L'empire de la peur : Terrorisme, guerre, démocratie

Écrit en 2003, ce livre est plus que jamais d'actualité, même si bien sûr, le monde a (un peu) évolué depuis.
Rappel des faits : le 11/09/2001, deux avions foncent sur les tours du World Trade Center à New York et un autre s'écrase sur le Pentagone. Résultat, près de 3000 morts et les États-Unis attaquent en retour l'Afghanistan dirigé alors par les talibans, jugés complices des terroristes, puis l'Irak et Saddam Hussein, censé détenir des armes de destruction massive (MAD en anglais !) qu'on ne retrouvera nulle part après l'invasion du pays par les troupes occidentales.
Les dirigeants américains proposent alors une théorie pour justifier leurs actes, la guerre préventive contre l'axe du mal. Benjamin Barber, défenseur d'une certaine idée de la démocratie et du multilatéralisme, nous explique avec force détails toute l'absurdité et le danger d'une telle théorie. Et alors que les troupes américaines vont quitter les sols afghans et irakiens 20 ans après leur arrivée sans que l'on sache ce qui va advenir, ce livre peut apparaitre sur de nombreux points prémonitoires.
Par exemple, il est difficile de concevoir que l'on puisse imposer la paix et la démocratie par les armes.
Que tous les pays doivent suivre le modèle américain, alors que de nombreuses formes de démocraties sont possibles et que les processus ne se font pas forcément en un jour (depuis 1789, combien a-t-il fallu de temps pour que la France soit vraiment une démocratie ?).
Que la démocratie ne se résume pas à quelques élections et un système économique ultralibéral (et que les privatisations à tout-va peuvent au contraire déstabiliser un pays nouvellement « libéré »).
Que concevoir les États-Unis comme un pays à part, au-dessus des autres et non avec, peut entrainer une haine funeste pour ce pays.
Et bien d'autres choses encore. Qui avec le recul peuvent paraître évidentes et pourtant le livre de Benjamin Barber à l'époque n'a convaincu que les convaincus.
Ou comment céder à l'émotion quand la situation demande avant tout de la réflexion et de la nuance. Un essai prémonitoire, brillant et exigeant.