Avis mitigé. Premier "vrai" roman
De Balzac,
Les Chouans m'ont laissé l'impression d'un mariage d'une carpe et d'un lapin. Il y a des passages qui augurent bien de la puissance de la Comédie Humaine, notamment certains dialogues de haut vol, mais j'ai souvent eu l'impression à la lecture du roman, de me trouver dans "Au théâtre ce soir" ou dans une pantomime tirée de la "Comedia del arte".
L'action est située dans le temps historique qui a vu la réussite du coup d'état de
Bonaparte : le 18 brumaire an VIII .Depuis bientôt dix années l'ouest de la France est en ébullition . La République passe mal ; les agents anglais espionnent et soudoient (l'or anglais ! ) , les aristos redressent la tête....Des bandes de paysans menées par quelques nobles locaux battent le pays de Fougères, moitié pour le Roi , moitié pour leur compte. Terme générique pour désigner les rebelles de l'ouest,
les Chouans, ne doivent pas être confondus avec l'insurrection vendéenne, beaucoup plus structurée. C'est dans ce cadre historique bien circonscrit que
Balzac , tel un marionnettiste , insuffle vie à ses personnages de théâtre.
On a là, en haut de l'affiche, Mme de Verneuil : Belle "ci-devant", dont les parents ont été guillotiné, et néanmoins espionne à la solde de Fouché. Chargée par l'âme damnée de la Révolution, de livrer , par de subtiles...et compliquées manigances, le chef des Chouans, le marquis de Montauran....Jeune et idéaliste combattant du retour du Roi sur le trône de France.
Plus bas sur l'affiche apparaissent le nom du chef de la demi-brigade Hulot, militaire républicain intègre et chargé par le Directoire de contrecarrer les actions des Chouans.
Puis Francine , jeune confidente de notre héroïne Marie de Verneuil ! Suivent de nombreux faire-valoir , belles figures de chouans paysans et de nobliaux mal dégrossis servant à
Balzac d'écrin aux amours de Marie de Verneuil et d'Alphonse de Montauran. Car vous l'aurez compris, la belle espionne Marie de Verneuil , tombe amoureuse folle du ci-devant Montauran !
Corneille n'est pas loin.....
J'abrège.... Comme au théâtre, les coups du sort arrivent toujours à bon escient pour relancer l'action. Certaines scènes flirtent avec un tragi-comique que n'aurait pas renié Dumas. Pourtant c'est une guerre implacable qui sert de cadre aux aventures de nos tourtereaux. Blancs ou Bleus ne font pas de quartiers , et il est difficile de déterminer pour quelle faction penche
Balzac, alors que l'on connaît bien son monarchisme légitimiste !
Finalement ce sont peut-être les descriptions déjà très "balzaciennes" qui m'ont le plus ravi. Il est vrai que l'auteur a le souci du détail et de l'exactitude qui font d'une partie du livre un ouvrage quasi historique. Ainsi les pages d'ouverture qui décrivent minutieusement le paysage fougérois où se meuvent les futurs protagonistes de l'histoire : une scène d'ampleur cinématographique !