- (... ) Croyez, monsieur, que si je ne vous ai pas témoigné la reconnaissance que je vous dois pour vos bons offices, elle n'en est pas moins là, dit-il en se mettant la main sur le cœur. Oui, elle est là, pleine et entière. Mais que peuvent les malheureux ? Ils aiment, voilà tout.
Je ne puis vous dire tout ce que j'ai vu, car j'ai vu des crimes contre lesquels la justice est impuissante. Enfin, toutes les horreurs que les romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité.
J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants...
Dès qu'un homme tombe entre les mains de la justice, il n'est plus qu'une question de Droit ou un être moral, comme aux yeux des statisticiens, il devient un chiffre.
Vous aurez le temps de vieillir dans les chagrins les plus cuisants.
- Quelle destinée ! s'écria Derville. Sorti de l'hospice des Enfants trouvés, il revient mourir à l'Hospice de la Vieillesse, après avoir, dans l'intervalle, aidé Napoléon à conquérir l'Egypte et l'Europe. Savez-vous, mon cher, reprit Derville après une pause, qu'il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le Médecin et l'Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde ? Ils ont des robes noires, peut-être parce que qu'ils portent le deuil de toutes les vertus, de toutes les illusions. Le plus malheureux des trois est l'avoué. Quand l'homme vient trouver le prêtre, il arrive poussé par le repentir, par le remords, par des croyances qui le rendent intéressant, qui le grandissent, et consolent l'âme du médiateur, dont la tâche ne va pas sans une sorte de jouissance : il purifie, il répare, et réconcilie. Mais, nous autres avoués, nous voyons se répéter les mêmes sentiments mauvais, rien ne les corrige, nos Etudes sont des égouts qu'on ne peut pas curer.
J’ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes,sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre !
Les Marana
Il en est des passions nobles comme des vies;plus elles se satisfont,plus elles s'accroissent
Enfin, (...), il vaut mieux avoir du luxe dans ses sentiments que sur ses habits.
Ce vieux-là, mon cher, est tout un poème, ou, comme disent les romantiques, un drame.