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toute une brique à lire mais il ne faut pas se laisser décourager. Les 50 premières pages m'ont un peu ennuyées. mais on continue et on se laisse prendre par l'histoire des abolitionnistes dans les années 1850 aux USA. le texte est bien documenté et on apprend plein de choses sur l'esclavage. Mais pas une lecture de vacances.
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POURFENDEUR DE NUAGES de RUSSELL BANKS
Owen Brown, un des fils de John Brown confie ses souvenirs à une étudiante, assistante d'un historien. On va donc suivre John Brown dans son combat pour l'abolition de l'esclavage, dans l'éducation de ses enfants et dans ses démêlés juridiques et financiers. Sa seule loi, c'est la bible, ancien testament surtout, dont la rigoureuse application laissera bien des traces sur les épidermes de sa très nombreuse descendance. Profondément religieux, il n'aura de cesse jusqu'à sa mort de se battre pour que les noirs prennent eux mêmes en charge leur rébellion contre l'esclavage. Il croisera la route de grands noms de l'abolitionnisme comme Frédérick Douglass ou Harriet Tubman, mais ne réussira jamais à les convertir à sa vision pour abolir l'esclavage. La guerre de sécession débutera quelques mois après sa mort.
Très beau livre de 800 pages, riche en informations notamment sur l'underground Railroad que Brown utilisa pour faire évader des esclaves, riche également sur le climat de l'époque avec la guerre du Kansas, Bleeding Kansas.
Malgré tous les points positifs et le fait que j'aime le style de Banks, j'ai préféré sur ce sujet le livre de McBride, L'oiseau du Bon Dieu, et, si l'histoire du « chemin de fer souterrain » vous intéresse, je vous conseille « Underground Railroad » de Colson Whitehead. Je crois avoir fait des retours sur ces 2 livres.
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Pourfendeur de nuages/Cloudsplitter
Russell Banks
roman : 1998
traduit de l'américain par Pierre Furlan
Actes Sud, 1998, 772 p


le pourfendeur de nuages, c'est le mont Tahawus, à North Elba, dans le splendide paysage des Adirondacks. Ce mont est indissociablement lié à John Brown, militant antiesclavagiste, puis terroriste et martyr. Il faut dire que son militantisme confine à l'obsession, et qu'il prime sa vie de famille. le pourfendeur de nuages métaphorique, c'est le fils qui tente de rétablir la vérité au sujet de son père (1800-1859).
Fin XIX°, début XX°, il passe pour un grand homme, l'illustre Osawatomie Brown, mais les louangeurs, les historiens, les biographes, le connaissent-ils vraiment ? Se pose aussi la question de savoir si cet homme était fou. C'est son troisième fils qui, reclus dans une cabane en Californie et ressassant ce qui l'a amené là, , va le faire connaître par une longue lettre, une confession, un récit intérieur, intime, et ne cachant rien, destinée à l'assistante d'un grand historien. C'est par les yeux du fils, sorte d'Isaac, victime donc, que sera dépeint le père, Abraham qui obéit inconditionnellement à Dieu.
L'action se passe entre les années 30 et 55 du XIX° aux Etats-Unis, dans l'Iowa, l'Ohio, la Virginie, le Kansas, le Missouri. John Brown a été élevé dans la religion chrétienne et dans le refus absolu de l'esclavage nègre, car comment peut-on se sentir humain quand d'autres hommes sont asservis par des hommes ? Il s'élève aussi contre le préjugé de race. D'une première femme, il a 4 garçons et une fille, et d'une seconde épouse, il a beaucoup d'enfants dont beaucoup mourront à la naissance ou dans un très jeune âge. Il veut s'enrichir pour nourrir cette très grande famille mais son sens des affaires est plutôt mauvais.
le troisième fils, Owen, souffre terriblement de la mort de sa mère, comme son père avant lui avait souffert de celle de sa mère, et grandit dans l'ombre de son père qui l'écarte. Ainsi ses frères aînés vont à cheval, lui conduit le chariot. Il dirige aussi sa vie. le père veut que ses enfants sachent qui ils sont et pourquoi ils agissent. C'est un fils violemment tiraillé entre son devoir, obéir à son père, et son besoin d'indépendance. C'est aussi un garçon timide à l'égard des femmes. Il ne se mariera pas. Jeune, il se blesse et en garde, faute de soins appropriés, un bras paralysé, qui sera sa punition à vie pour avoir désobéi au Père, mais il est robuste, c'est le grand rouquin, qui de ses frères, préfère Fred, un garçon délicat et différent.
Lors d'un énième déménagement pour fuir les créanciers, destination Etat de New York, Owen rencontre un Noir, Lymann, dont il apprend plus tard qu'il est marié. de façon très trouble, se sentant coupable une fois de plus, il croit s'éprendre de la femme de Lymann pour ne pas s'avouer qu'il aime Lymann et dont il assiste à la mort sans faire quoi que ce soit pour l'aider. La religion fait beaucoup de dégâts chez les fils Brown. le père ne veut pas qu'on goûte au tabac ou à l'alcool, sans voir que la religion est la cause de bien grands désastres, la castration d'un des fils, les problèmes avec la chair d'un autre, l'embrigadement, pour ne pas dire l'asservissement, de ses fils plus jeunes. le père est en communication directe avec Dieu, Owen, qui n'est pas croyant, suit son père comme celui-ci suit Dieu, jusqu'au jour où il se rend compte qu'il peut orienter l'action de son père et l'entraîne ainsi que certains de ses frères dans une guerre contre les esclavagistes, une manière aussi de détourner la violence qu'il porte en lui.
Quel est le véritable mobile de cette guerre, rien de moins que de sauver la nation américaine, car si les Sudistes réussissent à introduire dans l'Ouest l'esclavage, ceux du Nord abandonneront l'Union et se tourneront vers le Canada. le père et Owen jugent les abolitionnistes trop mous, les politiques soucieux de défendre leurs seuls intérêts, et les esclavagistes dignes de mort. Cependant Owen, devant les hommes massacrés, les femmes et les enfants tués, les maisons brûlées, doute : est-ce que la libération de quelques hommes noirs demande autant de sacrifices ?
Dans cette confession, de façon ambivalente, il règle ses comptes avec son père qu'il hait tout autant qu'il l'admire. Certes, le père a du charisme, il est assurément doué pour une éloquence claire et poétique qui lui vient de sa fréquentation de la Bible, il voit vite ce qu'il faut faire, mais il est réticent à agir, son grand oeuvre de fait est le Train souterrain, ces pistes qu'il fait tracer pour permettre aux Noirs fugitifs de se rendre au Canada. Il entraîne ses enfants à la mort, il continue à féconder sa femme qui supporte de plus en plus mal ses grossesses, et surtout il  souffre d'une stupidité de coeur :  quand Fred meurt, que ressent-il ? A cette mort, le père et Owen assistent de loin. le soleil se lève et dans un rayon de lumière, comme si c'était un mirage, ils voient la scène du meurtre. Owen, de son côté, est incapable de s'opposer à son père, et laisse ses frères et ses amis aller au massacre.
Ce roman ample précise les événements qui ont précédé la guerre de Sécession ; il fait voir comment des agriculteurs obstinés cultivent des terres arrachées aux bois et aux montagnes . Il rend compte de la beauté et de l'immensité de la nature sauvage. Même en temps de guerre, Owen prend plaisir à contempler un lever de soleil. Il rencontre un puma. Il regarde avec joie les cultures.
On retrouve les thèmes de l'écrivain progressiste Russell Banks né en 1940, la recherche de la figure paternelle, la description du travail des petites gens, la tragédie. L'auteur s'interroge également sur l'héroïsme. A quel prix devient-on un héros ? Ainsi le récit dépasse son époque: des figures autoritaires et fanatiques, il y en aura toujours, et les mobile d'une guerre ne sont jamais très nets.
L'oeuvre est longue, et il faut entrer dans cette lettre d'un vieil homme, qui est un mort-vivant. Les événements vécus, sa culpabilité, sa position relative à son père, la violence extérieure et la sienne propre, l'ont tué. Une fois qu'on y est entré, le récit est très prenant. On en sent la profondeur et la puissance.
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Dans ce volumineux roman, Russel Banks s'attaque à celui qui est une légende pour certains, un factieux pour d'autres, John Brown. En tout cas un des premiers abolitionnistes américains, le plus célèbre, et surtout un militant aux méthodes radicales. Pour éviter les écueils d'un récit purement historique, l'auteur décrit l'histoire par le biais d'Owen, son troisième fils, celui qui l'accompagna dans tous ses combats. Et Banks s'attache avant tout à raconter ce qui a précédé les combats qui feront la gloire et la perte de John Brown. Car l'abolitionniste est avant tout cultivateur, tanneur, pasteur et chef d'une grande famille. Et par la voix d'Owen, on comprend que l'homme est complexe : l'homme prône la manière forte, tant dans sa famille que vis-à-vis des états esclavagistes, mais son charisme lui permettra d'être accompagné par cette même famille et des fidèles prêts à donner leur vie pour la cause. Il se lie également avec d'autres militants abolitionnistes qui financeront ses campagnes. Et l'homme justifie son combat et ses actions au nom de Dieu, avec qui il pense être en liaison directe. Avec des critères contemporains, on pourrait dire qu'il est un tyran domestique, un fou de dieu aux méthodes terroristes, car le but est très clair : effrayer les propriétaires d'esclaves pour les faire renoncer. Un combat juste avec des méthodes discutables ? Est-ce vraiment possible ? Même si bien sûr, il est important de remettre les événements dans leur contexte. Un roman (avec quelques longueurs aussi) qui pose de nombreuses questions, sur un homme controversé dont les actions seront une des origines de la guerre de Sécession. le choix de Banks de décrire cet homme dans son intimité, ce rapport domination/admiration/répulsion entre le père et le fils notamment, apporte un éclairage original, complexe et surtout complètement fictionnel ! Car l'homme, bien que célèbre reste bien mystérieux à de nombreux égards. Et rien de mieux qu'un romancier talentueux pour compléter les lacunes du travail des historiens.
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Une magnifique fresque retraçant l'histoire vraie de John Brown, abolitionniste américain blanc, qui a lutté toute sa vie pour défendre la cause des esclaves noirs. le style et l'écriture de Russell Banks ajoutent à la profondeur du récit, raconté par un des fils de John Brown, ce qui replace le contexte historique dans le contexte familial, d'une famille dirigée de façon très autoritaire par le célèbre abolitionniste qui va entraîner toute sa famille dans cette guerre. Actuellement, sur Netflix, je crois, pour les abonnés, une série qui retrace cette épopée.
Un livre à lire sans hésitation!
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C'est un roman qui évoque un page d'histoire peu connue en Europe. Banks nous plonge dans l'atmosphère de cette époque et des outrances de la famille Brown qui milite contre l'esclavage ; je crois que c'est la folie religieuse des Brown que j'ai eu du mal à supporter et qui me laisse un sentiment mitigé sur ce livre qui est tout de même excellent !

Ce roman est le long témoignage d'Owen Brown sur sa famille jusqu'à la campagne du Bleeding Kansas et l'attaque de Harpers Ferry.

La famille Brown vit sous la férule de John, le père. C'est un puritain profondément religieux, qui ne vit que par la Bible et dont les actes sont commandés par une fureur religieuse, la même que nous retrouvons de nos jours chez les extrémistes de tout poil et de toute religion. le livre rend tellement bien cette ambiance de préchi-précha qui m'insupporte, que j'ai eu parfois du mal à accrocher.

John Brown n'est pas très doué pour les affaires, fait faillite en Ohio après avoir spéculé sur les terres ; emmène sa nombreuse famille dans le Massachussets puis s'établit sur une ferme dans les Adirondacks, à proximité d'une communauté de « Nègres libres ». En effet, John Brown est profondément abolitionniste, cause à laquelle il consacre toute son énergie, et sa ferme devient vite une étape de l'Underground railroad qui permet aux esclaves fugitifs de rejoindre le Canada.

Le père est bien barré ; le fils n'est pas mal non plus, mais dans un autre genre. Russel Banks sait admirablement nous montrer l'évolution de leur relation, et le père grande gueule mais souvent indécis est parfois dominé et poussé à agir par son fils. Cette évolution est particulièrement visible dans la dernière partie du roman où les Brown se retrouvent au Kansas pour faire basculer ce territoire en faveur de l'abolition. Rapidement, le père et une partie de la famille vont perdre tout mesure et répondre aux provocations en déclenchant un bain de sang à Osawatomie puis dans le Kansas avant de d'attaquer Harpers Ferry, en Virginie, expédition lancée pour libérer les esclaves des Etats du sud.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Russell Banks, un des très grands anciens, un des géants de la littérature U.S. Bon, il y a heureusement des petits plus jeunes qui poussent derrière, comme Jeffrey Eugenides par exemple....
Ce très gros livre bifide est fascinant, et probablement est-ce le chef d'oeuvre de Banks. Comme souvent, il marie avec une virtuosité éblouissante le fait de société (ici c'est même le fait d'histoire et de la grande histoire) et l'analyse psychologique de personnages complexes.
C'est en effet la vie romancée (puisque censée être racontée par l'un de ses fils) du célèbre abolitionniste John Brown. Célèbre, enfin pas pour tout le monde, je pense que nous autres français, nous n'en avons pas tellement entendu parler, et au fond, que savons nous de ce qui s'est passé AVANT la guerre de Sécession? En ce qui me concerne, pas grand chose. Et pourtant, elle n'est pas arrivée comme cela, du jour au lendemain.... Non. Au Nord, il y avait des Blancs qui ne supportaient pas l'esclavage, souvent parce que cela leur apparaissait comme incompatible avec leur foi chrétienne. Et au Sud, il y avait des Noirs décidés à briser leurs chaines. Harriet Tubman, battue, martyrisée arriva à s'échapper et, portée par une foi insubmersible, aida des milliers d'esclaves à s'échapper. C'était l'Underground Railroad, une série de relais animés par des anti-esclavagistes qui permettaient, d'étape en étape, aux Noirs en fuite de gagner le Canada et la liberté. John Brown était l'un de ces relais, dans un coin plutôt sauvage des Adirondacks, aux pieds du mont Tahawus, le "pourfendeur de nuages" pour les Indiens. Puis vint le vote de l'infâme "compromis de Daniel Webster". Ce sénateur qui allait devenir secrétaire d'état était favorable à l'esclavage, et il donna le droit aux propriétaires sudistes (c'est à dire à leurs chasseurs d'esclaves) de venir au Nord rechercher les fugitifs, donc de désigner n'importe quel Noir dans la rue en prétendant qu'il s'agissait bien de la personne recherchée. Et, même si c'était en fait un Noir libre du Nord, que valait sa voix face à celle du puissant propriétaire sudiste... il était embarqué. Tandis que certains abolitionnistes baissaient les bras, d'autres, comme John Brown, se radicalisaient.... jusqu'à en arriver à massacrer cinq hommes à coups de sabre, ce qui lui valut une condamnation à mort par pendaison.
Sur ce canevas historique, Banks a dessiné deux personnages, pas plus sympathiques l'un que l'autre d'ailleurs, puisque Owen, le supposé narrateur, prend de plus en plus de place dans le roman et que sa personnalité est aussi trouble que celle de son père.
John Brown, protestant strict (pas de tabac, pas d'alcool, pas de café) qui ne se sépare jamais de sa Bible, devait avoir un côté particulièrement charismatique qui poussait les autres à le suivre aveuglément - à commencer par ses enfants. Des enfants, il en aurait vingt, dont seule une petite minorité arriva à l'âge adulte. Père autoritaire et sévère qui sanctionnait chaque mensonge, chaque manquement par une volée de coups de ceinture, et qui en même temps pouvait pleurer de longues heures devant le corps d'un bébé mort. Avec cela affairiste, passant son temps à tirer des plans sur la comète afin de devenir riche pour finalement tout perdre, ses terres, sa maison, sa tannerie, ses beaux boeufs et ses magnifiques mérinos, et finir couvert de dettes et faire travailler sa famille comme.... des esclaves pour subsister. Et en même temps, changeant, incapable de suivre une action jusqu'au bout. Il se donne la noble tache de métrer les terrains donnés à un certain nombre de familles noires, rassemblées dans un village qu'elles ont baptisé Tombouctou en hommage à de lointains ancêtres, afin qu'elles ne puissent être spoliées, et ensuite, il semble se désintéresser d'elles. Bref, il est insaisissable. Mais sur ses portraits, en tous cas, il fout la trouille! Etroit visage basané strié de rides profondes, yeux enfoncés, bouche étroite comme un coup de sabre..... Brrrr!!!
Mais c'est un maillon efficace du "train souterrain". Comment va t-il passer de ce statut de militant à celui de terroriste fanatique, à la tête d'une bande armée qui assassine ses "ennemis" dans le dos, la nuit? Pour Owen, cela est en partie dû au besoin de celui qu'il n'appelle que "le Vieux" de se sentir différent des autres -supérieur aux autres? (Pas très chrétien tout ça). A partir du moment où le Nord à peu près tout entier est devenu abolitionniste, alors il faut toujours aller plus loin et passer de l'action pacifique à l'action armée.... Mais Owen -et là, c'est tout le talent du romancier de donner vie à un tel personnage- est lui aussi un personnage complexe et tourmenté. Il a très mal vécu la mort de sa mère quand il avait une dizaine d'années, et depuis, il s'accroche à ce père qu'il adore et déteste, qu'il voudrait fuir et qu'il voudrait plus que tout imiter et égaler. Une fois que les deux fils aînés ont fondé une famille -mais toujours en restant dans l'orbite du père, en travaillant pour lui, puis en militant derrière lui, Owen le rouquin solitaire au bras atrophié est celui qui reste, qui éprouve sans doute des sentiments inavouables pour cet ami noir qui travaille aussi pour le père, et qui va convertir son mal de vivre, sa frustration en haine, haine dont il va peut être, par un étrange retournement, contaminer John... Et qui va prendre la fuite, partir très loin, ne plus donner de nouvelles, s'enfermer dans le remords, la solitude...
Bref, c'est magnifique
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Immense roman que ce "Pourfendeur de nuages", premier livre achevé en 2020...

