 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *}