« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'une nouvelle
De Balzac,
le chef-d'oeuvre inconnu.
Un peintre débutant et prometteur, Nicolas Poussin, se rend chez un autre, dont la carrière est lancée, Porbus. Il rencontre chez ce dernier un maître de la couleur et de la lumière, un certain Frenhofer.
-Et ?
-Et je n'en dis pas plus.
-C'était bien ?
-Non, je suis déçue, sans pouvoir dire si c'est la faute du texte ou celle de mes attentes. J'ai lu en quatrième de couv' ceci : un « conte fantastique ».
« Chouette, me suis-je dit, j'adore les histoires de tableaux hantés. Mais pourquoi des guillemets ? »
J'ai obtenu la réponse très vite : parce que ce n'est pas un conte fantastique. Je suis désappointée. Et j'ai horreur d'être désappointée.
-Bon, c'est pas grave, Déidamie, il reste un beau
Balzac à lire qu'on ne connaissait pas !
-Muf. Non. Même pas. J'espérais une jolie fiction, avec une chute glaçante ou percutante. Et j'ai lu une théorie sur l'art de la peinture.
-Déidamie, t'es injuste. Ce texte contient de belles idées sur cet art complexe ! Et Frenhofer est fascinant !
Son enthousiasme a quelque chose de captivant. J'ai adoré cette laideur possédée par l'obsession de la perfection, j'ai trouvé ce personnage plein du charisme qu'apporte une passion sincère et dévorante. le portrait est bien brossé. J'en ai presque oublié qu'on n'est pas fichues de tracer des bâtons sur une feuille pour saisir un crayon et chercher cet idéal, moi aussi !
-Heureusement que tu t'en es souvenue. On a passé toute notre jeunesse à entendre à quel point on avait une sale écriture moche, on va pas en plus se faire dire qu'on a un trait pourri, nan mais ça va bien ! Bref.
Hélas, si le portrait est réussi, l'histoire et le décor ne le sont pas autant et ne me transportèrent point. J'aurais pu adorer la description de l'atelier, j'ai bien compris ce que l'écrivain essayait de faire, mais cela ne fonctionna pas, un peu comme si je voyais trop les ficelles du spectacle.
Quant à la narration, Gillette ne la sauve pas. Son rôle m'a paru trop anecdotique en comparaison de l'importance de la lumière, de la vie à exprimer sur la toile pour lui donner une réelle importance.
Pourtant, il y avait des idées intéressantes, la rivalité femme/oeuvre, l'image de soi que l'on accepte ou non d'offrir pour un but qui te dépasse, l'idée que l'on se fait de la vertu, de l'amour dans le couple, les sacrifices que tu acceptes ou non… mais rien à faire : j'éprouve la déplaisante sensation que tout ceci est expédié pour accélérer la conclusion.
Je conserve une impression de déséquilibre entre les parties « théorie de l'art » et « fiction proprement dite ». »