C'est au détour d'une interview dans le magazine trimestriel "America" que j'ai découvert l'auteur américain Russel Banks.

Beaucoup des sujets de ses romans m'intéressaient et c'est sur "Pourfendeur de nuages" que j'ai finalement jeté mon dévolu, pavé "à l'américaine" de 860 pages consacré à l'abolitionniste radical John Brown au cours de la période précédant la guerre de Sécession.

C'est par les yeux de son 3ème fils, Owen, que nous allons découvrir John et sa famille.
Mais ses aussi ses valeurs, sa conception de la foi et son combat, sans aucune concession, contre l'esclavagisme.

Le narrateur le dit, le seul ordre qu'il se fixe est celui de ses souvenirs. Nous découvrons donc les conditions de vie de cette famille et plus particulièrement la relation entre ce père autoritaire et charismatique et ses enfants. Qui vont s'engager avec lui dans ce combat, qui va les amener à combattre le mal par le mal, la violence par la violence, loin de l'abolitionnisme politique tiède de Washington que John Brown exècre.

Et cette violence nous sera décrite mais elle ne constituera pas le coeur du récit, ce dernier s'attachant à beaucoup plus de sujets qu'une simple description de batailles qui ont pourtant rendu la famille Brown célèbre.

Une guerre est une guerre. Quels que soient les idéaux défendus, ce roman nous rappelle que la violence est de chaque côté. Et nous le rappelle brillamment.

Que dire de plus...Ce roman m'a mis une claque comparable à celle reçue il y a quelques mois à la lecture de "le temps où nous chantions" de Richard Powers.

Je ne peux que vous conseiller de vous précipiter dessus, si vous aimez ces fresques que certains auteurs américains contemporains peuvent nous proposer.

Notons la magnifique couverture, comme d'habitude chez Babel, représentant un tableau du peintre Asher Brown Durand, ô combien approprié pour illustrer le mont Tahawus dans les Adirondacks, surnommé le pourfendeur de nuages.

Bonne lecture
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Première lecture de cet auteur, et quelle superbe découverte.
Un grand roman d'une puissance et d'un souffle incroyable. Au travers de l'histoire du clan Brown regroupé autour du père, John Brown, c'est d'une part une histoire des Etats-unis au milieu du XIX° siècle avant le déclenchement de la guerre de Sécession, l'histoire de la lutte permanente et presque des anti-esclavagistes et des réseaux clandestins pour aider les esclaves évadés. C'est une magnifique fresque de la vie des colons et des fermiers dans les Etats de l'Ouest américain en cours de colonisation au millieu d'une nature sauvage . C'est aussi une belle analyse et réflexion politique, philosophique sur la nature de l'esclavage aux états-unis et de la lutte pour un idéal, soulevant des questions essentielles : le meurtre peut-il être justifié pour sauver d'autres hommes ? L'engagement militant, l'idéologie, la conviction de détenir la vérité entraîne t-il inexorablement vers l'extrémisme ? Enfin c'est un bouleversant récit d'une relation père-fils, avec un père manipulateur et fanatique, commandeur, demi-dieu, figé dans ses certitudes mais beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. C'est d'ailleurs, là aussi une des nombreuses grande qualité de ce roman. Russel Banks dépeint des personnages complexes, ballotés entre leurs désirs, leurs devoirs et leurs croyances.
"Les principes se sont solidifiés en habitude et l'habitude en caractère" (p16)
J'ai surtout découvert un écrivain avec un style magnifique qu'il décrit ainsi dans la rédaction du narrateur : "c'est mots sont mes pensées mises en bonne relation et agencées avec de belles proportions".
Chaque page est un bijou d'écriture, dans la description de la nature, des montagnes, d'un levé de soleil, des forêts, dans la description du travail quotidien, par les réflexions sur la religion, les conséquences philosophiques sur la nature humaine et les répercussions de l'esclavagisme détruisant sa propre condition d'être humain.
Et quel magnifique symbole que ce mont Tahawus, que les indiens appellent le Pourfendeur des nuages, donnant le titre au roman, protégeant la vallée ou s'abrite la famille Brown avec face à la ferme ce bloc de granit planté dans la prairie image réduite du mont Tahawus, stèle mémorielle. Symbole d'une déchirure du ciel pour dissiper les nuages de l'esclavagisme, d'une conception du monde autour des races pour l
C'est un immense roman, d'une densité incroyable qui soulève énormément de questions politiques, philosophiques, morales et qui renvoi à chaque instant à des évènements de notre actualité (si on remplace les "nègres" du récit par les "migrants" par exemple) à notre époque.
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J'avais cet imposant roman de Russell Banks dans ma bibliothèque depuis quelques temps déjà, avec une double raison de le lire: son auteur d'abord, Russell Banks, dont j'avais déjà pu apprécier le talent (notamment dans 'Darling' qui m'avait beaucoup plu) et une recommandation de libraire qui considérait cette oeuvre comme un must dans la catégorie littérature américaine contemporaine. Un pavé de 700 pages dans une police minuscule cela impressionne forcément un petit peu, mais j'ai profité des vacances d'été pour me lancer.
Après plusieurs semaines, je ressors de cette lecture un peu groggy: d'une part, j'ai été prise par cette fresque épique; mais d'autre part, j'ai quand même eu des moments de lassitude, notamment après un premier gros tiers. J'ai aimé la description d'une Amérique de la pré guerre de sécession - une Amérique de pionniers, dure et violente, mais aussi entreprenante, travailleuse et au charme sauvage. J'ai aimé la description de cette famille extraordinaire (au sens premier du terme) qui lutte pour l'abolition de l'esclavage jusqu'à en perdre le sens des réalités. J'ai aimé la tentative de décrire un parcours, une destinée, celle de John Brown; héros pour les uns, terroriste pour les autres. J'ai quand même trouvé le tout un peu longuet, voire parfois indigeste. Est-ce dû à une lecture en langue originale qui ne permet pas de saisir aussi bien toutes les subtilités? Ou vaut-il mieux être américain pour comprendre en profondeur les enjeux de cette période et les tribulations de ces abolitionnistes? Un livre que je recommanderais donc, mais sans enthousiasme.
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